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ISRAËL (PEUPLE ET ROYAUME D’)


que la religion. Ils furent d’abord fidèles à l’alliance jurée et servirent le Seigneur. Jos., xxiv, 31 ; Jud., ii, 7. Mais il surgit bientôt une génération nouvelle qui n’avait pas été témoin des merveilles que Dieu avait opérées en faveur de la précédente, et le peuple déchut rapidement au point de vue social et religieux. Les Israélites abandonnèrent Jéhovah qui avait tiré leurs pères de l’Egypte et adorèrent les idoles des tribus chananéennes. Jud. ii, 10-13. D’autre part, les tribus tendirent à s’isoler et à ne pas se secourir ; elles cherchèrent même.plus d’une fois à dominer les unes sur les autres. Chacun faisait ce que bon lui semblait. Jud., xiii, 6 ; xviii, 1 ; xxi, 24. Pour rappeler son peuple à là fidélité envers lui, Dieu le livra plusieurs fois aux mains de ses ennemis ; mais bientôt touché de son affliction et de son repentir, il suscitait des juges pour l’affranchir de l’oppression. Jud., ii, 14-49. Les juges, en effet, n’étaient pas des magistrats politiques, placés à la tête du gouvernement et chargés d’administrer tout Israël. Leur mission était temporaire et le plus souvent essentiellement militaire. Ils se mettaient à la tête des tribus opprimées, chassaient l’ennemi et rétablissaient la tranquillité et la prospérité. Chacun d’eux avait des attributions très différentes et exerçait son pouvoir suivant les circonstances et sur des territoires plus ou moins étendus. Voir Othoniel, Aod, 1. 1, col. 714-717 ; Débora, t. ii, col. 1331-1333, et Barac, 1. 1, col. 1443-1446 ; Gédéon, col. 146-149 ; Abimélech, 1. 1, col. 54-58 ; Jephté, Samson, Héli et Samuel. Seuls, Héli et Samuel ont rendu régulièrement la justice. Vigouroux, Manuel biblique, 1-Wdit., Paris, 1901, t. ii, p. 63. Voir Juges.

3° Samuel, le dernier des juges, reçut de Dieu la mission d’établir la royauté en Israël. Il était devenu vieux, et ses fils, qu’il avait donnés pour juges au peuple, se laissaient corrompre par des présents. À cause de ces abus, les anciens d’Israël demandèrent un roi. Samuel résista d’abord à cette demande ; mais, sûr l’ordre de Dieu, il y acquiesça, I Reg., viii, 1-22, et sacra Saûl, I Reg. x, 1, qu’il fit reconnaître par Israël. I Reg., x, 17-27. En abdiquant ses fonctions de juge, il rappela au peuple assemblé la loi de sa divine constitution, I Reg., xii, 1-15. Par ses désobéissances successives, Saül perdit pour sa famille l’espoir d’occuper le trône, I Reg., Xm, 13* 14, et fut lui-même, sinon déposé, du moins réprouvé par Samuel. I Reg., xv, 22, 23. Voir Sàul. Dieu se choisit un homme selon son cœur, et le vieux prophète sacra David, qui fut le chef de la dynastie de Juda. I Reg., XVI, 1-13. La conduite de Saül montra ce que ne devait pas être le monarque hébreu. Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 105-106. David, préparé d’avance et de loin à sa haute destinée, cessa d’être un simple chef du peuple et commença à être un véritable roi, comme les monarques d’Egypte et d’Assyrie ; il établit une organisation politique et une administration régulière qui se maintinrent et durèrent, au moins pour le fond, jusqu’à la ruine d’Israël. Malgré ses fautes personnelles, il fut un grand prince, plus admirable encore par sa piété que par ses talents administratifs et militaires. Voir t. ii, col. 1311-1324. Dieu lui avait promis que ses descendants garderaient le trône. II Reg., vii, 12-13. Salomon, désigné pour succéder à son père, exerça pacifiquement la royauté et eut un règne prospère et glorieux, tant qu’il fut fidèle à Dieu. III Reg., iv, 20-28 ; ix, 10-28. Il eut aussi l’honneur, qui avait été refusé à David à cause du sang versé par lui dans les guerres, de construire un temple à Dieu dans sa capitale. Mais ses dernières^asnéesfurent assombries par sa volupté et son idoliMapes. Le Seigneur lui annonça qu’il punirait son inlidéliië par la scission de son royaume, dont une partie se séparerait de sa maison. III Reg., xi, 11-13. Voir Salomon. Le schisme n’eut pas lieu de son vivant ; mais Roboam, son fils et successeur, ayant refusé d’alléger les charges publiques, dix tribus cessèrent de lui obéir et prirent pour roi

Jéroboam I er, qui avait attisé leur rébellion. Voir Roboam et Jéroboam I er. Elles fondèrent ainsi un royaume distinct qu’elles appelèrent « Israël ». Roboam ne régna plus que sur Juda, en gardant Jérusalem comme capitale. III Reg., xii, 1-17. Il y eut dès lors deux royaumes séparés, celui de Juda (voir Juda [Royaume be]), et celui d’Israël dont nous allons résumer l’histoire.

4* Le royaume d’Israël est aussi appelé royaume d’Éphraîm à cause de la prépondérance que prit la tri’bu de ce nom. Voir t. ii, col. 1878, 1879. Beaucoup plus vaste que le royaume de Juda, il embrassait tout le nord de la Palestine depuis Béthel, et toute la contrée qui se trouvait au delà du Jourdain. Il eut successivement pour capitale Sichem, III Reg., xii, 25 ; Thersa, III Reg., xiv, 17 ; xv, 21, et Samarie, fondée par Amri. III Reg., xvi, 24. Son trône fut occupé par plusieurs dynasties qui se supplantèrent et se succédèrent. Malgré l’étendue de son territoire, le royaume d’Israël fut moins prospère que celui de Juda, et il marcha rapidement vers sa ruine. Les causes de sa décadence sont à la fois d’ordre religieux et d’ordre politique. Jéroboam, son fondateur, crut être habile politique, en empêchant ses nouveaux sujets d’aller au temple de Jérusalem pour adorer Jéhovah, parce que ce temple se trouvait dans la capitale du royaume ennemi. Il établit à Dan et à Béthel, aux deux extrémités opposées de son royaume, deux veaux d’or, qui n’étaient dans sa pensée que des symboles de Jéhovah. III Reg., xii, 26-33. Il opéra ainsi un schisme religieux en même temps qu’un schisme politique, qui dura jusqu’à la ruine de son royaume, en 721.

L’histoire du royaume d’Israël peut se résumer dans ses rapports avec le royaume de Juda. Les deux royaumes furent d’abord en guerre l’un contre l’autre. Jéroboam I er attira Sésac, roi d’Egypte, contre Roboam qui fut battu, III Reg., xiv, 25 ; mais Abia, fils de Roboam, remporta sur Jéroboam une grande victoire. Voir 1. 1, col. 41-43. Nadab, fils et successeur de Jéroboam, fut assassiné, après un règne de deux ans, à la suite de la conjuration de Baasa contre lui. Voir Nadab. Ainsi s’accomplissait la prophétie d’Ahia qui avait annoncé l’extermination de la race de Jéroboam. III Reg., xiv, 7-11 ; xv, 25-30. L’usurpateur du trône, Baasa, s’allia contre Juda avec Bénadad I er, roi de Syrie. Le prophète Jéhu lui prédit la ruine de sa famille. III Reg., xvi, 1-4. Voir t.’i, col. 1344, 1345. Éla, fils de Baasa, fut tué durant Un festin, la seconde année de son règne, par Zambri, un de ses officiers. III Reg., xvi, 8-14. Voir t. ii, col. 1629. Sept jours après, celui-ci fut détrôné par Amri, fondateur de Samarie et père d’Achab.

III Reg., xvi, 15-22. Voir t. i, col. 524-526. Sa maison fut en paix avec le royaume de Juda, mais elle introduisit en Israël le culte de Baal, malgré les prophètes Élie et Elisée. Voir t. ii, col. 1670-1676, 1690-1696. Achab remporta deux victoires sur Bénadad et conclut avec ce roi de Syrie une alliance contre l’Assyrie. Il fut défait à Karkar par Salmanasar II. Il s’allia avec Josaphat contre les Syriens ; mais les deux armées furent battues devant Ramoth-Galaad, et Achab périt sur le champ de bataille. Voir t. i, col. 120-124. Ochozias imita son père dans son idolâtrie. III, Reg., xxii, 53, 54. Élie lui prédit sa mort.

IV Reg., i, 16. Voir Ochozias, roi d’Israël. Joram, son frère, proscrivit le culte de Baal, IV Reg., iii, 2, et s’allia avec Josaphat contre les Moabites. IV Reg., iii, 4-27. Il fut blessé dans la guerre qu’il entreprit avec Ochozias de Juda contre Hazaël, roi de Syrie. IV Reg., viii, 28. Voir Joram, roi d’Israël. Jéhu, sacré roi d’Israël par Elisée tua Joram d’un coup de flèche dans la vigne de Naboth. IV Reg., ix, 24. Ce nouvel usurpateur extermina entièrement la maison d’Achab et extirpa le culte de Baal. TV Reg., x, - 1-27. C’est pourquoi Dieu assura le trône d’Israël à sa racé jusqu’à la quatrième génération ; mais parce que Jéhu n’avait pas renversé les veaux d’or de Dan et de Béthel, il fut défait par Hazaël IV. Reg., x, 28-33. Voir Jéhu. Son fils Joachaz fut aussi durement