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GARIZIM


de Jéricho. Il est clair cependant, en dehors de l’explication qui vient d’être donnée, que l’auteur sacré désigne les deux montagnes non dans le voisinage du Jourdain, mais à l’extrême horizon, où elles sont cachées à sa vue. D’ailleurs l’épisode de Joatham, montant sur un des éperons du Garizim pour adresser la parole aux habitants de Siehem, Jud., ix, 7, l’histoire de la Samaritaine désignant du geste la montagne sur laquelle ses ancêtres avaient leur lieu d’adoration et qui dominait le puits de Jacob, Joa., iv, 20, 21, en déterminent suffisamment la position. C’est là, près de Néapolis ou Naplouse, que les vieux pèlerins ont reconnu le sommet dont nous parlons : le pèlerin de Bordeaux (333), sainte Paule (404), saint

ouadi Râs el-’Aîn. C’est par ce gracieux ravin, qui trace sur les flancs dénudés du Garizim un sillon de verdure, que l’on monte de la ville sur le sommet. De la source qui donne son nom à l’ouadi, on peut d’un coup d’oeil embrasser Naplouse et les magnifiques jardins qui l’entourent. À partir de là, une montée raide et pierreuse, tapissée cependant de fleurs au printemps et cultivée sur certains points, conduit sur un large plateau accidenté, couvert de broussailles et de monceaux de pierres. Du point culminant on jouit d’un splendide panorama : au nord, par de la les monts de Samarie et de Galilée, se dressent dans le lointain les cimes neigeuses du Grand Hermon ; à l’est, au delà de la plaine d’El

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15. — Le mont Garizim, vu du sud. D’après une photographie.

Willibald (723-726), etc. Cf. Itinera Teivse Sanctse, édit. de À Soôiété de l’Orient latin, Genève, 1877, t. i, p. 16, 38, 269.

Le Garizim est appelé aujourd’hui Djebel es-Sumara, « la montagne des Samaritains, » et Djebel et-Tûr ; ce dernier nom lui est commun avec plusieurs autres monts célèbres les Arabes appliquant le mot Tûr, qui signifie « montagne, hauteur », notamment au Sinaï, au Thabor, à la colline des Oliviers. Il domine, de sa paroi septentrionale, la ville de Naplouse et la vallée qui le sépare de l’Hébal (fig. 15) ; du côté de l’est, il borde la plaine d’Elr-Makhnah, projette assez loin ses racines vers le sud, et se rattache, à l’ouest, au massif éphraïmite. Formé presque entièrement de calcaire nummulite, il s’étend de l’est à l’ouest, et s’élève à une hauteur de 868 mètres au-dessus de la Méditerranée. II se termine en un petit plateau protégé à l’est et au nord par un escarpement qui constitue comme un gigantesque escalier sur la plaine orientale. Ce plateau supérieur s’abaisse par une pente douce à l’ouest, où l’escarpement se creuse au nord-ouest en une riante vallée nommée

Makhnah, apparaissent, derrière une chaîne de collines entrecoupée de vallées fertiles, les hauteurs coupées à pie qui resserrent le Ghôr et le Jourdain ; au sud la vue s’étend sur les montagnes d’Éphraïm, et, à l’ouest, sur la plaine de Saron et les flots bleus de la Méditerranée. Plusieurs vestiges de l’antiquité appellent, sur ce plateau, l’attention du voyageur. (Voir fig. 16, et cf. le plan détaillé que donne le Palestine Exploration Fund Quarterly Statement, Londres, 1873, p. 66.) Après avoir passé près de l’endroit où campent les Samaritains, lorsqu’ils viennent célébrer les fêtes de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles, on arrive aux blocs énormes et non taillés connus sous le nom de Tena’scher Baldiah, « les douze pierres plates. » Fendus par le temps et séparés en deux et même trois parties, ce qui rend assez difficile d’estimer au juste leur nombre réel et primitif, ils sont’agencés de manière à constituer, une sorte de plate-forme longue de 25 pas sur 7 de large. Depuis les fouilles du capitaine anglais Anderson, en 1866, il n’est plus permis de les prendre pour des rochers naturels, avec lesquels ils se confondent "faci-