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JÉRUSALEM


voulut, en effet, avoir près ue lui l’arche sainte, symbole de la présence divine. Il la fit transporter avec la plus grande solennité sur la colline de Sion, dans un tabernacle construit à côté du palais, " ce fut un jour d’allégresse et de prières pour le peuple tout entier. II Reg., vi, 1-49 ; I Par., xv, xvi. La puissance royale s'étendit ensuite peu à peu par la soumission des Philistins, le tribut imposé aux Moabites, la défaite du roi de Soba, des Syriens de Damas, des Iduméens. Toutes ces victoires avaient apporté à Jérusalem d’immenses quantités d’or, d’argent, de cuivre et d’autres métaux. David conçut le projet de les consacrer au Seigneur, en lui élevant un magnifique temple, mais cette gloire était réservée à son fils. Une tentation d’orgueil le poussa en même temps à ordonner le recensement de son peuple. La punition de cette faute fut une peste épouvantable, qui fit périr 70 000 hommes. Déjà l’ange exterminateur, debout entre ciel et terre, au-dessus de l’aire du Jébuséen Oman, étendait sa main contre Jérusalem pour la frapper, lorsque Dieu, ému de pitié, l’arrêta. Pour remercier le Seigneur de la cessation du fléau, David acheta l’aire, qui était située sur le mont.Moriah, et y dressa un autel, sur lequel il offrit des holocaustes.

II Reg. xxiv ; I Par., xxi. Ne pouvant construire le Temple, il voulut au moins en préparer les matériaux. Les pierres, taillées par de nombreux ouvriers, furent transportées à Jérusalem. Il fit venir de Tyr et de Sidon une grande quantité de bois de cèdre, entassa d’immenses provisions de cuivre et de fer, et accumula l’or et l’argent pour cette œuvre qui avait été le rêve de sa piété. I Par., xxii. Avant de mourir, il en donna le plan à son fiis Salomon, puis « il s’endormit avec ses pères et il fut enseveli dans la cité de David ». III Reg., il, 10. C’est donc là, sur la colline d’Ophel, qu’il faudrait chercher le tombeau du saint roi. Cf. ClermontGanneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 18961897, t. ii, p. 254-294, et Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1897, p. 383-427.

3/s Sous Salomon. — Le règne de Salomon fut l'époque la plus brillante pour Jérusalem. Nous avons dit plus haut, col. 1354-1359, quels furent les travaux de ce prince par rapport à l’enceinte de la ville. Son œuvre principale fut le Temple, qui, par la richesse des matériaux et des ornements, par le goût et l’art qui présidèrent à sa construction, devint une des merveilles' du monde. Voir Temple. Le Moriah fut vraiment la montagne sainte, le rendez-vous de tous les pieux Israélites ; chaque jour, le sacrilice s’y consommait, au chant des cantiques sacrés, de la main des prêtres et des lévites, merveilleusement organisés par David. La demeure de son père ne parut plus suffisante à Salomon ; gendre d’un pharaon, il voulut que la princesse égyptienne habitât un palais qui 1 ne fût pas trop inférieur à ceux de Tanis ou de Memphis. Celui qu’il bâtit fut le digne pendant du Temple, près duquel il s'élevait. Tous les bâtiments étaient compris dans une même enceinte, limitée de tous côtés par un mur qui, à l’est et à l’ouest, dominait de haut les deux vallées du Cédron et du Tyropœon. Le premier monument que l’historien sacré place dans cette enceinte, c’est celui qu’il appelle le palais du « Bois-Liban », ainsi nommé parce que la plus grande partie des matériaux dont il était fait avait été tirée des forêts de cette montagne.

III Reg., vii, 2. Le rez-de-chaussée formait une vaste salle hypostyle. Il y avait ensuite le portique du trône, où le roi rendait la justice, et les bâtiments d’habitation, qui ne pouvaient manquer d’occuper un très vaste espace. Ces groupes d'édifices, sommairement décrits, III Reg., vii, 1-12, se succédaient sur les terrasses du coteau. Pour en essayer la restitution, il faudrait faire une part trop considérable à la conjecture. On peut voir cependant B. Stade, Geschichle des Volhes Israël,

Berlin, 1887, 1. 1, p. 311-326, avec plan, p. 305 ; Der Text des Berichtes ùber Salomos Baulen, 1(111) Reg, , T-ril, dans la Zeilsckrift fur die alttestamentliche Wissenschaft, Giessen, 1883, p. 129-177 ; Perrot, Histoire de l’art, t. iv. p. 402-408. En dehors des édifices expressément nommés dans l'Écriture, la tradition attribue aussi à Salomon de grands travaux d’utilité publique et, en particulier, la construction de réservoirs et d’aqueducs destinés à pourvoir abondamment Jérusalem d’eau potable. La flotte qu’il fit construire à Asiongaber et le commerce qu’il entretenait avec les peuples voisins firent affluer dans sa capitale les trésors des pays lointains, or, argent, métaux, objets rares et précieux. La renommée de sa sagesse y attira la reine de Saba. IIIReg., x. Malheureusement, à la fin de sa vie, il se laissa corrompre par l’amour des femmes, païennes pour la plupart, et, pour leur complaire, il éleva des temples, des bosquets, des autels et des idoles à leurs fausses divinités. III Reg., xi, 1-8. On a voulu voir dans un très curieux monument découvert au village de Siloam, près de Jérusalem, la chapelle égyptienne que Salomon aurait bâtie pour que la reine pût s’y adonner au culte de ses pères. Cf. F. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 306-313, pi. xlii. Cette hypothèse est peu vraisemblable. La disposition intérieure du monolithe est plutôt celle d’une tombe. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. iv, p. 346-356. D’après ce simple résumé de la vie du grand roi, on peut se faire une idée de l'éclat dont brillait Jérusalem à cette époque.

Sous les rois de Juda.

Cette gloire s'éclipsa

avec celui qui l’avait portée à son apogée. Le schisme des dix tribus enleva à Jérusalem une partie de sa couronne, elle ne fut plus reine que de Juda et de Benjamin, comme l’avait prédit le prophète Ahias. III Reg., xi, 2939. Les jours de l'épreuve ne tardèrent pas à venir. Avec ce changement politique, une nouvelle période allait s’ouvrir dans l’histoire du peuple de Dieu. La cité sainte, isolée d’Israël par le veau d’or que Jéroboam établit aux frontières du nouveau royaume, III Reg., xii, 26-29, diminuée ainsi dans son autorité religieuse, devait en même temps, par l’affaiblissement de sa puissance, devenir le point de mire des peuples étrangers et subir leur choc, jusqu’au jour où ils l’auront complètement écrasée. Les richesses accumulées dans la ville de David et de Salomon devaient d’ailleurs tenter les rois voisins. Ce fut le pharaon d’Egypte, Sésac, qui, le premier, vint la dépouiller. La cinquième année du règne de Roboam, il marcha contre elle avec 1200 chariots et 60000 cavaliers, sans compter une multitude de soldats auxiliaires. Pénétrant dans le Temple et le palais royal, il emporta tous les trésors qu’ils renfermaient. III Reg., xiv, 25-26 ; II Par., xii, 2-9. Plus tard, l'éthiopien Zara, à la tête d’une immense armée, envahit la Judée, sous le règne d’Asa. Celui-ci, plus prudent et plus vaillant que Roboam, n’attendit pas d'être bloqué dans sa capitale pour se défendre. Il marcha au-devant de l’ennemi, l’extermina, et rentra à Jérusalem avec un magnifique butin. II Par., xiv, 9-15. Il restaura alors l’autel qui était devant le vestibule du Temple, rassembla tous ses sujets, auxquels se mêlèrent des Israélites, et offrit de nombreux sacrifices. Il brisa une honteuse idole élevée par sa mère et la brûla dans la vallée du Cédron. III Reg., xv, 13 ; II Par., xv, 8-16. Bientôt cependant, après avoir enrichi la maison du Seigneur et le palais royal, il ne craignit pas d’aliéner une partie de ces trésors pour acheter l’alliance de Bénadad, roi de Syrie, contre Baasa, roi d’Israèl. III Reg., xv, 18 ; II Par., xvi, 2-3. Le règne de son fils, Josaphat, fut une ère de prospérité pour Juda. Le pieux monarque s’efforça de faire fleurir la paix, l’ordre et la justice à Jérusalem, comme dans toutes les villes de ses États. Il y établit un tribunal suprême composé de prêtres, de lévites et de chefs de familles, chargé