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JERUSALEM


quel prirent part saint Jacques le Mineur, saint Paul et saint Barnabe. Act., xv, 1-30. C’est à cette époque, selon l’opinion la plus commune, que la Sainte Vierge mourut à Jérusalem. Félix, affranchi de Claude, remplaça, en 52, le procurateur Cumanus, rappelé à Rome. Fatigué des remontrances du grand-prêtre Jonathan, qui lui reprochait les désordres de sa vie, il le fit assassiner par l’un des nombreux sicaires qui commençaient à envahir et à terroriser la ville. Celle-ci se remplit d’imposteurs qui cherchaient à tromper le peuple pour s’élever au pouvoir ; partout régnaient la confusion et l’anarchie. En l’année 58, saint Paul se rendit à Jérusalem, où il fut surpris dans le Temple par ses ennemis, qui s’emparèrent de sa personne et soulevèrent le peuple contre lui. Le tribun Lysias l’arracha à la fureur de la multitude et le fit conduire par des soldats à Césarée. L’Apôtre ne devait plus revoir la ville sainte. Act., xxi, 17-40 ; xxiii, 23-35. Porcius Festus succéda à Félix comme procurateur de la Judée (60-62). Pendant ce temps, Hérode Agrippa II, fils d’Agrippa I er, qui avait été reconnu par les Romains roi de la Batanée et d’autres provinces, avec la surveillance du Temple et le droit de nommer le grand-prêtre, termina la troisième enceinte que’son père avait commencée. L’an 62, Albinus fut envoyé en Palestine, pour remplacer Porcius Festus qui était mort. Avant son arrivée, le grandpretre Ananus fit mettre à mort l’apôtre saint Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem. Peu de temps après ce martyre, un simple paysan, nommé Jésus, fils d’Ananus, commença à proférer sans interruption des malédictions terribles contre la ville et contre le Temple. Il se mit tout à coup à crier : « Voix de l’Orient, voix de l’Occident, voix des quatre vents, voix contre Jérusalem, voix contre le Temple, voix contre le peuple ; malheur à Jérusalem. » Nuit et jour, pendant sept ans, il répéta les mêmes menaces, bien qu’il eût été arrêté, frappé et flagellé par ordre d’Âlbinus. Il ne cessa qu’en l’année 70, - où il tomba mort, atteint par une pierre, pendant le siège de la ville. Bell, jud., VI, v, 3. De plus, l’an 65, des signes effrayants apparurent au-dessus de Jérusalem. Ibid. Gessius Florus, le dernier procurateur romain, mit le comble à son impopularité, en faisant massacrer, l’an 66, plus de 3000 Juifs, dans les rues de la cité. Bell, jud., II, XIV, 9. Il n’en fallut pas davantage pour que tous les habitants se soulevassent comme un seul homme contre l’autorité romaine. Les insurgés s’emparèrent de la tour Antonia et y égorgèrent la garnison romaine. Cestius Gallus accourut aussitôt avec toutes les forces dont il disposait ; mais les Juifs le battirent, d’abord à Gabaon et ensuite sous les murs mêmes de Jérusalem.

Chargé par l’empereur Néron de cette nouvelle guerre, Vespasien se disposa à aller comprimer le mouvement insurrectionnel qui menaçait d’envahir toute la Palestine. Avant de marcher sur la ville, il réduisit peu à peu sous le joug la Galilée et la Pérée, puis, pénétrant en Judée, il établit son camp à Emmaus, pour se rendre maître de la route de Jaffa à Jérusalem. Mais, proclamé empereur en juillet de l’année 69, il laissa à son fils Titus la mission de poursuivre la guerre.

6. Les derniers jours de Jérusalem.

Au lieu de s’unir pour la défense, les habitants de la malheureuse cité se divisèrent en trois factions. L’une était commandée par Éléazar, qui s’était retranché dans l’enceinte intérieure du Temple ; l’autre était dirigée par Jean de Gischala, qui occupait les portiques et les parvis extérieurs ; la troisième avait à sa tête Simon, fils de Gioras, qui régnait en despote dans la ville haute et la plus grande partie de la ville basse. Bell, jud., V, I. Au printemps de l’an 70, Titus vint établir son camp à Gabaath-Saul (Tell el-Fûl), à cinq kilomètres au nord de Jérusalem. Le 1° mars, il disposa sa nombreuse armée sur le mont Scopus. En même temps, la Xe légion, qui venait de Jéricho, reçut l’ordre d’occuper le mont des

Oliviers, où elle réussit à s’établir solidement malgré les attaques des Juifs. Bell, jud., V, H. Cependant les factions continuaient la lutte intestine, celle d’Éléazar fut entièrement défaite ; il n’en resta donc plus que deux, celle de Jean de Gischala, retranchée dans les fortifications du Moriah et de Bézétba, et celle de Simon dans les forteresses de la colline occidentale. Titus commanda de couper tous les arbres au nord de la ville, et d’y préparer le terrain pour l’attaque, puis il disposa les machines de guerre près des remparts. Le 31 mars, l’enceinte construite par Agrippa (voir fig. 249) céda aux coups répétés des béliers. Le général romain, maître de la ville neuve, de Bézétha, y transporta sa* camp, sur le lieu que l’on appelait camp des Assyriens. Il commença ensuite l’attaque de la seconde enceinte, dans laquelle, au bout de cinq jours, une brèche fut ouverte ; mais il lui fallut encore quatre journées de combats continuels et acharnés pour se rendre maître de cette nouvelle position et en chasser les ennemis. Après quelque temps de repos, il se mit en mesure d’attaquer la ville haute et la tour Antonia, dont la possession

263 — Judxa capta.

IMP. CAES. VESPASIAN. AVG. P. M. TP.. P.P.P. COS. III. Tête laurée de Vespasien. — ni. 1VDAEA CAPTA. Palmier. A gauche, un Juif debout, les mains attachées derrière le dos ; auprès de lui des boucliers. À droite, la Judée en pleurs. En exergue, S. C. (Senatus consulta).

devait lui ouvrir l’accès du Temple. Jean de Gischala et Simon rivalisèrent d’efforts, d’habileté et d’audace pour neutraliser et contreminer les tentatives des Romains. Titus ordonna alors à ses troupes d’environner la ville entière d’un mur de circonvallation, afin d’empêcher toute communication entre les habitants et le dehors et de les réduire ainsi par la famine. Cette ligne d’investissement fut achevée en trois jours, et, dans la ville ainsi enfermée, la famine fit bientôt d’horribles ravages. Le 29 mai, la tour Antonia tomba au pouvoir des Romains, qui, après l’avoir renversée, attaquèrent l’enceinte du Temple. Le mur septentrional fut emporté, le portique livré aux flammes. Enfin, le 10 du mois d’Ab, qui répond à notre mois de juillet, un soldat romain, malgré les ordres formels de Titus, jeta un tison enflammé dans l’une des salles qui entouraient le sanctuaire. L’incendie se propagea, et bientôt le Temple, qui était à juste titre l’orgueil du peuple juif, ne fut plus qu’une ruine. Il y avait juste six siècles et demi que les Babyloniens avaient détruit celui de Salomon. La ville basse et la ville haute furent prises peu après ; tout fut mis à feu et à sang. Pendant ce siège, qui dura près de sept mois et qui fut l’un des plus sanglants que mentionne l’histoire, une foule innombrable de Juifs succombèrent, moissonnés par le glaive, la maladie et la famine. Ceux qui survécurent furent faits prisonniers ou vendus comme esclaves.Leur capitale fut rasée de fond en comble, à l’exception des tours Hippicus. Phasæl et Mariamne, qui devaient rester comme les témoins de la puissance de la place et de la vaillance des Romains. Après la ruine de Jérusalem, ceux-ci firent frapper des monnaies représentant au