Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/703

Cette page n’a pas encore été corrigée
1353
1354
JERUSALEM


ville jébuséenne. Ces avantages naturels expliquent comment la citadelle put, si longtemps, tenir bon contre les deux tribus de Benjamin et de Juda, entre lesquelles « lie était placée, et pourquoi David la convoita et en fit le noyau de sa cité.

Josèphe, Ant.jud., VII, iii, 2, nous dit que David, une

248.

Coupes de la vallée du Cédron, d’après le Pal. Expl. Fund, Quart. St., 1886, p. 198.

fois maître de la place, renferma dans une enceinte la ville basse, tt|v xi-no itôXiv, en la réunissant à la citadelle, i axpa ; il forma ainsi « un seul corps », êv o-ûp-a, qu’il entoura de murs et dont il confia la garde à Joab. C’est Je commentaire de ces paroles de II Reg., v, 9 : « David habita dans la citadelle, qu’il appela cité de David, et il bâtit tout autour depuis le Mello et intérieurement. » Cf. 1 Par., xi, 8. Mello doit indiquer un ouvrage de défense, lour ou rempart, qui protégeait la ville vers le nordouest, du côté de la vallée du Tyropœon. Voir Mello.

C’est donc sur la colline orientale que le jeune roi construisit son palais. II Reg., v, 11. On sait comment plus tard il acheta d’Oman le Jébuséen le terrain situé au nord et qui est le prolongement du coteau. II Reg., xxiv, 18-25. Ce fut le premier agrandissement de la ville, à moins que, dès ce temps, elle n’ait déjà commencé de s’étendre sur la colline occidentale. En tout cas, c’est là que Salomon éleva sur un plan grandiose le Temple et ses dépendances. Il dut, pour cela, aplanir le terrain et le soutenir par de puissantes murailles, qui servirent en même temps de défense à la ville. Les fondements de ces murs de soutènement subsistent encore en parlie, comme l’ont prouvé les fouilles anglaises pratiquées à l’angle sud-estdu Haram. Voir fig. 250. La première assise repose sur le rocher, à une profondeur de 24 mètres .m-dessous de la surface du sol. Les assises suivantes ont de l m 05 à l m 30 de hauteur. Les blocs, longs de 1 à

mètres, sont taillés en bossage d’un excellent appareil et si bien conservés qu’on les dirait placés d’hier. L’une des pierres porte, peintes en rouge, des lettres phéniciennes. Cf. Wilson et Warren, The Recovery of Jérusalem, p. 135-153. Cette origine salomonienne n’est cependant pas admise par tous les auteurs. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. iv, p. 212-213. Au moyen de ses magnifiques palais, Salomon réunit la cité d’Ophel aux constructions religieuses faites sur le Moriah. Il est difficile, en effet, de chercher ces palais sur le Sion actuel. S’il y avait eu cet intervalle entre la maison du roi et celle de Dieu, si les deux édifices avaient été reliés par une œuvre d’art passant au-dessus de la vallée de Tyropœon, le texte sacré, si abondant en détails pour le reste, aurait

1 jit au moins quelque allusion à cette particularité. Or, on n’y trouve pas un mot qui indique que, pour aller du palais au Temple, il fallait quitter une colline pour une autre. A cetargument négatif, on peut ajouter ce passage d’Ézécliiel, XLiir, 8 : « Les rois d’Israël ont mis leur seuil près de mon seuil, leurs poteaux près de mes poteaux, et il n’y a qu’un mur entre eux et moi. » À lui seul, le Temple, avec ses annexes, devait remplir toute la largeur du mont, de l’est à l’ouest. Il est donc naturel de supposer que la demeure rojale fut construite au sud de l’enceinte sacrée, entre celle-ci et la cité dont les maisons .s’étageaient sur les pentes méridionales de la colline, nie était voisine de la source où elle devaits’approvisionner. du large fond de vallée où les rois eurent leur jardin, et, de la ville au palais, on n’avait qu’un pas à faire. Ce détail topographique est absolument confirmé par l’Écriture. Ainsi, lorsque Jérémie, dans une des cours du Temple, prophétise la ruine de Jérusalem, et que la l’oule s’ameute autour de lui, en poussant des cris de mort, il est dit que, attirés par le bruit, « les princes île Juda montent de la maison du roi à la maison de .léhovah. » Jer., xxvi, 10. L’expression « monter » est inexplicable si l’on place le palais royal sur la colline occidentale, plus élevée, nous l’avons vii, que le mont Moriah. De même, quand Joas a été couronné roi, on le « fait descendre » (hébreu yôridù, forme hiphil de ydrad, « descendre » ) du temple au palais. IV Reg., xi, 19. Les deux mots, au contraire, sont parfaitement justes dans l’hypothèse que nous défendons. La demeure du roi ne pouvait occuper qu’une terrasse située un peu au-dessous de celle du Temple, puisque le roc s’abaisse du nord au sud. Le palais de David était plus près que celui de Salomon du pied de la colline. Nous pouvons donc, en somme, nous faire cette idée des édifices élevés au-dessus de la cité de David, où se pressaient déjà les unes contre les autres les maisons de la ville basse : « Tout en haut sur l’esplanade la plus éloignée de la ville, le Temple et ses cours ; plus bas, le palais, sur la terrasse, ou, pour mieux dire, sur les terrasses intermédiaires. Il n’est pas vraisemblable que les différents quartiers de l’habitation royale aient été tous posés sur un même plan horizontal ; à les distinguer par des difle-