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JÉTIIRO — JEU


pourraient partager le sort des Amalécites. II lui importait donc personnellement de s’assurer les bonnes grâces d’un homme devenu aussi puissant que son gendre. Il applaudit à tout ce que Moïse lui raconta, bénit Jéhovah, le Dieu d’Israël, des merveilles accomplies pour châtier la méchanceté des Égyptiens et offrit à Dieu un sacrifice dont Moïse et les principaux d’Israël mangèrent avec lui les victimes. Exod., xviii, 1-12. Jéthro ne se borna pas à ces félicitations. Le lendemain, il fut témoin de l’emploi que Moïse fit de la journée entière à régler les différends de son peuple. Il trouva cette manière d’agir peu pratique ; les plaignants attendaient indéfiniment leur tour et Moïse s’épuisait à donner tant de consultations. Jéthro lui conseilla donc, avec l’autorité que lui conférait l’âge, le sacerdoce et la parenté, de se réserver la haute direction du peuple et le jugement des affaires les plus importantes, mais de confier le règlement des détails de l’administration et de la justice à des chefs de mille, de cent, de cinquante et de dix. L’établissement de cette hiérarchie judiciaire aurait pour heureux effet de permettre à Moise de suffire à sa tâche et au peuple de parvenir à sa destination. Moïse suivit le conseil qui lui était donné et tout le monde s’en trouva bien. Jéthro n’attacha pas son sort à celui des Hébreux. Il quitta Moïse et retourna dans son pays. Exod., xviii, 13-27. À partir de ce moment, il n’est plus fait mention de Jéthro. Mais son fils Hobab et ses descendants héritèrent de ses sentiments et se rendirent utiles aux Hébreux, durant leur séjour dans le désert. Num., x, 29-32 ; Jud., i, 16 ; iv, 11, 17 ; I Reg., xv, 6. Voir Hobab, col. 725, et Cinéen, i, 3*, t. ii, col. 768.

H. Lesêtre.
    1. JETHSON##

JETHSON (Codex Vaticanus : AEx|ji<iv ; Alexandrinus : reSswv), ville lévitique, située à l’est du Jourdain, dans la tribu de Ruben, et donnée aux Mérarites d’après la Vulgate. Jos., xxr, 36. Ce nom est probablement altéré, car il ne se rencontre nulle part ailleurs, pas même dans la Vulgate dans le passage parallèle de IPar., vi, 77-79. Le ꝟ. 36 lui-même dans lequel nous le trouvons diffère dans tous les anciens teites. Cf. C. Vercellone, Varias lectiones Vulgatse lahnse, Rome, 1864, t. ii, p. 68-70. « Ce verset, dit Calmet, Commentaire huerai, Josué, 1720, p- 301-303, ne se lisait point dans les anciens exemplaires hébreux des Massorètes, ni dans le fameux manuscrit d’Hillel (col. 712), ni dans le corps de l’édition de Venise, ni dans plusieurs anciens manuscrits latins, quoiqu’on le trouve dans quelques autres plus nouveaux… On voit encore des manuscrits hébreux où il manque quelques mots de ce verset. Enfin ce passage est transposé dans quelques’éditions latines où les villes de la tribu de Gad qui furent cédées aux lévites sont marquées avec celle de Ruben. Il y a toute apparence que saint Jérôme n’avait pas ce passage dans ses exemplaires hébreux et que, s’il l’a mis dans sa version latine, il l’a pris sur le grec des Septante, auquel sa traduction est tout à fait semblable [excepté que Dekmôn y figure au lieu de Jethson], mais non pas au texte hébreu, comme on le verra ci-après. Les Septante pouvaient l’avoir lu dans les anciens livres hébreux de leur temps, ou peut-être l’ont-ils tiré des Paralipomènes (I Par., vi, 78-79), pour suppléer ce qui manquait ici. Mais ce qui peut faire croire qu’il était autrefois dans l’hébreu, c’est que la version des Septante n’est pas tout à fait semblable au texte hébreu des Paralipomènes, et que dans la somme des douze villes qui furent données aux Mérarites, celles de Ruben y sont nécessairement comprises, car sans elles il n’y en aurait que huit. Le syriaque semble avoir aussi ajouté ce passage à ses exemplaires, puisqu’il le place avant lesꝟ. 34 et 35 qui comprenaient les villes détachées de Zabulon pour être données aux Lévites. Tout ce mélange et toutes ces variétés prouvent visiblement que les anciens ma-. Buscrits originaux ont été mal conservés en cet endroit. I

Voici l’hébrea de ce passage comme il se lit dans nos éditions communes : « Et de la tribu de Ruben, Bézer et « ses faubourgs (ou ses champs) ; Jazar et ses faubourgs ; « Cédémoth et ses faubourgs ; Méphaath et ses faubourgs, « ce qui fait quatre villes. » Les Paralipomènes portent : « Et au delà du Jourdain, vis-à-vis de Jéricho, à l’orient « du Jourdain, [on leur donna] de la tribu de Ruben, « Bézer dans le désert, et ses faubourgs ; Jaza et ses faubourgs ; Cadémot et ses faubourgs ; Méphaat et ses faubourgs ; » ce qui est, comme on voit, assez différent de notre texte hébreu. Les Septante approchent beaucoup plus de l’hébreu des Paralipomènes, mais ils ne lui sont point encore semblables. Les voici à la lettre : « Et les « villes du Jourdain, Jéricho de la tribu de Ruben, une « ville de refuge pour celui qui a tué ; Bosor et ses champs, « Jazeret ses champs ; Cedzonet ses champs ; Masphaa et « ses champs, quatre villes. « Enfin, notre Vulgate estdifférente de tous ces textes en ce qu’elle met cinq villes, savoir Bosor, Misor, Jazer, Jethson et Masphaath, et qu’aussitôt après elle n’en compte que quatre, et que dans la totalité des villes de Mérari elle n’en reconnaît que douze. Mais Aquila et Symmaque ont cru que Misor de cet endroit signifie simplement la plaine ou le désert dans lequel Bosor était située, et, en effet, on trouve quelques passages (Deut., iv, 43 ; Jos., xx, 8 ; Jer., xlviii, 21) où Misor est pris dans ce sens, lorsqu’on parle des pays où était située la ville de Bosor et quelques autres villes des campagnes de Moab. » Par tout ce qui précède, on voit que Jethson tient dans Jos., xxi, 36, la place qu’occupe Cadémoth dans les autres textes et dans le passage parallèle I Par., vi, 79. Il faut donc vraisemblablement lire ici Cadémoth, ville dont le site est inconnu. Voir Cadémoth, t. ii, col, 12. Les critiques reconnaissent d’ailleurs généralement que le ꝟ. 36 de Josué, xxi, est authentique et que Rabbi Jacob ben Chajim le supprima à tort, sur l’autorité de Kimchi et de la grande Massore, dans son édition de la Bible rabbinique (1525). Voir A. Knobel, Numeri, Deuteronomium und Josua, 1861, p. 474 ; Frd. Keil, Biblisches Commentar, Josua, 1874, p. 168. F. Vigouroux.

    1. JÉTHUR##

JÉTHUR (hébreu : Yetûr ; Septante r’Iexoùp, ’lerrovp ; Vulgate : Jethur, Jetur), descendant d’Ismæl qui fut le père des Ituréens. Gen., xxv, 15 ; I Par., i, 31. Voirliurée, col. 1039.

    1. JÉTRA##

JÉTRA (hébreu : l(ra’; Septante : ’Ie6sp, II Reg., xvii, 25 ; ’Ioèo’p, I Par., ii, 17), père d’Amasa, qu’il eut d’Abigail, sœur de David. Il fut donc beau-frère de David et oncle de Joab, d’Abisai et d’Asæl, les trois fils de Servia. Était-il Ismaélite ou de Jezræl ou bien est-il qualifié simplement d’Israélite ? C’est là un point controversé, à cause du désaccord des anciennes versions et du texte original lui-même, qui a deux leçons différentes, II Reg., xvii, 25 et I Par., ii, 17. Voir Jezrahélite, col. 1544, et Abigaïl 2, t. i, col. 49. Dans III Reg., ii, 5, 32, il est appelé Jéther. Voir Jéther 2, col. 1519.

JEU (hébreu : iâfraq ; grec : itac’Çeiv ; latin : ludere, « jouer » ), action de jouer, amusement, divertissement.

— 1° Amusements des enfants et des adultes. — Les enfants chez le peuple juif, comme partout, se livraient aux amusements de leur âge et il est plusieurs fois fait allusion à leurs jeux dans la Bible. « Les rues de la ville sont remplies de jeunes garçons et de jeunes filles jouant dans les rues, » dit Zacharie, viii, 5. Cf. Job, xxi, 10. Les enfants s’amusaient aussi avec des animaux. Il est fait allusion à ces jeux dans Job, XL, 24 (xli, 5). Dieu demande à son serviteur s’il jouera avec le crocodile comme avec un oiseau ou s’il l’attachera pour l’amusement des jeunes filles. Ils imitaient aussi les cérémonies des mariages et des funérailles, comme le font les enfants d’aujourd’hui. Matth., xl, 16 ; Luc, vii, 32.