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ITALIENNES (VERSIONS) DE LA BIBLE


été présenté, adressa à l’auteur une lettre de vive approbation. — Les autres parties du Nouveau Testament furent publiées les années suivantes, 1670-1671, le tout en six volumes. Pendant ce temps, l'œuvre de Martini avait rencontré, d’une part, l’accueil le plus favorable et, de l’autre, lui avait attiré des ennemis implacables qui faisaient tout pour l’empêcher de la continuer et même travaillaient à la faire condamner par le saint-office. Tout en s’efforçant d’obtenir l’approbation de Rome, Martini continua son œuvre. La fin du Nouveau Testament parut en 1771, et reçut du public le meilleur accueil, de sorte que l'édition fut promptement épuisée. Un même temps, on faisait à Naples, sans le consentement de l’auteur, une autre édition qui fut également vite épuisée. Aussi, en 1773, l’abbé Martini annonça-t-il qu’il allait faire une édition nouvelle, revue et corrigée, et qu’il allait aussi publier la version de l’Ancien Testament. Cette seconde édition du Nouveau Testament parut à Turin en six volumes, de 1775 à 1778. En 1776, il publia le premier volume de l’Ancien Testament contenant la Genèse, et en 1778, la fin du Pentateuque. Il était dédié au roi Victor-Amédée de Savoie et approuvé par le P. Hyacinthe Cattaneo, dominicain, professeur à l’Université du roi, par le vicaire général du saint-office, et par ie grand chancelier.

A la fin de 1777, le ministre du roi de Sardaigne à Home, le commandeur Graneri, avait présenté l’ouvrage de Martini, en cours de publication, au pape Pie VI. Le £aint-père lui fit adresser un bref d’approbation. Le 17 mars 1778, le souverain pontife déclarait que le "travail de l’auteur était conforme aux règles de l’Index et à la constitution de Benoit XIV, et il louait la doctrine et la piété de Martini. Celui-ci fit imprimer le bref en tète de son ix « volume, qui parut en août 1778.

Peu de temps après, les jansénistes de Toscane, voyant que la version de Martini avait été approuvée par le saint-siège, cherchèrent à se l’approprier, et ils en commencèrent une nouvelle édition avec des notes hérétiques. Le premier volume du Nouveau Testament parut au mois de mars 1779. Martini, indigné de cette altération de son œuvre, se hâta de protester, mais, malgré ses réclamations publiques, la publication du Nouveau Testament se continua. On commença aussi celle de l’Ancien, mais on ne l’acheva pas ; elle s’arrêta à Isaïe. En 1781, Martini avait été nommé archevêque de Florence, et, en 1784, il réussit enfin à en arrêter l’impression.

Dès que Martini fut sur le siège de Florence, il prit soin de faire une nouvelle édition de tout son travail ; elle fut publiée par l’imprimerie archiépiscopale, de 1782 à 1792. En 1783, il apprit qu’on allait faire à Rome une édition spéciale de sa version « .corrigée » parordre du maître du sacré palais, Thomas Mamachi. Martini s’empressa d’en référer au pape Pie VI, qui lui fit écrire par le P. Mamachi que lesdites « corrections » ne regardaient que des fautes d’impression.

Au point de vue littéraire, la version de Martini est remarquable par la pureté et l'élégance du langage toscan, et c’est à juste titre qu’on l’a mise parmi les lesti di lingua de l’académie de la Crusca (séance du 28 juillet 1885), mais elle n’a ni l'énergie ni la concision des textes originaux, et si l’auteur connaissait bien le grec, il ne possédait pas suffisamment l’hébreu, quoiqu’il se ïlt aidera Florence par un rabbin appelé Terni. Sa traduction n’en a pas moins rendu de grands services aux -catholiques italiens. C. L. Begagli, Biografia degli uomini iltustri, Venise, 1840, t. vi ; Orazione funerale de M9 r Martini par le chan. Longo de Florence ; C. Guasti, Storia aneddota del volgarizzamento dei due Teslatnenti fatto dalV ab. Antonio Martini, dans la Rassegna nationale de Florence, 16 septembre 1885, t. xxv, p. 235282. Voir aussi : Apotogia del brève del sonimo pontefice Pio VI, à MonsMartini, arcivescovo di Firenze, tmvcro dotlrina délia Chiesa sut leggere la S. Scriltura

in lingua volgare, Pavie, 1784. Cette brochure, qui est maintenant une rareté bibliographique, parut anonyme, mais Guasti confirme que son auteur s’appelait Joseph Tavelli.

2° À la même époque, les jansénistes d’Italie faisaient de grands efforts pour répandre leurs erreurs. Le fa » méux Ricci, évêque de Pistoie, fit publier, en 1786, une version du Nouveau Testament avec le commentaire de Quesnel : Il Nuovo Testamento, con riflessioni morali sopra ciascun versetto. [Tradotto dal francese, per commissions di Mons. Ricci, vescovo di Pistoid, Pistoie, 1786-1789, 6 inr8°. — On publia aussi alors à Gênes une version italienne de la grande Bible française de PortRoyal, dite de Sacy : H V, e il N. T. gitista la Volgatà in italianoe latino, per Luigi Isacco Le Maistre de Sacy, tradotto dal francese, Gênes, 1787-1892, 24 in-4°. Dans la première moitié du XIXe siècle, on publia aussi à Milan (1830-40, 18 in-8°) une version italienne de la Bible française dite de Vence, giusta la quinta, edizione del sig. Drach con nuove illustrazioni di Bartolommeo Catena. Mais la version de Martini éclipsa toutes les autres, et demeura seule la Bible des catholiques italiens.

11. VERSIONS DE DE ROSSI ET DE LVZZATTO. - 1°

Jean Bernard de Rossi, le célèbre critique de l’Ancien Testament hébreu (A. de Gubernatis, Matériaux pour servir à l’histoire des études orientales en Italie, Paris, 1876, p. 121), naquit à Castelnuovo, dans le district d’Ivrée en Piémont, en 1742. Il fut reçu docteur en théologie à l’Université de Turin en 1766, au moment même où Martini travaillait à sa version du Nouveau Testament. Tout jeune encore, il apprit à fond les langues sémitiques et les principales langues européennes. Le duc de Parme l’appela comme professeur de langues orientales dans l’Université qu’il avait fondée dans cette ville ; dans le même temps, Bodoni y établissait sa célèbre imprimerie. L’abbé de Rossi eut ainsi le loisir de s’adonner aux plus profondes études de critique et de littérature hébraïque et rabbinique ; il recueillit, à ses frais, une précieuse et vaste collection de mss. hébreux ou rabbiniques, à l’aide desquels il publia ses célèbres Varies lectiones dû texte massorétique et de nombreux travaux sûr l’histoire de la littérature rabbinique, particulièrement en Italie. En 1809, de Rossi se retira de l’Université et revint à Turin, en Piémont, où, cinq ans plus tard, on lui offrit la place de conservateur de la bibliothèque du roi. Au milieu de ses travaux critiques, il traduisit plusieurs livres de l’Ancien Testament sur le teste hébreu original. On a ainsi de lui les Psaumes (1808), l’Ecclésiaste (1809), le livre de Job (1812), les Lamentations (1815), les Proverbes (1815). Ses versions sont assez élégantes et rendent bien la vigueur et la concision du texte sacré ; elles font amèrement regretter que l’abbé de Rossi ne voulût pas étendre son travail à toute la Bible.

2° La version de l’Ancien Testament fut reprise vers le milieu du xixe siècle, par le rabbin Samuel David Luzzatto. Cf. A. de Gubernatis, Matériaux, p. 83. Il naquit à Trieste, le 22 août 1800. Instruit dès son enfance, par sa famille, dans la langue sacrée, à l'âge de huit ansil pouvait lire le livre de Job. En 1829, [on le choisit comme professeur d’hébreu au collège rabbinique de Padoue, récemment fondé, et qui, grâce à lui, jouit bientôt d’une célébrité européenne. Des savants étrangers tels que Gesenius, Rosenmûller, Frz. Delitzsch, s’adressaient à lui pour résoudre des difficultés philologiques. Il publia d’excellentes grammaires des langues hébraïque et rabbinique et un grand nombre de travaux sur des textes hébreux particuliers. Il se proposa de faira une version de la Bible en italien, selon la méthode scientifique de la philologie comparée, et il travailla à cet ouvrage plusieurs années, quand, au milieu de ses travaux, il mourut en 1865. Il avait publié, en 1853, une version du livre de Job, en 1855 et l’année suivante, une