Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/623

Cette page n’a pas encore été corrigée
1199
1200
JEAN (DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT)


cure l’union à Dieu, la foi et la confiance, ꝟ. 12-21. La foi est le principe de la charité ; elle fait aimer Dieu et le prochain et elle assure la victoire sur le monde et la vie éternelle, v, 1-12. — Épilogue. Saint Jean a écrit pour que la foi produise ces fruits dans l’âme de ses lecteurs ; il leur recommande encore de s’abstenir du péché, de fuir le monde et d’éviter l’idolâtrie, v, 13-21.

VI. Commentaires.

Des Pères.

Clément

d’Alexandrie, Adumbrat. in Epist. I Joa., t. IX, col. 733738 ; Didyme, InEpist.Uoa. ewarra(., t.xxxrx, col. 17751808 ; S. Augustin, In Epist. Joa. ad Parthos tract. X, t. xxxv, col. 1977-2062 ; Cassiodore, Complexiones m Epist. apostol., Epist. S. Joa. ad Parthos, t. lxx, col. 13691374 : Bede, Exposit. inl Epist. S. Joa., t. xciii, col. 85, 120 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, Epist. IB. Joa., t. cxiv, col. 693-704 ; Œcumenius, Comment, in Epist. 1 Joa., t. cxix, col. 617-684 ; Théophylacte, Exposât, in Epist. I S. Joa., t. cxxvi, col. 9-66. — 2° Du moyen âge. — Martin de Léon a fait un commentaire plutôt homilétique qu’eiégétique de la 1°> Épître de saint Jean. Nicolas de Gorham, Exposit. in septem Epist. canonicas, attribuée à saint Thomas d’Aquin, Opéra, Paris, 1876, t. xxxi, p. 421-463 (pour la première Épître). Hugues de Saint-Cher. Nicolas de Lyre et Denys le Chartreux ont commenté cette Épître dans leurs commentaires sur la Bible entière.

— 3° Des temps modernes. — Sans parler des commentateurs qui ont expliqué toute la Bible ou seulement le Nouveau Testament, nous signalerons les ouvrages d’Estius, de Lorin, de Justiniani, de Sérarius, de Capiton, de M. de Palacios et de Fromond sur les sept Épîtres catholiques. Nous y joindrons ceux de Bisping, de Drach, de Dewilly et de Maunoury au xixe siècle. Des commentaires protestants, on peut citer ceux d’Olshausen, de Meyer, de Lange et de Wette. Tous les Manuels exégétiques d’Allemagne et d’Angleterre contiennent un commentaire de la I » Epître de saint Jean. E. Mangenot.

13. JEAN (SECONDE ÉPÎTRE DE SAINT). — I. AU-THENTICITÉ. — Bien qu’elle soit anonyme et que son auteur ne se fasse directement connaître que par le titre de npsffëûrepo ;, cette seconde Épître a été justement, comme la première, attribuée à l’apôtre saint Jean.

Arguments extrinsèques.

Des allusions évidentes,

faites par les Pères apostoliques, prouvent au moins son existence, sinon son attribution à saint Jean. Saint Polycarpe, Philip., vii, 3, dans Funk, Opéra Patr. apostol., Tubingue, 1887, t. i, p. 274, cite II Joa., 7, plutôt que I Joa., iv, 2, 3. Saint Ignace, Smyrn., iv, 1, ibid., p. 236, donne, au sujet des hérétiques, les mêmes avis que II Joa, 10, 11. Saint Irénée, Cnnt. hssr., 1, 16, n. 3, t. vii, col. 633, cite II Joa., 11, comme une parole de Jean, disciple du Seigneur. Il fait de même, iii, 16, n. 8, col. 927, pour II Joa., 7, 8, tout en rapportant, par erreui de mémoire, cette parole à la 1° Épître de saint Jean. Le Canon de Muratori parle des Épîtres de saint Jean au pluriel, en citant un verset de la I™. Voir t. ii, col. 170. Ce pluriel est à tout le moins une attestation favorable à la IIe Épître, car plus loin l’auteur de ce canon mentionne explicitement deux Épîtres catholiques de saint Jean. Il semble dire toutefois qu’elles ont été écrites par les amis de Jean en son honneur comme la Sagesse de Salomon. Tertullien, De pudic, 19, t. ii, col. 1020, parlant de la I re Épître de Jean, dit expressément qu’elle est la « première ». Sa façon de s’exprimer manifeste qu’il connaît au moins une « seconde » lettre du même écrivain. Dans un concile de Carthage, tenu sous saint Cyprien, un évêque nommé Aurélien, a cité II Joa., 10-11, comme parole de l’apotre saint Jean, Patr. lai., t. iii, col. 1072. Clément d’Alexandrie témoigne de la même manière. U cite la I™ Épître de saint Jean comme « la plus grande » des Épîtres de l’apôtre, Strom., ii, 15, t. viii, col. 1004 ; il en connaît donc au moins une plus petite. Il a, d’ailleurs, « commenté » la IIe, t. ix, col. 737-740. Origène, In hb. Jeiu

Nave, honi. ru, 1, t. xii, col. 857, attribue à saint Jean plusieurs Épîtres. Dans un fragment de son commentaire sur l’Evangile de saint Jean, rapporté par Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 584, il sait qu’il existe des doutes sur l’authenticité de la IIe et de la IIIe Épîtres de saint Jean ; mais s’il les mentionne, il ne les approuvepas entièrement. Saint Denys d’Alexandrie, l’adversairerésolu de l’origine johannique de l’Apocalypse, loin de douter de l’attribution de la IIe et de la III’Épîtres à saint Jean, se sert de la différence qu’il remarque entre elles et l’Apocalypse pour attaquer cette dernière. Eusèbe, H. E., vii, 25, t. xx, col. 700. Saint Jérôme attribue trois Épîtres catholiques à saint Jean, Epist., lui, n. 8, t. xxii, col. 548, et la seconde nommément. Epist., cxxiii, 12 ; cxlvi, 1, col. 1053-1054, 1193. Cependant, il sait que la IIe et la IIIe sont attribuées au prêtre Jean, dont on montre encore le sépulcre à Éphèse, De vir. illust., 9, t. xxiii, col. 635, et dont parle Papias, ibid., 18, col. 670. Il affirme même que cette attribution des deux dernières Épîtres, non à l’apôtre Jean, mais au prêtre Jean, est admise par la plupart des anciens. Mais cette affirmation est contraire aux faits, tels qu’ils résultent de notre précédent exposé. Origène qui, comme on l’a vu plus haut, a mentionné, sans les approuver, des doutes contraires à l’authenticité johannique de ces deux Épîtres, n’a pas parlé du prêtre Jean. L’opinion rapportée par saint Jérôme est celle d’Eusebe de Césarée. Celui-ci range parmi les Écritures contestées la IIe et la IIIe Épître de saint Jean, qu’elles aient réellement été écrites parl’évangéhste ou par un autre écrivain du même nom. H. E., iii, 25, t. xx, col. 269. Cependant, il n’avait pas hésité à les attribuer à l’apôtre et à l’évangéliste. Dem. en., iii, 5, t. xxii, col. 216. Sous l’influence de saint Jérôme peut-être, le canon biblique du pape saint Damase, reproduit plus tard par le pape saint Gélase, a maintenu la distinction des deux Jean, attribuant la I re Épître à l’apôtre et les deux autres à un autre Jean, prêtre. Voir t. ii, col. 178. Mais le concile d’Hippone, tenu en 393° saint Augustin, De doct. christ., ii, 8, t. xxxiv, col. 41, et la lettre du pape saint Innocent I er à l’évêque de Toulouse ont rétabli l’attribution des trois Épîtres à l’apôtre Jean. De cet exposé, il résulte clairement que la tradition ecclésiastique est favorable à l’authenticité johannique de la II’Epître, et on ne peut pas nier que les. anciens en majorité n’aient reconnu cette Épître pour l’œuvre de l’apôtre saint Jean.’Le contenu de ce petit écrit n’est pas opposé à cette attribution.

Arguments intrinsèques.

L’origine apostolique

de la IIe Épître est confirmée par sa ressemblance de fond et de forme avec la I™ et avec le quatrième Évangile. Ce sont les mêmes idées et les mêmes expressionscaractéristiques : « demeurer dans la vérité, dans la lumière, dans les ténèbres. » Les erreurs contre lesquelles l’auteur met ses lecteurs en garde sont les mêmes ; le but est identique et on peut dire que la II* Épitre de saint Jean est un résumé de la I re. L’auteur parle avec la même autorité, et s’il s’est désigné par l’expression 6 mpsaêÛTSpo ;, « le vieillard, » ce n’est pas pour se distinguer de l’apôtre ; c’est plutôt parce que ce terme était de nature à le faire reconnaître certainement de ses lecteurs. C’était son surnom propre et personnel qui le distinguait de tout autre personnage et quL lui convenait spécialement en raison de son grand’âge.

II. Canonicité.

Eusèbe de Césarée, H. E., iii, 24, t. xx, col. 268, après avoir constaté que la I re Épitre desaint Jean était admise par tous sans conteste au nombre des Écritures canoniques, ajoute que les deux autres étaient controversées. Il les classe parmi les àvTtXsYÔp.eva, qu’elles soient l’œuvre de l’Évangéliste ou d’un autre Jean. Ibid., iii, 25, col. 269. Ces doutes, qui existaient dans quelques églises, notamment en Syrie, puisque la Peschito ne comprenait pas primitivement les deux dernières Épîtres de saint Jean, étaient loin d’être-