Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/797

Cette page n’a pas encore été corrigée
1539
1540
JEZRAËL


Fûkâ’ah, au nord ; c’est l’ancienne vallée de Jezraél. On aperçoit très distinctement le Tell Beisan, c’est-à-dire l’ancienne acropole de Bethsan. Au delà du Jourdain, l’horizon est borné, de ce même côté, par les montagnes de l’antique pays de Galaad. À l’ouest, se déroule l’immense plaine de Jezræl ou d’Esdrelon, dont la fertilité est justement renommée, et qui servit tant de fois de champ de bataille à des armées si diverses. Encadrée entre les montagnes de la Galilée et de la Samarie, elle présente à la vue une surface très étendue, boursouflée par de faibles ondulations et parsemée çà et là de petits monticules. » Victor Guérin, Samarie, t. i, p. 311-312. La montagne conique du Thabor est cachée par le Djebel ed-Duhy (mont Moréh), mais on voit Sunem sur le flâne de ce dernier et un peu plus loin, à gauche, el-Fûléh, où le 16 avril 1799 le

vée de 109 mètres au-dessus de la fontaine de’Aîn-Djalûd. Jezræl était donc facile à défendre et difficile à attaquer.

A l’avantage de sa situation, Zera’in joint celui de posséder de l’eau en abondance, richesse d’autant plus inappréciable qu’elle est plus rare en Palestine. A 1 500 mètres à l’est, au pied d’un des rochers du Gelboé, jaillit le’Ain Djalûd, probablement l’ancien Harod, l’une des plus belles sources du monde. Voir Harod, col. 421. Plus près du village, à une vingtaine de minutes, également à l’est, à mi-chemin entre le’Atn-Djalûd et Zera’in, au milieu de rochers de basalte noir, couverts de lichens rougeâtres, est une autre^ource, appelée’Ain el-Maitéh, « la source morte, » parce qu’elle avait disparu lorsque, au moyen d’excavations, on la fit reparaître en 1834. Elle forme un rukseau con 2C9. — Vue de Zera’in. D’après une photographie.

général Bonaparte, avec 3000 Français, battit plus de 30000 Turcs. Plus au nord, on peut apercevoir les maisons blanches les plus hautes qui s’étagent sur la colline de Nazareth. À l’ouest se détache sur le Carmel la crête A’el-Mahraqah, le lieu traditionnel du sacrifice du prophète Élie ; directement au sud pointent, dans un berceau de verdure et de palmiers, les dômes blanchis et les minarets de Djénin (Engannim), et par derrière, formant le fond du tableau, se dressent les montagnes de la Samarie. Cf. Esdrelon, t. ii, col. 1945.

La position de Jezræl n’est ni moins forte ni moins importante que belle et pittoresque. Bâtie sur une colline, en partie artificielle, qui forme le dernier contrefort nord-ouest du mont de Gelboé, à la ligne de faîte qui sépare le bassin de la Méditerranée de celui du Jourdain et de la mer Morte, au sud du Djebel ed-Dhahy, eUe est la clef de la route qui conduit de l’est du Jourdain, de Damas et de Bethsan (Scythopolis) à la vaste et fertile plaine à laquelle elle a donné son nom, et, de là, en Galilée, en Phénicie, au Carmel et en Samarie. Elle est accessible au sud et à l’ouest ; à l’est, une coupure sépare le plateau de Zera’in du Gelboé et une route passe en cet endroit entre la ville et la montagne. Au nord, la pente est raide et escarpée. La colline est éle s.dérable abondant en petits poissons. C’est probablement la « Fontaine de Jezræl » de l’Écriture. I Reg., xxix, 1. Son eau est douce comme celle du’Aïn Djaloud. Un puits, appelé Bir es-Souweid, existe aussi au nord de Zera’in. Enfin, au milieu du village même, on remarque beaucoup de citernes abandonnées, qu’on estime au nombre d’environ trois cents. Elles avaient été évidemment creusées afin que la ville n’eût pas à souffrir du manque d’eau en cas de siège.

Nous savons par l’histoire de Naboth qu’on cultivait la vigne sur les coteaux de Jezraél. III Reg., xxi, 1. Les vignobles étaient sans doute à l’orient, car on y voit encore des pressoirs taillés dans le roc. Tous les environs sont fertiles, mais mal cultivés. Les cactus y abondent et y forment des haies impénétrables. Autour du village, nous avons remarqué plusieurs de ces amoncellements où s’entassent, depuis des siècles, des cendres, des immondices et des détritus de toute sorte qui finissent par atteindre une assez grande hauteur. C’est sur un amas de débris semblables, qu’on appelle aujourd’hui mezbelé, que s’était réfugié Job frappé de la lèpre. Job, il, 8. Voir Cendres, t. ii, col. 408.

II. Histoire.

Le* nom de Jezræl apparaît pour la première fois dans l’Écriture parmi les villes qui furent