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GALGALA


p. 99, 176, 262. Le pèlerin russe Daniel (1106-1107) y signale un couvent et une église consacrés à saint Michel ; là, en effet, dit-il, « à une verste de Jéricho, du côté de l’orient estival, est situé le lieu où le saint archange apparut à Josué, fils de Nun, en présence de l’armée des Israélites. » Jos., v, 13-15. Cf. Itinéraires russes en Orient, Genève, 1889, t. i, p. 31. Enfin R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 99, préteud qu’il y a, dans le voisinage du Jourdain, une colline semblable à un monceau de pierres, que les Arabes appellent Galgala. Personne, cependant, avant 1865, n’avait découvert un nom qui pût rappeler cette localité célèbre. À cette époque, M. Zschokke entendit plusieurs habitants de la contrée appliquer à un tertre de la plaine le nom de Tell Djeldjûl. Cf. H. Zschokke, Beitrâge zur Topographie der westlichen Jordansaue, Vienne, 1866, p. 26. Plus tard, en 1874, les explorateurs anglais remarquèrent, au même endroit, au sud d’un tamaris isolé, une ancienne citerne appelée birket Djildjuliyéh. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 36. L’emplacement .correspond assez exactement aux données de Josèphe, bien que la distance du Jourdain, cinquante stades, soit un peu exagérée. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. La dénomination et les légendes attachées à ce coin de terre peuvent venir d’une tradition chrétienne ; mais celle-ci peut avoir aussi pour base, une tradition juive. Cf. Pal. Expl. Fuiid, Quart. Statement, 1874, p. 70, 170, 174. En tout cas, on ne saurait nier le rapport onomastique entre l’hébreu’îi’îs, Gilgâl, et

l’arabe ^O- »., Djeldjûl, ou À « Ij » - *. >.>, Djeldjûliyêh.

Cf. G. Kampffmeyer, Aile Namen im heutigen Palàstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palastina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 32. L’identification est acceptée par le plus grand nombre des auteurs. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 117 ; G. Armstrong, VV. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 72 ; R. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 13, etc. Le sol que recouvrent les ruines de Tell Djeldjoûl est parsemé d’amas de pierres, quelques-unes d’assez grandes dimensions, mais la plupart de moyenne grandeur, mêlées à de menus matériaux. On y a trouvé de nombreux petits cubes de mosaïque épars sur une plate-forme où s’élevait sans doute l’ancienne église mentionnée par les vieux pèlerins. Au sud-sud-est du tamaris appelé Schedjerer et-Ithléh, est le réservoir ou birket, long de 30 m 50 sur 25°"60 de large, construit en pierres grossièrement taillées, sans ciment apparent. A l’est et à l’ouest du même arbre, on peut suivre certaines lignes de maçonnerie semblable à celle de la citerne, représentant les fondements de trois constructions. Enfin, au sud et au sud-est de ces ruines, on compte plus d’une vingtaine de petits monticules irrégulièrement espacés, de forme et de grandeur variables. L’un d’eux, fouillé par M. Clermont-Ganneau, a révélé quelques fragments de poterie et de verre. Voir le plan donné dans le Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1894, p. 182, et Survey of Western Palestine, Menioirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 173-175, 181-184, 191.

II. Histoire.

Galgala fut un lieu célèbre, principalement sous Josué et Samuel, en raison des événements qui s’y accomplirent dès la prise de possession de la Terre Sainte par les Israélites. Après le miraculeux passage du Jourdain, c’est là qu’ils vinrent camper, le dixième jour du premier mois de la quarante et unième année depuis leur sortie d’Egypte. Josué y fit déposer les douze pierres prises dans le lit du fleuve, et qui devaient rester aux yeux des générations futures et des peuples de la terre comme le monument de la puissance et de la protection de Jéhovah. Jos., iv, 19-25. Ce ne fut d’abord qu’un simple camp retranché, d’où les Hébreux partirent

pour la conquête du pays, et qui leur servit de centre de ralliement. Mais avant d’entreprendre la lutte, ils se sanctifièrent par la circoncision et la pàque. Les hommes nés dans le désert n’avaient pas reçu dans leur chair le signe de l’alliance divine. Sur un ordre donné par Dieu à Josué, ils furent circoncis avec des couteaux de pierre, dont on a retrouvé des spécimens aux environs de Tell-Djeldjoul. C’est alors que, par un jeu de mots conforme à l’esprit des Orientaux, le nom àe Gilgâl tut appliqué au lieu lui-même : « Alors le Seigneur dit à Josué : Aujourd’hui j’ai levé (hébreu : gallôfi, « j’ai roulé » ) de dessus vous l’opprobre de l’Egypte. Et ce lieu fut appelé Galgala, comme on l’appelle encore aujourd’hui. » Jos., Y, 2-9. Le quatorzième jour du mois, le peuple célébra la solennité pascale, la seconde mentionnée depuis la sortie d’Egypte. La manne cessa de tomber, et « les enfants d’Israël mangèrent des fruits que la terre de Chanaan avait portés l’année même ». Jos., v, 10, 12. C’est là que Josué reçut les habitants de Gabaon, qui surprirent sa bonne foi ; de là qu’il partit pour les secourir, et là qu’il revint après la mémorable journée où il arrêta le soleil, comme après ses rapides expéditions dans le sud de la Palestine. Jos., lx, 6 ; x, 6, 7, 9, 15, 43. C’est là aussi qu’il était quand les fils de Juda vinrent appuyer près de lui la requête de Caleb. Jos., xiv, 6. Un ange du Seigneur monta de Galgala à Bôklm ou « le lieu des Pleurants », pour reprocher aux Israélites d’avoir fait alliance avec les Chananéens. Jud., ii, 1. — Cette localité est aussi mentionnée dans l’histoire d’Aod. Jud., iii, 19. La Vulgate en fait un « lieu d’idoles » ; mais le mot hap-pesîlim, qui sert parfois à désigner des statues idolâtriques, est pris ici par certains auteurs dans le sens de « carrières de pierre », et, pour d’autres, indique un lieu spécial situé près de Galgala.

Sous Samuel, Galgala fut, avec Béthel et Mesphath, un des Centres où se tenaient, sous la présidence du prophète, des assemblées plénières de la nation. I Reg., vu, 16. C’était, selon le mot des Septante, un des « lieux saints », ol T)yio « j(i.svoi, et voilà pourquoi Saûl, d’après l’ordre du même prophète, y devait descendre pour offrir un sacrifice et immoler des victimes pacifiques. I Reg., x, 8. Son élection y fut solennellement confirmée.

I Reg., xi, 14, 15. Pendant la guerre contre les Philistins, il y vint de Machinas, et le peuple s’y rassembla près de lui. Comme Samuel tardait de venir, le roi, se voyant peu à peu abandonné, et craignant, dit-il, d’être attaqué par l’ennemi avant d’avoir apaisé le Seigneur, se permit d’offrir l’holocauste. C’est alors qu’il reçut l’annonce de sa future déchéance. IReg., xiii, 4, 7, 8, 12, 15.

II y entendit plus tard sa sentence de réprobation, et Agag, roi d’Amalec, qu’il avait épargné, fut immolé sans pitié. I Reg., xv, 12, 21, 33. Lorsque David, après la mort d’Absalom, revint à Jérusalem, le peuple courut à sa rencontre jusqu’à Galgala. II Reg., xix, 15, 40. — Le souvenir des grands événements qui s’y étaient passés au début de la conquête dut rester toujours gravé dans la mémoire des Hébreux ; Dieu le rappelle par la bouche du prophète Michée, vi, 5. Cependant, en raison même du culte religieux dont cet endroit avait été longtemps le centre, il devint plus tard un foyer d’idolâtrie. C’est ce qui ressort de plusieurs passages prophétiques, plus ou moins obscurs. Cf. Os., iv, 15 ; ix, 15 ; xii, 11 ; Am., iv, 4. Voilà pourquoi Amos, v, 5, annonce sa destruction par ce jeu de mots intraduisible : Gilgâl gdlôh ygléh, Vulgate : « Galgala sera emmenée captive. t> AvecJ. Knabenbauer, Comnientarius inprophetas minores, Paris, 1886, t. i, p. 65, et d’autres commentateurs, nous croyons, en effet, qu’il s’agit, dans ces prophètes, de la Galgala dont nous venons de retracer l’histoire. Certains. exégètes, comme Keil, Biblischer Commentar ûber die zwolf kleinen Propheten, Leipzig, 1888, p. 58, pensent qu’il est plutôt question de Galgala des montagnes d’Éphraïm, célèbre sous Élie et Elisée.