Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/757

Cette page n’a pas encore été corrigée
4459
1460
JÉSUS-CHRIST


d'éclairer les Juifs ; il avait opéré un miracle éclatant qui devait les convaincre. On ne lui répondit que par des invectives et par des violences. S’il ne périt pas en cette occasion, c’est qu’il était le maître et que, d’ailleurs, toutes ces scènes se déroulaient au milieu d’une foule considérable qui intimidait les plus violents. Car si beaucoup disaient : « C’est un possédé du démon, un fou, » d’autres répliquaient : « Ses paroles ne sont pas celles d’un possédé, et puis le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ? » Joa., x, 1-21.

À la fêle de la Dédicace.

Cette fête, qui durait

huit jours, comme la précédente, commençait le 25 casleu, dans la seconde moitié de décembre. Voir Dédicace, t. ii, col 1339. Les récits évangéliques ne permettent pas de dire ce que fit Notre-Seigneur pendant les trois mois qui s'écoulèrent de la fête des Tabernacles à celle de la Dédicace. Il ne resta certainement pas à Jérusalem, où il était menacé de mort. Il revint probablement en Galilée, son séjour habituel, et y passa ces trois mois ; il est toutefois possible qu’il se soit retiré dans quelque autre région solitaire, pour s’y occuper exclusivement de la formation de ses Apôtres. À la fête de la Dédicace, il reparut dans le Temple et se tint sous le portique de Salomon, parce qu’on était en hiver. Les Juifs l’entourèrent et lui posèrent la question : « Si tu es le Christ, dis-le nous clairement. » Jésus répondit de nouveau en invoquant ses œuvres et en affirmant son unité avec le Père. Mais ce que demandaient les interlocuteurs, c'était moins une réponse qu’un prétexte à la violence. Ils saisirent des pierres pour le lapider. Le Sauveur les contint par son attitude. Les Juifs l’avaient parfaitement compris ; ils l’accusaient de blasphème parce que lui-même se disait Dieu, à quoi il répliqua : « Vous dites : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu. Si vous ne me croyez pas moi-même, ajouta-t-il, croyez à mes œuvres. » Les positions réciproques apparaissaient donc très nettes : d’un côté, Jésus se donnant comme Fils de Dieu et par conséquent comme Messie, et prouvant son affirmation par ses miracles ; de l’autre, les Juifs fermant obstinément les yeux aux preuves proposées et persistant dans leur parti pris de regarder comme une imposture l’affirmation du Sauveur. Ce jour^là encore ils essayèrent de mettre la main sur lui ; mais il leur échappa de nouveau. Joa., x, 22-39.

À l’occasion de la résurrection de Lazare.


Après la fête de la Dédicace, le Sauveur retourna en Galilée, où il fit son dernier voyage aux confins de la Samarie, et de là passa en Pérée, où il reçut la nouvelle de la maladie de Lazare. Il repassa alors le Jourdain et monta vers Béthanie. Le péril qu’il courait en retournant près de Jérusalem était grand, d’où la réflexion de Thomas : « Allons, nous aussi, et mourons avec lui. » Joa., XI, 16. La résurrection de Lazare s’accomplit dans les conditions les plus émouvantes et les plus solennelles. Béthanie n'était qu'à trois quarts d’heure de Jérusalem, voir Béthanie, t. i, col, 1655-1660, et beaucoup de Juifs considérables étaient venus pour offrir leurs condoléances à Marthe et à Marie. La guérison de l’aveugle-né avait laissé dans leurs esprits un vivant souvenir, Joa., xi, 37 ; la résurrection de Lazare en porta un grand nombre à croire en Jésus. Joa., xi, 17-45. L’effet produit sur les membres du sanhédrin fut tout différent. Informés par quelques-uns des témoins du miracle, les pontifes, qui étaient sadducéens, firent valoir que la continuation des miracles finirait par tant agiter le peuple que les Romains interviendraient et ruineraient définitivement la nation. Caiphe ouvrit alors l’avis qu’un seul devait mourir pour tout le peuple, et, à dater de ce jour, on prépara les moyens de mettre à mort le Sauveur. Pour lui, en attendant l’heure prochaine de sa passion, il se retira avec ses disciples à Éphrem, dans les montagnes de Judée. Voir

Éphrem, t. ii, col. 1885-1889. Joa., xi, 46-54. Il faut noter que la mort tramée contre le Sauveur avait une apparence de légalité ; elle était la conséquence de la sentence d’excommunication portée par le sanhédrin contre celui que ce haut tribunal s’obstinait à regarder comme un violateur du sabbat et un blasphémateur. Voir Excommunication, t. ii, col. 2133-2134.

Au dernier voyage vers Jérusalem.

Le séjour à

Éphrem ne se prolongea guère au delà d’une semaine ou deux ; car la Pàque était proche et déjà beaucoup d’Israélites montaient à Jérusalem pour se disposer à la fête par les purifications légales. Voir Impureté légale, col. 860. On s'étonnait même déjà que Jésus ne fût pas arrivé, tandis que les pontifes prenaient leurs mesures pour que sa présence leur fût signalée aussitôt ; en vue de son arrestation. Joa., xi, 55-56. Au jour qui lui convint, le Sauveur partit secrètement d'Éphrem, au nord de la tribu de Benjamin, et se porta, vers le sud-est, dans la direction de Jéricho. Voir la carte, t. i, col. 1588. Il était accompagné de ses douze Apôtres auxquels il annonça de nouveau le sort qui l’attendait à Jérusalem. Ils ne pouvaient plus guère s'étonner d’une pareille annonce, après les tentatives dont ils avaient été eux-mêmes les témoins. Cependant ils ne comprirent rien à ce qui leur fut dit, ne pouvant sans doute concilier la possibilité d’une fin tragique avec ce qu’ils connaissaient de la puissance du Maître et avec les préjugés dont ils étaient imbus sur le règne éternel du Messie. Ils ne firent aucune attention à la prédiction d’une résurrection qui n’avait de raison d'être que si la mort précédait. Matth., xx, 17-19 ; Marc, x, 32-31, Luc, xviii, 31-34. Ils eurent cependant le sentiment de la fondation imminente du royaume messianique, car deux apôtres, Jacques et Jean, appuyés de leur mère, demandèrent au Sauveur les deux places principales dans son royaume. Les autres Apôtres furent indignés de cette requête. Pour tout remettre au point, le divin Maître leur expliqua que, dans son rojaume, la primauté consisterait à servir les autres et à se dévouer pour eux. Matth., xx, 20-28 ; Marc, x, 35-45. À Jéricho, il guérit deux aveugles. L’affluence fut énorme pour le voir. Il descendit chez le chef des publicains, Zachée, dont il fit ainsi l’un de ses disciples. Comme beaucoup s'étonnaient qu’il eût pris gîte chez un pareil hôte, il déclara qu’il était surtout venu pour sauver ceux qui périssaient. Il appuya cette déclaration par la parabole des mines ou talents, qui mettait en relief le mauvais usage que les Juifs avaient fait des grâces reçues et laissait entrevoir le châtiment réservé à ceux qui allaient renier leur Messie et leur roi. Luc, xix, 11-28. Jésus se remit en route pour Jérusalem. Le sixième jour avant la Pâque, au plus tard par conséquent la veille du sabbat, il arriva à Béthanie. Simon le lépreux lui offrit un festin, auquel furent conviés Lazare et des disciples.Pendant le repas, Marie, sœur deMarthe, vint répandre un vase de parfums sur la tête du Sauveur, sainte prodigalité qui excita les murmures de Judas et à laquelle Notre-Seigneur donna sa pleine approbation. A la nouvelle de sa présence à Béthanie, un grand nombre de Juifs accoururent pour le voir et aussi pour contempler Lazare, le ressuscité. Beaucoup d’entre eux crurent encore en Jésus, ce qui suggéra aux princes des prêtres l’idée de comprendre Lazare dans leur arrêt de mort. Matth., xxvi, 6-13 ; Marc, xiv, 3-9 ; Joa., XII, 1-11. Le lendemain, le Sauveur fit son entrée triomphale dans la ville sainte. — Si l’on compte les jours que NoireSeigneur passa à Jérusalem, à la première Pâque, quand il chassa les marchands du Temple, à la seconde Pâque, aux fêtes des Tabernacles et de la Dédicace, on voit que le nombre n’en excède guère quinze ou vingt, à s’en tenir aux informations que fournit saint Jean. Le temps pendant lequel il fut, en dehors de Jérusalem, en contact aec la population de la Judée, ne paraît pas