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JONC


au pluriel D » rm, ’âl.âin (pour D’irm *â#âi ; îm), dans Osée,

XIII, 15, tandis que la plupart traduisent par frères. Comme dans ce passage on ne compare pas Éphraim aux autres tribus (ses frères), mais qu’on désigne par là Israël tout entier, le contexte paraît favoriser la traduction des premiers. Novack, Die kleinen Propheten ûberselzt und erklârl, in-8°, Gœttingue, 1897, p. 81 ; Cheyne, Hosea, in-12, Cambridge, p. 125. — Le mot aX" se lit dans la traduclion des Septante pour l’Ecclésiastique, xi, 16 : « Il est comme un jonc ( « x el) sur le bord des torrents qui se dessèche avant l’arrivée des pluies. y> On s’attendait à voir inN, ’âhû, dans le texte hébreu récemment découvert, mais on a trouvé un mot différent, monp, qui n’a pas encore été expliqué d’une façon satisfaisante. A. E. Cowley et Ad. Neubauer, The original Rebrew of a portion of Ecclesiaslicus (xxxix, 45 to xlix, il], in-4° ; Oxford, 1897, p. 6 ; Israël Lévi,

d’une façon très différente par les exégètes. La plupart rattachent ce mot à la racine’ârâh, « vider, mettre à nu, » et y voient, les uns, un infinitif à côté duquel ils sousentendent le même verbe à un temps défini, et traduisent comme la Vulgate, nudabitur ; « tout ce qui est près du fleuve sera mis à nu, » tandis que les autres y reconnaissent un nom, dans le sens de prairie, lieux nets, sans arbres, libres, mais verdoyants. Fr. Buhl, Handivôrterbuch, in-8°, Leipzig, 1895, p. 603. Mais quelques interprètes, remarquant que les Septante ont traduit par 2/t, et que David Kimchi regarde’drop comme le nom d’une herbe verte (Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1788, t. ii, p. 230), estiment qu’il s’agit ici d’une plante croissant sur le bord de l’eau. Le contexte des jr. 6 et 7 favorise cette manière de voir : « Les fleuves tariront, dit le prophète, les canaux d’Egypte se videront, se sécheront : le roseau et le jonc se faneront ; les’àrôp sur le Nil, sur le bord du fleuve,

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279. — Cyperus longus.

289. — Cyperus esculentus.

L’Ecclésiastique, ou la sagesse de Jésus, fils de Sira, 1 « partie, in-8°, Paris, 1898, p. 32.

3° Gômé’, de la racine gâmâ’, n absorber l’eau, boire, » est reconnu par tous pour une plante aquatique, le jonc du Nil, bien connu sous le nom de papjrus. Voir Papyrus, t. iv, col. 2079. x

4° Sûf a été rapproché de l’égyptien ^^ J^ * — ~- 4f,

tuf, on t=b f t | 4 *li, tufi, qui désigne le jonc et en particulier le papyrus. W. Max Muller, Asien und Europa nach Altàgyptischen Denhmâlern, in-S°, Leipzig, 1893, p. 101 ; Frd. Delitzsch et Haupt, Beilràge zur Assyriologie, in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 603. Ce mot s’est conservé dans le copte jcooy^j djoouf. Les textes marquent bien une plante d’eau, Exod., ii, 3, 5, bas-sûf, « dans les joncs. » C’est le sûf, le jonc, qui a donné le nom en hébreu à la mer désignée du temps des Septante et depuis sous le nom de mer Rouge : la mer de sûf. Exod., x, 19 ; xiii, 18 ; xv, 4. Max Muller, Asien und Europa, p. 42. Autrefois sans doute les bords de cette mer étaient couverts de papyrus en telle abondance que la pensée serait venue naturellement de la caractériser ainsi. Dans Is., xix, 6, le sûf est une plante aquatique mise en parallèle avec le roseau : « Le roseau et le sûf se faneront. » Il s’agit ici très probablement du jonc. Au contraire, dans Jonas, ii, 6, il est préférable de voir certains herbages de mer, comme une espèce d’algue ou de varech. Voir Algue, t. i, col. 36. 5°’Arôf qui ne se lit que dans Is., xix, 7, est entendu

et tout ce qui sera semé sur la rive séchera, sera emporté et ne sera plus. » On parle d’abord des canaux et des bras du fleuve qui Se vident, puis des plantes qui croissent sur leurs rives. S’il s’agit de plantes, ’ârôp est bien placé entre les roseaux et les joncs, ꝟ. 6, et tout ce qui est semé. ꝟ. 7. De plus ne pourrait-on pas rapprocher ces’ârôp, croissant sur les bords du Nil, de la plante appelée en copte Apo, une espèce de souchet, le Cyperus longus, plante abondante en Egypte, puisque les anciens habitants du pays désignaient certaines contrées marécageuses du Delta sous le nom de champ des

aroù, * JW « ï’V. Loret, La flore pharaonique, in-8°, Paris, 1892, p. 30 ; et Le champ des souchels, dans le Recueil de travaux, 1890, t. xiii, p. 197-201.

II. vsages et comparaisons.

Certains joncs, comme le souchet comestible, le Cyperus esculentus et d’autres, pouvaient servir à la pâture des troupeaux sur le bord du Nil. Gen., xli, 2, 18. C’est dans les joncs du fleuve que fut exposée la corbeille où la mère de Moise avait déposé son enfant, afin qu’il ne fût pas emporté par les eaux. Exod., ii, 3, 5. On se servait.du jonc pour lier, attacher. Ainsi les Égyptiens, comme les pêcheurs de nos jours, attachaient les petits poissons avec des joncs passés dans les ouies. En fixant une extrémité à la rive, ils rejetaient le poisson, ainsi attaché, dans l’eau pour le conserver vivant. Parlant du Léviathan, le crocodile, Dieu dit à Job, xi., 26 (Vulgate, 21) : « Lui passeseras-tu un jonc dans les narines (comme s’il s’agissait