fourni l’idée sinon le mot ; Astuads, le nom de Dieu en arménien, signifiant « l'Être » (astvat = celui qui est). 3° Origine égyptienne.
Elle est a priori moins invraisemblable, puisque Moïse avait été élevé en Egypte.
Roth, Die Aegypt. und die Zoroastr. Glaubenslehre, 1846, p. 175, fait venir Jéhovah de l’ancien dieu lunaire Ify ou Iofy. Voir Pierret, Vocabul. hiêrogl., 1875, p. 44. Il n’y a rien de commun entre Jéhovah et la lune. L’hypothèse de Roth a donc réuni peu de partisans. Par contre, un groupe assez nombreux d'érudits fait honneur à l’Egypte de la célèbre définition : Ego sum gai sum. Exod., iii, 14. Plutarque, De Iside, 9, dit qu'à Sais une statue d’Athênê (Neith) portait cette inscription : « Je suis tout ce qui a été, est et sera ; » mais Tholuck, Ueber den Vrsprung des Namens Jehova, Verniischte Schriften, 1867, p. 189-205, ayant montré que cette inscription avait un sens tout différent, on s’est appuyé sur la formule assez fréquente : Nuit pu nuk, qui veut dire littéralement : Ego sum ego. Seulement les textes du Livre des Morts où se lit cette formule n’ont rien de mystérieux et doivent se traduire simplement par : C’est moi qui. Cf. Le Page Renouf, Bibbert Lectures for 1879, p. 244.
4° Origine chaldéenne ou accadienne.
Le principal défenseur en est Frd. Dehtzsch, Wo lag das Farad/es ? 1881, p. 158-164. Voici quels sont ses chefs de
preuve : 1. mn> est une forme artificielle, introduite pour donner un sens au nom du Dieu national ; mais la forme usuelle, populaire, fut toujours w (n> ou >), l'élément essentiel étant >, comme le prouvent les noms composés théophores où mn> ne paraît jamais, et où l'élément divin se réduit quelquefois à ». — 2. Le dieu in » était connu hors d’Israël. La Bible mentionne l’Ammonite Tôbiyâh, Il Esd., ii, 1), l’Héthéen 'Uriyâh, II Reg., XI, 3, le prince hamalhéen Joram. II Reg., viii, 10. Les inscriptions assyriennes nous font connaître Mitintî, roi d’Azot, Sidqâ, roi d’Ascalon, Padi, roi d’Accaron (prisme de Sennachénb, col. ii, 1. 51, 58, 70 ; Schrader, Keil. Bibl., t. ii, p. 90-92), noms évidemment identiques aux noms théophores hébreux Maltathias, Sédécias, Phadaïa. Pour ne rien dire du roi arabe Ya'-ilu, qui rappelle Joël, un roi d’Hamath est nommé dans les inscriptions tantôt I-lu-u-bi-'-di, tantôt (ilu) Ya-u-bi-'-di (Sargon, Cylindre, 1. 25, À r eiJ Fastes, 1. 33 ; Schrader, B. bl., t. ii, p. 42 et 56, omet le déterminatif ilu) ; ce qui prouve d’abord que llu et Yau sont synonymes, ensuite que Yau est un dieu, puisqu’il est précédé de l’idéogramme divin. — 3. Chez les Babyloniens présémites, i est synonyme de ilu et signifie le dieu suprême. Or i avec la terminaison assyrienne du nominatif devient Yau. Cf. Frd. Delitzsch, Assyr. Lesestucke, 3e édit., 1885, p. 42, Syllab. A, col. i, 13-16, où le signe ni de la colonne centrale répond au signe i (variante ya-u) de la colonne de droite, et au mot ilu de la colonne de gauche. — Cette thèse a été très contestée et a trouvé jusqu’ici peu d’adhérents. C’est un paradoxe de prétendre que nirv n’a jamais été d’un usage général chez les Hébreux, que la forme populaire était Yahu ou Yah, quand ce dernier est rare et exclusivement poétique et que l’autre n’apparaît jamais dans la Bible, quand, des le ix » siècle avant J.-C, l’inscription de Mésa, ligne 18, présente la forme ordinaire mn>. Hors du peuple juif, les cas de noms théophores composés de Yah ou de Yahu sont très rares, douteux le plus souvent, et peuvent facilement s’expliquer par des emprunts. Enfin l’existence même du dieu accadien I, en babylonien Yau, est très suspecte. Le panthéon de Babylone nous est assez bien connu ; il est étrange que ce prétendu dieu Yau n’y paraisse pas ; car personne ne l’identifie au dieu Ea. Il est vrai, dans ces derniers temps, Pinches a augmenté la liste des noms propres assyriens composés des syllabes yau, yâu, au, aa’u et, à une époque postérieure, yâma (pour yâwa). Proc. of the Soc. of bibl. Archxol., 1885, t. viii, p. 27, 28 ; 1892, t. iv, p. 13-15. De son côté, Hommel, Altisræl.
Veberlieferung, 1897, p. 144 et 225, ne doute pas d’avoir retrouvé le dieu chaldéen Yau. C’est le dieu écrit idéographiquement (ilu) A-a, qu’on prononce d’ordinaire Malik, mais qu’il faudrait lire, suivant Hommel, Ai on la. C’est ce nom, usité sans doute dans la famille patriarcale, que Moïse aurait emprunté, mais en le transformant de manière à lui donner le sens sublime que nous connaissons. Tout cela est obscur, et il faut attendre de nouveaux éclaircissements.
5° Origine hébraïque.
On n’a pas jusqu’ici de raison suffisante pour refuser aux Juifs la propriété exclusive du nom de Jéhovah. Mais on peut admettre sans inconvénient, qu’avant la révélation de l’Horeb, Dieu était
désigné dans la famille des patriarches sous un nom à peu près semblable, qu’il suffisait de modifier légèrement pour lui donner le sens profond et absolu qui le rend incommunicable. — 1° On s’expliquerait ainsi, sans recourir à la prolepse, que Jéhovah soit nommé 156 fois dans la Genèse, tant dans les dialogues que dans les récits. — 2° On comprendrait également comment Énos put de si bonne heure invoquer le nom de Jéhovah, selon la Vulgate, Gen., iv, 26 ; ou plutôt, selon l’hébreu, comment dès l'époque d'Énos on commença à s’appeler ou à se réclamer du nom de Jéhovah. Il est vrai que le résultat semble avoir été qu'à partir de ce temps la meilleure portion de l’humanité prit le nom de fils de Dieu, Gen., vi, 2, ce qui établirait seulement une synonymie parfaite entre Éiohim et Jéhovah. — 3° Le nom de Jochabed, mère de Moïse, n'étonnerait plus. C’est le seul nom antérieur à Moise dans la composition duquel entre certainement le nom de Jéhovah, car Moriah, Gen., XXII, 2 (hébreu), est d’une étymologie très douteuse ; Achia, I Par., ii, 25, est probablement corrompu (cf. Hummelauer, Comment. inNum., p. 194), et Jonathan, I Par., ii, 32, paraît postérieur à Moïse. D’un autre côté, si Jéhovah était connu avant Moïse, il est surprenant qu’il n’entre pas dans d’autres noms propres, quand les noms théophores composés de El étaient si communs avant l’Exode, comme les noms composés de Jéhovah le furent après.Ce nom de Jochabed est assurément embarrassant, mais, à la rigueur, il pourrait avoir été changé plus tard, comme celui de Josué, ou traduit, s’il était égyptien comme celui de Moïse. — 4° Enfin cette hypothèse rendrait compte d’un fait curieux. Parmi les 163 noms théophores dérivant du tétragramme, 48 ont yehô ou yô au commencement, les 115 autres ont yahu ou yah à la fin, aucun n’offre le nom complet Yahvéh. Cependant un phénomène analogue se présente pour l’autre nom divin ; jamais Éiohim n’est employé dans les composés, ni Éloah, c’est toujours El. D’ailleurs la forme complète Yahvéh peut avoir été évitée par respect et Driver a montré, Tetragrammaton, dans les Studia bibhca, t. i, p. 5, que yahu, yah, yeho en sont les abréviations régulières. — En somme, rien n’oblige absolument à reconnaître avant Moïse l’existence d’un nom divin identique ou analogue à Jéhovah, mais cette hypothèse est probable. La seule chose certaine, c’est que Dieu a révélé à Moïse quel est son nom incommunicable, et lui en a expliqué le sens incompris jusqu’alors.
VI. Révélation nu mont Horeb. Exod., iii, 6-16. — 1° Le texte et les versions.
Moïse arrivait au pied de
la sainte montagne quand, du sein du buisson ardent, une-ve « x se fit entendre : « Je suis le Dieu de ton père, le’Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob… Viens, je t’enverrai vers le pharaon pour tirer d'Égjpte mon peuple, les enfants d’Israël. » Moise, la face voilée, balbutie des paroles d’excuse. Dieu le rassure par ces mots : « Je serai avec toi. » Alors le prophète hasarde une objection : « Soit ; j’irai trouver les enfants d’Israël et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. S’ils me demandent : Quel est son nom ? que leur répondrai-je ? Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Dieu dit : Tu parleras ainsi aux enfants d’Israël :