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science philologique, ce travail nous semble aujourd’hui presque puéril. Aussi certains écrivains se sont-ils donné le facile plaisir de tourner en ridicule les explications de saint Jérôme. M. Zockler, Hieronymus, p. 169, malgré ses préjugés confessionnels, a été plus équitable et a bien précisé le point de vue auquel il faut juger le travail de saint Jérôme. Ce n’est pas une œuvre de philologie, et saint Jérôme a eu bien plutôt pour but de fournir des interprétations mystiques et symboliques que de procéder à une stricte explication des noms hébraïques. — 2. Le Liber de situ et nominibus locprum kebraicorum n’est pas autre chose que la version de l’Onomaslicon d’Eusèbe. Toutefois saint Jérôme y a introduit certaines corrections et ajouté quelques notices qui témoignent de connaissances topographiques réelles. A cause de son grand intérêt archéologique, cet important travail a été souvent réédité et commenté. Voir B. Rohricht, Bibhotheca geographica Palestine, 1890, p. 3-4. — 3. Les Quxstiones hebraicse in lïbro Geneseos sont appelées par saint Jérôme lui-même Opus novum et tam Grsecis quam Latinis usgue ad id locorum inaudilum. Aujourd’hui encore ce traité a gardé toute sa valeur et fournit pour la critique biblique d’excellentes indications. L’auteur y présente une suite d’observations sur les passages les plus difficiles et les plus importants de l’ancienne version latine de la Genèse. Ces observations sont accompagnées de corrections tirées des diverses traductions grecques et du texte original. En dépit de quelques erreurs de détail, d’explications forcées et d’étymologies fausses, les Qusestwnes hebraicx demeurent un des meilleurs traités de saint Jérôme. Aussi M Zockler, qui est pourtant un juge sévère, a exprimé le regret que saint Jérôme n’ait pas interprété de la même façon les autres livres de l’Ancien Testament. Hieronymus, p. 172. — 4. Parmi les lettres de saint Jérôme, plusieurs constituent de véritables traités d’exégèse. La lettre 18 au pape ûamase, t. xxii, col. 361-376, s’occupe de la vision d’Isaie et du séraphin. L’auteur y donne, d’après son propre témoignage, les explications du Juif qui lui avait appris l’hébreu. Toutefois, plusieurs de ces interprétations se retrouvent chez Origène, et des lors on est amené à se demander si saint Jérôme a voulu sciemment donner le change sur ses sources et attribuer à un Juif ce qu’en réalité il devait à Origène, Cf. Grutzmacher, Hieronymus, p. 189. Hypothèse peu plausible, bien que saint Jérôme, qui ne nomme pas Origène dans le traité, s’y montre son parfait disciple par l’interprétation allégorique de l’Écriture, toutefois avec un certain éclectisme et sa tendance à adoucir ses expressions moins compatibles avec le dogme. C’est le témoignage que lui rend Rufin lui-même. Contra Hieronymum, ii, 4, t. xxi, col. 601. Origène avait vu dans les deux séraphins qui entourent le trône de Dieu le Fils et le Saint-Esprit. Cette explication pouvant être interprétée contre le dogme de la Trinité et l’absolue égalité des personnes, saint Jérôme proposa une autre explication. Celui qui est assis sur le trône est le Christ, cf. Apocal., xii, 45, et il est entouré de deux anges. — 5. Le P. Amelli croit avoir retrouvé en 1900 dans les manuscrits n. 342 et 345 du Mont-Cassin une autre rédaction du même traité de saint Jérôme sur la vision d’Isaïe. Dans sa lettre n. 84, t. xxii, col. 745, saint Jérôme affirme que, vingt ans auparavant, il avait réfuté la véritable interprétation d’Origène. On avait toujours pensé jusqu’à ce jour que ce passage désignait l’Épître xviii à Damase, que nous venons d’analyser. Cf. Grutzmacher, dans la 3e édition de la Realencyclopâdie fur protestantische Théologie, art. Hieronymus. Il faut bien reconnaître aujourd’hui, depuis la découverte du P. Amelli, qu’outre l’Epistola ad Darnasum, de Seraphim et êalculo, n. 18, il existe sur le même sujet un opuscule, où sont réfutées plus péremptoirement et plus directement les idées d’Origène. Le P. Amelli a récemment publié ce traité (S. Hieronymi

DICT. DE LA BIBLE,

tractalus contra Origenem nunc prîmum edidit Ambrosius H. Amelli, Florence, 1901), et il en a donné un résumé fort étendu dans les Sludi religiosi, mai-juin 1901, p. 193-204. Un trattato di S. Girolamo scoperto nei codici di Montecassino. Ce traité fut, d’après le P. Amelli, écrit à Constantinople et semble être celui auquel saint Jérôme fait allusion, quand il écrit : De hoc visione ante annos circiter triginta, cura essem Constantinopoli, et apud virum eloquenlissimum Gregorium Nazianzenum, tune ejusdem urbis episcopum sanctarum Scripturarum studiis erudirer, scio me breveni dictasse subitumque tractalum, ut et experimentum caperem ingeniolimei, etamicisjubentibus obedirem. Comment, in ls., vi, t. xxiv, col. 91-92. La thèse du P. Amelli n’a pas toutefois rencontré l’adhésion unanime, et M. Mercati, qui n’est point convaincu que le traité récemment découvert ait saint Jérôme pour auteur, ne saurait en tout cas y voir une œuvre écrite à Constantinople en 381. Voir Revue biblique, juillet 1901, t. 385-392. — Citons encore les lettres xx, t. xxii, col. 373-79, où saint Jérôme explique le mot Osanna ; xxi, col. 379-394, intitulée De duobus filiis, commentaire de la parabole de l’enfant prodigue ; xxvi, col. 430-431, explication des mots Alléluia, Amen, Mai-an atha ; xxviii, col. 433-435, De vocediapsalma ; TLXix, col. 435-441, DeEphod et Theraphim ; xxx, col. 441-445, De alphabeto hebraico Psalmi cxviii ; xxxiv, col. 448-451, explication de quelques versets du Psaume cxxvi ; xxxvii, 461-463, critique du commentaire de Rheticius d’Autun sur le Cantique des cantiques ; lui, col. 540-549, lettre à Paulin sur l’étude de 1 Écriture Sainte, qui est tout un programme ; lv, col. 560-565, lettre à Amand de Bordeaux, où saint Jérôme commente divers passages de l’Écriture Sainte ; lix, col. 586-589 intitulée De diversis quæstionibus Novi Testamenti ; lxiv, col. 607-622, contenant l’explication des vêtements sacerdotaux des Juifs et de diverses cérémonies qui s’accomplissaient dans le temple de Jérusalem ; lxv, col. 622-639, explication du Psaume xliv ; lxxii, col. 672-676, s’occupe de certains points de clironologie des règnes de Salomon et d’Achaz ; lxxiii, col. 676-681 ; Epistola de Melchisedech ; lxxiv, col. 682-685, interprétation du jugement de Salomon relatif aux deux courtisanes ; lxxviii, col. 698-724, lettre célèbre De zlii mansionibus lsrælitarum in deserto et très importante pour la géographie de l’Exode ; evi, col. 837-867 : cette lettre est à rapprocher de la revision des Psaumes, elle contient à peu près cent cinquante corrections sur divers passages du Psautier ; cxii, col. 916-931, lettre à saint Augustin, où saint Jérôme défend plusieurs de ses opinions exégétiques, surtout son interprétation de la lettre aux Galates ; exix, col. 966-980, interprétation du passage de l’Apôtre : Omnes quidem dormiemus ; cxx, col. 9801006, vrai traité d’exégèse où saint Jérôme répond aux douze questions posées parHédibia ; cxxi, col. 1006-1038, réponse à onze questions d’Algasia ; cxxix, col. 1099-1107, explication du sens à attacher à l’expression terra pronnssionis ; CXL, col. 1166-1179, interprétation du Ps. lxxxix. Sur les lettres de saint Jérôme, voir A. Ebert, Geschichte der christhch-lateinischen Ltteratur, Leipzig, 1874, p. 188-91.

IV. Œuvres perdues et apocryphes. — On a retrouvé la grande partie des œuvres de saint Jérôme, dont il a dressé lui-même le catalogue. Restent perdus jusqu’à ce jour une traduction en grec et en latin de l’Evangile araméen selon les Hébreux et sept traités sur les Psaumes depuis le dixième jusqu’au seizième. La version de l’Évangile selon les Hébreux est signalée par saint Jérôme lui-même, De vir. M., 2, t. xxiii, col. 611, et M. Harnack a relevé, dans les œuvres de saint Jérôme, toutes les citations qui peuvent donner une idée de ce travail, en faisant toutefois remarquer que saint Jérôme a parfois confondu avec l’Évangile selon les Hébreux le texte hébraïque de saint Matthieu. Voir A. Harnack,

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