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GALILÉE


à travers le dédale des monts de la Haute Galilée. Certaines lignes de trafic, quelques khans en ruineet des vestiges de voies romaines les jalonnent encore. Depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, Damas a eu ses débouchés vers la mer. Ils ont varié suivant les âges et les circonstances politiques. Les ports qui servirent d’entrepôts à la grande ville furent tantôt Tripoli, Beyrout, Sidon, tantôt Tyr, Saint-Jean d’Acre ou Khaïfa. Les trois derniers furent longtemps lès préférés et les plus commodes. Une route, longeant le pied de l’Hermon, passait par Banias, traversait le Jourdain à Tell el-Qadi et, par Abrikfia, s’en allait en droite ligne à Tyr. Pour atteindre Akka ou Caïpha, une autre descendait, dans la direction du sud-ouest, vers le Djitr Bendt Yaqub, au sud du lac Mérom, et s’engageait à travers la limite des deux Galilées, ou suivait le lac de Tibériade pour rejoindre la plajne d’Esdrelon, Une troisième avec ses embranchements passait le Jourdain au sud du lac de Génésareth et se rattachait au réseau de la grande plaine, qui fut comme le carrefour dés nations anciennes. Celle qui, par les bords si fréquentés du lac de Tibériade, traversait les tribus de Nephthali et de Zabulon, était cette « voie de la mer » dont parle Isaïe, ix, 1, en annonçant les divines clartés que le Messie devait répandre sur ces contrées. La Galilée était ainsi sillonnée par une foule de routes qui la coupaient de l’est à l’ouest, convergeant vers les points importants de la côte méditerranéenne et du Jourdain. D’autres la parcouraient en sens inverse, suivant la plaine maritime du sud au nord, ou s’engageant à travers les collines, dans la même direction, par exemple, par Safed, Qadès et Hounin vers le Nahr el-Qasimiyèh.

111. Histoire. — Les Israélites, en s’établissant dans le nord de la Palestine, gardèrent au milieu d’eux un grand nombre des Chananéens vaincus. Jud., i, 30-33 ; IV, 2. Cette faiblesse fut pour eux la source de fréquentes difficultés. D’un autre côté, en raison du voisinage des nations idolâtres, l’élément païen resta toujours assez fort dans cette région. Is., ix, 1. il devint prédominant lorsque Théglathphalasar, roi d’Assyrie, eut emmené en captivité les habitants de la Haute Galilée et de la terre de Nephthali. IV Reg., xv, 29 ; Josèphe, Ant.jud., IX, xi, 1. Après le retour de l’exil, à l’époque, asmonéenne, les Juifs étaient peu nombreux au sein de ces populations qui les opprimaient. Ils envoyèrent un jour demander protection à Judas Machabée. en disant que lès gens de Ptolémaïde, de Tyr et de Sidon, et toute a Galilée des nations s’étaient assemblés contre eux pour les perdre. Celui-ci chargea de eur défense Simon, son frère, qui partit avec trois mille hommes, livra de nombreux combats aux gentils, dont près de trois mille tombèrent sous ses coups, puis emmena avec lui en Judée, à la joie de tout le peuple, les Juifs de Galilée, avec leurs femmes, leurs enfants et tout ce qui leur appartenait., 1 Mach., v, 14-23, 55 ; Josèphe, Ant. jud., XII, VIII, 2. Sous Jonathas Machabée, le pouvoir des Asmonéens s’accrut rapidement et s’étendit apparemment sur la Galilée. Ant. jud., XIII, ii, 3 ; iv, 9 ; v, 6. Jonathas défit les généraux de Démétrius à Cadès, I Mach., xi, 63-74 ; Ant. jud., XIII, v, 6 ; mais il finit par se laisser prendre au piège que lui tendit Tryphon, tandis que les deux mille hommes qu’il avait renvoyés en Galilée réussirent à rentrer sains et saufs en Judée. I Mach., xii, 47-52 ; Ant. jud., XIII, vi, 2. La Galilée forma une partie du royaume asmonéen, et participa sans doute à la prospérité générale sous le gouvernement de Jean Hyrcan. C’est peut-être à cette époque que les Juifs commencèrent à s’établir dans la province. On comprend d’ailleurs’que la fertilité du sol et les facilités du commerce aient attiré un bon nombre d’émigrants dès collines moins riches de la Judée. L’an 47 avant Jésus-Christ, Antipater ayant été homme gouverneur de

la Judée, confia le gouvernement de la Galilée à son fila Hérode, âgé de vingt-cinq ans, Ant. jud., XIV, ’ix, 2, qui y domina plus tard en roi. À la mort de celui-ci, Hérode Antipas devint tétrarque de la Galilée et de la Pérée, Ant. jud., XVII, yiii, 1, fonction qu’il garda jusqu’à son bannissement, 39 après Jésus-Christ, c’est-à-dire pendant la période où s’écoula la vie du Sauveur. Luc, iii, 1 ; xxiii, 7. La contrée passa ensuite à Hérode Agrippa I", puis, après lui, fut placée sous l’autorité du procurateur romain de la Judée, à l’exception d’un petit district qui fut donné à Hérode Agrippa II. Elle demeura dans cette situation jusqu’à la ruine finale de la nation.

La Galilée doit surtout à l’évangile la place qu’elle tient dans l’histoire du monde. C’est « dans une ville de Galilée, nommée Nazareth », que le Fils de Diett s’incarna, passa son enfance et sa jeunesse, et fit entendre sa parole au début de son ministère. Cf. Luc, i, 26 ; ii, 4, 39 ; iv, 14, 16 ; Matth., ii, 22, 23 ; iv, 12, 13 ; xxi, 11 ; Marc, i, 9, 14. « Caria de Galilée » fut le théâtre de son premier miracle. Joa., ii, 1, 11 ; iv, 46. g Capharnaûm, ville de Galilée, » lui servit de séjour, quand il eut quitté Nazareth, et recueillit les nombreuses marques de sa puissance et ses divins enseignements. Matth., iv, 13 ; ix, 1 ; xi, 20 ; Luc, iv, 31. « ; La mer de Galilée » fut témoin de plusieurs événements importants de sa vie publique : vocation des apôtres, tempête apaisée, pêche miraculeuse, etc. Matth., iv, 48 ; xv, 29 ; Marc, l, 16 ; vii, 31. Jésus parcourut la Galilée, prodiguant partout, dans les villes et les villages, les marques de sa bonté ; les "foules venaient des moindres hameaux pour le voir et l’entendre. Matth., iv, 23, 25 ; Marc, i, 14, 28, 39 ; iii, 7 ; Luc, iv, 44 ; v, 17 ; xxiii, 5. C’est là qu’il se transfigura sur une montagne, Matth., xvii, 1, Marc, ix, 1 ; Luc, ix, 28, et enfin qu’il se montra à ses Apôtres, des Galiléens eux aussi, après sa résurrection. Matth., xxvi, 32 ; xxviii, 7, 10, 16 ; Marc, xiv, 28 ; xvi, 7. La Galilée fut donc le berceau de la foi chrétienne, le théâtre des actions et de la prédication du Sauveur pendant une bonne partie de son ministère. Est-il étonnant que tant de pages des Évangiles reflètent la physionomie physique et morale de cette contrée ? Les miracles, les discours, les paraboles de Notre-Seigneur, les événements qui marquent chacune de ses journées, tout nous est un tableau faisant revivre à nos yeux les richesses et les beautés de la nature, les mœurs du pays. Qu’on se rappelle, en particulier, le sermon sur la montagne, Matth., v-vn ; la résurrection du fils de (a veuve de Naïm, Luc, vil, 11-16 ; la multiplication des pains, Matth., xiv, 13-21 ; Marc, vi, 31-44 ; les noces de Cana, Joa., ii, 1-41 ; la vocation et le festin de Lévi, Luc, v, 27-39 ; les paraboles de la semence, de l’ivraie, du grain de sénevé, Matth., xiii ; etc. Rien n’échappe au regard et à l’esprit du Maître : le ciel, la terre, la mer, les champs de blé, les fleurs, l’herbe de la prairie, les poissons, les oiseaux, tout sert de base à ses admirables enseignements.

Patrie du Christ et des Apôtres, la Galilée devint, après la ruine de Jérusalem, le centre religieux des Juifs, le siège de leurs plus brillantes écoles, la résidence de leurs plus célèbres rabbins. On trouve encore en plusieurs endroits de beaux restes de leurs synagogues. Tibériade surtout fut leur ville sainte. C’est là que se fixèrent les lois orales et traditionnelles, auxquelles fait si souvent allusion Notre-Seigneur, et qui formèrent, au commencement du iiie siècle, un vaste recueil connu sous le nom de Mischna, « répétition » ou « seconde loi », complété plus tard par la Gémara. Les deux compilations réunies constituent le Talmud de Jérusalem. C’est là également que naquit la Massore ou travail critique sur le texte hébreu de la Bible, fruit de longues et consciencieuses études. — Pour le caractère et le dialecte des habitants de la Galilée, voir Galiléen..

IV. Bibliographie.

H. Reland, Pal&stina, Utrecht, '