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ISMAÉLITES — ISMAHEL


jà parla Bible, est un des points les mieux établis de l’histoire de la péninsule. Il est le fondement d’une notable partie des légendes racontées dans le Coran. Fr. Lenormant et E. Babelon, Histoire ancienne dé l’Orient, Paris, 1881-1888, t. vi, p. 353. Cette nation fiait par absorber les tribus jectanides antérieures, et c’est sa langue qui, illustrée et immobilisée par le livre de Mahomet, répandue par les conquêtes de l’Islam dans toutes les parties du monde, est devenue l’arabe. Voir Arabe 2, t. i, col. 835.

II. Cabactère.

L’ange, annonçant la naissance d’Ismaël, traçait en quelques traits énergiques le portrait de cet enfant du désert : « Il sera, dit-il, un homme sauvage, — littéralement : « un onagre d’homme, » père’’âdânx ; — sa main sera contre tous, et la main de tous contre lui ; et eh face de tous ses frères 41 plantera ses tentes. » Gen., xvi, 12. Rapprochons de ces pa-Toles la description de l’onagre par Job, xxxix, 5-8, et nous aurons une peinture saisissante du caractère ismaélite :

Qui a lâché l’onagre en liberté,

Qui a exempté de tout lieu l’âne sauvage,

A qui j’ai attribué le désert pour maison,

Pour demeure la plaine salée (inculte) ?

Il se moque du bruit des villes ;

n n’entend pas les cris du conducteur.

D parcourt les montagnes où sont ses pâturages,

Et il cherche toute espèce de verdure.

Impossible de mieux caractériser l’amour de la liber£. té et l’esprit d’indépendance propres au Bédouin ou Arabe nomade, qui représente aujourd’hui les anciennes tribus ismaélites. Endurci à la fatigue, content de peu, jouissant avec délices du spectacle varié de la nature, il ne veut pour domaine que le désert avec ses maigres pâturages, mais aussi avec ses horizons sans fin. Plein , <le mépris pour son frère de la ville, qu’il appelle dédaigneusement « l’habitant des maisons », il ne souffre aucun joug et ne connaît la voix d’aucun dominateur. Un besoin et un plaisir, en quelque sorte plus forts que sa volonté, le poussent à errer de campement en campement, cherchant l’herbe verte pour ses troupeaux et le changement pour lui-même. Avec le sang chaud qu’il’porte dans les veines, sa colère s’allume facilement ; de là de perpétuelles et souvent irréconciliables rivalités entre les tribus elles-mêmes. Il attend que le fellah ait ensemencé son champ, pour aller lui ravir, dès qu’il commence à poindre, le fruit de son travail. Cette lutte entre l’Arabe sédentaire et le nomade pillard continue de nos jours comme au temps des Juges. Jud., vi, 3-5. Vaillant et fort, le Bédouin est habile à manier la lance, comme Ismaël et les fils de Cédar l’étaient à manier l’arc. Gen., xxi, 20 ; Is., xxi, 17. Sa richesse consiste en troupeaux de brebis, de chèvres, de chameaux. Il habite parfois dans des sortes de villages ou « lieux entoufés de clôtures », frâsêrîm, comme les douars des Arabes d’Afrique. Cf. Gen., xxv, 16. Les Ismaélites faisaient aussi le trafic et servaient d’intermédiaires entre les contrées lointaines de l’Arabie et les ports de la côte phénicienne ou l’Egypte. Leur descendants suivent encore de nos jours la route des marchands qui, au temps de Jacob, transportaient des parfums et des^esclaves dans la terre des pharaons. « Nous vîmes longeant la "vallée, dit un voyageur anglais, une caravane d’Ismaélites, qui venaient de Galaad, comme aux jours de Ruben et de Juda : leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de myrrhe, et ils auraient certainement acheté volontiers un autre Joseph à ses frères pour le conduire en Egypte et le vendre comme esclave à quelque Putiphar. » E. D. Clarke, Travels in varions countrieê of Europa, Asia and Africa, If édit., in-4°, 4813, t. ii, p. 512-513. Pour compléter ce portrait, aussi bien que pour ce qui concerne la religion, on peut voir

.Arabe 1, t. i, col. 828.

A. Legendre.

riCT. DE LA BIBLE.

    1. ISMAHEL##


ISMAHEL, orthographe, dans plusieurs passages de la Vulgate, du nom d’Ismaël. Voir Ishæl 1, col. 990.

    1. ISMAHEL##


1. ISMAHEL, orthographe, dans la Vulgate, I Par., i, 28, 29, 31, du nom du fils d’Abraham et d’Agar, qui est écrit partout ailleurs Ismaël. Voir Ishæl, col. 990.

    1. ISMAHEL##


2. ISMAHEL, fils de Nathanias et petit-fils d’Élisama, de la race royale de Juda, contemporain du prophète Jérémie. Son histoire est racontée en quelques mots dans IV Reg., xxv, 23-25, et avec plus de détails dans Jer., xl, 7-xli, 18. Voir aussi Josèphe, Ant. jud., X, ix. Pendant que l’armée de Nabuchodonosor assiégeait Jérusalem*, Ismahel, comme beaucoup d’autres Juifs, s’était réfugié dans le pays des Ammonites, à la cour du roi Baalis. Après la prise et la ruine de la ville, le roi de Babylone nomma gouverneur de la Palestine Godolias, fils d’Ahicam, qui était animé des meilleures intentions. Son père avait été le protecteur de Jérémie. Jer., xxvi, 24. -Voir Godolias 3, col. 259. Un certain nombre de fugitifs, parmi lesquels Ismahel et Johanan, fils de Carée, rassurés par la nomination de ce gouverneur, lui firent leur soumission. Il les exhorta à rester paisiblement en Judée, ce que firent la plupart. Mais Ismahel retourna chez les Ammonites, et les Juifs fidèles apprirent qu’il aurait formé, probablement à l’instigation de Baalis, roi d’Ammon, le dessein d’assassiner Godolias ; ils se rendirent alors à Masphath, où résidait le gouverneur, au nord de Jérusalem, ils le prévinrent du danger qui le menaçait, et Johanan lui offrit de faire lui-même mettre son ennemi à mort. Godolias ne pouvant croire à tant de scélératesse, s’y opposa et Ismahel put ainsi exécuter son crime. Il arriva à Masphath avec dix compagnons. Le gouverneur les invita tous à un repas, et quand ils eurent fini de manger, ils le tuèrent à coups d’épée ; ils égorgèrent ensuite tous les Juifs qui se trouvaient dans la ville, ainsi que les Chaldéens. Le lendemain, Ismahel fit massacrer également soixante-dix pèlerins de Sichem, de Silo et de Samarie, qui, en habits de deuil, apportaient des offrandes à la maison de Dieu en ruines, et il n’en épargna dix autres que par cupidité ; il fit jeter ses victimes dans.une citerne ; alors, emmenant un grand nombre de captifs, parmi lesquels les filles du roi Sédécias, il se mit en route pour retourner dans le pays d’Ammon. Mais Johanan, ayant réuni à la hâte autant d’hommes qu’il avait pu, marcha à sa rencontre ; il le rejoignit « aux grandes eaux de Gabaon », probablement près de la piscine dont il est question, II Reg., iv, 13, voir Gabaon, col. 21, et il délivra tous les prisonniers. Ismahel réussit à s’enfuir, avec huit de ses hommes, en Ammonitide. Ces événements se passèrent au septième mois de l’an 587, environ trois mois après la prise de Jérusalem. Nous ne savons plus rien d’Ismahel, mais la frayeur qu’inspira son crime à Johanan et à ses compagnons, qui redoutaient la vengeance de Nabuchodonosor, les porta à s’enfuir en Egypte, malgré les conseils de Jérémie qu’ils y entraînèrent de force avec eux. Jer., xli, 17-18 ; xiiii, 5-7. Quel avait été le motif du crime d’Ismahel ? Son origine royale lui avait-elle fait espérer de reconquérir le trône de Juda ? avait-il été poussé par la jalousie ou par quelque sentiment de vengeance personnelle ? Il est impossible de le dire. Les Juifs insti-. tuèrent un jeûne national, celui du septième mois, en expiation du crime d’Ismahel. Cf. Zach., vii, 5 ; viii, 19. Ce jeûne est encore observé par les Israélites de nos jours le 3 de tischri. C. Frd. Keil, Die zwôlf kleinen Prophelen, 1866, p. 579.

    1. ISMAHEL##


3. ISMAHEL, fils d’Asel, de la famille de Saûl. I Par., ix, 44. Son nom est écrit Ismaël par la Vulgate dans I Par., viii, 38. Voir Ismaël 3.

    1. ISMAHEL##


4. ISMAHEL, homme de la tribu de Juda, père de

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