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ISAIE (LE LIVRE D’)


deux fois, « la Volonté ; » Lix, 8, deux fois, « la paix ; » lxi, 7, « double, le double. » — Ces répétitions se rencontrent aussi dans la première partie, quoique beaucoup moins nombreuses, i, 7, deux fois, « désolée, » mais en hébreu : ietnâmâh, iemàmâh ; xvii, 5, hébreu : Hbbôlîm, sibbôlim, « baie ; » xxxii, 17, 18, « paix. » ’e) Néologismes ou chaldaîsmes. — On dit encore que la seconde partie contient une masse de mots d’emploi tardif, qui ne peuvent pas appartenir à Isaïe. Or nous allons montrer que ces mots ne sont nullement l’indice d’une date postérieure, parce qu’on les trouve soit dans des auteurs antérieurs, soit dans des auteurs à peu près contemporains d’Isaïe : — hên, « si, >.Is., Liv, 15 ; cf. Gen., iii, 22 ; xxix, 7 ; Lev., xxv, 20 ; — sdb’d, « service militaire, » XL, 2 ; cf. Num., iv, 3, 23, 30, 35, 39, 43 ; Job., vii, 1 ; — seganîm, « gouverneurs, » xli, 25 ; cf. Jer., li, 23, 28, où il a la forme plurielle régulière en im, et Dan., ii, 48, où il a la forme chaldaïque du pluriel en în ; — tàfal}, « mesurer, mesure, » xlviii, 13 ; cf. Exod., xxv, 25 ; xxxvii, 12 ; III Reg., vii, 9, 26 ; Ps. (héb.) xxxix, 6 ; Lam., ii, 22 ; — mâtah, « étendue, » XL, 22 ; dn ne le trouve pas ailleurs sous cette forme, mais on trouve son équivalent uni à la préposition’ad : ’ad-mâfaï, « jusques à quand, » Exod., x, 3 ; I Reg., xvi, 1 ; ou bien tout seul mâfaï, Jer., xiii, 27 ; —’ôti pour’» /£, . « de moi, avec moi, » liv, 15 ; cf. Jos., XIV, 12 ; — de même’ô(âm pour’ofam, « eux, » Lix, 21 ; — gd’al dans le sens de « souiller » ; cf. Job, iii, 5 ; — kinâh, « surnommer, » xlv, 4 ; cf. Job, xxxii, 21, 22 ; — mâhâ’, « frapper, applaudir des mains, » LV, 12 ; cf. Ezech., xxv, 6 ; Ps. xcvm ; 8 ; — nâhar, « affluer, » employé comme verbe, lx, 5 ; cf. Ps. xxxiv, 6 ; — ndiaq, « allumer, » xliv, 15 ; cf. Ezech., xxxix, 9 ; Ps. lxvii, 21 ; — sd’dh, « voyager, » li, 14 ; Cf. Jer., il, 20 ; xlviii, 12 ; — hosén, « bras, sein, » xlix, 22 ; cf. Ps. cxxix, 7 ; Neh., v, 13 ; — Sâbdb, « retourné, lvii, 17 ; cf. Jer., iii, 14, 22 ; — bûl, « produit de l’arbre, fruit, » xliv, 19 ; cf. Job, XL, .20 ; — rnelîsdh, léger, agréable, » xliii, 27 ; cf. Gen., xlii, 23 ; II Par., xxxii, 31 ; Job, xxxiii, 23 ; — mesukdn, « indigent, » xl, 20 ; cf. Deut., viii, 9 ; Eccle., iv, 13 ; ix, 15 ; — ke-al, « comme sur, » lix, 18 ; ’lxiii, 7 ; cf. II Par., xxxii, 19. f) Formes grammaticales. — * On n’a pas été plus heureux en ce qui concerne les formes grammaticales. Ces formes, qu’on regarde comme des indices d’une date postérieure, se trouvent aussi dans d’autres auteurs antérieurs ou contemporains d’Isaïe ; —’imês quhel de’amas), « fortifier, » xli, 10 ; cf. Deut., ii, 30 ; Job, iv, 4 ; Prov., viii, 28 ; Amos, ii, 14 ; — quhel) hidês, « renouvela, » lxi, 4 ; cf. I’Reg., xi, 14 ; Ps. li, 12 ; — [pihel) kihên, « remplit la fonction de prêtre, » lxi, 10 ; cf. Exod ;, xxviii, 41 ; xxix, 1 ; Ezech., xliv, 3 ; Ose., iv, 6 ; — [pihel) pê’êr, « orna, » lv, 5 ; lx, 7, 13 ; cf. Ps. CXLLX, 4 ; — (hithpahel) des verbes Sa’dh, « être surpris, » xli, 10, 23 ; pâfâh, « ouvrir, » Ln, 2 ; ydmar, « dire, s LXt, 6 ; ces trois formes sont, il est vrai, inusitées chez les autres auteurs ; mais nous ne connaissons pas assez la langue hébraïque pour nous prononcer avec certitude sur leur caractère ; de plus, presque chaque auteur emploie certaines formes qui lui sont particulières. Pourquoi n’en pourrait-il pas être de même d’Isaïe ?

g)Arabismes. — Les pré tendus arabismes se rencontrent aussi dans d’autres auteurs : — galmûd, * solitaire, » xlix, 21 ; cf. Job, iii, 7 ; xv, 34 ; — hddar, « honorer, » xlv, 2 ; cf. Lev., xix, 15, 32 ; Lam., v, 12 ; Prov., xxv, 6 ; — hâzdh, « délirer, voir des fantômes, » lvi, 10 ; c’est là, il est vrai, un âic*l t ?(6 (uvov ; quoiqu’on puisse l’expliquer par.l’arabe li*, il ne s’ensuit pas que les Hébreux se soient approprié ce mot à l’époque de l’exil ; — même réflexion pour hâbar, « observer, » xlviii, 13, et hàlam, « prolonger, » xlviii, 9 ; — harsôb,

  • Ùen, » lviii, 6 ; cf. Ps. iii, 4 ; —’û{, « renverser, »

L, 4 ; cf. I Par., tx, 4, où l’on trouve cette racine comme nom propre, « Othéïs, » habitant de Jérusalem avant l’exil ; — sdrah, « crier, » xlii, 13 ; ce mot existait du temps du roi Josias, avant l’exil ; cf. Soph., i, 14 ; — sahar, « aurore, » xlvii, 11 ; Cf. Gen., xix, 15. — Cf. pour toutes ces objections (dont la plupart ont été formulées par Knobel-Diestel), Knabenbauer, Inlt., t. ii, p. 13-24. Trochon, Isaïe, p. 8-13 ; Le Hir, Éludes bibliques, 2 in-8°, Paris, 1869, t. i, p. 89-118, 137, 138 ; Driver, hostile à l’authenticité, Introduction, p. 236-243.

VIII. Intégrité.

I. opinion de la critique négative. — Nous ne dirons que quelques mots de cette question qui est inséparable de celle de l’authenticité. Comme nous l’avons déjà vii, toute la critique négative prétend que l’œuvre authentique d’Isaïe aurait subi de profonds remaniements dans le cours des siècles. Mais les divergences commencent’parmi les rationalistes quand il s’agit de trier les fragments et de déterminer les parties qui auraient été ajoutées à l’œuvre primitive. Nous avons déjà fait connaître, au cours de cet article, les instabilités de la critique, particulièrement à l’égard de la seconde partie. Pour compléter cet exposé, nous croyons utile de faire connaître les additions qui auraient été faites à la première partie d’après les plus récents critiques. Stade regarde les fragments ii, 2-4 ; lv, 5-6 ; v, 15-16 ; vil, 8-9°, 15, 17-25 ; ix, 1-7 ; xi, 5-xii, 6 ; xxxhxxxin, comme des additions postexiliennes ; cf. Zeitschrift fur die alttest. Wissenschaft, 1884, p. 256, t. i, p. 586 ; Duhm restreint l’œuvre authentique d’Isaïe aux fragments suivants : i, 2-26, 29-31 ; ii, 2-4, 6-19, 21 ; iii, 1-9, 12, 13-iv, 1 ; v, 1-14, 17-26 ; vi, 1-13 ( « il s’est tenu » ) ; vii, 2-8°, 9-14, 16, 18-20 ; viii, 1-18, 21-22 ; ix, 2-7, 8-14, 17-x, 4 ; x, 5-9, 13-14 ; xi, 1-8 ; xiv, 24-25°, 26-27 ; xvii, 1-6, 9-14 ; xviii, 1-6 ; xx 1, 3-6 ; xx, 16-17 ; xxii, 1-9°, 11M4, 15°, 16-18 ; xxviii, 14, 7-29 ; xxix, 1-4°, 5°-7, 9-10, 13-15 ; xxx, 1-7°, 8-17, 27-33 ; xxxi, 1-4 ( « d’eux » ), 5, à partir de « ainsi », 8°, 9 b, xxxii, 1-5, 9-18, 20. Pour Cheyne, l’œuvre d’Isaïe se réduit aux passages suivants : i, 5-26, 29-31 ; ii, 6-10, 11-17, 18-21 ; iii, 1, 4-5, 8-9, 12-15, 16-17, 24 ; iv, 1 ; v, 1-14, 17-22, 23, 24, 25b ; vi, 1-13 « il s’est tenu », vii, 2-8°, 9-14, 16, 18-20 ; vm, 1-18, 201>-22 ; ix, 8-13, 16-x, 4 ; v, 26-29 regardé comme la conclusion de ix, 8-x, 4 ; x, 5-9, 13-14, 27-32 ; xiv, 24-25°, 26-27, 29-32 ; xvi, 14 à partir de In ; xvii, 1-6, 9-14 ; xviii, 1-6 ; xx, 1, 3-6 ; xxi, 16-17 ; xxii, 1-9°, 11M4, 15°, 16-18 ; xxiii, 1-2, 3( ?), 4, 6-12, 14 ; xxviii.l^, 7-19, 21-22 ; xxix, 14°, 6, 9-10, 13-15 ; xxx, 1-7°, 8-17 ; xxxi, 1-5° « les oiseaux ». Driver, Introduction, p. 229, 230.

il. réfutation. — La réfutation de cette thèse découle rigoureusement de ce que nous avons déjà démontré. Nous ne pourrions entrer dans les détails de l’examen et de la discussion sans nous répéter. Ce que nous avons dit à propos de l’authenticité ruine par voie de conséquence l’opinion de la critique négative, et établit l’intégrité des prophéties d’Isaïe.

IX. Inspiration et canonicité du livre d’Isaïe. — L’inspiration et la canonicité des prophéties d’Isaïe n’ont jamais été contestées. La tradition juive et chrétienne sont trop unanimes sur ce point pour qu’il soit possible de conserver le moindre doute. Dans le canon hébreu, le livre d’Isaïe occupe la première place parmi les prophètes appelés postérieurs ; c’est la place que lui donnèrent les Juifs aux m" et ive siècles ; c’est aussi la place qu’il occupe dans les manuscrits hébreux espagnols et dans les plus anciens manuscrits : tels que le Codex babylonicus petropolitanus, de l’an 916. Dans le Talmud, Barajtha BabaBathra, fol. 14 b, on trouve une fois le classement : Jérémie, JËzéchiel, Isaïe, 12 petits prophètes ; cette troisième place il l’occupe aussi dans la plupart des manuscrits hébreux français et allemands. — Trois preuves principales démontrent U canonicité du livre d’Isaïe 1* Il fait partie de toutes les versions,