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GAZERIN — GAZOPHYLACIUM


BabylôTie qui prédisaient l’avenir au moyen des astres. Dan., ii, 27 ; iv, 4 ; v, 7, 11. Vulgate : Aruspices. Voir Divination, 11°, t. ii, col. 1447, et Aruspices, 1. 1, col. 1050.

    1. GAZOPHYLACIUM##

GAZOPHYLACIUM (hébreu : ganzak, ’ôsâr ; Septante : ïaÇoçvXixiov, Q-^aa-upâi ;  ; Vulgate : gazophylacium, thésaurus), la salle où se gardait le trésor du Temple et, par métonymie, le trésor lui-même.

I. Son histoire.

1° La constitution d’un trésor affecté au service du Sanctuaire remontait à Moïse, qui frappa tout Israélite d’un impôt d’un demi-sicle dans ce but. Exod., xxx, 11-16. Ce trésor eut besoin de gardiens, et quatre familles lévitiques furent investies de cette fonction par Samuel et par David. I Par., IX, 22, 26. Ce dernier désigna ensuite pour cet office les fils de Jéhiéli. I Par., xxvi, 22-26. — 2° Quand David songea à bâtir le Temple, les chefs de famille et les officiers royaux apportèrent au trésor tout ce qu’ils avaient de pierres précieuses. I Par., xxix, 8. Le roi laissa à son fils le plan des ganzakkîm ou chambres du trésor qu’il avait à ménager dans la construction de l’édifice.

I Par., xxviii, 12. Quand l’œuvre fut achevée, Salomon plaça dans le trésor l’or, l’argent et tous les ustensiles mis en réserve par son père. III Reg., vii, 51 ;

II Par., v, 1. — 3° Sous les rois suivants, le trésor du Temple subit différentes vicissitudes. Sous Roboam, Sésac, roi d’Egypte, s’en empara, après être entré victorieux à_. Jérusalem. III Reg., xiv, 26 ; II Par., xii, 19. Asa prit l’or et l’argent du trésor et les envoya à Bénadad, roi de Syrie, afin de le décider à prendre parti pour lui contre Baasa, roi d’Israël. III Reg., xv, 18 ; II Par., xvi, 12. — 4° Sous Joas, les prêtres recevaient directement, de la main à la main, l’argent destiné au trésor. Ils ne faisaient probablement que continuer ce qui s’était constamment pratiqué jusqu’à cette époque. Mais leur négligence à réparer le Temple obligea le roi à intervenir et les prêtres à se décharger sur lui de l’entretien de l’édifice. Le grand-prêtre Joïada fit alors disposer un coffre, muni d’un trou à sa partie supérieure, et les prêtres y versaient ce qu’ils recevaient pour le Temple. Quand le coffre était plein, le secrétaire du roi et le grand-prêtre en comptaient le contenu et remettaient l’argent aux entrepreneurs des travaux de réparation. L’argent des sacrifices pour le délit et pour le péché restait seul aux prêtres, auxquels il appartenait personnellement. Après sa défaite par Hazaël, roi de Syrie, Joas prit tout ce qu’il y avait dans le trésor et l’envoya au vainqueur, pour l’empêcher de marcher sur Jérusalem. . IV Reg., xii, 4-18 ; II Par., xxiv, 4-25. — 5° Nabuchodonosor, après avoir pris Jérusalem, s’empara du trésor du Temple, IV Reg., xxiv, 13 ; II Par., xxxvi, 18, et le transporta dans le trésor de son dieu. Dan., i, 2. — 6° Dans sa description du Temple, Ezéchiel, xlii, 13, mentionne les chambres où les prêtres doivent déposer les choses très saintes et les offrandes. Dans plusieurs autres passages de Jérémie, xxxv, 4 ; xxxvi, 10-21, et d’Ézéchiel, xl, 17 ; xli, 10 ; xlii, 1, etc., où les versions emploient le mot gazophylacium, il est seulement question de diverses chambres du Temple, non du trésor. — 7° Au retour de la captivité, le trésor fut reconstitué par la restitution que Cyrus fit des vases sacrés, I Esdr., i, 8-11, et par des dons spontanés. I Esdr., viii, 28-30. Des redevances en nature y étaient apportées. II Esdr., x, 37-39. Des prêtres et des lévites en furent établis gardiens. II Esdr., xii, 43. Néhémie fit expulser des chambres du trésor l’Ammonite Tobie, parent du prêtre Éliasib, qui avait toléré cette intrusion, et il rétablit les Choses dans l’état où elles devaient être. II Esdr., xiii, 4-13. On voit par ces récits que la chambre du trésor proprement dit avait pour annexes des magasins dans lesquels on déposait les dons en nature, dîmes du blé, du viii, de l’huile, que les lévites devaient apporter. Mais ces objets ne constituaient pas, à proprement parler,

le-trésor du Temple, puisqu’ils étaient réservés à l’usage des prêtres. Voir Dîme, t. ii, col. 1434. — 8° Antiochus IV Épiphane pilla complètement le trésor du Temple et s’y empara de dix-huit cents talents (plus de huit millions en talents d’argent hébraïques). I Mach., i, 24 ; IIMach., v, 21.’Au temps de Séleucus IV, un Juif, nommé Simon, révéla à Apollonius, , officier syrien, que le Temple renfermait d’énormes sommes, qui constituaient la fortune publique et n’étaient point exclusivement destinées aux sacrifices. Cette allégation était vraie, parce que les Juifs n’avaient pas d’autre trésor public que celui du Temple. C’est seulement au temps des rois qu’on avait distingué entre le trésor royal et celui du Temple. Voir Trésor. Démétrius envoya son intendant, Héliodore, pour mettre la main sur les richesses du Temple. Le grand-prêtre Onias, pour s’opposer à cet enlèvement, déclara que les coffres contenaient des dépôts, le bien des veuves et des orphelins, les fonds du riche citoyen Hircan, fils de Tobie, en tout quatre cents talents d’argent (trois millions et demi en talents hébraïques, un peu plus de cinq cent mille francs en talents syriens) et deux cents talents d’or (plus de vingt-six millions en talents hébraïques, probablement un demi-million seulement en talents syriens).* Dieu intervint pour protéger le trésor contre la cupidité d’Héliodore. II Mach., iii, 5-11, 26-27. — 9° À la prise de la ville par Pompée, le trésor renfermait deux mille talents (environ dix-sept millions, en supposant l’estimation faite en talents hébraïques d’argent). Le général romain les respecta. Joséphe, Ant. jud., XIV, iv, 4 ; Bell, jud., i, vii, 6. Moins scrupuleux, Crassus prit au Temple huit mille talents, quatre fois la somme laissée par Pompée. Ant. jud., XIV, vil, 1. — 10° Dans le Temple restauré par Hérode, le gazophyla-, cium occupait la droite du parvis des femmes, afin que tout Israélite put y accéder aisément. Il était précédé d’un portique remarquable par la hauteur et la richesse de ses colonnes. Josèphe, Bell, jud., V, v, 2. C’est au sommet de ce portique qu’Hérode Agrippa suspendit la chaîne d’or que Caligula lui avait offerte en souvenir de sa captivité à Rome sous Tibère. Josèphe, Ant. jud., XIX, vi, 1. Les abords de la salle du trésor portaient le nom de gazophylacium. Aussi saint Jean, iii, 20, dit-il que Jésus enseignait dans le gazophylacium. De cet endroit, on voyait aisément ce qui se passait auprès du trésor. Marc, xii, 43 ; Luc, xxi, 1. — 11° Pilate, se conformant d’ailleurs aux coutumes juives, prit dans ce trésor ce qui était nécessaire pour la construction d’un aqueduc. Josèphe, Bell, jud., II, ix, 4. S’il mécontenta les Juifs, c’ebt sans doute qu’en cette circonstance il se comporta avec le manque d’égards qui lui était familier.

— 12° Enfin, pendant la guerre de Judée, le prêtre Jésus, fils de Thébuthi, et le trésorier Phinéas livrèrent à Titus tous les objets précieux que renfermait le trésor. Bell, jud., VI, viii, 3.

IL Son fonctionnement. — 1° Outre le demi-sicle prescrit par Moïse, Exod., xxx, 11-16, le trésor recevait l’argent du rachat des premiers-nés, Num., xviii, 15 ; des vœux, Lev., xxvii, 2-8, etc., et les dons volontaires, IV Reg., xii, 4, même des étrangers au culte du vrai Dieu. I Esdr., vii, 15-17, etc. Il n’était pas permis de verser au trésor l’argent provenant d’un acte criminel ou infâme. Deu t., xxiii, 18 ; Prov., xv, 8 ; xxi, 27 ; Eccli., xxxiv, 21 ; Matth., xxvii, 6. Au temps de Notre-Seigneur, le trésor portait le nom de Corbona. Marc, vii, 11 ; Matth., xxvii, 6. Voir Corbona, t. ii, col. 964. —2° Pour mettre les offrandes dans le trésor, au moins dans le Temple d’Hérode, il n’était pas nécessaire de s’adresser directement aux prêtres. Le long de la muraille de droite du parvis des femmes, s’ouvraient des orifices dans lesquels on versait l’argent, qui de là tombait dans les caisses de la chambre du trésor. Ces orifices portaient le nom de Sôfàrôf, s. trompettes, » ce qui indique assez leur forme allongée et évasée à l’extrémité. Ils étaient.