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GÉANTS — GÉBAL


ment démontrée, on pourrait admettre, avec certains auteurs, que ces nefilîm sont les descendants directs des Caïnites antédiluviens. Cf. Motais, Le déluge biblique, Paris, 1885, p. 335. Mais cette démonstration n’est pas faite. Voir Déluge, t. ii, col. 1356. On peut donc dire que les nefilîm contemporains de Moïse ne sont ainsi nommés que par analogie. À leur époque, le mot nefilîm désignait des hommes de haute taille. D’autre part, il faut peser le témoignage de ceux qui en parlent. Ce sont des gens effrayés, qui veulent faire partager leur frayeur à tout le peuple. L’expression dont ils se servent : « Nous étions auprès d’eux comme des sauterelles, » doit donc être débarrassée du caractère hyperbolique dont l’ont revêtue le génie oriental, l’effroi des espions et le complot que ceux-ci avaient formé de détourner leurs compatriotes de la conquête de Chanaan. Il reste alors ceci. Certains Chananéens étaient des hommes de plus haute stature que les Hébreux ; ils constituaient une race physiquement plus forte et d’apparence redoutable. Mais ils n’avaient probablement rien de commun avec les anciens nefîlîm, et, en somme, les Hébreux réussirent à les vaincre plus tard et à s’emparer du pays de Chanaan. — Cette idée que les premières générations humaines possédaient une stature plus élevée que leurs descendants demeura fixée dans le souvenir des anciens peuples. On en retrouve l’expression dans le quatrième livre d’Esdras, T, 52-55, œuvre apocryphe où il est expliqué que la taille des hommes s’abaissa peu à peu, à mesure que les géné-Tations se succédaient. Au point de vue anthropologique, rien n’a encore démontré que les premiers hommes aient eu une taille notablement supérieure à celle de leurs descendants. Les fossiles humains remontant à l’époque préhistorique sont trop rares et trop incomplets, pour qu’il soit permis d’en tirer une conclusion quelconque au sujet de la stature. Voir Adam, t. i, col. 191. Cf. N. Joly, L’homme avant les métaux, Paris, 1888, p. 75. Sans doute, on trouve de temps en temps d’antiques ossements humains accusant une taille extraordinaire, qui va parfois jusqu’à près de 3 m 50. Revue des questions scientifiques, Bruxelles, juillet 1890, p. 311, 312 ; Revue scientifique, Paris, 13 octobre 1894, p. 474. Mais il est assez probable que ce sont là des cas exceptionnels, analogues à ceux de ces hommes à taille colossale qui se rencontrent encore de temps en temps de nos jours, et dont on a vu plusieurs atteindre près de 3 mètres de haut. — L’Ecclésiastique, xvi, 8, parle de ces antiques géante qui ne surent pas implorer le pardon de leurs péchés et périrent avec leur puissance.

II. Les gïbbôrîm.

Leur nom vient de gâbar, a. être fort. » Les gïbbôrîm sont habituellement dans la Sainte Écriture les hommes remarquables par leur force et leur courage, ceux que nous appelons des « héros ». Voir t. i, col. 973. Parfois les versions leur donnent le nom de géants. Nous avons vu que les « fils de Dieu » qui s’unirent aux « filles de l’homme », Gen., vi, 4, donnèrent naissance à des gïbbôrîm, ytyavreç, gigantes, dont le nom hébreu marque au moins une dissemblance avec les nefilîm. De ces gïbbôrîm, nés de « fils de Dieu » et de « filles de l’homme », les Grecs ont fait leurs jqfu6soi, nés d’un être divin et d’un être humain, demidieux ou héros. Iliad., xii, 23 ; Hésiode, Op. et dies, 159, etc. — Nemrod « commença à être gibbôr (yiyaî, potens) sur la terre, et fut un gibbôr (yt’yaç, robustus) chasseur devant Jéhovah ». Gen., x, 8, 9. Dans ce texte, et quelques autres où les Septante traduisent par yt’yac, Ps. xix (xviii), 6 ; Is., iii, 2, etc., il n’y a pas lieu de donner à gibbôr un sens différent de celui qu’il a communément.

III. Les refâ’îm. — Ce nom désigne des peuplades d’origine chananéenne, voir Raphaïu, et quelquefois les âmes des morts. Les versions ont fréquemment pris les refâ’îm pour des géants. Prov., ir, 18 :-pfiyevEîc (fils de Ja terre, Géants ou Titans), inferi ; ix, 18 : y/jysveîc,

gigantes (Symmaque : 8so[ieéxot) ; XXI, 16 : ytyavTe ;, gigantes ; Is., xiv, 9 : yiyixvTec, gigantes. Dans deux passages, les versions lisent rofim, « médecins, » au lieu de refâ’îm. Ps. LXXxviii (lxxxvii), 11 : îoiTpo :, medici ; Is., xxvi, 14 : tatpot, gigantes. Il résulte de là que le mot refâ’îm ne peut rappeler l’idée de géants que quand il est question du peuple des Raphaïm, et encore faut-il seulement entendre par ces géants des hommes de taille plus élevée que celle des Hébreux, et redoutables aux yeux de ces derniers par leur sauvagerie et leur férocité. Parmi ces peuples, la Sainte écriture mentionne, avec les Raphaïm, les Émim, les Énacites et les Zuzim. Voir ces mots. — Baruch, iii, 26, rappelle ces géants d’autrefois, qui étaient d’une taille élevée et savaient la guerre, et que cependant le Seigneur ne choisit pas pour leur révéler le chemin de la sagesse.

IV. Quelques géants particuliers.

La Sainte Écriture mentionne spécialement Og, de la race des Rephaïm et roi de Basan, dont le lit ou sarcophage était long de neuf coudées (plus de trois mètres et demi), Deut., iii, 11 ; Goliath, dont la taille avait six coudées et un empan (environ deux mètres soixante). I Reg., xvii, 4. Voir Og, Goliath. — Saül dépassait tout le peuple de la tête. I Reg., xi, 23, 24. — Banaïas. l’un des officiers de David, avait tué un Égyptien haut de cinq coudées (deux mètres). I Par., xi, 23. — Josèphe, Ant. jud., XVIII, iv, 5, mentionne un Juif, nommé Éléazar, géant de sept coudées (deux mètres quatre-vingt-cinq), que le roi des Parthes, Artaban, envoya en présent à l’empereur Tibère. Voir Enacites, t. ii, col. 1766.

W T ifï’c ; É T’r, Tï ir

GÉBA (hébreu : Gâba’, II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Géba’, II Esd., xii, 29 ; Septante : Vx.ëaâ), ville de la tribu de Benjamin, réhabitée par les Juifs au retour de la captivité. II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; xii, 29. Voir Gabaa 2, col. 4.

A. Legendre.

1. GÉBAL (hébreu : Gebal ; Septante : TeeàX), la Byblos des Grecs, ville de Phénicie (fig. 25). Le nom de Gébal (aujourd’hui Djébaïl) vient de gâbal, « entrelacer, » et désigne une région montagneuse (cf. l’arabe djebel, « montagne » ). Son nom ne se lit qu’une seule fois dans le texte hébreu de la Bible, dans Ezéchiel, xxvii, 9, où les plus expérimentés des Gibliens, ziqnê Gebal va-l}âkâméhâ (Vulgate ; senes Giblii et prudentes ejus), sont désignés comme ayant contribué à la fortune de Tyr. Le

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25. — Monnaie autonome de Byblos.

Tète de Tyché, diadémée, voilée et tourelée, à droite. — $j. L, À a t,

d, iꝟ. 4 ttf. Chronos phénicien, androgyne, à six ailes éployées,

debout, à gaucbe.

Gébal (Gebdl) dont le nom se trouve au Ps. lxxxii, 8, dans l’énumération des peuples qui se liguent contre le Dieu d’Israël, ne doit pas s’appliquer à la ville phénicienne, d’après l’opinion la plus probable. Voir GÉBAL 2. Les Gibliens ou Giblites (hébreu : Giblîm ; Vulgate : Giblii), c’est-à-dire les habitants de Gébal, sont mentionnés : — 1° dans le texte hébreu de Josué, xiii, 5, oùils semblent désignés comme devant être conquis par les fils d’Israël, mais ce texte, différemment traduit par les Septante qui portent TaXtàB $u).i<7rt£Î[i, et par la Vulgate qui supprime les Gibliens, est probablement fautif ; >

— 2°dans III Reg., v, 18 (hébreu, I Reg., v, 32), où il est dit que les Gibliens préparèrent les pierres et les bois pour édifier la maison du Seigneur, de concert avec les