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ITURÉE — IVOIRE


Josèphe, Ant. jud., XIV, mi, 4, la désigne ainsi que ses successeurs sous le nom de dynastes. On lui a attribué les monnaies qui portent l’inscription grecque : « Ptolémée, tétrarque, grand-prêtre. » Eckhel, Doctrina numoruni, t. iii, p. 263 ; Mionnet, Description des médailles, t. v, p. 145, supplém., t..vin, .p. 19, etc. Mais cette attribution, est douteuse. Head, Historia numoruni, in-8°, Londres, 1887, p. 655. Ptolémée mourut en 40 avant J.-C. et eut pour successeur son fils Lysanias. Josèphe, Ant. jud.., XIV, xiii, 3 ; Bell, jud., i, XIII, 1 ; Dion Cassius, xlix, 32. À l’instigation de Cléopatre, Antoine fît exécuter ce prince, sous prétexte qu’il conspirait avec les Parthes, et donna une partie de son territoire à la reine d’Egypte. Josèphe, Ant. jud., XV, iv, 1 ; Bell, jud., I, xxii, 3 ; Dion Cassius, xlix, 32. On ignore si c’està lui ou à un autre prince de ce nom qu’il faut attribuer les monnaies qui portent l’inscription : « Lysanias tétrarque et grand-prêtre. » Mionnet, Suppl., t. viii, p. 119 ; Head, Historia numor., p. 655. À partir de cette époque, l’ancien royaume de Ptolémée fut divisé. En 23 ayant J.-C, un certain Zénodore reçut à ferme de Cléopatre m : „ partie du domaine de Lysanias, Josèphe, Ant. jud., W, ï, 1 ; Bell, jud., i, xx, 4, et probablement après la mort de cette reine la gouverna en qualité de tétrarque. Dion Cassius, Lix, 9. La part qu’il prit aux brigandages qui désolèrent la Trachonitide fit que les Romains lui enlevèrent ce pays^ pour le donner à Hérode le Grand. Josèphe, A nt. jud., XV, x, 1-2 ; Bell, jud., i, xx, 4. À sa mort, en l’an 20, Auguste donna au même Hérode le reste du pays. Josèphe, ibid. À Zénodore appartiennent certainement les monnaies qui portent l’inscription : « Zénodore tétrarque, grand-prêtre, » et les dates des années 280, 282, 287 de l’ère des Séleucides, c’est-à-dire 32, 30 et 25 avant J.-C. Eckhel, Doctr. num., t. iii, p. 496 ; Madden, Coins of the Jews, in-4o, Londres, 1881, p. 124 ; Head, Historia numoruni, p. 663.

Dans une inscription grecque, il est question d’un Zénodore, fils du tétrarque Lysanias ; il est très probable qu’il s’agit de celui-ci. E. Renan, Mission de Phénirde, in-4°, Paris, 1864, p. 317-319. Cf. Mémoires de l’Acad. des inscriptions et belles-lettres, t. xxvi, 1870, part. H, p. 70-79. Après la mort d’Hérôde, une portion de la tétrarchie de Zénodore fut donnée à Philippe, fils de ce prince. Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, VI, 3. C’est d’elle qu’il est question dans saint Luc qui en énumère les deux parties, la Trachonitide etl’Iturée.La tétrarchie de Philippe passa ensuite entre les mains d’Agrippa I er, puis d’Agrippa II. Une partie de l’îturée était probablement restée en dehors du territoire soumis à Zénodore. C’est contre ces Ituréens indépendants que Q. /Emilius Secundus fit la guerre dont nous avons parlé plus haut. Au temps 4e Claude, il est question d’un royaume ituréen gouverné par Soemus et qui, après sa mort, fut annexé à la province de Syrie. Dion Cassius, lix, 12 ; Tacite, Annal., xli, 23. Elle fournit des soldats à l’armée romaine. Voir fig. 362, t. i, col. 1236. La contrée appelée aujourd’hui Djédour est très probablement l’ancienne Iturée, ou tout au moins une grande partie de ce pays. C’est un plateau ondulé et couvert de collines coniques. La partie située au nord est couverte de rochers de basalte. On y voit de nombreuses coulées de lave. Le Djédour renferme trente-huit villes ou villages pauvres et peu peuplés. Journal of biblical researches, juillet 1854, p. 311. — VoirFr. Mùnter, De rébus Iturseorum, in-8°, Copenhague, 1824 ; E. Kuhn, Die stâdtische vnd bûrgerliche Verfassung des rômischen Reichs, in-8°, Leipzig, 1864-1865, t. ii, p. 169-174 ; I. G. Wetzstein, Reise in den beiden Trachonen und uni das Haur &ngebirge, dans la Zeitschrift fur allgemeine Erdkunde, Berlin, 1859, p. 169-208, 265-319 ; E. Schûrer, Getchichte des Jûdischen Volkes im Zeilalter Jesu Christi, in*. Leipzig, t. 1, 1890. p. 593-608 ; C. Ritter, Die Erdkunde im Verltâltniss zur Katur und zur

Gssckichte des Menschen, 2e édit., in-8°, Berlin, 1848^ 1855, part, xvii, 1, 1854, p. 14-16 ; Th. Monomsen et J. Marquardt, Manuel des institutions romaines, trad. franc., t. ix, Organisation de l’empire romain, Paris, 1892, p. 343-345. E. Becrlier.

    1. ITURÉENS##

ITURÉENS (hébreu : Yetûr ; Septante : ’iToupaîos ; Vulgate : Iturœi), habitants de l’îturée. I Par., v, 19. Voir Ituhée.

    1. IVOIRE##

IVOIRE (hébreu : Sên, Sénhabbim ; Septante : êXlipaç, lJ.sçàvTivov, ôSdvTsc eJ.eip « vT(v « ( ; Vulgate : ebur), substance constitutive des dents chez l’homme et les mammifères, et, plus communément, la matière compacte, blanche et dure qui forme les défenses de l’éléphant. Cette matière est composée, pour un quart environ, de substance organique, pour le reste, de phosphate de chaux, de carbonate de chaux, de fluorure de calcium et autres sels calcaires.

I. L’IVOIRECHEZ LES ANCTENS PEUPLES.— l » Chez plusieurs

peuples anciens, où l’on ne connaissait les défenses d’éléphant que par le commerce d’importation, on a quelquefois pris ces défenses pour des cornes. Élien, Nat. animal., iv, 31 ; vii, 2 ; Pausanias, v, 12 ; Philostrate, Vit. Apollen., ii, 13 ; Pline, H. N., xviii, 1 (cf. cependant viii, 4) ; Martial, i, 73, 4. Ézéchiel, xxvii, 15, les appelle déjà qerànôp sên, « cornes d’ivoire. » — 2° Les Égyptiens ont connu l’ivoire de très bonne heure. Dès la cinquième dynastie, ils écrivent avec l’image d’un éléphant le nom de l’île d’Éléphantine, voisine de la première cataracte. Voir la carte, t. ii, col. 1605. Peut-être avaient-ils vu cet animal dans les premiers temps de leur installation dans la Thébaïde. Toujours est-il qu’ils estimaient beaucoup ses défenses et s’en faisaient apporter en tribut de tous côtés. — Sur un monument de la XVIIIe dynastie, on voit des Syriens qui apportent en tribut un éléphant et une défense (fig. 189). Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1897, t. ii, p. 285, 493. Ces tributs se perpétuèrent jusquesous lés dernières dynasties. Hérodote, iii, 97, 114 ; Diodore de Sicile, i, 55. Cf. Pline, H. N, , vi, 34. C’était surtout d’Ethiopie qu’ils leur arrivaient par dents et par demi-dents. « Ils le teignaient à volonté en vert ou en rouge, mais lui laissaient le plus souvent sa teinte naturelle et l’employaient beaucoup en menuiserie, pour incruster des chaises, des lits et des coffrets ; ils en fabriquaient aussi des dés à jouer, des peignes, des épingles à cheveux, des ustensiles de toilette, des cuillers d’un travail délicat, des étuis à collyre creusés dans une colonne surmontée d’un chapiteau, des encensoirs formés d’une main qui supporte un godet en bronze où brûlaient des parfums, des boumérangs couverts au trait de divinités et d’animaux fantastiques. » Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, p. 259. Le musée de Ghizéh et les musées d’Europe conservent u n grand nombre de figurines et de statuettes d’ivoire, dont plusieurs datent de l’ancien empire. Une figurine de la Ve dynastie garde encore des traces de couleur rose. On a découvert en Assyrie des ivoires égyptiens, un entre autres qui représente deux personnages assis l’un vis-à-vis de l’autre (fig. 190). Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pl. £9, 11. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 792 ; t. iii, p. 219, 323. — 3° Les Assyriens tiraient l’ivoire de l’Inde. Sur l’obélisque de Salmanasar III, sont représentés dès tributaires qui lui amènent un éléphant (voir Éléphant, t. ii, fig. 547, col. 1661) et d’autres qui paraissent porter sur leurs épaules des défenses de cet animal. C’est dé là d’ailleurs que les Syriens en importaient aussi chez les Égyptiens. Les rois assyriens aimèrent toujours à prodiguer l’ivoire dans leurs ameublements et dans la décoration de leurs palais. Cf. Layard, Nineveh and Babylon, p.195, 358, 372 ; Kinereh and ils reniains, X. i, p. 29, 391 ; t. ii, p. 205, 211, 420 ; Perrot, Histoire de l’art, t. ii,