Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée
429
130
GAZER


question d’une ville lévitique, il’supposa qu’on pourrait avoir affaire à la délimitation de la zone sacrée du migrasch, entourant ces sortes de villes, zone qui rappelle à plusieurs égards le irpiauxeiov ou le pomœrium de l’antiquité classique, et qui, plus tard> semble avoir servi à fixer la distance légale du fameux « chemin sabbatique », uaëSâtou ôSôç, raa mnn, dont parlent les Actes des Apôtres et le Talmud. Il en arriva ainsi à conclure que ce jalon épigraphique ne devait pas être isolé et qu’il devait y en avoir une série d’autres à découvrir tout autour de l’emplacement de Gazer, à des distances sensiblement égales et sur des points répartis selon des lignes normalement orientées. L’événement ne tarda pas à justifier ce raisonnement. En cherchant le long d’une ligne dirigée du sud-est au nord-ouest, il découvrit, à 150 mètres environ de la première, une seconde inscription, également gravée sur le rocher, et d’une teneur absolument identique : « Limite de Gézer ; d’Alkios. s

hb&h

[[File: [Image à insérer] |300px]]
22. — Inscription trouvée à Tell el-Djézer.

La seule différence c’est que les deux textes étaient disposés dos à dos, au lieu d’être mis bout à bout, comme dans le premier cas. De plus, entre les deux inscriptions, il en trouva une troisième, purement hébraïque, plus courte et d’une interprétation difficile.

Sept ans plus tard, en 1881, M. Clermont-Ganneau découvrit, toujours sur le même alignement sud-est-nordouest, un troisième exemplaire de l’inscription bilingue, dont les deux textes étaient superposés. Il ne put à ce moment explorer à fond les alentours de Tell el-Djézer pour y chercher les autres jalons épigraphiques similaires qui devaient, selon lui, exister sur les autres côtés du migrasch : nord, ouest, et sud. Mais le P. Lagrange, continuant ces investigations, a trouvé, en 1898, un quatrième exemplaire de l’inscription, conçu dans les mêmes termes et gravé sur le rocher. La disposition des deux textes est identique à celle du second exemplaire, c’est-à-dire que la ligne hébraïque et la ligne grecque sont adossées. Voir fig. 22. Mais ce qui est surtout important, c’est la position qu’occupe ce jalon par rapport au Tell el-Djézer et aux autres textes congénères. Il est, en effet, au droit sud du Tell, par conséquent dans une région toute différente du premier groupe situé à l’est ; ce qui tend à démontrer qu’il s’agit bien dé lignes limitant une zone périphérique à la ville. L’aire ainsi limitée formait peut-être un carré orienté par ses angles. Cf. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1888-1899, t. iii, p. 116-123, 264268 ; Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, septembre-octobre 1898, IVe /Série, t. xxvi, p. 686-694 ; mars-avril 1899, t. xxvii, p. 247-251 ; Revue biblique, Paris, janvier 1899, t. viii, p. 109-115 ; juillet 1899, t. viii, p. 422-427.

Tell el-Djézer occupe une situation importante à l’entrée des montagnes qui bordent la plaine de Séphélah. Voir fig. 23. C’est une colline oblongue, orientée de l’ouest à l’est, au-dessus du village d’Abou-Schouschéh, au sud-est de Ramléh, à droite de la route qui va de Jaffa à Jérusalem, à gauche de la ligne du chemin de fer. On dirait un fort avancé, détaché du rempart montagneux qui s’élève peu à peu vers l’est, et dominant de

DICT. SE LA BIBLE.

75 à 80 mètres les vallées environnantes, avec une altitude de 260 mètres environ au-dessus de la Méditerranée. A l’extrémité occidentale se trouve l’ouély de Scheikh Mohammed el-Djézary, et à l’extrémité orientale sont les restes d’une construction rectangulaire. On a, de l’édifice musulman, une magnifique vue sur la plaine maritime, avec Ramléh au nord-ouest entourée de ses jardins, de ses bois d’oliviers et de palmiers. La vallée qui suit le tell au sud tourne vers l’est et le sépare de Khirbet Yerdéh, où se trouve une belle source. Sur les flancs rocheux de la colline, principalement au nord et à l’est, on voit de nombreuses excavations, tombeaux et pressoirs ; on compte plus d’une vingtaine de ces der Schi

Scteac%"

Mousa Telli’a

Echelle

[[File: [Image à insérer] |300px]]
23. — Carte des environs de Tell el-Djézer.

niers. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 5-6, 56 ; 1875, p. 74-77 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 42&440 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 6.

III. Histoire.

Gazer (fig. 24) est une des plus anciennes villes de la Palestine et a joué un rôle assez important. Elle existait déjà avant l’arrivée des Israélites dans le pays de Chanaan. Les monuments de l’histoire profane confirment sous ce rapport les données de la Bible. Un roi égyptien de la XVIIIe dynastie, Thothmès III, s’en empara, et le nom de la vieille cité est resté gravé sur les pylônes de Karnak. Elle eut alors des. gouverneurs qui l’administraient sous l’autorité des pharaons. Les Tablettes de Tell el-Amarna nous apprennent que celui qui la gouvernait sous Aménophis III et Aménophis IV s’appelait Yapahi. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 329, 331. Elle est mentionnée avec Ascalon et Israël (Isiraalu) sur la stèle de Ménéphtah, de la XIXe dynastie, mais l’orthographe du nom diffère un peu de celle des listes, de Thothmès III. Cf. Revue biblique, avril 1899, p. 271, 273. Lors de l’entrée des hébreux dans la Terre Promise, elle avait pour roi Horam, ou Élam d’après les Septante. Ce prince, ayant voulu secourir Lachis, fut exterminé avec tout son peuple par Josué, x, 33 ; xii, 12. Dans le partage primitif du territoire conquis, elle formait la limite sud-ouest de la tribu d’Éphraïm. Jos., xvi, 3. Mais il est possible

m. - 5