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GAZA — GAZABAR

une ville florissante a été appelée ïprinoç, déserta, on pourra répondre, parce qu’elle fut dévastée à plusieurs reprises ou parce qu’elle se trouvait isolée dans l’intérieur du pays.

Malgré tant d’incursions hostiles et de dévastations plusieurs fois répétées, Gaza ne disparaissait pas ; au contraire, la ville devenait toujours plus florissante, grâce aux richesses, fruit d’un commerce considérable et de la fertilité du pays, surtout pendant la domination romaine, qui donna à Gaza beaucoup de libertés. Gaza avait alors ses propres monnaies (fig. 18), sa propre ère, qui commence en l’an 62 avant J.-C. Elle avait les titres de Upà, cïotvoç àvudvonoc, marri, tvatSffi, >.a|17rp<x, (lefiVfi. Les auteurs gTecs la nomment une grande ville, la plus grande ville de la Syrie. Plutarque, Alex., 25. Gaza exportait du blé, du viii, de l’huile, etc. Les auteurs latins vantent Gaza comme civitas insignis, populo frequens et clara, splendida, deliciosa, eminens, in negotio ebulliens et abundans omnibus.

III. Gaza, dans le Nouveau Testament.

Le repos de la sainte famille.

Il n’est pas probable que la sainte famille ait passé par Gaza en allant en Egypte, parce que cette ville était alors sous la domination du roi Hérode ; au contraire, elle a dû passer par Gaza au retour, d’après la tradition des indigènes, qui indique le lieu du repos dans un jardin au sud-est de la ville (non dans l’église grecque). Du reste on n’y voit aucun monument.

Le christianisme à Gaza.

Les habitants de Gaza n’étaient pas disposés à se faire chrétiens, car cette ville était un centre du paganisme hellénique et son temple principal, appelé Marneion, rivalisait avec le Serapeion d’Alexandrie. Au contraire les habitants de Mayoumas ne faisaient pas autant de difficulté à embrasser la religion chrétienne, c’est pourquoi Constantin donna ordre de séparer Mayoumas de Gaza. Mayoumas devint donc une ville indépendante sous le nom de Constantia jusqu’à l’avènement de Julien l’Apostat, qui la réunit de nouveau à Gaza. Enfin vers la fin du IV » siècle le paganisme fut extirpé aussi à Gaza par les miracles de saint Hilarion, l’énergie de saint Porphyre et la force militaire. Le territoire de Gaza avait alors trois évéques, un à Gaza, un à Mayoumas et un à Anthédon. Gaza et Anthédon ont encore des titulaires. L’école chrétienne de Gaza a été illustrée pendant les Ve et vie siècles par Zozime, Procope, Chorikios, Isidore, Ënée, Timothée et Jean. Voir K. Seitz, Die Schule von Gaza, in-8°, Heidelberg, 1892. Il y avait alors à Gaza au moins cinq églises, dont une, YEudoxiana, remplaça le Marneion, probablement la grande mosquée actuelle. Les fêtes se faisaient avec grande solennité. La ville était remplie de palais, lorsqu’elle. tomba au pouvoir des Arabes après la bataille de Tadoun près de Gaza (€35).

IV. État actuel.

Quoique Gaza ne soit plus que l’ombre de son ancienne splendeur, elle est encore néanmoins une des plus grandes villes de la Palestine, avec 30000 habitants à peu près, dont 800 Grecs, 120 juifs, 70 catholiques, 50 protestants et le reste musulman. Gaza est une ville orientale et musulmane sous tous les rapports. Vue du dehors (fig.19), la ville, entourée de jardins, parsemée de palmiers, est charmante ; l’intérieur est rebutant avec ses rues étroites et sales, et ses maisons basses et sans fenêtres par dehors, dont une grande partie est en briques cuites au soleil. La ville est composée de deux parties (fig. 20), une supérieure sur le plateau et une inférieure dans la plaine au sud-est, appelée Sadjaîyé ; chacune est divisée en plusieurs quartiers. Le quartier chrétien se trouve dans la ville haute. L’église, qui contient le tombeau de saint Porphyre, est ancienne. La grande mosquée, dans le centre de la ville haute, est remarquable ; celle de Hachem, au nord de la ville, contient le tombeau de ce personnage, grand-père de Mahomet. Gaza est aussi la patrie de l’amam el-Chafai, le fondateur d’une des quatre sectes orthodoxes de l’Islam. Le bazar est double, l’un en haut, l’autre en bas. Gaza a un kaïmakam avec tous les tribunaux ordinaires et services de poste et télégraphe international. Le district de Gaza comprend tout le pays des Philistins avec 60 villages habités par 50000 fellahs, et la partie méridionale de la Palestine habitée par 50000 bédouins. La population de Gaza est paisible, moins fanatique qu’ailleurs. La fertilité du pays n’a pas changé. On peut encore dire avec Medjir ed-din : « Heureux qui habite à Gaza ! » C’est une des meilleures villes de la Palestine avec beaucoup d’arbres et de palmiers, de légumes et toutes sortes de fruits, avec un climat excellent, un air pur et une trentaine de puits d’eau douce, abondants. Gaza se maintient par ses propres ressources, surtout par le commerce d’orge et de blé, dont l’exportation à Gaza même donne aux habitants, si la récolte est bonne, un revenu d’un à deux millions de francs par an. L’orge est

[Image à insérer] 20. — Plan de Gaza. D’après G. Gatt

fournie par les Bédouins, le blé par les fellahs. Les restes de la ville ancienne sont ensevelis sous les décombres ; partout où l’on creuse, on en trouve des débris. Au-dessus du sol, on ne voit que morceaux de marbre dispersés ça et là en grande quantité. Comme les matériaux de construction sont très rares, on démolit les maisons délabrées pour en bâtir de nouvelles. L’enceinte de la ville a disparu complètement ; cependant on peut en suivre la direction et les portes. La ville sur la mer a complètement disparu, le port ou plutôt la rade est fréquenté par des bateaux à vapeur et voiliers pendant l’été, pour charger les céréales. La mission anglicane a été fondée en 1876, la mission catholique en 1879. La frontière égyptienne se trouve à Rapha, à 8 heures au sud de Gaza. On jouit dans cette ville d’un climat tempéré : on n’y souffre pas du froid pendant l’hiver ni de la chaleur pendant l’été. — Voir Starck, Gaza, in-8°, Iéna, 1852 ; V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 196 ; A. von Hörman, Gaza, Brixen, 1876, Çh. Clermont-Ganneau, Archseological Researches in Palestine, t. ii, Londres, 1896, p. 379-427.

G. GATT. GAZABAR (hébreu : hag-gizbâr avec l’article), mot faussement pris pour un nom propre par la Vulgate, qui en fait le père d’un Mithridate. Ce nom d’origine persane signifie « trésorier » : Mithridate le trésorier. Les Septante comme Josèphe, Ant. jud., XI, i, 3, ont bien rendu ce mot par YaÇoçvXaÇ, « trésorier. ï