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JOËL (LIVRE DÉ) — JOHA

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IX. Explication de quelques passages.

I. l’invasion des sauterelles. — On a donné à cette description deux interprétations : 1° Interprétation symbolique. — Le Targum, certains Pères de l’Église, saint Éphrem, saint Cyrille d’Alexandrie, Théodoret et, parmi les auteurs modernes, Luther, Ribeira, Hengstenberg, Hâvernick, Pusey, voient dans ces sauterelles les ennemis du peuple de Dieu : Assyriens, Mèdes. Perses, Grecs ; cette interprétation s’appuie sur deux raisons très contestables : — t. ii, 20, Joël semble affirmer que l’armée des sauterelles vient du nord ; or, ajoute-t-on, on sait que les sauterelles viennent toujours du sud, du désert d’Arabie ; mais on a constaté des exceptions à cette règle. Cf. Trochon, Joël, p. 117. — 2. i, 15 ; ii, 1, Joël déclare que le jour du Seigneur est proche ; mais il distingue le jour du Seigneur de l’invasion des sauterelles. — 2° Interprétation littérale. — D’autres auteurs prennent les sauterelles au sens littéral, parce que : 1. Rien dans le texte ne laisse supposer qu’il s’agisse d’un symbole. — 2. Joël ne parle que des dégâts causés dans les champs et du mal fait aux animaux ; or, s’il avait en vue les invasions étrangères, il aurait surtout parlé du mal fait aux hommes. — 3. La description se rapporte à un fait passé et non à un événement futur comme les invasions. — On pourrait peut-être concilier ces deux solutions, par trop exclusives, dans une opinion intermédiaire, « en admettant, comme cela paraît très vraisemblable, que Joël, dans sa seconde partie, considère l’invasion dont il a parlé dans la première comme type du jugement de Dieu qui approche. » Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 792. Cf. Trochon, Joël, p. 95 ; Driver, Introduction, p. 308.

u. l’effusion du saint-esprit. — Cette prophétie est littéralement messianique. Le prophète prédit la descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte ; c’est saint Pierre lui-même qui en a donné l’interprétation authentique et autorisée. Act., ii, 17-21 ; cf. Joël, ii, 2832. — Dans ce même passage, ii, 31, et ii, 10 ; iii, 15, le prophète annonce des phénomènes extraordinaires. Cf. Is., xiii, 10 ; Ezech., xxxii, 7. Notre-Seigneur a interprété la signification de ces prodiges ; il nous apprend, Matth., xxiv, 29 ; Marc, xiii, 24 ; Luc, xxi, 25, que ces prodiges s’appliquent aux signes qui précédèrent immédiatement la ruine de Jérusalem, cf. Luc, xxi, 11, et plus particulièrement à ceux qui précéderont le jugement dernier.

III. JUGEMENT DANS LA VALLÉE DE JOSAPHAT.

Cette

vallée, qui esc devenue si populaire chez les peuples chrétiens, à cause de son rôle eschatologique, n’est mentionnée que dans le livre de Joël, m (hébreu, iv), 2, 12. On ne connaît pas exactement l’emplacement de cette vallée. D’après les uns, son nom est symbolique ; d’après les autres, c’est la vallée du Cédron. — 1<> Interprétation symbolique. — Certains auteurs pensent que la vallée de Josaphat est un pur symbole ; elle indiquerait simplement, conformément à l’étymologie du mot [Josaphat = Jehovdh juge], le jugement de Dieu qui s’exerce contre les nations. Cf. Knabenbauer, In proph. min., t. i, p. 237. Les raisons de cette interprétation sont : 1. On ne voit pas comment tous les peuples pourraient être rassemblés et jugés dans une vallée de la Judée. — 2. Il n’est pas sûr qu’il ait existé une vallée portant le nom de Josaphat. — 3. Jamais les ennemis des Juifs n’ont été vaincus et détruits dans une vallée près de Jérusalem, comme aurait été celle de Josaphat.

— ^"lnterprétationlittérale. — D’autres pensent que cette -vallée est située dans la vallée du Cédron, à l’est de Jérusalem, cf. II Reg., xviii, 18, où elle est appelée « vallée du roi » ; Gen., xiv, 17, où elle est appelée « vallée de Savé » ; c’est dans la vallée du Cédron que commença la Passion du Sauveur ; c’est donc là qu’aura Jieu son triomphe. Cf. Trochon, Joël, p. 123-124. On donne en ellot aujourd’hui le nom de vallée de Josaphat

à une partie de la vallée du Cédron, mais l’opinion que le jugement dernier aura lieu dans cet endroit n’est qu’une croyance populaire. Voir Josaphat (Vallée de).

IV. PROPHÉTIE DU DOCTEUR DE LA JUSTICE : II, 23. —

Cette prophétie est aussi messianique ; c’est ainsi que l’ont entendue la grande masse des exégètes ; le « Docteur de justice » est Notre-Seigneur même. Cf. le passage parallèle dans Is., lv, 4. Cependant, d’autres exégètes entendent ce verset directement de la suite des prophètes et secondairement de Jésus-Christ. Knabenbauer, In proph. min., t. i, p. 229.

X. Bibliographie.

Parmi les Pères de l’Église : S. Jérôme, In Joelem, t. xxv, col. 947-988 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Joelem, t. lxxi, col. 328-408 ; Théodoret, In Joelen, t. lxxxi, col. 1633-1664. — Parmi les modernes : "Wunsche, Die Weissagungen des Pr. Joels, in-8°, Leipzig, 1872 ; ’Schmoller, Die Proplieten Hosea, Joël und Amos (dans le Bibelwerk de Lange, t. xviii), in-8°, Leipzig, 1872 ; J. A. Karle, Joël ben Pethuél, in-8°, Leipzig, 1872 ; "E.-J. Montet, Etude littéraire et critique sur le livre du prophète Joël, in-8°, Genève, 1877 ; *A. Merx, Die Prophétie des Joël und ihre Ausleger von der àltesten Zeiten bis zu den Reformatoren, in-8°, Halle, 1879 ; ’Le Savoureux, Le prophète Joël, in-4°, Paris, 1888 ; *W.L. Pearson, The Prophecy of Joël, in-8°, Leipzig, 1885 ; ’J. Wellhausen, Die kleinen Propheten ùbersetzt, 1892 ; *H. Holzinger, Sprachkaracter und Abfassungszeit des Bûches Joël, dans la Zeitschrift fur die Alttest. Wissenschaft, 1889, p. 89-131 ; ’Driver, Joël and Amos, dans Cambridge Bible for Schooh, 1897 ; * J. T. Beck, Erklàrung der Proplieten Micha und Joël, in-16, Gutersloh, 1898. V. Ermoni.

    1. JOÉLA##

JOÉLA (hébreu : Yôé’ldh, « que [Dieu] aide ! » Septante : ’IeXta ; Alexandrinus : ’IwiiXdt), fils de Jéroham de Gédor (voir Jéroham 5, col. 1303), un des vaillants soldats qui allèrent rejoindre David à Siceleg. I Par., xii, 7.

    1. JOÉZER##

JOÉZER (hébreu : Yo’ézér, « Jéhovah est aide ; » Septante : ’Iwfrxpâ ; Alexandrinus et Smaiticus : ’IwÇaâp), un des vaillants soldats de David, qui s’était joint à lui à Siceleg. C’était un lévite de la branche de Coré (Vulgate : de Carehim. Voir Carehim, t. ii, col. 259). I Par., xii, 6.

    1. JOGLI##

JOGLI (hébreu : Yoglî. « exilé ; » Septante : ’EyXi)) père de Bocci (voir Bocci 1, t. i. col. 1823), de la tribu de Dan, du temps de Moïse. Num., xxxiv, 22.

JOHA, nom de trois Israélites dans la Vulgate. En hébreu, l’orthographe du nom du troisième, Yû’âh, diffère de celle des deux premiers, Yâhd’, par la métathèse d’une lettre. C’est probablement l’orthographe Yâ’dfy qui est la bonne. Voir Joah, col. 1551.

1. JOHA (hébreu : Yâhd’; Septante : 'Tu>Sâ ; Alexandrinus : ’Iwa^oi), fils de Baria, de la tribu de Benjamin. Baria demeurait à Aialon et, aidé de Samas, il mit en fuite, avec ses fils, parmi lesquels Joha est nommé le dernier, les habitants de Geth. I Par., viii, 16. Voir Baria 3, t. ii, col. 1461.

2. JOHA (hébreu : Yôhâ’; Septante : ’IwÇctl), fils de Samri et frère de Jédihel. Voir Jédihel 1, col. 1218. Il est qualifié de Thosaite (voir ce mot). C’était un des plus vaillants soldats de David. I Par., xi, 45.

3. JOHA (hébreu : Yô’dh ; Septante : ’Iovâx’» Alexandrinus : ’Iwà « ; Josèphe, Ant. jud., X, IV, 1 : ’Iwaxr, ;), fils de Joachaz, historiographe du roi de Juda, Josias. Ce prince le chargea, avec quelques autres de ses officiers, de la restauration du temple de Jérusalem. II Par., xxxiv, 8.