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JÉRICHO


Pendant la lutte soutenue pour l’indépendance de son peuple par Antigone, fils d’Aristobule, contre Hérode

Le zaqqûm. D’après une photographie de M. L. Heidet.

et les Romains ses protecteurs (38-37), Jéricho, occupée d’abord par les partisans d’Antigone, est abandonnée à l’approche d’Hérode, pillée et saccagée par les soldats romains, amenés par ce dernier ; peu après, elle est témoin de la défaite et de l’extermination totale de cinq jeunes cohortes romaines et de la mort de Joseph, frère d’Hérode, leur chef. Accouru avec deux légions, pour venger la mort de son frère, Hérode est attaqué le lendemain par des partisans d’Antigone, au nombre de six mille hommes, qui lancent des pierres et des flèches de la montagne, et répandent la crainte parmi les Romains. Hérode est blessé au flanc par une flèche, s’éloigne de Jéricho, massacrant les habitants des villages qu’il rencontre sur son passage, et gagne la Galilée, où ! il est rejoint par ses partisans, dont un certain nombre étaient de Jéricho et des alentours. Ant. jud., XIV, xv, 3, 10-12 ; Bell, jud., i, xv, 6 ; xvii, 1, 4-6. Hérode, devenu maître de la Judée, affectionnait le séjour de cette ville. Il y conviait ses amis dans des villas élevées pour eux et désignés par leurs noms et leur offrait des festins et des fêtes. Bell, jud., i, xxi, 4 ; cf. Ant. jud., XV, iii, 3. La reine d’Egypte Cléopàtre, non moins avare qu’impudique, pour prix de ses faveurs, obtint d’Antoine que les revenus du jardin de Baume de Jéricho, alors unique au monde et dont les produits recherchés se payaient aux prix les plus élevés, lui fussent affectés. Ant. jud., XVI, iv, 1 ; Bell, jud., i, xviii, 5. Cette ville fut témoin d’un des crimes les plus odieux du tyran de la Judée. Jaloux de l’estime manifestée par le peuple pour le jeune Aristobule, frère de Mariamne son épouse, et le dernier des Machabées qu’il avait promu souverain sacrificateur, il l’attira à Jéricho et le fit noyer par des soldats gaulois à sa solde, dans un des grands bassins de la ville ; il lui fit faire ensuite les funérailles les plus pompeuses, auxquelles il assista en versant des larmes hypocrites i(35av. J.-G.).4 « i.yi « i., XV, ii, 3-4 ; Bell, jud., i, xxii, 2. 2° Depuis Jésus-Christ jusqu’à la ruine de Jérusalem. — C’est à Jéricho qu’après avoir fait mourir plu sieurs personnes Hérode mourut lui-même d’une mort digne de sa vie. Voir Hérode 2, col. 647. Après son décès, on remit en liberté les notables de toute la Palestine qu’il avait enfermés dans l’hippodrome pour qu’on les massacrât lorsqu’il aurait rendu le dernier soupir, et que sa mort devint ainsi un deuil public. Ptolémée, l’homme de confiance d’Hérode, réunit au théâtre le peuple et les soldats, leur annonça la mort de leur maître et lut la teneur de son testament qui désignait Archélaus, son aîné, pour roi de Judée. Voir Archélaus, t. i, col. 927. Le cortège funèbre sortit ensuite de Jéricho. Le corps devait être porté au château d’Hérodium, à deux cents stades (37 kilomètres) de Jéricho (4 av. J.-C). Ant. jud., XVU, vi-vih ; Bell, jud., i, xxxiii, 6-9 ; cf. Bell, jud., II, i, 1. Dans les troubles qui suivirent la mort d’Hérode, Jéricho fournissait du renfort aux factieux de Jérusalem, et Simon, un ancien serviteur du roi qui n’avait pas craint de ceindre le diadème, vint piller le palais du roi et l’incendia, ainsi que plusieurs autres constructions élevées par Hérode dans la région. Archélaus, déclaré ethnarque et revenu de Rome, releva le palais de Jéricho avec plus de somptuosité qu’auparavant et apporta plusieurs embellissements aux jardins et à la ville. Ant. jud., XVII, x, 2, 6 ; xiii, 1 ; Bell, jud., II, iii, 1 ; iv, 2. La Judée ayant été réduite en province de l’empire, Jéricho devint une des onze toparchies de la nouvelle province, (6 après J.-C). Bell, jud., III, iii, 5 ; Pline, Hist.nat., v, 14. C’est pendant cette période que Jésus-Christ visita Jéricho. Il avait dû y passer plusieurs fois, comme le taisaient ordinairement, pour éviter les Samaritains et leurs vexations, les Juifs de la Galilée montant à Jérusalem ; les évangiles mentionnent seulement son dernier passage, alors qu’il allait célébrer sa dernière Pâque. Zachée, chef des publicains, était monté, à cause de la foule et de sa petite taille, sur un sycomore. Jésus levant les yeux l’invita à descendre et alla loger dans sa maison. C’est en cette circonstance que le Sauveur proposa la parabole du roi qui va au loin se faire donner un royaume, faisant, croit-on, allusion à Archélaus dont Jéricho devait spécialement garder le souvenir. Luc,

230. — Jeune fille de Jéricho portant une branche de zaqqûm t avec fruits. D’après une photographie de M. L. Heidet.

xix, 1-28. Voir Archélaus, t. i, col. 927. Jésus guérit deux aveugles à Jéricho. Luc, xviii, 35 ; xix, 1 ; Mat th., xx, 29-30. Voir Aveugle, t. i, col. 1290, 1291. — D’après