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GALILÉE


Megillalt, 6 a ; Berdkhol, 44, a, est partout couvert de champs féconds et de vignes ; les fruits de cette contrée sont reconnus pour être extrêmement doux. » C’est l’huile surtout qu’on trouvait en abondance dans cette province. « Il est plus facile, dit encore le Talmud, Bereschit rabba, cliap. xx, d'élever une légion (forêt) d’oliviers en Galilée que d'élever un enfant en Palestine. C’est pour cela que d’après l'Écriture, Deut., xxxiii, 24, Aser a trempait son pied dans l’huile ». Le vin y était plus rare, et, pour ce motif, plus estimé. On ne manquait pas non plus de lin ; les femmes y confectionnaient des vêtements de lin filé d’une grande finesse. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 180.

Malgré sa déchéance, le pays garde encore des vestiges de son ancienne beauté. Les forêts y sont plus rares ; mais on y trouve, outre les arbustes et les plantes aromatiques, de nombreuses espèces végétales, l’olivier, le figuier, le chêne, le térébinthe, le noyer, le palmier, le cèdre, le cyprès, le pin, le sycomore, lé mûrier, l’amandier, le grenadier, le citronnier et de magnifiques lauriers-roses. Parmi les principales productions, outre Je blé et l’orge, on peut citer le mil, l’indigo, le riz, la canne à sucre, les oranges, les poires, les abricots, etc. Les poissons du lac de Tibériade sont excellents. La grande plaine d’Esdrelon est un grenier d’abondance, celles de Battaouf et de Tour’an sont également très fertiles. Rien de plus gracieux et de plus frais que les sources du Jourdain vers Tell et Qadi et Banias.

Ajoutons enfin, pour terminer cette description, que le calcaire crétacé qui compose la Galilée est percé de roches volcaniques dans les environs de Safed, de Nazareth, et sur les bords du lac de Génésareth. De là, les sources d’eaux chaudes qu’on trouve sur la rive occidentale à Hammam. Voir Éma.th 3, t. ii, col. 1720. De là aussi les tremblements de terre qui ont plusieurs fois bouleversé la contrée. En 1759 et en 1837, Safed fut ainsi ruinée ; le dernier fit périr près de 5000 personnes dans cette malheureuse ville.

3° Population ; villes. — Josèphe, Bell, jud., III, iii, 2, nous représente la Galilée comme habitée dans les plus petits coins, parsemée de villes, avec une population très nombreuse, dont il exagère même les chiffres. Dans sa Vie, § 45, il compte 204 villages et 15 villes fortifiées. Cette densité de la population peut d’ailleurs s’expliquer, quand on pense à tout ce qui devait la favoriser, les avantages du climat, les richesses du sol, les ressources de l’industrie et du commerce. À l'époque chananéenne, lorsque cette région septentrionale fut partagée entre les quatre tribus d’Aser, de Nephthali, de Zabulon et d’Issachar, on comptait déjà 69 villes importantes, que la Bible cite par leurs noms. Jos., six, 10-39. La tribu dé Nephthali avait 16 villes fortifiées, 'ârê mibsdr. Jos., xix, 35-38. On trouvera à l’article concernant chacune de ces tribus la nomenclature de ces antiques cités. Nous mentionnerons seulement ici, avec les plus connues du Nouveau Testament, celles dont parlent Josèphe et les Talmuds, afin de donner la physionomie de la Galilée à l'époque la plus importante de son histoire.

La vie était surtout concentrée sur les bords du lac de Tibériade. Une seule ville, Tabariyéh, renferme aujourd’hui dans ses murailles ébréchées le mouvement qui animait autrefois ces parages enchanteurs. Mais au temps de Notre-Seigneur, on rencontrait, en montant vers le nord, Magdala, la ville de Marie-Madeleine, Capharnaûm, la patrie d’adoption du Sauveur, Coroiaîn, la cité maudite, Bethsaîde, la patrie de Pierre, d’André et de Philippe, et, en descendant vers l’extrémité méridionale du lac, Tarichée, Taperai, Tappaîai une des places fortifiées par Josèphe et prises par Titus. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, xx, 6 ; III, X, 1, 5. Dans le Même cercle, à une certaine distance de la côte, se trou vaient : Beth Maon (aujourd’hui Maoûn), et Arbel ou' Arbela (Irbid), citée dans le Talmud, Midrasch Koheleth, I, 18, pour sa fabrication de tissus communs, et fortifiée par Josèphe, Vita, 37.

Dans la Galilée supérieure, nous mentionnerons : Kefar Hananyah, dont les habitants étaient en majeure partie des marchands de pots de terre noire (Talmud de Jérusalem, Maaséroth, ii, 3) ; 'Akabara (actuellement Akbai-a), où l’on élevait des faisans, ' et que Josèphe fortifia, Bell, jud., II, xx, 6 ; Vita, 3'7 ; Séfathon Safed, une des localités les plus importantes aujourd’hui, et bâtie sur une hauteur d’où l’on jouit d’une vue splendide ; Mérôn (Méiron), presque toujours citée dans les Talmuds conjointement avec Gusch Halab, renommée pour l’abondance de ses huiles ; cette dernière est l’ancienne Giscala, place fortifiée par Josèphe, la dernière qui tint contre les Romains, Bell, jud., II, xx, 6 ; IV, ii, 1-5, et appelée aujourd’hui El-Djisch. Les vieilles cités bibliques de Cédés et de Cana ont subsisté jusqu'à nos jours sous les mêmes noms de Qadès et de Qana. — Dans la Galilée inférieure : Gabara (Khirbet Kabra), qui était, d’après Josèphe, Vita, 25, 46, une des trois plus grandes villes de la Galilée, avec Sepphoris et Tibériade ; Sélamis (Khirbet Sellaméh), fortifiée par Josèphe, Bell, jud., II, xx, 6 ; Sîknîn, la Ew-jâv » ] de Josèphe, Vita, 51, actuellement Sakhnin Kabul ; l’antique cité d’Aser, Jos., xix, 27, la Xa6a>X<ô de Josèphe, Vita, 43, portant encore le même nom de Kabul ; Yôdafat l’ancienne, mentionnée' dans la Mischna, Erakhin, ix, 6, comme un endroit de la Galilée fortifié par Josué ; c’est la 'Itozâitaxa de Josèphe, célèbre par le siège qu’il y soutint contre Vespasien, et où il fut fait prisonnier, Bell, jud., III, vii, 7-36 ; viii, aujourd’hui Khirbet Djéfal ; Schefar’am (Schéfa 'Atnr), ville où le sanhédrin vint tenir ses séances après avoir quitté Uscha (Khirbet Huschéh) ; Talmud de Babylone, Rosch haschanah, 51 6) ; Ruina (Khirbet Ruméh) ; Sippôrî, Sswepcopi ;, cité très importante dont parlent souvent les Talmuds et Josèphe, Ant. jud., XIV, v, 3 ; XVII, x, 9 ; Bell, jud., i, vm, 5, etc., prise par Hérode le Grand, brûlée par Varus, rebâtie par Hérode Antipas, devint la place la plus forte et le chêf-lieu de la Galilée, , actuellement encore une ville de 3, 500 habitants nommée Seffuriyéh ; Beth-Lêhem [Na]$eriyéh, « Belhléhem près de Nazareth, » pour la distinguer de Bethléhem de Judée, est toujours appelée Beit Lahm ; isimônià, Ei[ia>>n « ; (Josèphe, Vita, 24), conservait, à la fin du il » siècle, une population juive, et subsiste sous le nom de Sémuniyéh. Les villes connues surtout dans le Nouveau Testament sont Nazareth et Cana (Kefr Kenna). — Enfin, dans la plaine d’Esdrelon et celle du Jourdain, nous signalerons : Naïm (Naïn), appuyée au Djebel Dahy ou PetitHermon ; Beth Sche’an ou Scythopolis (Béïsân), dont un rabbin disait : « Si le paradis doit se trouver en Palestine, la porte en est à Beth Sche’an ; » Tivaia, Josèphe, Bell, jud., III, iii, 4, c’est-à-dire Djénin, l’ancienne Engannim. — Cette rapide revue, qui n’embrasse que les principales villes de Galilée, nous montre, partout où nous jetons les yeux, sur les hauteurs ou dans la plaine, des centres importants d’agglomération, une population nombreuse, riche et active. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 188-240.

Routes.

l& Galilée fut une province privilégiée

non seulement par la richesse du sol, le nombre des habitants, mais encore par sa position géographique et les voies de communication qui la reliaient aux contrées voisines. Alors que la Judée est toujours restée un pays fermé, la Galilée a été un pays largement ouvert. Des routes la traversaient pour aller des côtes phéniciennes en Samarie, en Galaad, dans le Haurau, à Damas, comme pour aller d’Egypte en Assyrie. Elles suivaient non seulement la plaine d’Esdrelon, la vallée du Jourdain et les hrges plateaux de la Basse Galilée, mais elles couraient-