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JEZRAEL — JEZRAfA


Ochozias, roi de Juda. Il n’eut pas le temps d’aller bien loin. Le fils d’Achab et l’usurpateur de sou royaume, Jéhu, ministre de la vengeance divine, se rencontrèrent dans le champ même de Naboth, contigu au palais. « Est-ce la paix, Jéhu ? » lui demanda aussitôt Joram qui se sentit perdu en le voyant. « Quelle paix ? lui répondit Jéhu, tant que durent les prostitutions et les maléfices sans nombre de Jézabel, ta mère ! » Incapable de se défendre, Joram tourna bride et s’enfuit en criant à Ochozias : « Trahison, Ochozias ! » Mais Jéhu tendit son arc et il frappa Joram entre les épaules ; la flèche sortit par le cœur et le fils d’Achab tomba dans son char en s’affaissant sur les genoux. Jéhu dit alors à Badacer, un de ses officiers : « Prends-le et jette-le dans le champ de Naboth de Jezræl, car souviens-toi [que lorsque moi et toi, nous suivions à cheval, à côté l’un de l’autre, Achab, son père, Jéhovah prononça contre lui cette sentence : Aussi certainement que j’ai vu hier le sang de Naboth et le sang de ses fils, je te rendrai la pareille dans ce même champ, a dit Jéhovah. Prends-le donc et jette-le dans le champ, selon les paroles de Jéhovah. » IV Reg., IX, 14-26. Le premier acte de cette sanglante tragédie venait de s’accomplir ; un second allait le suivre. Nous avons vu que le palais royal était sur le rempart même de la ville. De la vigne de Naboth, devenue jardin royal, Jéhu entra dans Jezræl. Jézabel l’ayant appris, se peignit les yeux (voir Antimoine, t. i, col. 472), orna sa tête et se mit à regarder par la fenêtre. Au moment où Jéhu franchissait la porte, la vieille et fière reine, bravant l’usurpateur, lui cria : « Est-ce la paix, [nouveau] Zambri, assassin de son maître ? » Il leva les yeux vers la fenêtre, et demanda : « Qui est pour moi ? qui ? » Et deux ou trois eunuques se penchèrent (à la fenêtre). « Jetez-la en bas, » leur dit-il. « Ils la jetèrent et son sang rejaillit sur la muraille et sur les chevaux. Il la foula alors aux pieds ; puis il entra, mangea et but, et il dit : Allez voir maintenant cette maudite et enterrez-la, car elle est fille de roi. Ils allèrent donc pour l’enterrer, mais ils ne trouvèrent plus d’elle que .le crâne, les pieds et les paumes des mains. » Selon la prophétie d’Élie, elle avait été dévorée par les chiens. IV Reg., ix, 30-37. Ils sont nombreux et sans maîtres, dans ce pays, , et ils n’ont pour nourriture que les débris qu’on jette des maisons et les cadavres des animaux morts. Dès qu’une proie de ce genre leur est livrée, ils accourent rapidement de toutes parts en multitude, et au bout de très peu de temps, nous en avons été témoin en plusieurs circonstances, il ne reste plus qu’un squelette complètement décharné. Ce spectacle est fréquent, par exemple, à Iskenderîyéh (Alexandrette) où les nombreuses caravanes de chameaux, qui y arrivent d’Alep et de fort loin au delà, perdent souvent à leur arrivée des chameaux épuisés par la fatigue du voyage. A Zera’in même, nous avons vii, au milieu des débris qui forment les mezbelé, les carcasses de plusieurs animaux domestiques, chameaux, bœufs ou ânes, qui avaient été dévorés par les chiens. Ochozias, roi de Juda. s’étant enfui de Jezræl, fut poursuivi et blessé et il mourut de ses blessures. IV Reg., ix, 27-28 ; II Par., xxil, 6-9. La mort de Jézabel fut suivie du massacre des soixante-dix fils d’Achab qui furent égorgés à Samarie. On apporta leurs têtes à Jéhu, et, selon l’usage oriental, il les fit exposer en deux monceaux à la porte de la ville. IV Re~., x, 1-10. Le nouveau roi fit également périr tout ce qui restait de la maison d’Achab à Jezræl, ses officiers, ses familiers et les prêtres de ses idoles. IV Reg., x, 11. Il quitta alors cette ville qui venait d’être inondée de tant de sang pour se rendre à Samarie, IV Reg., x, 12, et avec lui sembla disparaître la gloire de Jezræl (884 avant J.-C. d’après la chronologie ordinaire). — Aucun roi n’y fit plus sa résidence et l’Ecriture n’en parle plus que dans la prophétie d’Osée. Sous le régne de Jéroboam II, arrière-petit-fils de Jéhu,

Osée ayant eu un fils, « Jéhovah lui dit : Donne-lui lenom de Jezræl, car encore un peu de temps et je châtierai la maison de Jéhu pour le sang répandu à Jezræl et je mettrai fin au royaume de la maison d’Israël. En ce jour-là, je briserai l’arc d’Israël dans la vallée de-Jezræl. .. Grande sera la journée de Jezræl. » Ose., i, 4-5, 11 (hébreu, i, 4-5 ; ii, 3). Le Messie seul sèmera une semence nouvelle qui sera véritablement « Jezræl à la semence de Dieu ». Ose., ii, 22 (hébreu, 24). Cf. Matth., xin, 3. — Le nom de Jezræl ne reparaît plus qu’accidentellement et défiguré, à l’époque des croisades. En 1183’, les croisés, attirés par l’abondance de ses eaux, campèrent près de cette ville et en repoussèrent Saladin.’Guillaume de Tyr, Hist., xxil, 26-27, t. cci, col. 881, 884. En 1217, les croisés passèrent à Jezræl pour se rendre par la vallée à Bethsan, Fr. Wilken, Geschichte der Kreuzzûge, Leipzig, 1808-1832, t. ii, part, ii, p. 144. Depuis lors, son nom ne se lit que dans les récits des pèlerins et des voyageurs. Voir Jezrahélite. — Cf. Ed. Robinson, Biblical Researches, 1™ édit., t. iii, p. 161168 ; 2e édit., t. ii, p. 318-325 ; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, 1877, p. 349 ; V. Guérin, Samarie, t. i, p. 310 ; G. A. Smith, Historical Geography of the Holy Land y 1894, p. 356, 381. F. Vigouroux.

    1. JEZRAEL##


2. JEZRAEL, ville de la tribu de Juda, dans la partie montagneuse de son territoire, non loin du Carmel et de Ziph. Jos., xv, 56. Le site n’a pas été retrouvé. La première femme de David, Achinoam, était de Jezræl de Juda. I Reg., xxvii, 3, etc. Voir Jezrahélite. Les-Qussstiones hebraiese in librum I Paralipomenon, II, 55, t. xxiii, col. 1570, disent faussement qu’elle était de Jezræl, patrie de Naboth.

    1. JEZRAEL##


3. JEZRAEL, plaine de la Palestine. Ce nom désigne la partie de la grande plaine qui sépare la Samarie-dela Galilée, mais il s’applique plus spécialement à lai partie qui est située entre le mont Gelboé et le petit Hermon. Jos., xvii, 16 ; Jud., vi, 33 ; III Reg., iv, 12 ; Ose., i, 5. Dans le livre de Judith, la version grecque a transformé le nom de la plaine de Jezræl en celui d’Esdrelon, sous lequel elle est universellement connue. Voir Esdrelon, t. ii, col. 1945.

    1. JEZRAHEL##

JEZRAHEL (hébreu : Izre’é'l), nom de personne et de ville. La Vulgate -écrit ordinairement Jezrahel, et quelquefois Jezræl. Voir Jezræl, col. 1538.

1. JEZRAHEL (Septante : ’IeCpo^X), de la tribu de Juda, fils d’Étam, c’est-à-dire du fondateur de cette ville. I Par., IV, 3. Le passage où il est nommé est obscur, et, d’après plusieurs commentateurs, tronqué. Les uns considèrent Jezrahel comme un nom de personne, les. autres comme un nom de lieu.

2. JEZRAHEL (Septante : ’IeÇpetift), nom donné par le prophète Osée à son fils aîné, pour signifier que Dieu vengerait « le sang versé à Jezrahel sur la maison de Jéhu » et qu’il « briserait l’arc d’Israël dans la vallée de Jezrahel ». Ose., i, 4.

    1. JEZRAHÉLITE##

JEZRAHÉLITE (hébreu : Izre’ê'lî ; féminin : Jzre^’lip ; Septante : ’IeÇpaijXî-nriç ; féminin : ’IeÇpaïjXÎTCç ; Vulgate : Jezrahelita, Jezrahelites ; féminin : Jezrahelites et Jezrahelitis), originaire de Jezrahel. Le masculin est employé pour désigner la patrie de Naboth, III Reg., xxi, 1, 4, 6, 7, 15, 16 ; IV Reg., ix, 21, 25, et le féminin pour désigner la patrie d’Achinoam, femme de David. I Reg., xxvii, 3 ; xxx, 5 ; II Reg., ii, 2 ; iii, 2 ; I Par., iii, 1. Naboth était de Jezræl d’Issæhar et Achinoam de Jezræl de Juda.

    1. JEZRAÏA##

JEZRAÏA (hébreu : l^ra^yâh, « que Jéhovah fasse-