Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

m

GAZA.

122

fut, en tout cas, soumise aux Perses. Kadytis, dont parle Hérodote, ii, 159, était une grande ville sur la seule route qui conduit de la Mésopotamie en Egypte dans le pays des Supot IlaXixicmvos en face des emporta .arabes, entourée d’un territoire qui touchait à la mer ; Hérodote l’a vue lui même et la compare avec Sardes. Stark, Gaza, p. 218, croit, avec plusieurs auteurs, que Kadytis est Gaza, tandis que d’autres l’identifient avec .Jérusalem appelée aujourd’hui eUQods. On pourrait penser aussi à Cadès. H va sans dire, que l’opinion de Stark est beaucoup plus probable que celle des autres. Le nom ne présente pas de difficultés, si on le rapproche de ta prononciation égyptienne Gazatu. Gaza se trouvait en tout cas sur la route prise par Hérodote. Gaza avait comme Sardes une acropole entourée de faubourgs.

Vers l’automne 332, Alexandre le Grand arriva avec son armée à Gaza. Les habitants lui fermèrent les portes et il fut obligé de faire un siège en règle qui dura deux mois. Il n’est pas possible que toute la ville fut alors entourée d’une digue. Un amas de terre au sudouest de la ville appelé aujourd’hui bàb eUdarun, où se fait le carnaval grec, peut être un reste de cette digue. C’est du côté où la ville a été prise, que l’on a bâti plus tard une église nommée Irène. Ce siège fut le troisième que soutint Gaza. La ville fut dévastée à cette occasion, mais pas détruite ; elle fut bientôt rétablie au même lieu avec la permission d’Alexandre. On a voulu prétendre que la nouvelle ville s’élevait à côté de l’ancienne, qui serait restée déserte (£p » )|i.oc) au dire de Strabon, xvi, p. 370. Mais cette opinion est en contradiction avec les données de Diodore, xvii, 49, d’Arrien, il, 23, et d’autres. Donc Gaza continua à exister sur le même emplacement, mais elle cessa d’être une ville philistine pour devenir une ville hellénique.

Le territoire de Gaza devint alors un champ de bataille pour les armées des rois égyptiens, syriens et juifs, jusqu’à la conquête de la Palestine par les Romains. Occupée d’abord en 320 par Etolémée (Appien, Syr., 52), Gaza fut prise en 315 de vive force par Antigone, Diodore, xix, 59, qui y laissa Démétrius. Appien, xix, 69. Celui-ci fut battu en 312 à Gaza (non à Gamala, Justin, xv, 1), par Ptolémée (Diodore, xix, 90), qui abattit les fortifications de la ville. Diodore, XIX, 93. Occupée en 306 par Antigone (Diodore, xx, 73), elle tomba de nouveau en 302 entre les mains de Ptolémée et resta sous la domination égyptienne pendant un siècle. L’armée syrienne se rassembla en 218 et en 217 à Gaza pour la bataille de Raphia à la suite de laquelle la ville fut occupée de nouveau par les Égyptiens. Le texte de Polybe, v, 80, est altéré ; il n’existe pas de Gaza en Egypte entre Péluse et Rhinocolure. L’année 198, Gaza. fut prise par force et dévastée par les Syriens et resta sous leur domination pendant un siècle. La ville se releva bientôt de nouveau sur le même emplacement. Antiochus IV Epiphane passa par Gaza se rendant en Egypte en 170 et 168 ; une armée égyptienne traversa Gaza en 152 et en 147. Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 5. L’an 145, Jonathas Machabée arriva avec son armée devant Gaza, qui lui ferma ses portes ; Jonathan incendia les faubourgs et les habitants demandèrent la paix ; ils donnèrent des otages, qui furent envoyés à Jérusalem. I Mach., xi, 61. (Dans I Mach., xiii, 43, il faut lire Gazâra au lieu de Gaza.) En 104, Gaza fut occupée par Lathurus. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 3. Alexandre Jannée assiégea Gaza pendant une année (98) et prit la ville par trahison. Les habitants furent massacrés et la ville dévastée. C’est ainsi que les Juifs eux-mêmes ont exécuté les menaces des Prophètes contre Gaza. La ville détruite fut rebâtie de nouveau sur le même lieu par Pompée, Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 4, et par Gabinius. Appien, Syr., 51 (cꝟ. 54).

II. La nouvelle Gaza.

Une ville commerciale importante comme Gaza ne pouvait pas rester sans port

sur la mer, surtout pendant la période hellénique. Le port appelé d’abord Mayouma devint avec le temps une .ville proprement dite entourée d’une enceinte, dont on peut encore, suivre les traces en partie. Cependant cette ville maritime faisait toujours partie de Gaza, dont elle forma le quartier maritime, jusqu’aux temps de Constantin. Gaza devint donc comme Ascalon, Azot et Jamnia, une ville double, l’une sur le rivage de la mer, l’autre dans l’intérieur des terres. Pour distinguer ces deux villes on se servait de diverses expressions, par exemple : ^ HatetiiaÇa, t| véa Yala, *) itapâXioç, <j ( « (TOYeîoç, f[ £pT)(ioç. La distance était de vingt stades.

Déplacement de Gâta. — On a prétendu que Gaza a t’té déplacée par la suite des temps ; c’est l’opinion de Stark, Gaza, p. 509. Saint Jérôme avait dit expressément (Eusèbe, Onomasticon, édit. Larsow, 1862, p. 137) : « On retrouve à peine des vestiges des fondements de la cité antique ; celle que l’on voit maintenant a été bâtie en un autre lieu que l’ancienne. » On a voulu aussi conclure d’un passage d’un géographe anonyme, que cette prétendue nouvelle Gaza se trouvait au sud de l’ancienne, à une demi-heure à peu près ; la distance de la ville maritime ainsi que du port restait toujours la même. Voici le passage en question : Mexà t’a Pivoxiipoupa T] vèa TâÇa xeïiac rnSXi ; oùaa xat aÙTrj elS’ï| epi]|£OC TiÇai e’xa ^’AiyxaXwv rcâXi ;. L’ancienne Gaza se trouvait donc à Gebalia et son port était Anthédon. Si l’on demande quand a eu lieu ce déplacement, les uns répondent : après la destruction de la ville par Alexandre (332), d’autres après sa destruction par les Syriens (198) et d’autres, après sa destruction par Alexandre Jannée. Il suffit de voir la ville actuelle, pour connaître qu’elle n’a pu jamais être déplacée.

D’abord le passage cité plus haut ne prouve rien pour ce déplacement prétendu, parce que tj via TriÇa n’est pas cette prétendue nouvelle Gaza au sud de l’ancienne, mais Son port, Mayoumas. Après avoir nommé Rhinocolure, l’auteur nomme la nouvelle Gaza, qui se trouvait aussi près de la mer ; ne pouvant pas passer l’ancienne Gaza sous silence, il la place entre la nouvelle et Ascalon. Ce passage prouve, en outre, que l’ancienne Gaza était alors une ville florissante ; car il remarque comme une chose singulière, que la nouvelle Gaza était aussi une ville, donc l’ancienne devait l’être aussi ; du reste il parle de villes florissantes, non ruinées. Donc le mot 6’pTjjj.oc ne signifie ici ni déserte, ni abandonnée, ni désolée, mais tout simplement « terrestre », en arabe barri, par opposition à « maritime ». Le passage de saint Jérôme doit être expliqué par un malentendu ; il parle probablement d’un faubourg ruiné de Gaza, car l’Acropole était alors encore entourée d’une enceinte.

Nous avons encore d’autres raisons contre ce déplacement prétendu. Point de traces d’une ville importante dans le voisinage de Gebalia. Chaque village ruiné a laissé des traces ; peut-on supposer que l’ancienne Gaza ait disparu, sans en laisser ? Si l’ancienne Gaza était à Gebalia, elle devait avoir Anthédon pour port ; mais le port de Gaza était toujours Mayoumas. La ville actuelle se trouve sur un plateau artificiel de 6 à 10 mètres de décombres. Deux mille ans ne suffisent pas pour former un semblable plateau artificiel ; il en faut bien quatre ou cinq mille pour cela. La tradition de Samson est attachée à la ville actuelle. La tradition d’Alexandre le Grand était au iv° siècle chrétien attachée à la ville actuelle. Les indigènes ne savent absolument rien de ce déplacement prétendu de leur ville, au contraire, ils sont pleinement convaincus que Gaza n’a jamais été déplacée.

Le passage des Actes, viii, 26 : hsec est déserta, ne souffre pas la moindre difficulté ; déserta, se rapportant à Gaza, ne dit pas que la ville était ruinée, mais seulementqu’elle se trouvait sur la terre ou dans le désert, non sur la mer. Si l’on demande pourquoi Gaza étant