Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/766

Cette page n’a pas encore été corrigée

un

JÉSUS-CHRIST

1478

quand le corps de Jésus y fut déposé. Matth., xxvii, 60 ; Marc, xv, 46 ; Luc, xxiii, 53 ; Joa., xix, 41. Il devait comprendre, comme les tombes qui appartenaient à des personnages riches et importants, une première chambre ou vestibule, dans lequel on accédait en descendant quelques marches, suivant la disposition du sol. Cf. Legendre, Le Saint-Sépulcre, Le Mans, 1898, p. 22-24. Dans ce vestibule ouvrait, par une porte ordinairement très basse, l’entrée du caveau proprement dit, dans lequel on ne pouvait pénétrer et regarder qu’en se baissant. Joa., xx, 5, 11. Ce caveau n’avait pas de grandes dimensions. Il ne mesure actuellement que 2 ID 07 sur l m 93. Une banquette de pierre y avait été ménagée pour y déposer un corps ; trois ou quatre personnes auraient pu à peine tenir ensemble dans l’espace qui restait libre. La grande préoccupation des anciens était de fermer leurs tombeaux d’une manière qui ne permit pas au premier venu de les ouvrir. Comme les Égyptiens, les Israélites inventèrent dans ce but divers procédés ingénieux. À Jérusalem, en particulier, on employait parfois de grandes pierres, en forme de meules, que l’on faisait rouler devant la porte du caveau. M. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 222, 223, a retrouvé ces dispositions dans le Tombeau des Rois, et il les décrit ainsi : « Une fois descendu sur le sol du vestibule, on aperçoit au fond de la paroi de gauche une petite porte fort basse, et par laquelle on ne peut passer qu’en rampant. C’est l’entrée des caveaux. Cette entrée, qui est aujourd’hui libre, était jadis déguisée avec soin…Un disque de pierre de grande épaisseur, roulant dans une rigole circulaire, venait s’appliquer exactement contre la baie, et cette lourde pierre ne pouvait se mouvoir, sur le plan incliné que lui offrait la rainure dans laquelle il se tromait engagé, qu’à l’aide de la pression d’un levier, agissant de droite à gauche pour dégager la porte, et de gauche à droite pour la clore… Il était facile de solliciter, à l’aide d’un levier dont le point d’appui se prenait sur l’arête même de l’encastrement, le disque de pierre, forcé dès lors à se mouvoir, en montant à gauche de la porte, sur le plan incliné de la rainure circulaire… Une fois le disque de clôture ainsi chassé à gauche et calé fortement, le passage devenait libre. » Actuellement, « le disque n’a pas conservé une position rigoureusement verticale ( par suite du peu de soin que l’on a mis à l’écarter et à le caler. » Cf. G. Saintine, Trois ans en Judée, Paris, 1860, p. 224 ; Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1890, p. 328 ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, p. 445. Le tombeau dit des Hérodes (voir col. 647), découvert en 1891, était aussi fermé par une pierre ronde (fig. 267) qu’on y voit encore en place comme au Tombeau des Rois. Dans ce dernier, on n’arrivait au disque de pierre que par un couloir auxiliaire, dissimulé dans l’aménagement de l’hypogée. Les dispositions étaient beaucoup moins compliquées dans le tombeau de Notre-Seigneur ; mais à coup sûr, un disque de pierre y avait été préparé, pour servir dans des conditions analogues à celles qui viennent d’être décrites. Le corps du Sauveur une fois déposé dans le caveau, « on roula une grosse pierre à la porte du monument, » ïcpo<mvi<rac Xc’ôov jj-lyoev trj fhipa, advolvit snxum magnum ad ostium. Matth., xxvii, ’60. Quand l’ange du Seigneur apparut au matin de la résurrection, il « fit rouler », àicex’jXicre, revolvit, la pierre de fermeture. Matth., xxvii, 2. Cependant les saintes femmes se disaient : « Qui nous fera rouler, àiroxuXt’ffet, revolvet, la pierre ? » Et en approchant, elles virent que la pierre avait été roulée, àjcoxsxûÀto-uat, revolutum, Marc, XVI, 3, 4, â710xexuXi<r|iévov, reyoîufrujn. Luc, xxiv. 2. Ces verbes sont des composés de xviXtvSo), qui signifie « rouler ». Le récit.évangélique montre que la tombe de Joseph d’Arimathie était toute prête à recevoir un corps ; il n’y eut plus à se procurer, au dernier moment, que les objets nécessaires à l’ensevelissement.

VII. LE SEPTIÈME JOUR [SAMEDI SAINT). — C’était le

jour du sabbat, par conséquent du repos absolu. Les amis du Sauveur se tinrent enfermés, se promettant de retourner au sépulcre dès le lendemain du sabbat, afin de compléter l’ensevelissement, trop sommaire à leur gré, du corps de Jésus. De leur côté, les membres du sanhédrin se réunirent et firent une démarche auprès de Pilate, afin d’obtenir que le sépulcre fût gardé contre toute tentative d’enlèvement du corps par les disciples. Le procurateur les chargea de prendre ce soin eux-mêmes. Ils allèrent donc, mirent des scellés sur la pierre de fermeture et laissèrent des gardes. L’évangéliste ne dit pas si ces précautions furent prises dès la première heure du sabbat, le vendredi soir, ou seulement le lendemain au matin. Mais il était élémentaire, pour les représentants du sanhédrin, de s’assurer de la présence du corps dans le sépulcre avant de mettre les scellés sur la pierre qui le fermait. Il est inadmissible

268. — Porte du tombeau dit des Hérodes. D’après la Revue biblique, 1802, p. 270.

que la prudence et la haine des persécuteurs aient pu négliger ce soin. Matth., xxvii, 62-66.

VII. La. Vie de Jésus bessuscité. — i. le jour de la résurrection. — Les apparitions du Sauveur ressuscité sont multiples en ce premier jour. Chaque Évangéliste n’en raconte que quelques-unes ; aussi les détails des différents récits paraissent-ils parfois difficiles à harmoniser. On y parvient cependant assez aisément en serrant les récits de près et en tenant compte de ce que les écrivains sacrés ont pu ou dû sous-entendre dans une narration aussi rapide. Cf. Loofs, Die Auferstehungsberichte und ihr Wert, Leipzig, 1898. Voici comment on peut établir l’harmonie des textes. — 1° Avant le lever du jour, les saintes femmes qui, la veille au soir, après la clôture du sabbat, ont acheté des aromates, se mettent en route pour le sépulcre et y arrivent au soleil levé. Chemin faisant, elles se demandaient qui leur a. roulerait » la pierre, mais elles ignoraient qu’on eût placé des gardes. Matth., xxviii, 1 ; Marc, xvi, 1-3 ; Luc, xxiv, 1 ; Joa., xx, 1.-2° Pendant ce temps, un ange était descendu du ciel, avait fait rouler la pierre, s’était assis non pas sur elle, ÈV ocOtoô, mais « au-dessus d’elle », èitâveo aùioO, et avait, par l’éclat de son aspect, mis en fuite les gardes terrifiés. Matth., xxviii, 2-i. Ceux-ci retournent à Jérusalem, mais ne sont pas rencontrés par les saintes femmes. — 3° Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, en arrivant près du sépulcre, s’aperçoivent que la pierre a été écartée de l’entrée. Aussitôt, Madeleine s’imagine que le corps du Seigneur a été enlevé ; elle revient précipitamment sur ses pas pour en informer les Apôtres. Marc, xvi, 4 ;