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JERUSALEM


saires. Cependant en quarante jours le premier mur fut emporté ; le deuxième le fut peu après. Les fortifications qui entouraient le Temple tombèrent ; l’ennemi se rendit maître du parvis extérieur et de la ville basse. Les Juifs repoussés se réfugièrent dans le parvis intérieur et dans la ville haute et furent définitivement vaincus. Les Romains et les Hérodiens, exaspérés à cause de la longueur du siège, mirent tout à feu et à sang. Hérode, impuissant à arrêter le pillage et le massacre, supplia le général romain de ne pas l’établir roi d’une solitude, et, à force de promesses et d’argent, parvint à affranchir la malheureuse cité de la rapacité et de la fureur des soldats. Antigone, chargé de chaînes, fut conduit à Antioche devantMarc-Antoine, qui ordonna de le décapiter. Ant. jud., XIV, xv, 14 ; xvi. Avec lui s’éteignit le dernier rejeton de la branche des Asmonéens, le dernier roi de race juive. Voir lig. 262. 5. D’Hérode le Grand à la destruction de Jérusalem.

— Si le règne d’Hérode fut un véritable régime de erreur, son œuvre à Jérusalem, au point de vue des monuments, fut vraiment grandiose ; nous l’avons exposée plus haut, col. 1370. Avec ce prince, l’hellénisme monta sur le trône. La vie publique, l’industrie, les’P-_

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262. — Monnaie d’Antigone.

[BAEI]AEQ3 ANTirONOr. Couronne. — R). jmn n>nno [a]>TTl>[n "13m S"IJ]n, « Mathathias le grand-prêtre et la communauté des Juifs. » Deux cornes d’abondance.

relations commerciales, les réjouissances, l’organisation de l’armée, tout subit l’influence dominante du génie grec, excepté la pensée et la vie religieuses, qui se débattaient entre deux sectes puissantes, celle des Pharisiens et celle des Sadducéens. La nation juive était déchirée par les factions, en même temps qu’elle portait le joug de l’étranger, joug que rendaient encore plus intolérable les instincts sanguinaires et les caprices insensés de son roi. Tous ces malheurs lui faisaient désirer ardemment la délivrance messianique. La pléuitude des temps était venue. Le Messie parut sur la terre, non pour réaliser des espérances charnelles, mais pour établir le vrai royaume de Dieu. Hérode touchait à la fin de sa vie, lorsque Notre-Seigneur naquit à Bethléhem. Le vieux monarque reçut les Mages à Jérusalem, et, à la nouvelle de la naissance d’un roi des Juifs, craignant pour son trône, il voulut englober le nouveau-né dans un affreux massacre. Matth., ii, 1-18. Il mourut peu de temps après, laissant pour successeur son fils Archélaus, dont les débuts furent marqués par une révolte qui éclata contre lui dans l’enceinte du Temple, pendant les fêtes de la Pàque, et qui fut apaisée par le meurtre de 3000 séditieux. Après avoir perdu son titre de roi, pour ne conserver que celui d’ethnarque, ce prince fut déposé au bout de dix ans, et son territoire rattaché à la province de Syrie. L’empereur Tibère, qui succéda à Auguste l’an 14 de l’ère chrétienne, nomma Valérius Gratus procurateur de la Judée. Celui-ci administra pacifiquement cette province pendant onze ans, puis il eut pour successeur Ponce-Pilate. Luc, iii, 1. Pilate transféra de Césarée à Jérusalem les quartiers d’hiver de son armée, et souleva le mécontentement général en exposant dans la ville sainte les enseignes romaines surmontées de l’aigle et ornées de l’image de l’empereur. Les troubles se renouvelèrent, lorsqu’on le

vit approprier une partie des offrandes du Teirple à la réparation des aqueducs. Ant. jud., XVIII, iii, 1, 2.

C’est sous le gouvernement de ce procurateur que Jésus-Christ vint plusieurs fois à Jérusalem et y consomma son sacrifice. Tous les détails que nous avons donnés plus haut, col. 1370-1376, permettent de suivre les principaux récits de l’Évangile. Nous avons reproduit autant que possible la physionomie matérielle de la ville sainte à cette époque. Pour la phjsionomie intellectuelle, morale et religieuse, voir Pharisiens, Sadducéens, Scribes, Sanhédrin, etc. Cf. E. Stapfer. La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 255448. La passion du Sauveur, sa mort, sa résurrection et son ascension glorieuse sont les actes du plus grand drame qui se soit accompli sur la terre et ont fait de Jérusalem, qui en a été le théâtre, une cité unique au monde. C’est do là que doivent partir les rayons qui vont transformer l’humanité. Cf. Is., ii, 1-5.

Au jour de la Pentecôte, Jérusalem, remplie de Juifs de la dispersion, entendit la parole des Apôtres, sortis transfigurés du Cénacle. JDe nombreux convertis embrassèrent la religion du Christ. Act., il. Les premiers fidèles s’organisèrent alors en communauté, se rassemblant pour la prière et le sacrifice. Les Apôtres, multipliant leurs prédications et leurs miracles, furent jetés en prison par ordre du grand-prêtre. Miraculeusement délivrés, ils prêchèrent de nouveau malgré les défenses, les menaces et les mauvais traitements, heureux d’être trouvés dignes de souffrir pour le nom de Jésus. Act., v, 12-42. Le diacre Etienne fut le premier à donner son sang pour la nouvelle doctrine. Act., vi, 8-15 ; vil. Voir plus haut, col. 1343. À cette époque, une violente persécution s’éleva contre l’église de Jérusalem ; les fidèles, a l’exception des Apôtres, furent dispersés en divers endroits de la Judée et de la Samarie. Ac., tvin, 1. L’an 35, saint Pierre confia cette église à saint Jacques le Mineur, et alla visiter la chrétienté naissante d’Antioche. Vers la fin de cette même année, le nouveau préfet de Syrie, Vitelhus, ordonna à Ponce-Pilate d’aller se justifier à Rome des plaintes que les Samaritains et les Juifs avaient formulées contre lui. L’année suivante, il se rendit lui-même à Jérusalem pour les fêtes de Pâque, et déposa Caiphe, le principal ennemi des chrétiens. Ant. jud., XVIII, iv, 2, 3. Tibère étant mort, en l’an 37, CaïusCaligula, qui lui succéda, établit Hérode Agrippa I er, pelit-fils d’Hérode le Grand, roi des tétrarchies de Philippe et de Lysanias, et bientôt de celles d’Hérode Antipas. En 41, Caligula fut tué. Claude, proclamé empereur à sa place, nomma Agrippa roi de toute la Palestine.

Agrippa I « r, mis ainsi en possession du royaume qu’avait gouverné son grand-père, entra solennellement à Jérusalem, l’an 42, et suspendit dans le Temple une chaîne en or qui lui avait été donnée par Caligula, lors de sa sortie de prison à Rome et comme un souvenir de sa captivité. Ant. jud., XIX, vi, 1. Pour plaire aux Juifs, il fit décapiter saint Jacques le Majeur, frère de suint Jean l’évangéliste, et il mit en prison saint Pierre, qui, pendant la nuit, fut délivré par un ange. Act., xil, 1-19. C’est ce prince qui commença la troisième enceinte de la ville. Voir plus haut, col. 1376. Au commencement de l’année 44, il mourut misérablement à Césarée. Act., xii, 23 ; Ant. jud., XIX, viii, 2. La Palestine redevint une province romaine administrée par Cuspius Fadus. L’an 45, une grande famine désola le pays. Hélène, reine d’Adiabène, convertie à la foi juive, allégea les souffrances du peuple à Jérusalem, dans le courant de l’année 46, en distribuant aux pauvres du blé et des fruits secs. Pendant son séjour dans cette ville, elle se fit élever, dans les environs, un magnifique mausolée, où furent transportés ses restes et ceux de son fils. Ant. jud., XX, ii, 6 ; iv, 3. En 49, saint Pierre revint d’Antioche pour présider ; le premier concile, au-