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JARDIN — JAREB


premier, on cultivait les légumes et les herbes comestibles, lentilles, fèves, laitue, endive et herbes amères servant de salade, porreau, ail, oignon, nielle, cumin, menthe, aneth, sénevé, Luc, xii, 19, etc., toute espèce de plantes. Is., lii, 11. Voir ces mots. Les pastèques, les melons, les concombres, et les autres cucurbitacés venaient aussi dans les jardins, et occupaient parfois des champs entiers, comme lemiqsâh, oixoripiiTov, cucumerarium, « champ de concombres, » dont parle Isaie, i, 8. Les anciens jardins potagers de Syrie étaient célèbres. Pline, H. N., xx, 16. — Les jardins d’agrément renfermaient des arbres capables de donner l’ombrage, des arbustes et des plantes portant des fleurs et des fruits. Voir Arbres, t. i, col. 889-894 ; Fleur, t. ii, col. 2288 ; Fruit, t. ii, col. 2412. Les plantes odoriférantes et balsamiques étaient particulièrement recherchées. Cant., iv, 16 ; vi, 2. Cf. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 20, 21. On ne se contentait même pas de la flore indigène, et l’on faisait venir des plantes de l’étranger. Is., xvii, 10.

— 2° La Loi défendait de mêler ensemble des semences différentes. Lev., xix, 19 ; Deut., xxii, 9. Cette prohibition rappelait aux Israélites qu’ils ne devaient pas se mélanger eux-mêmes avec les peuples étrangers ; elle avait aussi pour but de’prévenir l’inconvénient signalé par Notre-Seigneur, Matth., xiii, 29, dans le cas où les deux semences n’arrivent pas à maturité dans le même temps. La Mischna, Kilaim, iv, 3, 4, a formulé des règles méticuleuses pour assurer l’exécution] de ce point de la Loi. — 3° Chacun cultivait son jardin. Il y avait cependant des ouvriers spéciaux qui s’occupaient de jardinage. Le roi Ozias avait à son service des cultivateurs dans les montagnes et dans son jardin, II Par., xxvi, 10. Un jardinier, xT]Kovp6c, hortulanus, était sans doute aux gages de Joseph d’Arimathie. Joa., xx, 15. Le principal outil de jardinage devait être la houe. Voir Houe, col. 766. Le jardinier prenait soin des plantes, et n’ignorait pas l’art de les greffer. Rom., XI, 17, 19, 23-24. La Mischna, Kilaïm, i, 7, 8, défendait encore de mettre sur un sauvageon une greffe d’espèce différente. Pour protéger les jeunes pousses contre l’avidité des oiseaux, le jardinier dressait au milieu d’elles un épouvantail, irpoëa<rxâviov, formido, auquel Baruch, VI, 69, compare les statues des idoles, parce que les voleurs ne craignent pas plus l’idole que l’épouvantail. On mettait du fumier au pied des arbres et des plantes. Luc, xiii, 8. Comme les vignes, les jardins étaient entourés de haies ou de murs en pierres sèches. Is., v, 5 ; Prov., xxiv, 31 ; Matth., xxi, 33 ; Marc, xii, 1. Parfois même, un gardien y résidait dans nne sorte de hutte. Job, xxvii, 18 ; Is., i, 8. Ces précautions étaient indispensables pour empêcher les jardins d’être ravagés par les bêtes sauvages ou pillés par des passants sans scrupule. Il y avait cependant des dévastations qu’on ne’pouvait prévenir ; telle, par, exemple, celle des sauterelles. Am., iv, 9. —, 4° Dans un pays chaud comme la Palestine, la proximité de l’eau était la condition essentielle de la prospérité et même de l’existence d’un jardin. On n’en pouvait donc planter que dans le voisinage des sources. Le jardin royal de la vallée du Cédron était auprès de la fontaine de Rogel, III Reg., i, 9 ; ceux de l’ouadi Ourtas auprès des eaux de l’Aïn-Saléh. Voir Aqueduc, t. i, col. 799. L’irrigation était de toute nécessité et la grande préoccupation de l’horticulteur était de dériver à son profit un peu des eaux de la source voisine ou d’aller lui-même y puiser. Eccli., xxrv, 42, 43. Un jardin sans eau n’avait bientôt que des plantes flétries. Is., i, 30. — 5° Les ombrages d’un jardin bien cultivé et bien arrosé constituaient un séjour des plus agréables, dans lequel on pouvait se livrer à la joie de l’existence. Amos, ix, 14, promet aux Israélites revenus de captivité qu’ils replanteront des jardins et en mangeront les fruits. Par contre, quand leur pays est dévasté par la colère de Dieu, les Moabites ne peuvent plus seréjouir dans leurs jardins. Is., xvi, 10 ; Jer., xlvui, 33.

III. Comparaisons tirées des jardins.

1° Un jardin planté sur le bord des eaux et bien arrosé est l’image d’une grande prospérité, ordinairement due à la bénédic’don divine. Num., xxiv, 6 ; Is., li, 3 ; lviii, 11 ; Jer., xxxi, 12 ; Ezech., xxxvi, 35. Parfois cependant cette prospérité est accordée à des méchants. Job, tiii, 16. Le roi de Tyr et le roi d’Egypte sont comparés à un « jardin de Dieu », c’est-à-dire à un jardin magnifique, Ezeck., xxviil, 13 ; xxxi, 8, 9, à cause des biens temporels dont ils ont été comblés. — 2° Le jardin dévasté, desséché, brûlé, est le symbole des effets de la malédiction divine. Is., i, 30 ; x, 18 ; Joël, ii, 3.

H. Lesêtre.
    1. JARDINIER##

JARDINIER (xETtoûpoç ; Vulgate : hortulanus), celui qui cultive un jardin. Saint Jean, xx, 15, fait allusion au « jardinier » de Joseph d’Arimathie. Le jardinier n’a pas de nom particulier dans l’Ancien Testament, mais Néhémie parle du gardien des jardins du roi de Perse (voir Jardin, 5°, col. 1133) et l’on peut voir aussi dans le gardien qui se fait un abri contre le soleil, Job, xxvii, 18, un homme qui garde un jardin. Cf. Is., i, 8 ; II Par., xxvi, 10.

JARÉ (hébreu : Ye’rah ; Septante : ’Iapâx), le quatrième des treize fils de Jectan, descendant de Sem par Héber. Gen., x, 26 ; I Par., i, 20. Il fut le père d’une tribu de l’Arabie méridionale. L’identification de cette tribu est douteuse. — 1° D’après Bochart, les descendants de Jaré sont les Aliléens, qui habitaient près de la mer Rouge, dans une contrée où l’on trouvait de l’or. Diodore de Sicile, III, xlv, 6, édit. Didot, t. i, p. 159. Comme Yérah a le sens de lune, Bochart suppose qu’Aliléens signifie « fils de la Lune » ou d’Alilat à laquelle ils rendaient un culte. Hérodote, iii, 8. — 2° D’après J. D. Michælis, Spicilegium, ii, 60, comme dans la Genèse Jéra est nommé après Asarmoth (hébreu : Hâsarmdvé() qui correspond à l’Hadramaut, c’est près de ce dernier pays qu’il faut chercher la tribu issue de Jéra, en un lieu que les géographes arabes appellent Djabbiïlqamar, « rive ou côte de la lune, » et JDjébeliïl-qamar, « montagne de la lune, » à l’est de l’Hadramaut, non loin de Schorma. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 630. — 3° M. D.S. Margoliouth, dans Hastings, Dictionary ofthe Bible, t. ii, 1899, p. 568, croit que Jaré peut désigner les habitants de Yâruhou de Yarâh, villes situées dans le "Yémen et dans le Hedj’az, ou bien un autre endroit appelé Warâfy. Toutes ces explications ne reposent que sur des hypothèses contestables. F. Vigouroux.

    1. JAREB##

JAREB (hébreu : Yârêb ; Septante : ’Iapsî|i ; ’Iapsfê, dans Théodoret de Cjr, In Ose., v, 13, etx, 6, t. lxxxi, col. 1581, 1605 ; Jarib dans saint Jérôme, In Vse., i, 13, t. xxv, col. 864-865, qui déclare que la lecture Jarim, avec un m final, - est fautive ; Vulgate : ultor, traduction du mot hébreu), nom d’un roi d’Assyrie dans Ose., v, 13 ; x, 6, d’après un grand nombre de commentateurs. Plusieurs y ont vu un nom de pays, comme la version syriaque (l’Egypte, d’après saint Éphrem), d’autres, un nom allégorique. Un grand nombre y voient aujourd’hui un nom propre, celui d’un roi d’Assyrie. Il est en effet difficile de ne pas admettre qu’il s’agit d’un roi de ce pays. « Quand Éphraim a vu son mal et Juda sa blessure, dit le prophète, Éphraim s’est tourné vers Assur, et il a envoyé [des messagers] au roi Jareb ; mais il ne pourra ni vous guérir ni panser votre blessure… Sa gloire sera transportée en Assyrie comme un présent au roi Jareb. » II Ose., v, 13 ; x, 6. Mais Jareb est-il le nom propre de ce roi, ou bien un surnom ou enfin une épithéte par laquelle le désigne le prophète et signifiant soit « vengeur », comme a traduit saint Jérôme, soit « l’ennemi » ou « le roi du [peuple] ennemi », comme l’expliquent d’autres exégètes ? Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1286. D’après W. Max Mûller, dans la Zeit&chrift fur allteslanienll. It’a-