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JEAN-BAPTISTE


et sera rempli de l’Esprit-Saint dés le sein de sa mère, Luc, i, 15 ; cela montre que saint Jean fut sanctifié dès le sein de sa mère ; cf. aussi ꝟ. 41 ; S. Ambroise, In Luc, i, 33, t. xv, col. 1547 ; Origène, Hom. ir in Luc., t. xiii, col. 1811 ; — il convertira beaucoup d’enfants d’Israël au Seigneur, leur Dieu, ꝟ. 16 ; — enfin il marchera devant le Seigneur dans l’esprit et la vertu d’Élie, pour ramener les cœurs des pères aux fils et les incrédules à la prudence des justes, et préparer au Seigneur un peuple parfait, ꝟ. 17. — 2. Au moment de sa nativité, frappés de tant de merveilles les voisins se demandèrent avec étonnement ce que serait cet enfant, car la main du Seigneur, ajoute l’évangéliste, Luc, i, 66, était avec lui. — 3. Son père dans le cantique Benedictus, Luc, i, 76, 77, prédit que son fils sera appelé le prophète du Très-Haut et préparera les voies au Seigneur, et qu’il apprendra à son peuple la science du salut pour la rémission de ses péchés. — 4. Saint Jean, dans son Évangile, I, 7-8, résume la mission du précurseur en disant qu’il venait pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

II. Prédication de Jean-Baptiste.

Selon toutes les vraisemblances, Jean-Baptiste passa les trente premières années de sa vie dans le désert de Juda, dans les exercices de l’ascétisme. Son genre de vie, dur et mortifié, impressionnait vivement les foules et préparait sa prédication future. Il était vêtu de poils de chameau ; il avait autour de ses reins une ceinture de peau, et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Matth., iii, 4 ; Marc, I, 6 ; cf. aussi Luc.xi, 22 ; IV Reg., iv, 8. Aussi le renom de sa vertu et de ses grandes austérités ne tarda-t-il pas à se répandre et à lui attirer la vénération. Notre-Seigneur fait de lui les plus grands éloges : Jean-Baptiste est une lampe ardente et luisante, Joa., v, 35 ; il n’est pas un roseau agité par le vent, Matth., xi, 7 b ; Luc, vii, 24 b ; il n’est pas vêtu mollement, Matth., xi, 8 ; Luc, vii, 25 ; il est plus qu’un prophète ; il est le terme des prophètes et de la Loi ; personne parmi les enfants des hommes n’a été plus grand que Jean-Baptiste, Matth., XI, 9, 11, 13 ; Luc, vii, 26, 28, il est l’Élie de la nouvelle alliance. Matth., xi, 14 ; xvii, 12 ; Marc, ix, 12. Tant de vertu lui acquit une grande influence auprès de tous les Juifs. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 2. Il put ainsi préparer efficacement les voies au Messie par sa prédication et par la collation de son baptême. — 1° Il commença à prêcher dans le désert de Judée, Matth., iii, 1, la quinzième année du règne de Tibère ; ce désert, dans l’Ancien Testament, désigne la région peu habitée et à peu près inculte, située à l’ouest de la mer Morte, et prolongée par les déserts de Thécué, d’Engaddi, de Ziph et de Maon. Cf. Jos., XV, 61 ; Jud., i, 16 ; Ps. lxii (hébreu, lxiii), 1 ; voir Désert de Juda, t. ii, col. 1391. Dans le Nouveau Testament, le désert de Judée s’entend aussi de la plaine qui s’étend entre le Jourdain et Jéricho. Le sujet de sa prédication était la nécessité de faire pénitence parce que le royaume de Dieu est proche, Matth., iii, 2 ; le baptême de pénitence pour la rémission des péchés, Marc, i, 4 ; Luc, iii, 3 ; Act., xiii, 24 ; l’obligation de faire de dignes fruits de pénitence, Matth., iii, 8 ; Luc, iii, 8°, pour échapper à la colère à venir, car la cognée est déjà à la racine de l’arbre, et tout arbre, qui ne produit pas de bons fruits, sera coupé et jeté au feu, Matth., iii, 7, 10 ; Luc, iii, 7 b, 9 ; la pénitence seule est efficace ; la descendance d’Abraham ne suffit pas à justifier devant Dieu. Matth., i, 9 ; Luc, iii, 8 b. Jean recommandait particulier’rement à ses disciples la pratique du jeûne et de la prière. Matth., ix, 14 ; Luc, v, 33 ; xi, 1. À la foule qui l’interroge pour savoir ce qu’il faut faire, le Précurseur répond qu’il faut donner une tunique si l’on en a deux à celui qui n’en a pas, et partager sa nourriture ; aux publicains qui lui demandent ce qu’ils doivent faire, il répond qu’il faut pratiquer la justice et n’exiger rien de plus que la taxe légitime ; enfin aux soldats qui lui posent la

même question, il répond qu’il ne faut user de violence envers personne, qu’il faut éviter la calomnie, et se contenter de sa paye. Luc, iii, 10-14. — 2° Son baptême. — Tout en adressant des exhortations, saint Jean baptisait ceux qui venaient à lui. Frappée de sa prédication et encore plus de son éminente vertu, la foule accourait à lui de Jérusalem et de la Judée pour recevoir lebaptême, Matth., iii, 5, 6 ; Luc, iii, 7° ; il baptisait dans les eaux du Jourdain. Marc, i, 5. Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 2, nous apprend que Jean ordonnait de recevoir le baptême aux Juifs qui pratiquaient la vertu, la justice les uns envers les autres, et la piété à l’égard de Dieu. Pour la nature et la valeur du baptême de saint Jean, voir t. i, col. 1433-1435. Tout en conférant son baptême, Jean-Baptiste annonçait un baptême plus parfait et indiquait en même temps la différence essentielle qui existe entre son baptême et celui de Jésus ; quant à lui il baptise dans l’eau pour la pénitence, mais celui qui viendra, et des souliers de qui il n’est pas digne de délier la courroie, baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. Matth., iii, 11 ; Marc, t, 7-8 ; Luc, iii, 16 ; Joa., i, 2627 ; cf. Act., i, 5 ; xi, 16 ; xix, 4. — Notre-Seigneur lui-même se rendit de la Galilée sur les bords du Jourdain près de saint Jean-Baptiste pour se faire baptiser. Matth., iii, - 13 ; Marc, I, 9°. Jean-Baptiste, dans son humilité, refusait de conférer le baptême au Sauveur, en objectant que c’est lui-même qui doit être baptisé par Jésus. Matth., iii, 14. Notre-Seigneur insista et Jean le baptisa ; le baptême de Jésus fut accompagné de circonstances miraculeuses. Matth., iii, 15, 16 ; Marc, t, 9M1 ; Luc, iii, 21-22. — C’est au moment où il administrait le baptême au delà du Jourdain qu’il affirma nettement son vrai rôle et sa mission de Précurseur. Les prêtres et les lévites étant allés lui demander qui il était, il répondit qu’il n’était ni le Christ, ni lilie, ni un prophète, mais la voix de celui qui crie dans le désert : « Redressez la voie du Seigneur. » Joa., i, 19-23. En voyant Jésus venir à lui, Jean lui rendit témoignage ; il l’appela l’agneau de Dieu qui efface les péchés du monde et le Fils de Dieu. Joa., i, 29, 34, 36. — Jean-Baptiste qui connaissait certainement le Sauveur comme son supérieur lorsqu’il se présenta pour recevoir le baptême, Matth., iii, 44, dit en saint Jean, i, 31, qu’il ne le connaissait pas, soit parce qu’il ne l’avait jamais vu avant son baptême, soit parce qu’il ne le connaissait pas encore comme le Messie promis, avant qu’il eût vu les miracles qui se produisirent alors. Joa., i, 32-34 ; cf. Cornélius a Lapide, In Joa., t. xvi, in-4°, Paris, 1860, p. 318. Le Précurseur remplit sa mission avec une abnégation admirable. Pendant qu’il baptisait à Ennon (t. ii, col. 1809), ses disciples apprenant que ceux de Jésus baptisaient aussi, en furent jaloux, et en manifestèrent leur mécontentement à leur maître. Mais avec la même humilité avec laquelle il avait répondu aux Juifs de Jérusalem qui étaient venus l’interroger qu’il n’était que la voix qui annonçait le Messie, Joa., i, 1923, il dit à ses disciples qu’il n’était point le Christ et qu’il fallait que le Christ croisse et qu’il s’eftace devant lui. Joa., iii, 27-30. Parmi les premiers chrétiens, quelques-uns furent d’abord baptisés du baptême de saint Jean. Act., xix, 1-6. Apollo, son disciple, avait aussi baptisé quelques Corinthiens. Act., xviii, 24-25. Voir t. i, col. 774. On trouve au commencement de l’Église les traces d’une secte hérétique appelée les Joannites qui ne confèrent que le baptême de Jean.’III. Emprisonnement et mort de Jean-Baptiste. — Hérode Antipas le fit jeter en prison. Matth., iv, 12 ; Marc, i, 14° ; Luc, iii, 20. On pense que cet événement eut lieu vers 781. Josèphe, And. Jud., XVIII, v, 2, dit que Jean fut. empoisonné à Machéronte, petite ville à l’est de la mer Morte. D’après cet historien, ibid., Hérode le fit emprisonner parce qu’il craignait une révolte de la part du peuple ; en réalité, le vrai motif de cette iniquité, ce