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ITALIENNES (VERSIONS) DE LA BIBLE


de son temps. Au point de vue littéraire, la version de Diodati mérite de grands éloges. La langue est bonne et élégante ; le style soigné, et on doit seulement lui reprocher la fréquence de ces longues liaisons entre les phrases et les périodes, qui donnent l’illusion d’un langage solennel. Il faut se rappeler cependant que Diodati composait sa traduction de la Bible au xvii » siècle, en pleine décadence littéraire de l’Italie. La version de Diodati est encore la Bible officielle des protestants italiens, réimprimée plusieurs fois dans les siècles passés, et répandue dans un grand nombre d'éditions totales ou partielles à des milliers et milliers d’exemplaires, par la Société biblique d’Angleterre et par les imprimeries protestantes d’Italie, particulièrement à Florence par le collège des Vaudois. Carini, dans le Manuale biblico, t. i, p. 302. L’imprimerie Barbera, de Florence, a publié de nouveau, en 1880, l'édition de 1641, contenant, à côté du texte italien, les commentaires théologiques du traducteur.

IV. VERSIONS BIBLIQUES DES XVIP ET XVIII" SIÈCLES.

— La réforme vaudoise et allemande ayant pris la Bible en langue vulgaire comme son unique autorité religieuse, l'Église catholique dut se préoccuper des ravages que la lecture de la Bible, indifféremment permise à tout le monde, faisait parmi le peuple. Toutefois le Concile de Trente ne jugea pas nécessaire de défendre la lecture de la Bible en langue vulgaire, qui avait été jusqu’alors la.nôurriture spirituelle des chrétiens. Mais dans la suite des temps on finit par se convaincre qu’en réalité la lecture de la Bible en langue vulgaire ne faisait qu’accroître chaque jour parmi le peuple les adhérents à la réforme protestante. Pour ce motif on fut obligé, pour sauvegarder la foi catholique, de défendre absolument à tous la lecture de la Bible en langue vulgaire. Le pape Pie IV, en 1564, promulgua cette défense dans les règles de VIndex. On ne doit donc pas s'étonner si le xviie siècle ne nous donne pas un seul traducteur qui puisse être comparé à Diodati. Pendant près de deux siècles, le manque de versions bibliques en Italie fut absolu, et il suffira pour s’en convaincre de retracer ici les noms de quelques prétendus traducteurs aux xvii » et xvin » siècles. — Versions des Psaumes : A. Lomori, Davidde pénitente, Sienne, 1653 ; Davidde orante, Rome, 1663 ; — Mattei Loreto, 71 Salmista toscano, Macerata, 1671, en vers ; — Mattei Saverio, I libri poetici délia Bibbia, Naples, 1766, en vers ; son auteur dit « traduits de l’hébreu » ; une autre édition, Gênes, 1784, porte les seuls Psaumes adaptés à la musique ; c 'était bien le temps de Métastase ; — Capponi, Parafrasi poetica dei Salmi di Davide, del Sollecito, accademico délia Çrusca, Florence, 1682 ; — Cento salmi in rime italiane, avec musique, Gènes, 1683 ; — S. Conti, Salterio davidica, Bologne, 1696, en vers ; — Redi Gregorio, 1 Salmi di David, Florence, 1734, en vers ; — Abbé G. B. Vicini, I Salmi penitenziali, Carpi, 1755, en vers ; — Bracci, / Salmi davidici, Florence, 1769, en vers. — Livres de Job, Proverbes, etc. : G. M. Luchini, Le lezionidi Giobbe et il cantico di Ezechia, Lucques, 1731, en vers ; — G. Ceruti, Il libro di Giobbe, Turin, 1759, en vers ; l’auteur dit l’avoir traduit du texte hébreu ; — F. Bezzano, Jl libro di Giobbe, Roma, 1760, en huitains ; — M. de Talloni, Il libro di Giobbe vùlgarizzato in terza rima, Osimo, 1754 ; — G. M. Luchini, I Proverbi, Florence, 1733, en vers ; — B. Casa régi, I Proverbi, Florence, 1751, en vers ; — Vincenzio da S. Eraclio, J Proverbi di Salomone, Bologne, 1760, en vers ; — G. Vincioli, sous le nom de Leonte Prineo, L’Ecclesiaste di Salomone, Lucques, 1727, en vers ; — Pacchi Domenico, Jl libro délia sapienza, Lucques, 1777, en vers. — Cantique et Lamentations : G. Blanchini, La Cantica dei cantici, Venise, 1735, en vers ; — Cantica tradotta in versi anacreontici, Florence, 1786, par un auteur inconnu ; — N. Strozzi, Le Lamentazioni parafrasate, Rome, 1635 ; — Le Lamentazioni di Geremia, Piacenza, 1701,

paraphrase lyrique de l’académicien M. L ; — Menzini Benedetto, Lamentazioni di Gerem la espresse in terzarima ne' loro dolenti affetti ; tradotte in verso scioltoe : riformate dall' ebraico da Anton Maria Salvini, Florence, 1728 ; — P. Bossi, / treni di Geremia, il Cantio di Salomone, Salmi penitenziali, ecc., Padoue, 1745, en vers latins et italiens ; — F. B. Adami, I Cantici biblici ed allri Salmi con i treni di Geremia tradotti in versi da un accademico apatista, Florence, 1748 ; — F. M. Zampi, J Treni parafrasati, Venise, 1756, en vers. — Versions diverses : F. Lenci, La storia di Tobia tradotta dalla Vulgata da un accademico délia Crusca, Livourne, 1764 ; — Parafrasi délie Epistole di S. Paolo, Naples, 1766 ; etc.

III. Versions italiennes modernes.

Il y avait bien deux siècles que le peuple italien catholique ne lisait plus guère la Bible, lorsque le grand pape Benoit XIV jugea à propos, le 13 juin 1757, dé modifier les règles de VIndex et de permettre la lecture des versions de la Bible en langue vulgaire faites par des savants catholiques et approuvées par le saint-siège. Ce fut le point de départ d’une nouvelle série de versions italiennes de la Bible.

J. VERSION DE MARTINI ET VERSIONS CONTEMPORAINES. — 1° Antoine Martini naquit à Prato, petite ville près de Florence, en 1720. Il prit les ordres, et après avoir dirigé durant quatorze ans le collège ecclésiastique de Superga, à Turin, il fut obligé de le quitter pour cause de santé. Il fut nommé par Charles-Emmanuel III conseiller d'État avec une pension sur l’abbaye de SaintJacques-en-Besse. En promulguant le décret relatif aux versions de la Bible en italien, Benoit XIV avait exprimé à quelques cardinaux son très vif désir qu’un Italien, aussi savant que pieux, entreprit une nouvelle version de la Bible. Le cardinal Délie Lanze, de la maison de Savoie, qui avait plusieurs fois eu l’occasion d’apprécier le talent et le mérite de l’abbé Martini, lui fit connaître le désir du pape et le pressa de travailler lui-même à la nouvelle version biblique. Martini ne refusa pas ; il commença par l'étude du Nouveau Testament, fit de sérieuses recherches sur le texte grec comparé avec la Vulgate, et se mit à préparer la version et les notes. Mais l'état délicat de sa santé et les graves devoirs de ses fonctions l’empêchèrent d’aboutir tant qu’il fut recteur du collège de Superga. Il ne put avancer son travail qu’après avoir renoncé à la direction du collège. Mais les temps étaient alors changés ; Benoit XIV était mort, et l’on ne se montrait plus aussi favorable à son œuvre. Dans une lettre à son ami, le marquis Antoine Niccolini de Florence, datée de juillet 1761, Martini nous apprend lui-même qu’il avait terminé alors la traduction et les notes des deux Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc. Mais il n’avait plus, dans le succès de son œuvre, la confiance d’autrefois ; il déclare ne pas savoir si un très haut personnage (sans doute le cardinal Délie Lanze) sera satisfait de son travail ; il y parle des anciennes versions italiennes de la Bible (Malermi, Brucioli) comme de raretés bibliographiques dont on n’a plus aucune connaissance précise ; c’est à peine s’il connaît par luimême la version de Diodati. Cependant il ne s’arrêta point et il acheva le Nouveau Testament dans les premiers mois de 1769 ; vers la fin de la même année, le premier volume parut à Turin ; il contenait les deux premiers Évangiles, et était dédié au roi Charles-Emmanuel de Savoie. La revision ecclésiastique avait été faite par le théologien Marchini, professeur d'Écriture Sainte à l’Université, et, sur son témoignage, le Père dominicain vicaire du saint-office à Turin et le président du collège des théologiens l’avaient approuvé. Certaines expressions de l’abbé Martini, dans ses lettres à ses amis, ' font entendre qu’il avait eu bien des difficultés dans son entreprise ; mais, quoiqu’il en soit, l’archevêque de Turin, dès que le premier exemplaire de l’ouvrage lui eut