Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/852

Cette page n’a pas encore été corrigée

JOSAPHAT

1650

De retour à Jérusalem, Josaphat poursuivit son œuvre de réformes. Il voulut lui-même visiter en personne les localités dans lesquelles il avait précédemment envoyé ses représentants. Il alla dans toutes les villes, de Bersabée à la montagne d’Éphraim, y contrôla l’administration de la justice et recommanda aux juges de procéder en tout avec équité et impartialité, puisque c’est au nom de Dieu qu’ils rendaient leurs arrêts. À Jérusalem, il établit un tribunal supérieur, composé de lévites, de prêtres et de chefs de famille ou anciens, pour connaître des causes plusgraves ou plus difficiles. À la tête de ce tribunal, il mit le grand-prêtre Amarias pour les affaires religieuses et Zabadias pour les affaires civiles. Il avertit également les membres de ce tribunal d’avoir à juger avec fidélité et intégrité, dans la crainte de Jéhovah. II Par., xix, 4-11.

Quelque temps après, mais avant la vingtième année de son règne, Josaphat fut informé qu’une coalition de Moabites, d’Ammonites et de Maonites (Vulgate : de Ammonilis, II Par., xx, 1) s’était formée contre lui et venait pour le combattre. Ils arrivaient de l’autre côté de la mer Morte, non pas de la Syrie, dind, mê’ârâm, comme le dit le texte actuel par suite d’une faute de transcription évidente, mais mra, mê’ëdôm, de l’Idumée, qui occupe tout le sud de la mer Morte. Il est vrai que les Iduméens dépendaient alors des rois de Juda, qui les faisaient gouverner par un fonctionnaire israélite appelé nisçab. III Reg., xxii, 48. Voir Iduméens, col. 834. Les envahisseurs empruntèrent certainement leur territoire pour contourner la mer Morte par le sud. S’ils étaient arrivés par le nord pour attaquer Josaphat, on ne s’expliquerait pas qu’ils soient redescendus jusqu’à Engaddi. Les Iduméens, surpris et inférieurs en forces, ne purent songer à leur disputer le passage ; peut-être l’avertissement donné à Josaphat venait-il d’eux. Cependant les coalisés avaient remonté la côte occidentale de la mer Morte et campaient à Asasonthamar ou Engaddi, vers le milieu de cette côte et à peu près à la hauteur d’Hébron. Voir Engaddi, t. ii, col. 1796, et la carte de Juda. Josaphat commença par prescrire un jeûne général et par convoquer son peuple dans le parvis neuf du Temple pour y implorer l’intervention du Seigneur ; car il se sentait incapable de résister aux hordes innombrables qui s’avançaient contre lui. Les femmes et les petits enfants mêlèrent leurs supplications à celles des hommes de Juda. Alors l’esprit du Seigneur inspira un lévite nommé Jahaziel, col. 1106, descendant d’Asaph, qui dit au nom de Dieu : « Ne craignez pas, n’ayez pas peur en face de cette multitude nombreuse, car ce ne sera pas vous qui combattrez, ce sera Dieu. » Il ordonna ensuite de marcher contre les ennemis le lendemain, parce qu’ils devaient gravir la montée de Sis et qu’on les rencontrerait à l’extrémité de la vallée, en face du désert de Jéruel, col. 1317. Des concerts de louange et de reconnaissance répondirentà cette assurance du prophète. Le lendemain, de grand matin, les guerriers de Juda se mirent en route, accompagnés de lévites qui chantaient des cantiques au Seigneur. Ils se dirigèrent vers le désert de Théeué, au sud de Bethléhem, à une vingtaine de kilomètres de Jérusalem. Arrivés sur une hauteur qui domine le désert, ils virent le sol couvert des cadavres de tous leurs ennemis. Une panique ou peut-être une discussion violente avait armé les Ammonites et les Moabites contre les Maonites de Séir. Voir Maonites. Ceux-ci anéantis, les deux autres tribus en étaient venues aux mains et ^avaient abouti à s’exterminer mutuellement. Josaphat et son peuple mirent trois jours à recueillir les riches dépouilles de leurs envahisseurs. Ils s’assemblèrent ensuite dans une vallée voisine, afin de bénir le Seigneur. Pour perpétuer leur reconnaissance, ils donnèrent à cette vallée le nom de’Éméq Berâkâh, « vallée de bénédiction. » Voir Bénédiction (Vallée de), t. i, col. 1583.

De retour à Jérusalem, ils célébrèrent encore dans le Temple la protection dont les avait favorisés le Seigneur. Cet événement contribua à fortifier la situation de Josaphat vis-à-vis des autres peuples qui voyaient avec terreur la puissance que lui prêtait Jéhovah. II Par., xx, 1-30.

Ochozias avait succédé à son père Achab, roi d’Israël, la dix-huitième année de Josaphat. Il ne régna que deux ans. C’est dans cet intervalle que le roi de Juda, qui était toujours maitre de l’Idumée et venait d’être débarrassé des Maonites de Séir, tenta, à l’imitation de Salomon, d’avoir une flotte à Asiongaber pour l’envoyer chercher les denrées précieuses à Ophir. Le livre des Rois ne nomme que Josaphat comme promoteur de l’entreprise, mais le livre des Paralipomènes, complétant le récit précédent, ajoute qu’il y avait entente entre Josaphat et Ochozias, et que ce dernier participa à la construction des vaisseaux. Ni l’entreprise ni l’entente avec le roi d’Israël ne furent approuvées de Dieu. Un prophète nommé Éliézer vint dire à Josaphat : « Puisque tu t’es associé avec Ochozias, Jéhovah détruit ton œuvre. » Les vaisseaux furent brisés par la tempête dans le port d’Asiongaber. Voir Asiongaber, t. i, col. 1100. L’inexpérience des marins hébreux eut sans doute aussi sa part dans la catastrophe. Alors Ochozias fit à Josaphat cette proposition : « Si tu veux, mes hommes iront avec les tiens sur des vaisseaux. » Le roi de Juda se refusa à renouveler la tentative ; l’avertissement du prophète suffisait à l’en détourner. III Reg., xxii, 48-50 ; II Par., xx, 35-37.

Après s’être allié avec Achab et son fils aîné, Ochozias, Josaphat ne put refuser de le taire avec le second fils, Joram. Le mariage d’Athalie et du fils de Josaphat ne permettait guère à ce dernier de décliner les avances des rois d’Israël. D’ailleurs Joram avait à châtier son tributaire révolté, Mésa, roi de Moab, et il savait que le roi de Juda avait eu gravement à se plaindre des Moabites, au moment de leur coalition avec les Ammonites et les Maonites. Josaphat n’hésita pas à prendre part à cette campagne, non cependant sans s’être assuré le concours d’un prophète de Jéhovah, ainsi qu’il l’avait tait avant de partir pour Ramoth-Galaad avec Achab. La campagne, commencée par une victoire, n’aboutit pas, et les deux rois d’Israël et de Juda retournèrent dans leur pays sans avoir obtenu grand résultat. Voir Joram, col. 1641. En somme, les actions concertées de Josaphat avec Achab, Ochozias et Joram, ne furent jamais couronnées de succès. IV Reg., m, 4-27. —Josaphat mourut à soixante ans, après vingt-cinq ans de règne. Il fut inhumé avec ses pères dans la cité de David (cf. col. 1654). Roi d’une haute piété, d’un grand amour pour la justice et d’un complet dévouement pour son peuple, il eût mérité tous les éloges s’il n’avait consenti au funeste mariage de son fils avec la fille de Jézabel. De cette faute, dont Josaphat n’eut sans doute pas conscience, puisque l’historien sacré ne l’incrimine pas à ce sujet, découlèrent les plus déplorables conséquences : l’impiété de son propre fils Joram, le meurtre de tous ses autres fils par ce même Joram, l’impiété d’Ochozias de Juda, fils de Joram et d’Athalie, le massacre de presque toute la race royale de Juda par Athalie, le règne de cette temme criminelle, plus tard la perversion de Joas, en un mot l’introduction dans la dynastie de David des mœurs impies et cruelles qui déshonoraient la royauté d’Israël.

H. Lesêtre.
    1. JOSAPHAT##


4. JOSAPHAT, fils de Namsi et père de Jéhu, roi d’Israël. IV Reg., ix, 2, 14.

    1. JOSAPHAT le Mathanite##


5. JOSAPHAT le Mathanite, un des vaillants soldats de David. I Par., xi, 43. Il était probablement originaire de la TransJordanie, comme celui qui le précède et celui qui le suit dans la liste des « forts » de David, mais on