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et sur son second avènement, Marc, xiii, 3-4. — Le Sauveur changea le nom de Jacques et de Jean et les appeL Boanerges, ce qui signifie « fils du tonnerre », Marc., iii, 17, par allusion sans doute î la vivacité et à l’impétuosité de leur caractère. Voir Boanerges, t. î, col. 1821. Cf. Die Evangelien des Markus und Lukas, dans Kritisch exegetischer Kommentar, de H. A. W. Meyer, in-8°, Gœttingue, 1892, p. 55. Cette ardeur de caractère se manifesta surtout dans deux circonstances : la première fois ce fut durant le voyage de Jésus à Jérusalem. Luc, îx, 52-56. Les Samaritains ne voulurent pas le recevoir parce qu’il allait à Jérusalem ; indignés de ce traitement Jacques et Jean demandèrent à Jésus la permission de faire descendre Je feu du ciel sur les Samaritains pour les consumer ; Jésus les reprit d’une telle proposition. La seconde fois, ce fut encore durant un voyage à Jérusalem, Marc, x, 35-40 ; Jacques et Jean demandent à Jésus de les faire asseoir l’un à sa droite et l’autre à sa gauche dans son royaume. Cf. aussi Matth., xx, 20-23. Selon l’usage juif, la droite et la gauche indiquaient les places d’honneur. Josèphe, Ant. jud., VI, xi, 9. Le Sauveur refusa d’accéder à leur demande. — On ne sait plus rien de saint Jacques depuis le moment où il assista à l’agonie du Jardin des Olives, jusqu’après l’ascension. Lorsque le Sauveur fut monté au ciel, il se prépara par la prière avec les autres apôtres dans le cénacle à la descente du Saint-Esprit. Act., i, 13-14. Il fut le premier des Apôtres, qui versa, Act., xii, 2, son sang pour Jésus-Christ. S'étant rendu avec Pierre, à Jérusalem pour y célébrer la fête de Pâques, vers l’an 42, Hérode Agrippa I er s’empara de sa personne et le fit périr par le glaive. Act., xii, 2.. Cf. Eusèbe H. E., ii, 1, 9, t. xx, 136, 157 ; iii, 5, col. 221. V. Ermoni, Les Églises de Palestine aux deux premiers siècles, dans la Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, 2 « année, 15 janvier 1901, p. 16.

2° La tradition a ajouté les détails suivants au martyre de saint Jacques. Clément d’Alexandrie, au vii « livre des flypotyposes, dans Eusèbe, H. E., ii, 9, t. xx, col. 157, raconte que celui qui conduisait saint Jacques devant le tribunal, le voyant confesser si ferme, ment la foi de Jésus-Christ, fut rempli d'émotion et confessa lui-même qu’il était chrétien. Pendant qu’on les conduisait tous deux au supplice, son compagnon pria saint Jacques de lui accorder le pardon ; l’apôtre, après un moment de réflexion, lui dit : « La paix soit avec toi ; » et il l’embrassa. Tous deux eurent alors la tête tranchée. Cette tradition, ainsi que le fait de la conversion du magicien Hermogène, a été acceptée par le Bréviaire romain, 25 juillet, 2 S leçon du n « nocturne.

3* D’après des légendes plus récentes, saint Jacques le Majeur alla prêcher l'évangile en Espagne et retourna de là à Jérusalem où il subit le martyre. La première mention qu’on connaisse de cette prédication se trouve dans De vita et obitu sanctorum utriusque Testamenti, 71, attribué à saint Isidore de Séville, t.LXXXHi, col. 151. Une autre source légendaire fait transporter son corps à Iria, aujourd’hui El Padron, dans le nord-ouest de l’Espagne. Théodomir, évêque d’Iria (772), en fut le premier auteur. D’après lui. le corps de saint Jacques fut porté après son martyre à Joppé, et de là par mer à Iria où on le débarqua. On le conduisit alors à Liberum Donum, connu depuis sous le nom de Santiago ou saint Jacques de Compostelle. Compostelle est, selon les uns, une contraction de Jacomo Apostolo ; selon les autres, de Campus stellse, parce que ce fut une étoile miraculeuse qui révéla en 772 à l'évêque Théodomir le lieu où étaient ensevelies les reliques de l’apôtre. On commença vers 1082 à bâtir sur son tombeau une magnifique église qui devint cathédrale en 1112. C’est à cause de ces légendes que saint Jacques est devenu le patron de l’Espagne. Le pèlerinage de saint Jacques de Compostelle, en Galice, a été | pendant des siècles le plus célèbre de la chrétienté après i

celui des Lieux Saints. Les critiques s’accordent néanmoins à rejeter les deux légendes espagnoles relatives à saint Jacques. Voir Baronius, Martyrologium romanum, 25 jul., Anvers, 1589, p. 325 ; Acta sanctorum, julii t. VI, 1729, p. 73-114 ; Tillemont, Mémoires, Bruxelles, 1706, t. î, p. 899 ; Gams, Die Kirchengeschichte von Spanien, Ratisbonne, 1862. V. Ermoni.

    1. JACQUES (SAINT) LE MINEUR##


2. JACQUES (SAINT) LE MINEUR, fils de Marie, sœur de la sainte Vierge, et de Cléophas ou Alphée, Matth.', xxvii, 56 ; Luc, xxiv, 10 ; Joa., xix, 25 ; frère de Jude, Luc, vi, 16 ; Act., i, 13 ; Jud., i, et aussi frère (cousin) du Seigneur, Matth., xiii, 55 ; Marc, vi, 3, Gal., i, 19, etl’undes douze Apôtres. Matth., x, 3, Marc, iii, 18 ; vi, 3 ; Luc, vi, 15 ; Act., 1, 13 ; xii, 17 ; xv, 13 ; xxi, 18 ; ICor., XV, 7 ; Gal., Il, 9, 12 (fig. 200).

I. Identité de Jacques frère du Seigneur et de Jacques fils d’Alphée. — 1° Tout le monde reconnaît que Jacques fils de Zébédée (voir Jacques 1, col. 1082) et Jacques fils d’Alphée sont deux personnes distinctes ; mais un certain nombre de critiques veulent distinguer aussi Jacques fils d’Alphée de Jacques frère du Seigneur, contrairement à la tradition de l'Église latine. Cette identité a été reconnue par le concile de Trente, qui, Sessio xiv, De Extrema Unctione, c î, can. 1, 3, déclare que Jacques, l’auteur de la première ÉpUre catholique, et par conséquent le frère du Seigneur, est Jacques l’Apôtre, c’est-à-dire le fils d’Alphée. Elle s’appuie sur les raisons suivantes : — 1. Saint Paul, Gal., i, 19, affirme que Jacques, frère du Seigneur, était apôtre ; il est donc le même que le fils d’Alphée. Ce passage est péremptoire et il est confirmé par les autres écrits du Nouveau Testament. — 2. Saint Luc, vi, 13-16, dans sa liste des Apôtres, ne mentionne que deux personnages du nom de Jacques : l’un qu’il appelle simplement Jacques, ꝟ. 14, et l’autre qu’il appelle fils d’Alphée, j}. 15 ; le même saint Luc, après avoir mentionné dans les Actes, xii, 2, le martyre de Jacques, fils de Zébédée, identique à celui de Luc, vi, 14, de la liste des Apôtres, continue le parler dans les chapitres suivants de Jacques, évêque de Jérusalem, frère du Seigneur, qu’il identifie ainsi à celui de Luc, vl, 15, c’est-à-dire au fils d’Alphée. — 3. Jacques, frère du Seigneur, est représenté comme exerçant une grande autorité parmi les Apôtres, Act., xii, 17 ; xv, 13 ; xxi, 18 ; dans Gal., ii, 9-12, il est même mentionné avant Céphas et Jean, avec lesquels il est une des colonnes de l'Église ; or il ne pouvait occuper une telle place parmi les Apôtres que parce qu’il était apôtre lui-même. — 4. C’est ainsi que les anciens Pères ont compris ces passages du Nouveau Testament. Voir Papias d’Hiérapolis, dans Routh, Rehquix sacrse, Oxford, 1846, t. î, p. 16, 23, 43 ; Clément d’Alexandrie, Hypot., ru, dans Eusèbe, H. E., ii, 1, t. xx, col. 136 ; S. Jean Chrysostome, In Gal., i, 19, t. lxi, col. 632 ; S. Jérôme, Adv. Helv., xiii, t. xxiii, col. 195-196. Cf. Tillemont, Mémoires, 2 « édiU in-4°, Paris, 1701, p. 365.

2° L'Église grecque fait aujourd’hui dj Jacques le Mineur une personne différente de celle de Jacques fils d’Alphée, et célèbre leur fête à des jours distincts, le 25 et le 9 octobre. Nicétas Paphlagon, dans les Actes de Jacques d’Alphée, dit qu’il n’est pas le même que 1cfrére du Seigneur, t. cv, col. 148 ; Métaphraste, dans la Vie ; de Jacques frère du Seigneur, ne fait aucune mention du fils d’Alphée. L’autorité de ces écrivains n’est pas considérable ; celle de saint Épiphane qui soutient la même opinion, Hser., lxxix, 3, t. xiii, col. 744, n’a pas beaucoup plus de poids dans les matières de ce genre. Saint Grégoire de Nysse a embrassé la même opinion, Orat., n. De resur., xlvi, col. 648, mais c’est parce qu’il a confondu Marie de Cléophas avec la Sainte Vierge, et fait de Jacques un fils de saint Joseph. Cf. Acta sanctorum, 1680, maii t. î, p. 24-27. Les savants modernes qui se prononcent pour la dis-