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JÉSUS-CHRIST


intérêt personnel trouvait son compte. Lui-même les rejoignit la nuit en marchant sur les eaux et se remit à parcourir les environs de Génésarelh en continuant à guérir les malades, même au simple contact de ses vêtements. Matth., xiv, 22-36 ; Marc, vi, 45-56 ; Joa., vi, 14-21. La popularité de Jésus atteignait alors son apogée dans la région galiléenne ; pour peu qu’il s’y fût prêté, tout le peuple se soulevait en sa faveur et saluait en lui le roi de ses espérances, mais dans des conditions que le Sauveur ne pouvait accepter. L’occasion se présenta tout aussitôt pour lui de remettre les esprits au point. Dans la synagogue de Gapharnaûm, on mit en parallèle le pain qu’il venait de multiplier et la manne du désert. Jésus expliqua à ses interlocuteurs qu’ils avaient à chercher, non le pain matériel et périssable, mais celui de la vie éternelle, la vérité qu’il enseignait, puis son corps et son sang qu’il donnerait un jour en nourriture. Cette explication les révolta. Au lieu d’un Messie disposé à réaliser leurs rêves de royaume temporel et de domination universelle, ils ne trouvaient plus en face d’eux que des promesses spirituelles et qu’un aliment surnaturel dont l’idée même paraissait inconcevable. Bon nombre d’entre eux se refusèrent à être plus longtemps les disciples d’un Maître si peu conforme à leur attente. Les préjugés de ces hommes ne leur permettaient pas de voir en Jésus le véritable Messie ; ils travaillaient, avec un lamentable succès, à tourner de plus en plus l’opinion contre lui. Mis en demeure de se prononcer à leur tour, les Apôtres restèrent fidèles au divin Maître. Joa., vi, 22-72. Notre-Seigneur, à la suite de ces incidents, ne se rendit pas à Jérusalem pour la Pâque ; il se contenta de continuer ses courses en Galilée. Joa., vii, 1. Dès lors cependant, les synoptiques le montrent beaucoup moins occupé à instruire le peuple, qu’à se défendre contre les pharisiens et à former ses Apôtres à leur futur ministère. — Les émissaires venus de Jérusalem lui cherchent d’abord querelle au sujet des ablutions et des pratiques instituées par les docteurs. Jésus leur répond, instruit ses Apôtres sur ce sujet, puis quitte momentanément le pays de Galilée, comme pour pouvoir s’occuper plus librement de l’instruction de ses Apôtres. Matth., xv, 1-20 ; Marc, vii, 1-23. De retour en Galilée, après avoir enjoint à ceux-ci de ne dire à personne qu’il était le Christ, Fils de Dieu, Matth., xvi, 20 ; Marc, viii, 30 ; Luc, IX, 21, il retrouva en face de lui l’hostilité croissante que suscitaient les autorités de la capitale. Il en prit occasion pour faire à ses Apôtres une première révélation de sa passion future. Cette révélation les décontenança singulièrement, surtout quand le Maître ajouta que, pour être ses vrais disciples, ils auraient, eux aussi, à porter leur croix. Matth., xvi, 21-28 ; Marc, viii, 31-39 ; Luc, ix, 22-27. La transfiguration, qui suivit de près, raffermit la foi, au moins chez les trois principaux Apôtres. Mais, à la descente de la montagne, Jésus trouva les neuf autres entourés d’incrédules. Avant de guérir le malheureux que ses Apôtres n’avaient pu soulager, il jugea à propos de manifester à cette population incroyante et malveillante ce qu’il pensait d’elle. Matth., xvii, 16 ; Marc, IX, 18 ; Luc, ix, 41. En fait, ses frères eux-mêmes, c’est-à-dire ceux de ses parents qu’il n’avait pas appelés à l’apostolat, n’avaient pas foi en lui, et le monde le poursuivait de sa haine. Joa., vii, 5, 7. Il quitta alors la Galilée, comme à la dérobée, et se rendit secrètement à Jérusalem pour la fête des Tabernacles. Marc, ix, 29 ; Joa., vii, 10. — Humainement parlant, les six derniers mois passés en Galilée, de la Pàque à la fête des Tabernacles, avaient imprimé au succès de l’œuvre messianique un sérieux mouvement de recul. Jésus-Christ, auquel les deux missions précédentes avaient gagné le cœur des Galiléens, rencontrait désormais au milieu d’eux la défiance^ l’incrédulité et la malveillance. Tels n’étaient pas, sans doute, les sentiments de tous ; mais, avec leur perfide habileté, les meneurs venus de Jérusalem

gagnaient aisément ceux dont les espérances se trouvaient ruinées par la manière dont le Sauveur entendait son rôle messianique. Cependant, à un point de vue supérieur, le temps fut loin d’être perdu. Le divin Maître l’avait très utilement employé à l’instruction et à la formation de ses Apôtres, et, du moment qu’il voulait semer pour toute l’humanité et pour tous les siècles, il y avait médiocre intérêt à ce que la semence levât plus ou moins heureusement dans le petit pays de Galilée.

Le dernier séjour en Galilée.

Après avoir célébré

à Jérusalem la fête de la Dédicace, le 25 du mois de casleu, c’est-à-dire au commencement de décembre, Notre-Seigneur revint en Galilée et y resta quelque temps. Matth., xvii, 21. Il prédit alors à nouveau sa passion, paya pour lui-même et pour Pierre l’impôt du didrachme, et fit à ses Apôtres deux recommandations, sur la simplicité de l’enfant qu’il faut imiter et sur la tolérance envers les disciples de bonne volonté qui se mettaient à prêcher en son nom. Matth., xvii, 21-xviii, 5 ; Marc, ix, 30-40 ; Luc, ix, 44-50. Puis, avec ses Apôtres et une escorte de disciples fidèles, il se mit en route pour Jérusalem où, quelque trois mois après, allait se consommer sur le Calvaire sa carrière messianique. Saint Luc, IX, 51-xviii, 14, est seul à raconter ce suprême vojage, quant à sa partie galiléenne, mais il le raconte avec une assez grande richesse de détails. Le Sauveur avait-il dessein de traverser directement la Palestine du nord au sud, en passant par la Samarie, ou seulement de longer la frontière qui sépare la Galilée de la Samarie, en s’arrêtant tantôt dans l’une et tantôt dans l’autre ? L’Évangéliste ne le dit pas. Voir Galilée, col. 88, et la carie. Toujours est-il qu’à sa dernière apparition sur le sol samaritain, on refusa de lui donner passage, par suite de la violente antipathie des gens du pays contre tous ceux qui venaient de Jérusalem ou qui s’y rendaient. Luc, ix, 53. Le divin Maître dut donc cheminer de l’ouest à l’est, en se tenant sur le territoire galiléen. Il poursuivit pendant ce vojage son ministère évangélique, en instruisant tantôt ses disciples, tantôt les populations, et en multipliant les bienfaits et les miracles sur son passage. Tout d’abord, il choisit soixante-douze de ses disciples, leur donna des avis analogues à ceux qu’avaient jadis reçus les Apôtres, et les envoya deux par deux en mission devant lui, laissant ainsi à entendre que les Apôtres auraient à être aidés par des ministres inférieurs dans la prédication de l’Évangile. Luc, x, 1-12. Cette mission, comme celle du Sauveur, rencontra des oppositions ; ce furent ordinairement les plus humbles d’entre le peuple qui accueillirent la bonne parole. Luc, x, 13-24 ; xi, 27-36. De là des reproches adressés aux villes infidèles et des comparaisons peu flatteuses pour ceux qui ne tiraient aucun fruit de sa prédication. Luc, x, 13-16 ; xi, 29-36. — La Sauveur, parfois reçu chez des amis, comme Marthe et Marie, Luc, x, 38-42, poursuivait avec zèle la formation de ses Apôtres et de ses disciples. Il leur adressa, au cours de ce voyage, ou leur répéta d’importantes instructions sur la prière, Luc, xi, 1-13, sur la providence du Père, Luc, xii, 22-54, sur la vigilance, Luc, xii, 35-48, sur le feu qu’il apportait lui-même à la terre, Luc, xii, 49-53, sur la fidélité au service de Dieu, Luc, xvi, 1-13, sur les scandales du monde, Luc., xvii, 1-2, sur la correction fraternelle, Luc, xvii, 3, 4, sur le bon et fidèle serviteur, Luc, xvii, 5-10, et encore sur la prière. Luc, xviii, 1-8. Quand l’occasion s’en présentait, il parlait directement aux foules de la vanité des richesses, Luc, xii, 13-21, de la venue du Messie, Luc, XII, 54-59, de la nécessité de la pénitence, Luc, xiii, 1-9, du royaume de Dieu, Luc, xiii, 18-21, des conditions du salut, Luc, xiii, 22-30, des qualités requises pour devenir son disciple. Luc, xiv, 25-35. Il encourageait au repentir par la parabole de l’enfant prodigue, Luc, xv, 11-32, et à l’humilité par celle du pharisien et du publicain. Luc, XVIK,