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JACQUES BAR SALIBI — JACQUES D’ÉDESSE


Le livre de Jérémie comporte trois commentaires, l’un fait sur les Septante, le second sur la Peschito, et le troisième matériel et spirituel. Pour faire comprendre ces deux derniers mots, nous dirons que les paroles du Ps. m sont toutes interprétées, au sens matériel, de la révolte d’Absalom contre David et, au sens spirituel, des sévices des Juifs et des démons contre l’humanité du Messie. — Le commentaire sur le Nouveau Testament se trouve dans la plupart des bibliothèques syriaques. Citons le manuscrit de Paris n° 67, écrit à Édesse en 1174, c’est-à-dire trois ans seulement après la mort de l’auteur, et un manuscrit de Dublin daté de 1197. Asséman a donné des extraits de cet ouvrage. Bibl. orient., t. ii, p. 157-170. Dudley Loftus a traduit en anglais une partie du commentaire sur saint Matthieu et le commencement du commentaire sur saint Marc : À clear and learned explication of the history of our Blessed Saviour J. C. taken out of above 30 greek, syriack and other oriental authors by way of catena by Dionysius Syrus and faithfully translated by Dudley Loftus, Dublin, 1695, et The exposition of Dionysius Syrus, written above 900 years sinee on the Evangelist St. Mark, translated by D. L., Dublin, 1672. — Voir Bar Hébrseus, Chronicon eccles., t. i, p. 513-515 et 559 ; Assémani, Bibl. orient., t. ii, p. 156-211 ; Rubens Duval, ha littérature syriaque, Paris, 1899, p. 79-80, 399-400.

F. Nau.

G. JACQUES D’ÉDESSE, écrivain syrien né au village d’Endêba, dans le district de Goumiah (Al-Djumah), province d’Antioche, vers 640 (peut-être en 633), et mort au monastère de Téléda, le 5 juin 708.

I. Sa vie et sa doctrine.

Une courte biographie de Jacques d’Édesse nous a été conservée par Bar Hébræus, Chron. eccles., t. i, p. 290-294. Il étudia avec soin la langue grecque et les Saintes Écritures au couvent d’Aphtonia ou de Kennesré (sur la rive gauche de l’Euphrate, en face d’Europus) et alla compléter ses études a Alexandrie. Il fut nommé évêque d’Edesse vers 684, par le patriarche Athanase II, son ancien condisciple, ^mais ne put supporter une cabale formée contre lui par certains clercs et abandonna spontanément son siège. Il se retira au monastère de Saint-Jacques de.Kaisoum (entre Alep et Édesse), puis fut invité par les moines d’Eusébona (diocèse d’Antioche) à venir demeurer parmi eux. Il y resta onze ans à expliquer les Psaumes et les Écritures d’après le texte grec, et à restaurer les études grecques tombées en désuétude. Il fut combattu par les frères qui n’aimaient pas les Grecs, et dut se retirer au grand monastère de Téléda (probablement le moderne TeU’âdi ou Tell’âde ; voir Sachau, Reisein Syrien und Mesop., Leipzig, 1883, p. 459), il y habita neuf ans et y fit une revision du texte de l’Ancien Testament. Il reprit possession de son siège épiscopal d’Édesse en 708, mais pour quatre mois seulement, et mourut au monastère de Téléda où il s’était rendu pour y chercher ses livres et ses disciples.

D’après M. Wright, Syr. Lit., Londres, 1894, p. 143, et Journal of Sacrtd Literature, 4 8 série, t. x, p. 430, Jacques tient dans la littérature de son pays la même place que saint Jérôme parmi les Pères latins. C’était, pour son temps, un homme de grande culture d’esprit, qui était familier avec le grec, l’hébreu et les anciens écrivains syriaques, c’était un àvTjp TptyXwrro ;. « À son « poque, dit P. Martin, dans le Journ. as., 1888, t. xi, p. 155, il n’y avait pas, dans le monde chrétien, un auteur qu’on pût lui comparer : un auteur plus laborieux et plus instruit, un auteur doué de connaissances plus variées et plus étendues, maniant la plume avec plus d’ardeur et , en faisant sortir de meilleures productions. » Il fit de nombreuses traductions du grec en syriaque, et une revision de l’Ancien Testament, commenta l’Écriture, écrivit un hexaméron, une chronique, une liturgie, des canons, de nombreuses lettres, etc. Jacques d’Édesse fut

un adversaire du concile de Chalcédoine. Cf. Lamy, Dis- _ sertatio de Syrorum fîde et disciplina in re euchanstica, Louvain, 1859, p. 206-214.

II. Sa revision de l’Ancien Testament. — Une partie de cette revision nous est conservée dans quatre manuscrits. Deux (add. 14429 et 14441) se trouvent à Londres, au British Muséum. Ils sont datés de 719 et ont donc été écrits onze ans seulement après la mort de Jacques d’Édesse. Le premier renferme les deux livres de Samuel, avec le commencement des Rois, le second contient Isaie et a été publié en majeure partie par Ceriani : Esaix fragmenta syriaca versionis anonymm et recensionis Jacobi Edessse, dans les Monum. sacra et prof., t. v, fasc. i, 1868. Les deux autres manuscrits se trouvent à Paris, à la Bibliothèque nationale ; l’un (Syr. n. 27) contient le livre de Daniel, il est daté de 720. Des fragments de ce texte et quelques-unes des gloses ont été publiés par Bugati, Daniel secundum edilionem LXx interpretum, Milan, 1788. D’après Bugati, Jacques revisa la Peschito à l’aide d’une version grecque qui n’est pas celle des Septante, mais dérive de Théodotion. L’autre manuscrit de Paris (Syr. n. 26) renferme le Pentateuque ; il fut décrit d’abord par Ladvocat, dans le Journal des savants, août 1765, p. 542-555. Cet auteur cite les notes placées à la fin des divers livres ; celle qui termine la Genèse porte : « Ici finit le premier livre de Moise, appelé le livre de la création, lequel a été rectifié (revisé) avec soin sur deux traditions (versions), tant des Grecs que des Syriens, du (par le) pieux évêque d’Orrhoaï (d’Édesse), l’an de Séleucus 1015 (704), dans le grand monastère du village de Téléda. » On trouve la même date à la fin de l’Exode et du Lévitique, mais à la fin des Nombres et du Deutéronome on trouve l’an 1016 de Séleucus (705). Ladvocat crut pouvoir en conclure que le manuscrit lui-même avait été écrit à cette époque ; il reconnaissait cependant qu’il ne pouvait être de la main de Jacques d’Édesse parce qu’on y relevait des transpositions et autres fautes qui étaient certainement le lait de copistes. Silvestre de Sacy, Notices et extraits des manuscnts, t. iv, p. 648-669, n’eut pas de peine à montrer que ces dates 701-705 se rapportent à la composition de l’ouvrage par Jacques et non à la transcription du manuscrit. Il fit remarquer de plus que ce manuscrit renferme d’assez nombreuses lacunes et qu’il est de deux mains et de deux époques différentes. Enfin M. Ceriani, Monumenta sacra et profana, t. ii, fasc. i, p. x-xiii, écrivit que la partie la plus ancienne est du vin< siècle, et en publia quelques fragments : Gen., iv, 8-16 ; et v, 21-vi, 1. Ladvocat et Silvestre de Sacy sont d’accord d’ailleurs pour montrer par des citations et des extraits l’importance de cette revision. Jacques d’Édesse avait sous les yeux le texte grec (le texte des Septante d’après Bugati. mais nous croirions plutôt que c’était une revision de ce texte, ou un texte hexaplaire), car il cite parfois le mot grec ou le transcrit en marge. La version sjriaque dont il se sert semble différer souvent de la Peschito, S. de Sacy conjecture donc qu’il corrigeait l’ancienne version syriaque d’après la Peschito et les Septante. Il utilise aussi le Pentateuque samaritain et lui emprunte une addition, Exod., viii, 4, et Num., x, 10 ; il en avertit du reste en note. De même Deut., xxvii, 4, Jacques, comme le Samaritain, substitue le mont Garizim au mont Hébal et ajoute une longue note pour justifier cette leçon. En d’autres endroits, on constate que Jacques lisait certains mots hébreux autrement que les Massorètes. Nous avons constaté aussi qu’en Exod., xxviii, 22-29, et xxxvi, il suit le texte hébreu (ou celui de la Peschito). En somme, il voulut donner au vin » siècle une édition critique du Pentateuque basée sur les textes hébreu, grec, syriaque et samaritain. Notons encore que Jacques fut le père de la Massore syrienne. Voir Massore.

III. Ses traductions.

Jacques d’Édesse traduisit du grec en sjriaque en particulier les homélies de Sévère