Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/845

Cette page n’a pas encore été corrigée

4635

JOPPÉ

1636

fils de Noé, qui l’aurait bâtie avant le déluge, parce qu’ils ont cru reconnaître son nom dans celui de Joppé ou de Jaffa. Cf. Adrichomius, Theatrum Terri » Sanctee, Cologne, 1600, p. 23 ; Quaresmius, Elucidalio Terrx Sanctse, t. IV, Peregrinat. j », c. I, Anvers, 1639, t. ii, p. 4. C"est à Joppé, selon les récits de la fable, qu’Andromède aurait été attachée sur un rocher, exposée au monstre marin et délivrée par Persée. Au I er siècle, on prétendait reconnaître les vestiges des chaînes qui avaient retenu la princesse ; au ive siècle, on les montrait encore à saint Jérôme. Josèphe, Bell, jud., III, ix, 3 ; Strabon, Géographie, xvi, 759 ; Pline, H. N., v, 14 ; S. Jérôme, In Jonam, i, 3, t. xxv, col. 1123. Cf. Epist. cviii, ad Eustochium, t. xxii, col 883. — M. Scaurus, officier de Pompée dans l’expédition de Syrie, fit transporter de Joppé à Rome les ossements d’un poisson gigantesque dont la longueur était de quarante pieds et dont une des côtes était plus grande que celle d’un éléphant des Indes ; il les montra au peuple, au temps de son édilité, comme étant le squelette du monstre tué par Persée. Pline, H. N., ix, 4 ; Solin, De mirabihbus mundi, c. xxxiv. Le mythe d’Andromède paraît être à Reland une réminiscence de Jonas et du poisson qui l’engloutit. Palœstina, p. 866. Il se pourrait qu’il se rattachât au culte de Dagon et de Dercéto, son épouse, qui, encore en honneur à Joppé au commencement de l’ère chrétienne, comme l’atteste Pline, H. N., v, 14, avait dû être celui des anciens temps. Ce qui est certain c’est que Joppé est très ancienne. Josué la cite avec les villes données à la tribu de Dan. Jos., xix, 46. Avant cette époque Thothmès III la nomme déjà, sur un des pylônes de Karnak, parmi les villes conquises par lui en Syrie. Voir Maspero, Sur les noms géographiques de la liste de Thotmès III, qu’on peut rapporter à la /wde’e, 1880, p. 9. Nous avons entendu célébrer ses jardins, par un officier de Ramsès ou de Ménephtah. On a trouvé encore une lettre de cette période, parmi les tablettes cunéiformes de Tel el-Amarna, écrite au roi d’Egypte par son gouverneur de Joppé, pour l’informer de l’état du pays et lui demander ses ordres. Cf. Conder, The Tell Amarna Tablets, Londres, 1894, p. 115-117.

2° Au temps des Israélites jusqu’après la captivité.

— Joppé, quoique attribuée par Josué à la tribu de Dan, xix, 46, ne paraît pas, non plus que les autres villes du littoral, avoir été soumise aux Israélites avant le règne de David, qui assujettit au tribut le pays des Philistins et toute la région maritime. Cf. Jud., i, 34 ; xviii, 1 ; II Reg., viii, 1 ; Eccli., xlvii, 8. Elle semble avoir appartenu alors aux Amorrhéens et non aux Philistins. Cf. Jud., i, 34. Sous le règne de Salomon, elle fut le port où les Syriens d’Hiram amenèrent les bois de cèdre, nécessaires à la construction du Temple, pour les transporter de là à Jérusalem. II Par., ii, 16. Elle dut échapper à Juda, au temps du schisme des dix tribus, ainsi que le reste du littoral. À partir de ce moment Joppé subit l’incertitude des autres villes de ces régions. Soumises peut-être par Sésac, roi d’Egypte, lors de sa campagne contre Roboam, elles ne tardèrent pas à recouvrer leur indépendance, mais pour courber bientôt la tête devant la puissance formidable des Assyriens. Tandis qie Jéroboam II régnait à Samarie et Amasias ou son fils Ozias à Jérusalem, elles furent, une première fois, assujetties par RammannirarlII (812-783). Western Asiatic Inscriptions, t. i, p. 35, 1. 11-14. C’est vers ce temps que le prophète Jonas, envoyé à Ninive, vint, pour échapper à sa mission, s’embarquer sur un navire partant pour Tharsis. Jon., i, 3 ; cf. IV Reg., xiv, 25. Sous le règne d’Achaz, elles payaient encore le tribut à Théglathphalasar III. Western Asiatic Inscriptions, t. ii, p. 67 ; t. iii, p. 10, n. 2. Ézéchias soumit de nouveau à Juda toutes les villes, du pays des Philistins. IV Reg., xviii, 8. Joppé était de leur nombre, nous le savons par les inscriptions de Sennachérib. Ce roi, en

effet, la 3 « année de son règne (701), qui était la 14° du règne d’Ézéchias, IV Reg., xviii, 13, entra en campagne pour châtier le roi de Juda et les villes du littoral méditerranéen qui s’étaient révoltés contre lui. Après avoir raconté la prise d’Ascalon, « poursuivant ma campagne, continue-t-il, je marchai contre Beth-Dagon, Joppé, Benébaraq, Azot, les villes de Zidqa (Ézéchias) qui m’avait refusé obéissance ; je les pris et j’en emmenai les habitants prisonniers. » Prisme de Tajlor ou Cylindre C. de Sennachérib, col. ii, lignes 6568 ; West. Asiat. Inscriptions, 1, 38-39. Pendant le règne de Manassé (697-642), les expéditions d’Asarhaddon (672^ et d’Assurbanipal (668, 663 [ ?J, 647) maintinrent ces villes sous le joug ou le leur imposèrent de nouveau. Voir

    1. ASARHADDON##


ASARHADDON, t. i, Col. 1059 ; ASSURBANIPAL, Col. 1114 1116. Les Chaldéens, avec Nabuchodonosor, vinrent recueillir l’héritage de l’Assyrie que l’Egypte avait un instant tenté de s’attribuer.

3° Depuis le retour de la captivité jusqu’à la dispersion des Juifs. — Les Perses avaient remplacé les Chaldéens et les Juifs étaient revenus à Jérusalem pour relever le Temple : Joppé fut le port désigné par Cyrus, où l’on devait, comme au temps de Salomon, amener les cèdres du Liban destinés à la construction du second Temple (536). I Esd., iii, 7. Alexandre, ayant à son tour supplanté les Perses (333), Joppé, pendant deux siècles, se trouva être, comme toutes les villes du littoral syrien, le jouet des rivalités des rois grecs d’Egypte et de Syrie. Antiochus IV Épiphane, en se rendant en Palestine, débarqua à Joppé, avant de monter à Jérusalem. II Mach., iv, 21. À cette époque, un certain nombre de familles juives habitaient Joppé. Les payens, dans les premiers temps de la guerre des Machabées, commirent à leur égard une des plus odieuses trahisons que puisse enregistrer l’histoire. Affectant de vouloir entretenir des relations de l’amitié la plus étroite, ils invitèrent les Juifs à une promenade sur mer. Ceux-ci, ne soupçonnant aucune perfidie, montèrent avec leurs femmes et leurs enfants sur les barques qu’on leur offrait ; mais lorsqu’elles furent en pleine mer, les payens les coulèrent. Deux cents personnes au moins furent ainsi noyées. Judas Machabée, en apprenant ce double forfait, appela ses hommes d’armes et, invoquant la juste vengeance de Dieu, il marcha contre les assassins de ses frères. Il pénétra dans le port pendant la nuit, mit le feu aux barques qui s’y trouvaient et tua tous ceux qui cherchaient à échapper aux flammes. Il s’éloigna ensuite, laissant croire aux habitants qu’il reviendrait pour les exterminer et détruire leur ville. II Mach., xii, 3-7. Les frères de Juda ne devaient pas tarder à réunir Joppé à la Judée. — Demétrius II Nicator, ayant débarqué en Syrie dans l’intention de supplanter Alexandre Balas, Apollonius se déclara pour Demétrius et vint à Jamnia avec de grandes forces pour attaquer Jonathas, resté fidèle à Alexandre. Provoqué par le général syrien, Jonathas assisté deson frère Simon, avec dix mille hommes de choix, descendit devant Joppé. La ville était gardée par une garnison qu’y avait laissée Apollonius. Les Juifs commencèrent l’attaque. Les habitants effrayés ouvrirent les portes et remirent la ville aux mains de Jonathas (147). I Mach., x, 74-76. — Peu de temps après Ptolémée VI Philométor, beau-père d’Alexandre, se rendant d’Egypte à Ptolémaide, Jonathas qui était retourné à Jérusalem après avoir infligé une défaite complète à Apollonius, descendit de nouveau à Joppé, mais en grande pompe et chargé de présents, pour venir à la rencontre du roi d’Egypte. Ils se saluèrent, passèrent la nuit ensemble et le lendemain se dirigèrent vers le fleuve Éleuthère (146). I Mach., xi, 6 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, IV, 5. — Tandis que Jonathas était retenu dans la Transjordane, occupé à lutter contre les forces de Demétrius et de ses alliés, son frère Simon, ayant reçu l’avis que les habitants de Joppé voulaient