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JÉSUS-CHRIST


des anges qu’il leur était né un « Sauveur, le Seigneur Christ », des bergers du voisinage vinrent lui rendre leurs hommages et répandirent la nouvelle tout autour d’eux. Voir Berger, iii, t. i, col. 1618. Huit jours après sa naissance, l’Enfant fut circoncis, voir CIRCONCISION, t. ii, col. 772-779, et on lui donna le nom de Jésus. Luc, n, 1-21. Cf. Ramsay, Was Christ born in Bethléhem ? Londres, 1898. Pour l’iconographie, voir Max Schmid, Die Darstellung des Geburt Christi in der bildenden Kunst, Stuttgart, 1890.

La présentation au Temple.

Le quarantième

jour, Jésus fut porté au Temple pour y être présenté au Seigneur et racheté par l’offrande de deux oiseaux ; car le premier-né appartenait à Dieu. Par sa venue au Temple, le Sauveur réalisa la prophétie d’Aggée, II, 1-10. La sainte Vierge accomplit de son côté les rites de purification auxquels l’obligeait légalement sa maternité. Voir Impureté légale, i, 5°, col. 858. Le vieillard Siméon intervint pour saluer en l’enfant Jésus le Sauveur, « lumière pour éclairer les nations et gloire du peuple d’Israël ; » puis il prédit à Marie les douleurs dont cet Eniant serait pour elle l’occasion et les contradictions auxquelles il serait lui-même en butte. Siméon rappelait ainsi, sous l’influence du Saint-Esprit, la notion du Messie persécuté et souffrant. Voir Siméon. La prophétesse Anne vint aussi rendre témoignage à l’Enfant. Luc, ii, 22-38. Voir Anne, t. i, col. 630.

L’adoration des Mages.

Des mages venus d’Orient

arrivèrent à Jérusalem, après la naissance de l’enfant Jésus, à jine époque que l’on ne peut déterminer, mais qui suivit cette naissance de deux années au plus, et très probablement de beaucoup moins. Matth., ii, 16. Voir Mages. Ils demandèrent où était né le « roi des Juifs », dont ils avaient vu l'étoile en Orient. Voir Étoile des mages, t. ii, col. 2037. On les renseigna, d’après la prophétie de Michée, v, 2. À Bethléhem, ils trouvèrent l’Enfant dans une maison, l’adorèrent et lui offrirent des présents. Matth., ii, 1-12. Ces étrangers réalisaient déjà la parole de Siméon saluant le Messie comme la « luornière pour éclairer les nations ». Luc, ii, 32.

Le séjour en Egypte.

Hérode, qui sentait toujours

son trône mal affermi, savait que les Juifs attendaient un Messie, qu’ils se représentaient comme un roi temporel. Aussi fut-il effrayé de la requête des mages. Avec une hypocrisie et une cruauté qui étaient dans son caractère, voir Hérode, col. 641-646, il chercha à se renseigner sur le nouveau roi, puis fît massacrer tous les enfants de Bethléhem jusqu'à l'âge de deux ans, comptant avoir ainsi fait périr celui qu’il redoutait. Voir Innocents, col. 879. Mais un avertissement divin avait éfé donné à Joseph, qui s’enfuit en Egypte avec l’Enfant et sa mère et y demeura jusqu'à la mort d’Hérode, arrivée en mars 750 de Rome, 4 ans avant l'ère chrétienne. La durée de ce séjour ne peut être fixée, parce qu’on ne connaît ni la date de la naissance du Sauveur, ni celle de l’arrivée des mages. On ne sait pas davantage en quel endroit d’Egypte résida la sainte Famille. Voir Egypte, t. ii, col. 1620. Après la mort d’Hérode, Joseph reçut un nouvel avertissement divin et quitta la terre d’exil. Mais il craignit de se rendre en Judée, où régnait Archélaus, fils d’Hérode, voir Archélaus, t. i, col. 927, et il retourna à Nazareth, où il habitait avec Marie avant le voyage à Bethléhem. Matth., ii, 12-23. Le séjour en Egypte n’est pas mentionné par saint Luc, qui, le passant sous silence, fait retourner la sainte Famille à Nazareth après la présentation. Luc., ii, 39. Il procède ainsi pour aller droit à son but, qui est de parler du séjour de Jésus à Nazareth. Peut-être aussi veut-il dire qu’aussitôt après la présentation, la sainte Famille partit pour Nazareth, et que de là elle revint s'établir à Bethléhem, où les mages se présentèrent ensuite, et où saint Joseph songeait encore à retourner après l’exil d’Egypte. Matth., Il, 22. . 5° La croissance de Jésus. — Saint Luc en parle deux

fois. Après le récit de la présentation, il dit que « l’enfant croissait et se fortifiait, plein de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui, an' aix6, in Mo ».Luc, ii, 40. Le progrès n’est ici indiqué que dans l’ordre corporel ; quant à l'âme de l’Enfant, elle était pleine de sagesse, par suite de son union personnelle avec la divinité, et la grâce de Dieu, c’est-à-dire sa faveur, sa complaisance, son infinie libéralité s’exerçait envers cet Enfant qui s’appelait le « Fils de Dieu ». Lorsque Jésus eut atteint sa douzième année, « il progressait, » dit encore saint Luc, ii, 52, « en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et les hommes. » La sagesse est ici en progrès ; ce progrès comportait-il une infusion de plus en plus abondante des dons divins dans l'âme de Jésus, et un développement réel de ses facultés intellectuelles ? Saint Athanase et quelques autres Pères l’ont cru. « C'était l’humanité seule qui croissait en sagesse, s'élevant peu à peu au-dessus de la nature humaine, rendue divine, devenant et apparaissant à tous comme l’instrument de la sagesse dont la divinité se servirait pour agir et briller. » S. Athanase, Orat. m cont. Arian., 53, t. xxvi, col. 435. Cette manière d’entendre le texte de saint Luc paraissait fournir un argument plus solide contre les Ariens, en leur montrant que la perfection grandissait sans cesse en Jésus-Christ. Des auteurs modernes ont admis cette interprétation. Schanz, Comment, ùb. dos Evang. des heil. Lucas, Tubingue, 1883, p. 148. Mais la plupart des Pères et des théologiens n’ont cru enNotre-Seigneur qu'à un progrès réel de sagesse, celui de la science expérimentale, provenant des rapports croissants de la nature humaine du Sauveur avec les choses créées. Quant à la science intuitive, résultant de l’union hypostatique, et à la science infuse, communiquée par la divinité à l'âme de Jésus, elles auraient été parfaites dès le début, et il n’y aurait eu progrés que dans leurs manifestations, proportionnées à l'âge de Notre-Seigneur. Il suffit qu’il en soit ainsi pour justifier l’expression de saint Luc. Il n’est pas nécessaire d’ailleurs de supposer en Notre-Seigneur, considéré comme homme, la connaissance actuelle de toutes choses ; mais son âme, en rapport immédiat avec la source infinie de toute science, pouvait y puiser instantanément et sans effort tout ce qu’elle voulait connaître. Cf. Pétau, De incarn. Verbi, XI, ii, 1-12 ; S. Thomas, III », q. vii, a. 12 ; Suarez, Disp. in m part. S. Th., xviii ; Bisping, Erklàr. des Evang. nach Lucas, Munster, 1868, p. 208-212, etc. — La croissance en âge peut aussi comprendre la croissance en taille ; le mot grec, T)Xtxc’a, a les deux sens. C’est une croissance toute physique. — Il est dit enfin que l’enfant croissait « en grâce devant Dieu et les hommes ». Il s’agit ici d’un progrès que les hommes peuvent constater. La grâce, c’est ce qui rendait Jésus de plus en plus agréable à Dieu, par les vertus qu’il pratiquait et les mérites qu’il acquérait, et de plus en plus aimable aux hommes, par un ensemble de qualités qui le faisaient bien venir de tous, sans cependant trahir sa nature divine.

Le voyage à Jérusalem.

À l'âge de douze ans,

Jésus fut conduit à Jérusalem par ses parents pour la fête de la Pâque. Le voyage se faisait dans des conditions telles que le divin Enfant put rester dans la ville à l’insu de Marie et de Joseph. Voir Caravane, t. ii, col. 249-250 ; Fêtes juives, col. 2218 ; Paque. Au bout de trois jours, ceux-ci le retrouvèrent dans le Temple, interrogeant les docteurs et les émerveillant par sa prudence et ses réponses. À une observation de sa mère, qui prit alors la parole en vertu d’une autorité supérieure, à certains égards, à celle de Joseph, Jésus répondit : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut m’occuper des affaires de mon Père ? » Luc, II, 40-50. Cette réponse démontre que Jésus enfant a pleine conscience de sa qualité de Fils de Dieu et des devoirs qu’elle lui impose. S’il se renferme pendant de longues années dans le si-