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JÉRUSALEM


1883, p. 288-301 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iv, p. 14-65. Ézéchias, du reste, tout en s’appuyant sur Dieu, n’avait pas négligé de prémunir la ville sainte contre l’attaque des Assyriens par les travaux que nous avons signalés plus haut, col. 1359.

Manassé marqua le commencement de son règne, le plus long de la monarchie judaïque, par l’impiété la plus révoltante. IV Reg., xxi, 1-9 ; II Par., xxxiii, 1-9. Dieu justement irrité fit entendre ses menaces par la voix des prophètes : « Voilà, dit-il, que je vais faire tondre sur Jérusalem et sur Juda de tels maux que les oreilles en tinteront à quiconque les entendra. Et j’étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le poids de la maison d’Achab, et j’effacerai Jérusalem, comme ont coutume d’être effacées les tablettes, et, en l’effaçant, je tournerai et ferai passer très souvent le st le sur sa face. » IV Reg., xxi, 12-13. Cf. Jer., XV. Manassé fut tributaire d’Assaraddon, roi d’Assyrie, comme nous l’apprend une inscription cunéiforme. Cf. Prisme brisé d’Assaraddon, col. v, ligne 13, Cuneifornt Inscriptions of Western Asia, t. iii, p, 16 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iv, p. 71. Il le fut également d’Assurbanipal. Cf. Cylindre c ; E. Schrader, Die Keilinschnften unddas Alte Testament, p. 355 ; F, Vigouroux, ouv. cité, t. iv, p.’87. Plus tard, ayant tenté de secouer le joug, il fut pris et conduit prisonnier à Babylone, où était alors Assurbanipal. Là il se repentit de sa conduite passée, et Dieu, touché de ses prières, le ramena à Jérusalem. II Par., xxxiii, 10-13. Rentré en possession de ses États, il s’efforça de réparer les maux qu’il "avait causés au peuple par son impiété et ses cruautés, il restaura et fortifia les anciens murs. II Par., xxxiii, 14-16. Voir plus haut, col. 1363.

Le royaume de Juda touchait à sa fin. Amon fut tué par ses serviteurs après deux ans de règne. Josias, son fils, fut le seul qui, dans ces derniers temps, se signala par sa piété et sa vertu. Il purifia et répara le Temple, abolit et détruisit bois sacrés, autels, idoles, tout ce qui avait souillé la ville sainte. IV Reg., xxii, xxiii, 1-25 ; II Par., xxxiv, xxxv. Joachaz ne lui succéda que pendant trois mois. Joakim, après avoir, pendant trois ans, payé le tribut aux Babyloniens, essaya de secouer le joug. Nabuchodonosor vint pour le réduire par la force, mais quand il arriva en Judée, Joakim était mort et remplacé par son fils Jéchonias. Le nouveau roi ne résista pas longtemps ; au bout de trois mois de règne, il se livrait, corps et biens, avec toute sa famille, au conquérant. Celui-ci, sans pitié, prit des otages, fit déporter tous les habitants de distinction, au nombre de dix mille, et ne laissa dans Jérusalem que les plus pauvres. Il emmena Jéchonias en Babylonie, et lui donna pour successeur son oncle Sédécias. IV Reg., xxiv, 1-17 ; II Par., xxxvi, 1-10. Ce dernier se révolta à son tour, sous l’influence du parti égyptien. Nabuchodonosor voulut en finir avec les Juifs et retourna en Palestine. Cependant le siège de Jérusalem fut quelque temps retardé par les menaces d’intervention du roi d’Egypte, Apriès, de la XXVIe dynastie. Le roi deBabylone s’arrêta à Réblatlia pour contenir les ennemis au nord et envoya contre la capitale de la Judée une armée considérable sous les ordres de Nabuzardan. La ville résista héroïquement, pendant deux ans. Pressée par la famine, elle se trouva réduite à la dernière extrémité. Une brèche ayant été pratiquée, les gens de guerre s’enfuirent la nuit par la porte qui était entre les deux murs, près des jardins du roi, au sud de la colline d’Ophel. Sédécias s’échappa également ; mais, poursuivi par les Chaldéens, il fut pris dans la plaine de Jéricho, conduit à Réblatha auprès de Nabuchodonosor, qui lui fit crever les yeux et l’emmena enchaîné à Babylone. Enfin, l’armée chaldéenne procéda à l’entière destruction de Jérusalem, incendia le Temple, le palais du

roi et les maisons des particuliers, abattit les murailles, égorgea les principaux habitants et emmena le reste en captivité, laissant seulement les pauvres et les cultivateurs. IV Reg., xxiv, 18-20 ; xxv ; JI Par., xxxvi, 11-21. C’est en 587 que la cité de David et le Temple de Salomon tombèrent sous les coups de l’ennemi ou plutôt sous ceux de la justice divine. Assis en face de ces ruines, qui lui arrachaient des larmes, Jérémie laissa éclater la douleur de son âme dans ses immortelles Lamentations. Les prophètes, du reste, avaient annoncé depuis longtemps et de la façon la plus précise le sort réservé à la cité infidèle ; les limites de cet article ne nous permettent pas de la suivre à travers leurs oracles. S’ils ont flagellé ses crimes, ils ont aussi chanté ses gloires, prédit ses admirables destinées. Dieu voulait la punition et non l’anéantissement. C’est d’ailleurs une véritable merveille que le petit royaume de Juda et sa capitale aient pu se maintenir si longtemps, pendant près de cinq siècles, au milieu de complications sans nombre, à une époque où les plus grands empires disparaissaient et se succédaient avec une effrayante rapidité. L’épreuve fut de courte durée, les promesses divines s’accomplirent avec autant de certitude que les menaces.

77. DU RETOUR DE L’EXIL À LA RUINE SE JÉRUSALEM

(70). — Sur les bords des fleuves de Babylone, Jérusalem resta l’affection la plus chère des enfants de Juda, dont le cœur répétait avec tristesse ces sublimes accents :

Si je t’oublie, ô Jérusalem,

Que ma droite s’oublie elle-même !

Que ma langue s’attache à mon palais,

Si je cesse de penser à toi,

Si je ne place Jérusalem

Au-dessus de toutes mes joies !

Ps. cxxxvi (hébreu, cxxxvii), 5-6.

Les prophètes étaient là pour maintenir la pureté de leur foi et la fermeté de leurs espérances. Les promesses divines s’accomplirent dans le temps marqué par Jérémie, xxv, 11-13 ; xxix, 10.

1. Le retour de l’exil ; reconstruction du Temple et de la ville. — La délivrance, attendue dans le silence et les larmes, arriva l’an 536 avant J.-C. Cyrus, roi de Perse, publia un édit qui permettait aux Hébreux, ses sujets, de retourner en Palestine et de rebâtir le Temple. I Esd., i, 1-4. Quarante-deux mille Juifs se mirent aussitôt en marche pour la Judée, sous la conduite de Zorobabel, rapportant les vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor avait enlevés de Jérusalem et que Cyrus leur fit restituer. I Esd., i, 5-11. Leur premier soin, après avoir pourvu à leurs habitations, fut de rétablir l’autel des holocaustes et les sacrifices prescrits par la Loi. I Esd., iii, 1-6. La seconde année après leur retour, ils jetèrent les fondements du second Temple. Mais, pendant que le peuple poussait des cris de joie en voyant sortir de terre les premières assises de ce grand édifice, les vieillards, qui avaient jadis contemplé la magnificence de l’ancien, pleuraient et gémissaient. I Esd., iii, 7-13. Après bien des difficultés suscitées par les Samaritains, le Temple fut achevé, puis consacré, l’an 516. Il était loin d’offrir l’aspect imposant du premier, mais sa gloire devait être plus grande, comme le prédisait Aggée, ii, 10. Zacharie, de son côté, annonçait la gloire extraordinaire que le Messie devait mettre au front de la ville sainte :

Tressaille de joie, fille de Sion ! Pousse des cris, fille de Jérusalem ! Vois : ton roi vient vers toi.

n est juste et sauveur,

Humble et monté sur un âne,

Sur le poulain de l’anesse.

Zach., rx, 9. Cf. Mata., xxi, 5.

C’est, en effet, la figure du Christ qui va dominer toute la seconde partie de cette histoire.