Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/748

Cette page n’a pas encore été corrigée
4441
1442
JESUS-CHRIST


premières places dans ce royaume. Matth., xi, 21. Notre-Seigneur a beau dire que le royaume de Dieu, royaume tout spirituel, existe déjà au milieu des Juifs, depuis le commencement de la prédication évangélique. Luc, xvii, 20-21. Les deux disciples d’Emmaùs avouent qu’ils espéraient que Jésus de Nazareth « rachèterait Israël », Luc, xxiv, 21, c’est-à-dire le délivrerait du joug des nations et le mettrait à leur tête. Bien plus, au jour même de l’Ascension, les Apôtres en sont encore à poser cette question : « Seigneur, est-ce à présent que vous allez rétablir le royaume d’Israël ? » Act., i, 6. C’est, d’ailleurs, comme chef de ce royaume que le Messie est appelé roi des Juifs, et ce titre de « roi des Juifs » est donné à Notre-Seigneur, tantôt sérieusement, Matth., ii, 2 ; xxvii, 11 ; Marc, xv, 2 ; Luc, xxiii, 3 ; Joa., xviii, 33 ; tantôt par dérision. Matth., xxvii, 29, 37 ; Marc, xv, 9, 12, 18, 26 ; Luc, xxiii, 37, 38 ; Joa., xviii, 39 ; xix, 3, 14, 19. C’est pourquoi les grands-prêtres protestent contre cette attribution. Joa., xix, 15, 21. — A l’époque où vint Notre-Seigneur, les Juifs attendaient donc. vraiment le Messie, celui qu’avaient annoncé les prophètes, mais dont la notion avait été assez gravement défigurée par les préjugés nationaux.

III. Nativité de Jésus, son enfance et sa vie cachée. — I. avant la naissance. —1° La préexistence.

— Saint Jean commence son Évangile en disant ce qu’est dans l’éternité celui qui a voulu apparaître dans le temps. Dans le principe, alors que Dieu créa le monde, Gen., i, 1, déjà le Verbe était. Il est donc antérieur à tout ce qui a été créé. Il était itpôç tôv ©eôv, « près de Dieu, » c’est-à-dire près du Père, par conséquent distinct de lui, et Dieu lui-même, possédant la nature divine. Par rapport à la créature, il est auteur de toutes choses, sans exception ; c’est donc par son Verbe que le Père a créé le monde. En lui était la vie, vie qui est la lumière des hommes et leur salut. Le Verbe est donc l’auteur de la grâce aussi bien que de la nature. S’il a tout créé, sans qu’aucun être put venir à la vie autrement que par lui, c’est aussi lui qui illumine tout de sa lumière surnaturelle, sans que les ténèbres de l’erreur et du mal puissent l’empêcher de luire, Sap., vii, 10, 30 ; Joa., xii, 35, ou veuillent être éclairées par elle. Joa., iii, 19 ; Rom, , 1, 21. Jean-Baptiste a été envoyé pour rendre témoignage à ce Verbe et attirer le regard des hommes sur cette lumière. Mais celui que Jean-Baptiste a montré préexistait à tous les hommes. Il était la lumière qui éclaire tout homme, et cette lumière venait maintenant en ce monde, Èp-/du.evov elç tov xô(Tjji.ov, mots que la Vulgate, probablement avec moins de raison, applique à l’homme lui-même. Venant en ce monde, dans le domaine qui lui appartient, cette lumière vivante est méconnue et rejetée. Ceux-là seuls la reçoivent qui, ne se contentant pas des aptitudes et des désirs de la vie purement naturelle, obtiennent de Dieu une vie supérieure, par la foi en ce Verbe qui s’est fait chair. Voir Incarnation, col. 863, et Verbe. Le Verbe fait chair a donné aux hommes des preuves de sa venue : il a habité parmi eux et ils ont pu l’entendre, le voir, le toucher, I Joa., i, 1 ; et pour faire reconnaître sa qualité de Fils unique du Père, il a laissé éclater sa gloire et s’est montré rempli de grâce et de vérité. Joa., 1, 1-14. C’est par ces quelques traits que saint Jean prélude à l’histoire de Jésus-Christ, publiant tout d’abord sa divinité et attribuant la méconnaissance de cette divinité à l’état d’esprit de ceux qui ne veulent pas se laisser élever à la vie surnaturelle. — Voir Knabenbauer, Evang. sec. Joan., Paris, 1898, p 62-85 ; W. Baldensperger, Der Prolog des vierten Evangelium, Fribourg-en-Brisgau, 1898 ; Revue biblique, Paris, 1899, p. 151-155, 232-248 ; 1900, p. 1-29, 378-399.

L’Annonciation.

Avant que son Fils apparaisse

sur la terre. Dieu, qui a fait taire les prophètes depuis quatre cents ans, intervient à nouveau pour avertir qu’en

fin le grand événement va se produire. Tout d’abord, c’est la naissance du précurseur qui est annoncée. Luc, I, 5-25. Celui-ci sera l’enfant du miracle, car Elisabeth sa mère est déjà avancée en âge. Il naîtra de race sacerdotale, marquant ainsi la principale raison d’être du sacerdoce lévitique, qui a été de préparer le Messie par le culte figuratif rendu à Dieu. Voir Jean-Baptiste, col. 1156. L’ange Gabriel, le messager de l’incarnation, voir Gabriel, col. 23, est envoyé, six mois plus tard, à la vierge Marie, descendante de David, dans la ville de Nazareth, et lui annonce le choix que Dieu a fait d’elle. L’enfant auquel elle donnera le jour sera le Fils du Très-Haut et il occupera à jamais le trône de David, double caractère que les prophéties ont attribué au Messie. Sur une question bien naturelle de Marie, l’ange, après avoir indiqué la fin. fait connaître le moyen que Dieu se propose d’employer. L’incarnation se produira par l’opération du Saint-Esprit. Ce sera là une muvre de puissance, qui vient d’avoir un prélude démonstratif, la conception extraordinaire d’Elisabeth. Marie, alors, donne son assentiment. Luc, i, 26-38. Voir Annonciation, t. i, col. 649-654. À ce moment même s’opère le mystère de l’incarnation. Cf. V. Rose, La conception surnaturelle de Jésus, dans la Revue biblique, 1899, p. 206-231 ; Bardenhewer, Zur Geschichte der Auslegung der Worle Luc, i, 34, dans le IV’Congrès scient, internat, des catholiques, Fribourg, 1897, IIe sect., p. 13-22. Sur la généalogie de Jésus et sa descendance de David, voir Généalogie de Jésus-Christ, col. 166-171.

La Visitation.

Considérant la.nouvelle que l’ange

lui a donnée comme une sorte d’invitation, Marie se rend auprès de sa cousine Elisabeth, qui salue en elle la « mère de son Seigneur ». La Vierge exhale alors ses sentiments dans un cantique tout inspiré des pensées des prophètes. Luc, I, 39-55. Cf. G. Morin, dans la Revue biblique, 1897, p. 286-288 ; A. Durand, L’origine du Magnificat, dans la Revue biblique, 1898, p. 74-77 ; 1901, p. 630-631. Le séjour de Marie auprès d’Elisabeth aboutit à la naissance de Jean-Baptiste, sans que le texte de saint Luc, i, 56, permette d’établir si, oui ou non, elle assista à cet événement. Cf. Knabenbauer, Etang, sec. Lue., Paris, 1896, p. 88.

L’hésitation de saint Joseph.

Saint Joseph était

uni à Marie par le mariage. Voir Fiançailles, t. ii, col. 2231. L’état dans lequel il vit bientôt son épouse le troubla et il songea à la quitter. Un ange l’avertit de ne rien en faire. Ce qui était en elle venait du Saint-Esprit. Joseph dut néanmoins exercer l’office de père en imposant son nom à l’Enfant, et ce nom était Jésus, parce que cet enfant devait sauver le peuple de ses péchés. Matth., i, 18-21. À Marie, l’ange avait annoncé Jésus comme Fils de Dieu et héritier du trône de David. Mais ce second titre ne doit pas pas être pris dans un sens temporel, et Joseph est averti que l’Enfant qui va naître sera un sauveur, venu pour racheter les péchés. — Joseph obéit à l’ordre du ciel et demeura avec Marie. La prophétie de Michée, v, I, désignait Bethléhem comme le lieu de la naissance du Messie ; cependant Marie résidait à Nazareth et n’avait aucune raison de quitter cette ville. Le recensement ordonné par l’empereur Auguste l’obligea à partir pour Bethléhem avec Joseph. Voir Cyrinus, t. ii, col. 1188-1191. — Sur la date de la naissance de Notre-Seigneur et sur celle des principaux événements de sa vie, voir Chronologie biblique, ix, t. ii, col. 734-736.

JJ. la nativité et l’enfance. — 1° La naissance.

— Marie et Joseph arrivèrent à Bethléhem, voir Bethléhem, 1. 1, col. 1691-1694, et, ne trouvant point de place dans le khan, voir Caravansérail, t. ii, col. 253-255, ils se retirèrent dans une grotte, servant d’étable aux animaux. Voir Étable, t. ii, col. 1989 ; Ane, t. i, col. 572 ; Bœuf, col. 1837. C’est là que le divin Enfant vint au monde pendant la nuit et que Marie le coucha dans la crèche. Voir Crèche, t. ii, col. 1107-1109. Avertis par

III. - 40