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JONATHAS

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pre et une couronne d’or et lui demandait son amilié. I Mach., x, 16-20 ; Joséphe, Ant. jud., XIII, ii, 2-3. Alexandre se montrait ainsi plus libéral que Démétrius, et ce tut à lui que se rallia Jonatbas. Voir Alexandre Balas, t. i, col. 348. Il revêtit les insignes de grand-prêtre le jour de la fête des Tabernacles, le quinzième jour du septième mois de l’an 160 de l’ère des Séleucides, c’est-à-dire à l’automne de 153 avant J.-C.

I Mach., x, 21. Cette nouvelle attrista Démétrius, qui résolut de surenchérir sur les offres de son adversaire.

II promit une large exemption d’impôts, la reconnaissance de Jérusalem comme ville libre, l’abandon de la citadelle au grand-prêtre, la liberté sans rançon de tous les Juifs faits prisonniers dans les guerres précédentes, l’exemption de taxes et de corvées pour tous les Juifs tous les jours de fête et durant les trois jours qui précèdent et les trois jours qui suivent. Personne, pendant ce laps de temps, ne pourra les inquiéter, c’est-à-dire les traduire en justice, les faire emprisonner, etc. Trente mille Juifs seront enrôles dans les armées du roi, établis en partie dans ses forteresses et soldés par lui. Quelques-uns d’entre eux seront appelés à prendre part à la direction des affaires du royaume et placés dans des postes de confiance. La liberté leur est assurée de pratiquer leur loi. Ainsi les édits d’Antiochus Épiphane seront rapportés. Les trois villes de Samarie annexées à la Judée feront partie de cette province et obéiront au grand-prêtre. Démétrius fait don de Ptolémaïde et de son territoire au Temple de Jérusalem pour les dépenses du sanctuaire. C’était un don précieux, mais la ville était au pouvoir d’Alexandre Balas. Démétrius pensait exciter par là les Juifs à la conquérir sur son compétiteur. Il y ajoutait un présent annuel de quinze mille sicles d’argent, soit plus de deux millions sur les revenus royaux, le montant des sommes dues au trésor royal ; enfin, les cinq mille sicles d’argent prélevés jusquelà par le roi sur les revenus du sanctuaire seront désormais abandonnés aux prêtres. De plus, le temple de Jérusalem et son territoire jouiront du droit d’asile, personne ne pourra saisir les biens de ceux qui s’y seront réfugiés tant qu’ils y demeureront ; la restauration du Temple et des murailles de Jérusalem sera faite aux frais du roi. I Mach., xii, 24-45 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, il, 3. Ces promesses étaient magnifiques, mais Jonathas n’y ajouta pas foi, car il se souvenait du mal fait par Démétrius aux Juifs. Il se rangea au parti d’Alexandre Balas et lui resta fidèle jusqu’à la fin. Alexandre triompha de Démétrius, qui périt dans la défaite qu’il essuya. I Mach., x, 45-59 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, ii, 4 ; Polybe, m, 5 ; Justin, xxxv, 1, Appien, Syriac, 67. L’année même de sa victoire, 150 av. J.-C, Alexandre eut l’occasion de montrer sa reconnaissance à Jonathas, et de lui accorder des honneurs. Il invita le prince juit à assister à son mariage avec Cléopâtre, fille de Ptolémée VI Philométor. Quelques Juifs renégats, mécontents de voir Jonathas si avant dans la faveur du roi, le calomnièrent auprès de lui ; mais, loin de les écouter, Alexandre lit de riches présents au prince machabée, le fit revêtir de la pourpre et asseoir auprès de lui ; il lui donna le titre d’ami du roi, de stratège, c’est-à-dire de chef militaire, et de méridarque, c’est-à-dire de gomerneur civil probablement de la province de Judée. I Mach., x, 59-65 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 1-2. Jonathas revint joyeux à Jérusalem, mais il fut bientôt obligé de combattre contre Apollonius, général de Démétrius II, fils de celui qu’avait vaincu Alexandre Balas. Apollonius, au nom de son maître, provoqua Jonathas à une bataille dans la plaine. Celui-ci, à la tête de dix mille hommes et secondé par son frère Simon, alla camper près de Joppé et assiégea cette ville. Malgré la garnison syrienne, les habitants lui ouvrirent les portes. Apollonius furieux se dirigea vers Azot, ville du pays des Philistins, et engagea la lutte dans la plaine. Jonathas sut habilement

déjouer les embûches d’Apollonius, remporta sur lui une éclatante victoire, détruisit Azot et le temple de de Dagon, et revint à Jérusalem chargé de riches dépouilles. I Mach., x, 66-87 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 34. Voir Apollonius, t. i, col. 775 ; Démétrius 2, t. ii, col. 1362 ; Azot 1, t. i, col. 1307 ; Dagon, t. ii, col. 1204. En reconnaissance du secours qu’il lui avait donné par cette campagne, Alexandre lui donna l’agrafe d’or que portaient les parents du roi et la ville d’Accaronavec son territoire. IMach., x, 88-89 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, IV, 4. Voir Accaron, 1. 1, col. 105.

Peu après, Ptolémée VI tenta de s’emparer du royaume d’Alexandre Balas ; il s’avança à travers la Syrie et toutes les villes lui ouvrirent leurs portes parce qu’Alexandre avait donné ordre de le bien recevoir, puisqu’il était son beau-père. Les habitants d’Azot lui montrèrent les ruines de leur cité et celles du temple de Dagon, brûlé par Jonathas, afin d’exciter sa colère contre lui, mais Ptolémée resta indifférent. Il reçut bien Jonathas, qui vint au-devant de lui à Joppé et rentra à Jérusalem, après avoir accompagné le roi d’Egypte jusqu’au fleuve Éleuthère. IMach., xi, 1-7 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 5-7. Après la défaite et la mort d’Alexandre, suivie bientôt de celle de son vainqueur, Ptolémée VI, Démétrius II régna sur la Syrie. Jonathas essaya alors de s’emparer de la citadelle de Jérusalem. Démétrius, averti par les Juifs apostats, enjoignit à Jonathas de lever le siège et devenir le trouver. Celui-ci, sans cesser l’attaque, se rendit à l’invitation du roi de Syrie, porteur de magnifiques présents et accompagné de prêtres et d’anciens d’Israël. L’entrevue eut une heureuse issue. Loin d’écouter les accusations des adversaires de Jonathas, Démétrius le traita avec honneur, le confirma dans le souverain pontificat et lui donna le titre de premier des amis du roi. Le prince juif obtint de plus l’immunité de la Judée, des trois provinces annexées et de la Samarie, la promesse de trois cents talents, c’est-à-dire de deux millions cinq cent cinquante mille lrancs. Le roi confirma toute ses promesses dans une lettre où il proclamait son amitié avec les Juifs. I Mach., xi, 2037 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9. Cette attitude de Démétrius s’explique par la crainte qu’avait ce prince de perdre son trône. Jonathas profita d’une nouvelle révolte suscitée contre Démétrius par Diodote Tryphon pour demander au roi de Syrie de retirer les garnisons qui restaient encore dans la citadelle de Jérusalem et dans les forteresses, parce qu’elles attaquaient souvent les Juifs. Démétrius non seulement le lui accorda, mais encore lui promit de nouveaux honneurs, mais, en même temps, il lui demanda un contingent de troupes. Jonathas envoya à Antioche 3000 hommes qui sauvèrent le roi, lors de la révolte de cette ville contre lui, et mirent tout à feu et à sang. Ils revinrent à Jérusalem, chargés de dépouilles, après que la ville eut fait sa soumission. I Mach., xi, 41-51 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 2-3. Sorti du danger, Démétrius manqua à sa parole. Il ne jouit, du reste, pas longtemps de son triomphe. Tryphon le renversa peu après du trône et le remplaça par le jeune Antiochus VI. Ce prince confirma Jonathas dans son suprême sacerdoce, dans le gouvernement des quatre nomes, la Judée, Aphæréma, Lydda et Ramathaim, ou, suivant Josèphe, Accaron. Il lui envoya, pour son propre usage, des vases d’or, un manteau de pourpre et une agrafe d’or. Il établit son frère Simon gouverneur du pays qui s’étend depuis les limites de Tjr jusqu’aux frontières d’Egypte. I Mach., xi, 57-59 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 3-4. Voir Antiochus, 5, t. i, col. 703. Jonathas traversa alors le Jourdain avec une armée grossie des troupes syriennes. Ascalon se soumit spontanément à lui, Gaza lui livra des otages ; il parcourut ainsi tout le pays jusqu’à Damas. I Mach., xi, 60 62 ; Joséphe, Ant. jud., XIII, v, 5. Là, il apprit que les généraux de Démétrius l’attaquaient avec une armée nom-