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JEAN (APÔTRE) — JEAN MARC


unanimement favorable au séjour de saint Jean à Éphèse. A. Camerlynck, De quarli Evangelii auctore, p. 52-72 ; Zahn, Forschungen zur Geschichte des newtestamentlichen Kanons, t. vi, Leipzig, 1900, p. 112-217.

Le séjour de saint Jean à Éphèse étant démontré, il reste à relater les rares événements des dernières années de l’apôtre, que la tradition nous a conservés. Il faut placer en premier lieu son martyre à Rome dans une chaudière d’huile bouillante, et sa relégation à l’île de Patmos. Tertullien, De prxscript., 36, t. ii, col. 49, parle des deux faits et de leur succession, mais sans en déterminer la date. Saint Jérôme, Cont. Jovinian., 1, 26, t. mu, col. 259, les a appris de Tertullien. Le même docteur, In Matth., xx, 23, t. xxvi, col. 143, les répète d’après les histoires ecclésiastiques. Cf. De vir. Ml., 9, t. xxiii, col. 625. Comme ce fait est mentionné dans les Actes apocryphes de saint Jean et leurs divers remaniements, voir t. i, col. 159-160, M. Corssen, Monarchianische Prolog zu den vier Evangelien, dans les Texte und Vnttrsuchungen, t. xv, 1 er fasc, Leipzig, 1896, p. 79-80, 8688, a cherché à prouver qu’il n’avait pas d’autre fondement que les Actes de Leucius. Mais sa conclusion est forcée. L’Église a reconnu la réalité du martyre de saint Jean à Rome, et elle en célèbre l’anniversaire, le 6 mai, par la fête de saint Jean devant la Porte latine. C’est durant son exil de Patmos que, suivant la tradition, l’apôtre composa l’Apocalypse. Voir t. i, col. 746. Domitien régnait alors, ainsi que le rapportent S. Irénée, Cont. hxr., v, 30, n. 3, t. vii, col. 1207 ; S. Victorin de Pettau, In Apoc, x, 11 ; xvii, 10, t. v, col. 333, 338 ; S. Jérôme, (oc. cit., et Eusèbe, H. E., iii, 18, t. xx, col. 252. Dans sa Chronique, ii, t. xix, col. 552, ce dernier fixe l’exil de saint Jean à Patmos à l’an 14 de Domitien. Saint Épiphane, User., li, n. 12, 33, t. xli, col. 909, 949, affirme que l’apôtre revint de Patmos sous l’empereur Claude. Son témoignage, parfois erroné surtout en matière de chronologie, ne suffit pas seul à contre-balancer les affirmations des Pères, plus rapprochés des événements et généralement mieux renseignés. Cf. Revue biblique, t. ix, 1900, p. 236-243.

Nerva ajant rendu la liberté à tous ceux que son cruel prédécesseur avait bannis, saint Jean revint à Éphèse et y reprit son ministère. Eusèbe, H. E., iii, 23, t. xx, Col. 256-257, l’affirme sur l’autorité de saint Irénée et de Clément d’Alexandrie, el il emprunte à ce dernier l’histoire du jeune homme devenu, après sa conversion, chef de brigands et paternellement ramené dans le bon chemin par saint Jean. L’apôtre écrivit alors son Évangile et ses Épîtres à une date et dans des circonstances qui seront déterminées plus loin. La tradition nous a conservé quelques épisodes des derniers jours de saint Jean. Nous avons déjà cité le fait de la rencontre de Cérinthe aux bains publics d’Éphèse. Irénée, Cont. hær., m, 3, n. 4, t. vii, col. 853 ; Eusèbe, H. E., iv, 14, t. xx, col. 337. Cassien, Collât., xxiv, 21, t. xux, col. 13121315, rapporte que le vieillard jouait pour se délasser avec une perdrix apprivoisée. Enfin, saint Jérôme, In Gal., vi, 10, t. xxvi, col. 433, relate que dans les assemblées religieuses, où ses disciples devaient le porter, il ne disait plus que cette parole : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. » Les assistants lui ayant demandé pourquoi il répétait toujours ce conseil, il répondit : « C’est le précepte du Seigneur ; bien gardé, il suffit. » Les Pères se sont plu à dire que saint Jean était demeuré vierge et qu’en récompense de sa pureté virginale, Jésus l’avait aimé d’un amour de prédilection et lui avait confié sa mère. S. Jérôme, Epi&t. cxxrn, ad Principiam, 5, t. xxii, col. 1090 ; Cont. Jovinian., i, 26, t. xxiii, col. 246 ; In Isa., lvi, 5, t. xxv, col. 541 ; S. Augustin, In Joa. tract, cxziv, 8, t. xxxv, col. 1976 ; De bono conjugio, 21, t. XL, col. 391 ; Cont. Faust, manich., xxx, 4, t. xlii, col. 493. Corssen, Monarchianische Prologe, p. 78-79, 83-86, a prétendu que cette tradition pro venait exclusivement des Actes apocryphes de saint Jean. Si quelques témoignages dérivent de cette source, il n’est pas démontré que tous en dépendent. Leucius lui-même a pu mettre en œuvre une tradition antécédente. Les Pères, d’ailleurs, n’affirment pas la perpétuelle virginité de saint Jean comme un fait certain. Elle demeure néanmoins très vraisemblable.

L’apôtre parvint à une extrême vieillesse et vécut jusqu’au règne de Trajan. Il mourut soixante-huit ans après la passion de son divin Maître. S. Irénée, Cont. hær., n, 22, n. 5, t. vii, col. 785 ; iii, 3, col. 855 ; Eusèbe, H.E., m, 23, t. xx, col. 257. Il fut enseveli à Éphèse, au témoignage de Polycrate, évêque de cette ville, témoignage rapporté par Eusèbe, H. E., iii, 31, t. xx, col. 280 ;ꝟ. 24, col. 493. Son tombeau devint célèbre et on éleva plus tard au-dessus une église, dédiée à l’apôtre et nommée VApostohcon. Voir t. ii, col. 1847-1849. La légende, dérivant des Actes apocryphes de saint Jean, a ajouté que le vieillard, sentant sa fin prochaine, fit creuser son sépulcre et, disant adieu aux frères, s’y coucha comme dans un lit. Quand on revint, il était mort. Corssen, Monarchianische Prologe, p. 81-82, 89-90. Comme on ne l’avait pas vu mourir, quelques-uns prétendaient qu’il vivait dans son tombeau et qu’il n’était qu’endormi, Saint Augustin, In Joa. tract, cxxir, t. xxxv, col. 1970, rapporte qu’on voyait la terre doucement agitée par son haleine. Le misérable village, qui occupe aujourd’hui l’emplacement de la ville d’Éphèse, porte le nom d’Ayassoulouk, ou le Saint-Théologien, qui est le surnom donné par les Pères à l’apôtre bien-aimé. Voir t. ii, col. 1834 ; Le Camus, Les sept Églises de l’Apocalypse, Paris, 1886, p. 142-144. — VoirTillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1701, t. i, p. 330-335, 600-602 ; Trench, The life and character of St. John the evangelwt, Londres, 1850 ; Baunard, L’apôtie saint Jean, 4e édit., Paris, 1883 ; Macdonald, The life and writings of S. John, Londres, 1877 ; Farrar, Early days of christianity, 2e édit., Londres, 1884 ; Dictionary of the Bible, de Smith, 2e édit., Londres, 1893, t. i, n » part, p. 17311736 ; Realencyklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, 3° édit., t. iii, Leipzig, 1900, p. 272-285.

E. Mangenot.

8. JEAN, père de l’apôtre saint Pierre qui est appelé trois fois par NotreSeigneur « Simon fils de Jean » en S. Jean, xxi, 15-17. Au lieu de Joannes, son nom est écrit Jona, Joa., i, 43. Dans S. Matthieu, xvi, 17, au lieu de t fils de Jean », nous lisons Bar-Jona, qui en araméen a la même signification. Voir Bar-Jona, t. i, col. 1461.

9. JEAN, descendant d’Aaron et membre du sanhédrin à l’époque apostolique, tut l’un des juges qui avec Anne, Caiphe, etc., firent comparaître devant eux les apôtres Pierre et Jean, lorsque ceux-ci eurent commencé à prêcher Jésus-Christ et guéri le boiteux à la porte du Temple. Le tribunal les renvoya, après leur avoir défendu, mais inutilement, d’enseigner au nom de Jésus. Act., iv, 6. On a tenté d’identifier ce membre du sanhédrin avec Johanan ben Zaccai, qui présida la grande synagogue à Jamnia, après la destruction du Temple ; mais cette hypothèse et d’autres semblables ne reposent que sur une similitude de nom qui peut être purement accidentelle et n’autorise pas à conclure à l’identité des personnages. Le nom de Johanan ou Jean était très commun à cette époque.

10. JEAN MARC, fils de Marie, Act., xii, 12, et parent de Barnabe. Col., iv, 10. Marc était son surnom. Act., xii, 12, 25. C’est dans la maison de sa mère que se réfugia saint Pierre lorsqu’il fut délivré miraculeusement de la prison où l’avait enfermé Hérode. Jean Marc accompagna Paul et Barnabe dans leurs prédications à Séleu-