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JÉRICHO


mes, an milieu desquelles se dressait une construction sans toit qui passait pour la maison de Rahab. D’autres habitations s'étaient élevées dans la campagne même : c'était l’Arî{ia des Arabes (Dg. 222). Les descriptions du moyen âge et des siècles suivants la dépeignent à peu près telle que nous verrons la Rihâ de ces derniers temps. Les jardins n’avaient cependant pas disparu et leur riche végétation continuera longtemps encore à embellir le site de l’antique Jéricho. Les pèlerins comme les auteurs arabes vantent les plantations de palmiers. Le baumier n’est plus nommé, mais il est remplacé par la vigne aux fruits précoces, par le bananier, l’indigo, les plantes odoriférantes, et surtout la canne à sucre. Adamnan, Relatio S. Arculf., t. II, c. xiii, t. xxxviii, col. 799 ; EI-Moqaddasi (985), dans Goije, Bibhothcca, Fy ma’arifat elvtidlîm, Le de, 1877, p. 17, 115 ; Sœvulf (1102), Relalio, dans Recueil de voyages, de la Société de géographie, t. iv, Paris, 1839, p. 848 ; Théodorie (vers 1172), Lïbeilus de Locis sanctis, Paris et Saint Gall, 1865, p. 74 ; Villebrand d’Oldenburg (1211), dans Peregrinaliones medii xvi quatuor, Leipzig, 1873, p. 189, Burchard (1283), ibid., p.58 ; Ricoldo(versl290), ibid., p. 108-109 ; Vaqoût, Géographie, édit. Wustenfeld, Leipzig, 1866, t. i, p. 227 ; t. ii,

p. 884 ; Abou’l-'Féda (1321), Géogmphii, Paris, 1840, p. 236 ; Félix Fabn (1483), Evagatorium in T* S » peregrinationen, Stuttgart, 1843, t. ii, p. 57-88 ; Fr. Noé, 0. M. (1508j, Viaggio da Venetia al santo Sepolcro, Venise, 1676, ii, 4.

Jéricho sous la domination ottomane.

Avec

la domination des Ottomans (1517), Jéricho prend son plus triste aspect. Douze mauvaises cabanes, de cinq ou six pieds de haut, faites de roseaux, de branchages, de pierres grossières et de terre, forment le village de Rîha Une haie de broussailles épineuses desséchées lui sert de rempart. À côté du village, une construction carrée de douze mètres environ de largeur et de longueur, et de huit de hauteur, ombragée nar un vieux séder, est désignée sous le nom de Bordj Rîlfâ, « la tour ou la citadelle de Jéricho. » Dés avant la fin du xvie siècle, les palmiers et les autres arbres, jusque-là l’ornement et la richesse de Jéricho, avaient à peu près complètement disparu ; toute la région était devenue un désert envahi par le séder, aux rameaux couverts d'épines. Au heu des fruits variés et succulents, les pèlerins mentionnent la pomme de Sodome, désignant d’abord ainsi le fruit cotonneux de l’asclépiade (fig. 223-225), puis, quand celui-ci a disparu, le fruit trompeur, à la graine noirâtre semblable à du sable : du solanum sodomeun de Linné, le « limon de Lot » des Arabes (fig. 226). Une racine desséchée et flétrie, Vanastahca hierichunlina du même naturaliste, est cueillie pour la rose de Jéricho. Cette plante, d’une vitalité extraordinaire, s’ouvre et refleurit indéfiniment quand elle est plongée dans l’eau. Le spécimen reproduit ici (fig. 227 et 228) est en la possession de M. Vigouroux depuis 1874. Parmi ces buissons et ces plantes sauvages, on remarque un arbuste au fruit ressemblant à une grosse olive ; les indigènes lui donnent le nom de zaqqûm (fig. 229-231) et du noyau de ce fruit extraient une huile dont ils font surtout usage pour guérir leurs blessures ; plusieurs le prennent pour le my 227. — Rose de Jéricho desséchée. Grandeur naturelle,

robolanum de Josèphe : ce serait le seul survivant des arbres nombreux cultivi s autrefois dans les célèbres jardins de Jéricho.

État actuel.

La sécurité plus grande dont jouit

le Ghôr depuis 1870 environ a permis à cette localité de prendre un certain essor. Un élégant hospice bâti pour les pèlerins russes, une petite église grecque, plusieurs hôtelleries pour les voyageurs, quelques maisons habitées par des colons et un sérdia' ou établissement pour les employés du gouvernement turc, ont commencé à former près du pauvre village de Ril}â une Jéricho nouvelle. Dans les jardins de création récente arrosés par les eaux amenées de 'Ain es-Sullân, qui l’entourent, les figuiers, les bananiers, les grenadiers, les amandiers, les oliviers, les pêchers, les abricotiers, la vigne, les peupliers, les eucahptus et une multitude de plantes potagères se développent avec une rapidité et dans des proportions souvent extraordinaires. Le bassin de la fontaine restauré en relient les eaux pour mettre en mouvement un moulin qu’environne un jardin potager ombragé par des bananiers. Une grande partie de l’espace occupé par les ruines a été défriché et déblayé et produit d’abondantes moissons de blé et de doura. Cette amélioration n’est pas l’ancienne prospérité de Jéricho, elle garantit du moins l’exactitude des descriptions de l’histoire et indique ce que pourrait redevenir Jéricho entre les mains d’un peuple intelligent et laborieux protégé par un gouvernement civilisé. — Voir Boniface Stefani de Raguse (1555), Liber de perenni cultu Terras Sanclse, édit. de Venise, 1575, p. 234-238 ; de Radzivil (1583), Peregrinatio hierosolynutana, Anvers, 1614, p. 97-99 ; Aquilante Rochetta, Peregrinatione di Terra Santa, Palerme, 1630, p. 183188 ; Fr. Quaresmius, Elucidatio Terrse Sanclse, t. VI, Peregr. vi, c. x, Anvers, 1639, p. 753-754 ; Richard Pococke (1737), Voyages, c. viii, trad. de l’anglais, t. iv, Paris, 1772, p. 86-92.

IV. Histoire.

Avant Jésus-Christ.


Jéricho était l’une des villes les plus importantes du pays de Chanaan à l’arrivée des Hébreux dans la Terre Promise. Elle était gouvernée par un roi, c’est-à-dire par un chef indépendant. Se trouvant la première sur le chemin du peuple de Dieu, elle pouvait s’opposer à son entrée en l’attaquant au passage du Jourdain. Pour sonder les dispositions de ses habitants, Josué y envoya deux explorateurs. Leur présence ayant été dénoncée au roi, ils furent sauvés par Rahab qui les cacha d’abord sous du lin qui séchait sur sa terrasse et les descendit la nuit par une corde le long du mur de la ville, contigu à sa maison. Ils rapportèrent les paroles de cette femme et firent connaître au camp l'état de découragement dans lequel se trouvaient la population de Jéricho et les peuples de Chanaan. Jos., h ; cf. Yi, 2, xil, 29. Encouragés par ce rapport, les Israélites passent le Jourdain et s’avancent dans la campagne de Jéricho jusqu'à l’endroit qui fut ensuite appelé Galgala. Là, ils pratiquèrent la circoncision générale du peuple et célébrèrent tranquillement la Pâque. Jos., m-v. Les habitants de Jéricho, effrayés, avaient fermé la porte de la ville et personne n’osait ni y entrer ni en sortir. Jos., vi, 1. Le Seigneur