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JASPE — JASUB


cise les lieux d’où il était tiré et mentionne le jaspe de l’Inde qui ressemble à l’émeraude, celui de Chypre, vert foncé, celui de Perse, couleur du ciel, aerizou sa. Celui du Thermodon était bleu ; celui de Phrygie, pourpre ; il était le plus estimé. On avait aussi le terebentzion, couleur du térébinthe ; le capnias, couleur de fumée, enfin le grammatias, traversé et rubanné de lignes blanches. — De ses vertus magiques, Pline ne cite que celle de faire bien parler. Dioscoride signale une [variété qui a l’aspect du phlegme ; c’est certainement la pierre néphrétique, le jade ; il ajoute que le jaspe est excellent comme amulette. Les Lapidaires de l’Ecole d’Alexandrie, les Cyranides (F. de Mély, Les Lapidaires grecs, in-4°, Paris, -1897, p. 3 et 137), attribuées à Hermès, et les Lilhica d’Orphée, recueils des plus anciennes traditions orientales, font mention, les premières, de sa vertu de rendre puissant et redoutable, d’apprivoiser les bêtes sauvages, de chasser les maux d’estomac, quand il portait gravées certaines représentations, les secondes, d’être utile aux agriculteurs, en fécondant leurs champs, et de faire tomber la pluie d’un ciel sans nuages sur les terres desséchées. Les alchimistes grecs rattachaient le jaspe à la planète Mercure. Les Lapidaires arabes, toujours indispensables à consulter dans ces études sur l’Orient, lui croient de grandes affinités avec l’émeraude, ces deux pierres ayant pour origine commune l’argent. De leur temps, ils tiraient le jaspe de l’Yémen et en signalent une variété bleue, mais qui n’est, disent-ils, « qu’une production de l’art. » Ils ne connaissent pas le jaspe rouge. Saint Épiphane, De XII gemmis, t. xliii, col. 297, rapproche aussi le jaspe de l’émeraude ; il appartient, dit-il, au genre amathusien. Il ajoute que les mjthologues lui attribuent la vertu de chasser les fantômes, d’écarter les bêtes sauvages ; c’est la tradition hermétique qu’on retrouve ici. On attribuait également au jaspe la propriété d’aiguiser la vue par sa couleur verte, d’arrêter les hémorragies ; c’est apparemment de Galien, chez lequel on trouve cette fable pour la première fois, qu’est tirée cette tradition qui se perpétue jusqu’au moyen âge. Sans doute, les petites taches rouges du jaspe sanguin, qui ressemblent effectivement à des gouttes de sang, auront fait supposer qu’il l’arrêtait en le recueillant, et le symbolisme aussitôt le rapproche de la chair du Christ, dont les gouttes de sang coulant à travers sa chair, se répandent sur la terre pour sauver le genre humain (Pierre de Capoue). Il est curieux de voir dans le symbolisme de Pierre Bersure que le jaspe monté en argent est meilleur que celui monté en or, on ne peut que voir là l’influence arabe signalée plus haut. D’après saint Bruno d’Asti, la dureté du jaspe symbolise la foi ; sa verdeur, l’éternité des choses divines. F. de Mély.

XL Exégèse. — Le nom du jaspe dans les langues indo-européennes, en particulier en latin, jaspis, et en grec, î’a<rm ;, est un emprunt aux langues sémitiques, hébreu : yâseféh ; assyrien : aSpû (lettres de Tell-elamarna : yaspu), arabe : yaSf. Il semble qu’il ne devrait pas exister de difficulté d’identification. Cependant dans les deux listes parallèles des pierres précieuses du rational, Exod., xxviii, 18, et xxxix, 11, c’est la sixième pierre, yahâlâm, que les Septante rendent par îa<n : i ? (Vulgate : jaspis), et la douzième yâëeféh, qu’ils traduisent par ovjjriov (Vulgate : beryllus). Mais il n’est guère croyable que le faaictç grec ne soit pas identique au yâseféh hébreu. Bien que tous les manuscrits hébreux actuels soient d’accord sur l’ordre des pierres, il y a tout lieu de croire que, dans le manuscrit traduit par les Septante, la sixième pierre devrait être le ydseféh, et le yahâlôni était seulement à la douzième place. Les deux noms commençant par un yod, et ayant le même sombre de lettres avec une certaine ressemblance de forme dans l’ancienne écriture, ont pu être écrits l’un pour l’autre. L’ordre d’ailleurs n’a pas toujours été le

même dans la disposition des douze pierres, s’il faut en croire la liste donnée par Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5. Mais là du moins le jaspe est dans la seconde rangée (à la cinquième place, il est vrai, au lieu de la sixième) et le béryl est bien à la quatrième rangée et à la douzième

place. Dans le syriaque le jaspe, o<Su£, yaspéh, vient en douzième lieu ; de même en arabe, <_su£o, yasf,

et dans le texte samaritain, ^3*"(Tf, aipéh. Dans la liste donnée par Ézéchiel, xxviii, 13, et qui rappelle celle de l’Exode, le yâseféh, qui vient en sixième lieu, est justement rendu dans les Septante par ta<nci{. Dans cet endroit, la Vulgate traduit néanmoins comme dans les passages de l’Exode yahâloni par jaspis et yâseféh par beryllus. On peut donc admettre comme légitime l’identification du yâseféh avec le jaspe, malgré le désaccord apparent des Septante. — Le jaspe se présente comme une des pierres du rational du grand-prêtre, Exod., xxviii, 18 ; xxxix, 11 ; la douzième selon le texte massorétique, ou la sixième selon les manuscrits suivis parles Septante. S’il faut lui donner le douzième rang, c’est sur elle suivant plusieurs commentateurs qu’aurait été inscrit le nojn de Benjamin. Le jaspe est aussi mentionné parmi les neuf pierres précieuses (douze selon les Septante) de la parure du roi de Tyr. Ézech., xxviii, 13. Dans l’Apocalypse nous trouvons plusieurs fois ie jaspe : il figure parmi les pierres précieuses qui servent de fondement à la Jérusalem céleste. Apoc., xxi, 19. Ce sont les mêmes pierres que dans le rational du grandprêtre, mais placées dans un autre ordre. Dans la cité sainte, le jaspe occupe la première place. Apoc, xxi, 19. La muraille est aussi bâtie en pierre de jaspe. Apoc, xxi, 18. Aussi, quand le prophète vit la Jérusalem nouvelle descendre du ciel, elle avait à première vue l’aspect d’une pierre de jaspe, mais qui en même temps aurait été éclatante comme un cristal. Apoc, XXI, 11. Il est à remarquer que Dioscoride, v, 160, parle d’un jaspa qui a l’éclat d’un cristal, xpuoTocXXtoôri ;. Cette comparaison avec le cristal a amené plusieurs auteurs à identifier le jaspe de l’Apocalypse avec le diamant. Smith, Diction, of the Bible, 1863, t. i, p. 935. Mais l’Apocahpse ne compare pas le jaspe au cristal sous le rapport de la transparence. Dans la vision du Seigneur sur son trône, iv, 3, celui qui était assis avait l’aspect d’une pierre de jaspe. — Les Sfeptante et la Vulgate ont rendu par jaspe le nom hébreu kadkôd, dans Is., liv, 12 : mais il faut entendre par ce mot une autre pierre précieuse, peut-être le rubis. — E. F. K. Rosenmuller, Handbuch des biblische Alterthumskunde, Leipzig, 1830, t. iv, p. 43 ; I. Braun, Vestitm sacerdolum hebrxorum, in-8°, Leyde, 1680, p. 740-744. E. Levesque.

    1. JASSA##

JASSA (hébreu : Yahsâh ; Vaticanm : Bceaiv, Jos., xiii, 18° ; Alexandrinus : ’Ia.<s<jâ, Jos., xiii, 18 ; ’Ia<7 « , I Par., VI, 78), ville lévitique de la tribu de Ruben. Jos., xiii, 18 ; I Par., vi, 78. Elle est appelée ailleurs Jasa. Num., xxi, 23 ; Deut., ii, 32, etc. Voir Jasa, col. 1038.

A. Legendre.
    1. JASSEN##

JASSEN (hébreu : YâSën ; Septante : ’Aua-.), père de Jonathan, d’après la Vulgate. II Reg., xxiii, 22. Dans I Par., xi, 34, Jassen est devenu Assem. Voir Assem, 1. 1, col. 1127 et Jonathan 3.

    1. JASUB##

JASUB (hébreu : Ydsub ; Septante : ’IauoûS), nom de deux Israélites. De plus YâSûb est le second élément du nom prophétique d’un fils d’Isaie, SearYdsûb ; la Vulgate a traduit la première partie du nom : reliquise convertentur, et elle a conservé la seconde : Jasub. Is., vii, 3.

1. JASUB, troisième fils d’Issachar. Gen., xlvt, 13 ; Num., xxvi, 24 ; I Par., vii, 1. Dans la Genèse, son nom est altéré en Job, par suite de la suppression de la.