Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée
155
156
GÉENNOM — GELBOÉ


de Gê’Hinnôm. II Esdr., xi, 30. Ce nom devint yéewa dans le Nouveau Testament, Matth., v, 22, et comme il éveillait le souvenir des abominations idolâtriques et des victimes qu’on y avait brûlées en l’honneur de MoIocîj, on en fit une des appellations du feu éternel. Voir Géhenne. — En remontant la vallée, on trouve d’abord à gauche, sur les premières pentes du mont du Mauvais-Conseil, le lieu appelé Haceldama, puis à mi-chemin le Birket es-Soultan, grande piscine toujours à sec, et enfin au sommet le Birket Mamilla, piscine moitié moins grande que la précédente. — Divers auteurs ont proposé d’identifier Géennom soit avec la vallée appelée par Josephe Tyropœon, soit avec la vallée du Cédron. La vallée du Tyropœon est probablement celle qui partage la ville de Jérusalem en partant de la porte de Damas et se dirigeant vers la piscine de Siloé. Ni l’une ni l’autre de ces explications ne concorde avec les textes. La vallée du Tyropœon ne peut avoir servi de frontière entre Juda et Benjamin et la vallée du Cédron est appelée en hébreu nahal et non pas gê’.

H. Lesêtre.
    1. GÉHENNE##

GÉHENNE (grec : ylsvva ; Vulgate : gehenna), nom par lequel est désigné l’enfer dans le Nouveau Testament. Nous en avons fait le mot français « gêne ». Téewa désigne proprement Géennom, la « vallée d’Ennom », située au sud-ouest de Jérusalem. C’est dans cette vallée, à l’endroit appelé Topheth, que les Juifs idolâtres offraient des enfants en sacrifice et les brûlaient en l’honneur de Moloch. IV Reg., xvi, 3 ; II Par., xxviii, 3 ; xxxin, 6 ; Jer., vii, 31 ; XIX, 2-6. Lorsque le roi Josias eut mis un terme à ces horribles immolations, IV Reg., xxiii, 10 ; II Par., xxxiv, 4-5, afin de rendre ce lieu à jamais odieux, on y jeta les immondices de la ville et tes cadavres des animaux, et pour que ces restes impurs ne devinssent pas un foyer de corruption, on les brûla par le feu, d’après certains commentateurs. Voir H. Cremer, Bïblisch-theologisches Wôrlerbuch der neutestamentlicher Gràcitàt, 1e édit., Gotha, 1893, p. 209. A cause des victimes qui y avaient été brûlées, cette vallée fut appelée yéevvMTOîi irùpoç, « la géhenne du feu, » Matth., v, 22 ; xviii, 9 ; Marc, ix, 47 (cf. Matth., xiii, 42, 50 ; Marc, IX, 45, 48), et elle devint l’image de l’enfer. De là, le nom de « géhenne », donné dans le Nouveau Testament au lieu où les réprouvés sont punis de leurs crimes par le supplice du feu. Matth., v, 22, 29, 30 ; x, 28 ; Marc, ix, 43, 45 ; Luc, xii, 5 ; Jac, iii, 6. Cf. Judith, xvi, 21 ; Eccli., vu, 19 ; Apoc, xix, 20 ; xx, 10, 14, 15 ; xxi, 8. Kpio-iç-riiç fsévvriç, judicîum gehennse, Matth., xxiii, 33, signifie la condamnation aux peines de l’enfer, et ùioç ttjç yeévvjj ;, filius gehennse, Matth., xxiii, 15, désigne celui qui vient d’y être condamné. Cf. IV Esd., iii, 1-6. Le livre d’Hénoch, 26, 27, 56, 90, place aussi l’enfer dans la vallée d’Ennom.Voirvd. Lods, Le Livre d’Hénoch, ih-8°, Paris, 1892, p. 55-57, 187-191, et les notes d’A. Dillmann, Dos Buch Henoeh, in-8°, Leipzig ; 1853, p. 131-132, et pour le texte, p. 15-16, 28, 64. Cf. aussi H. Charles, The Assunvption of M oses, pp. 43-44. Voir Géennom et Topheth.

F. Vigouroux.

    1. GÉHON##

GÉHON (hébreu : Gîhôn ; Septante : Peùv), un des quatre fleuves du paradis terrestre. Gen., Il, 13. Il n’en est question que dans ce passage de l’Écriture, et Eccli., xxrv, 37 (24), où Sirach le nomme avec les autres fleuves de l’Éden. Les Septante le donnent à tort, Jer., ii, 18, comme l’équivalent du mot hébreu Sihôr, qui désigne le Nil (Vulgate : aqua lurbida). Sur l’identification du Géhon, voir Paradis terrestre.

    1. GÉLASE (CANON DU PAPE)##


GÉLASE (CANON DU PAPE). Voir Canon, t. ii, col. 153, 177-178.

    1. GELBOÉ##

GELBOÉ (hébreu : Gilbôa’, toujours avec l’article, excepté I Par., x, 1 ; Septante : Vslëové), petite chaîne de, montagnes, bordant au sud-est la plaine d’Esdrelon,

et célèbre par la mort de Saül et de Jonathas. I Reg., xxviii, 4 ; xxxi, 1, 8 ; II Reg., i, 6, 21 ; xxi, 12 ; I Par., x, 1, 8. Le nom, yahî, Gilbôa’, survit encore dans celui

d’un village, ^^^JLs », Djelbûn, situé vers le sud de la chaîne : la terminaison un a simplement remplacé l’aspiration finale. Cf. G. Kampflmeyer, Alte Namen im heutigen Palàstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deulschen Palàstina Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 32. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 129, 247, placent les monts de Gelboé à six milles (près de neuf kilomètres) de Scythopolis (Béisân), avec un bourg appelé Gelbus, TeXëoOç. Le massif est connu aujourd’hui sous le nom de Djebel Foqû’a, qui est celui d’un village, Foqû’a, situé sur le versant occidental. Il termine au nord-est les monts d’Éphraïm comme une sorte de corne, décrivant un arc du cercle irrégulier dont la convexité est tournée vers la vallée du Jourdain. L’ouadi Schubâsch en forme la limite méridionale, tandis que Zer’în, l’antique Jezraël, en occupe la pointe nord-ouest. Sa longueur est d’environ 13 à 14 kilomètres, et sa largeur de 5 à 8 kilomètres. Le point le plus élevé est à Scheikh Burhîn, 516 mètres au-dessus de la Méditerranée, hauteur égale à celle du Djebel Dahy ou petit Hermon, inférieure à celle du Thabor. La plaine d’Esdrelon ayant une altitude moyenne de 90 à 100 mètres, la hauteur apparente du Djebel Foqû’a n’est en réalité, de ce côté, que de trois à quatre cents mètres, tandis que, au contraire, la vallée du Jourdain étant bien au-dessous du niveau de la mer, le, mont la domine de six à sept cents mètres. Le Gelboé est divisé en plusieurs plateaux et sommets par des vallées plus ou moins profondes. Escarpé au nord, avec des couches de terrains singulièrement tourmentées, il a, vers l’est, des pentes extrêmement raides, tandis qu’à l’ouest il s’abaisse doucement vers la plaine. Il est principalement composé de calcaire mélangé, à l’ouest et au nord, d’une craie tendre, blanche, d’où le nom de Râs Schéibdn, « le sommet blanc, » appliqué à l’un des pics de la chaîne. Nu et sans eau sur les plateaux supérieurs, il possède cependant çà et là de belles sources ; on en trouve, au pied oriental de la montagne, à Khirbet Mudjedda’, ’Aïn el-Djosak, ’Ain el-Djema’în, ’Ain el-’Asy, qui est une abondante source thermale. Au pied septentrional, on rencontre’Aïn Djdlûd, ’A ïn el-Méiyitéh, ’Aïn Tuba’un. Le versant de l’ouest jette ses eaux dans une des branches du Cison, celui du nord dans le Nahr Djdlûd, et celui de l’est dans le Jourdain, Le blé et l’orge croissent sur les pentes les plus douces et sur certains plateaux. Des bouquets d’oliviers et de figuiers, des haies de cactus environnant quelques jardins, des herbes sauvages et des broussailles, et, sur les flancs plus escarpés, la roche nue, tel est, en somme, l’aspect de cette montagne contre laquelle David, dans sa sublime élégie sur la mort de Saül et de Jonathas, prononça cette malédiction, II Reg., i, 21 :

Montagnes de Gelboé, que la rosée et la pluie ne tombent

[jamais sur vous ! ]

Qu’il n’y ait point sur vous de champs à prémices ; Parce que c’est là qu’a été jeté le bouclier des héros, Le bouclier de Saul, comme s’il n’eût point été sacré de

Ll’huile (sainte).J

Cette stérilité contraste étrangement avec les riches vallées qui entourent la montagne. La vigne tapissait autrefois les flancs qui avoisinent Zer’în, comme nous le savons par l’Écriture, III Reg., xxi, 1, et comme l’attestent encore aujourd’hui les antiques pressoirs creusés dans le roc.

Le Djebel Foqîfa renferme une dizaine de villages : Djelbûn, au sud, situé dans le fond et sur les pentes d’un vallon, avec des m’usons grossièrement bâties en menus matériaux et en pisé, et contenant environ 350 habitants ; —Foqû’a, à l’un des points culminants de