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ISAÏE (LE LIVRE D’)


Nah., iii, 7, et Is., li, 19. — C) De Sophonie. ii, 15, et Is., .xlvii, 8, 10. — Concluons : les trois prophètes, Jérémie, Nahum et Sophonie, sont antérieurs à la captivité de Babylone : on voit qu’ils connaissent la seconde partie d’Isaïe ; donc les oracles de cette seconde partie sont antérieurs à l’exil, et dès lors la position de la critique est fausse ; cf. von Himpel, dans k Theolog. Quartalschrift, 1878, p. 471, 511, 520 ; tfeinke, Messianische Weissagungen, t. ii, p. 488 ; Zschokhe, Historia sac. Ant. Test.. Z’édit., p. 269 ; Kaulen, Einleitung, 3e édit., part, ii, 1892, p. 360-361 ; Kueper, Vas Prophetenthum, p. 270-291 ; Keil, Einleitung, p. 247 ; Drechsler, Der Prophet Jesaja, iii, p. 403 ; Nâgelsbàch, Der Prophet Jesaja, p. xxx ; Seinecke, Der Evangelist des alten Testamentes, p. 34, 36, 38 ; Knabenbauer, In Is., t. ii, p. 10-11.

4. Caractère du style.

« Le style des chapitres xllxvi prouvé qu’ils ne sont pas de l’époque à laquelle on prétend les rapporter. Ils sont écrits dans une langue, non seulement irréprochable, mais parfaite. Or, à la fin de la captivité de Babylone, à laquelle on veut en placer l’origine, l’hébreu avait perdu son ancienne pureté, par le contact et [le mélange des étrangers, comme nous le voyons dans Ezéchiel et dans Daniel, et il ne retrouva plus son ancien éclat. » Vigouroux, Man. bibl, t. ii, p. 608.

5. Ressemblances littéraires entre les deux parties. — Elles sont très nombreuses, de sorte que l’on sent que les deux parties sont d’un seul et même auteur. — A) Mots. — Niqr’a, « être appelé, être connu, » i, 26 ; xxxii, 5 ; — xi.vii, 1, 5 ; xlviii, 8 ; liv, 5 ; lvi, 7 ; lxi, 6 ; lxii, 4, 12, etc. ; —, asir, « enchaîné, » x, 4 ; xxiv, 22 ; et xlii, 7 ; — îbelè maint, « écoulements des eaux, » xxx, 25 et xliv, 4 (pas ailleurs) ; — nà’âsûs « épine, ronce, » vii, 19 et lv, 13 (pas ailleurs) ; —’onég, « volupté, » xiii, 22 et lviii, 13 (pas ailleurs) ; — fa’âlûlîm, « crimes, » iii, 4 et lxvi, 4 (pas ailleurs) ; —’âbîr, « fort, » i, 24 et xlix, 26 ; lx, 16 ; — agmôn, « jonc, » ix, 13 ; xix, 15 et lviii, 5 ; — mê’àz, « dès lors, » seize fois dans toute la Bible, dont huit dans Isaïe, xiv, 8 ; xvi, 13 ; xliv, 8 ; xlv, 21 ; xlviii, 3, 5, 7, 8 ; —’éfe’éh, « vipère, » se trouve seulement dans Job, xx, 16 et Is., xxx, 6 et lix, 5 ; — bâ’âh, « chercher, . » xxi, 12 ; xxx, 13 et lxiv, 1 ; ne se trouve plus que dans Abd., 6 ; — ba-bôqér, ba-bôqér, « le matin, le matin, » xxviil, 19 et l, 4 ; — géza’, « coupé, » xi, l et xl, 24 ; ne se trouve plus que dans Job, xiv, 8 ; — limûd, « instruit, » yin,

16 et L, 4 (bis) ; liv, 13 ; ne se trouve plus que dans Jérémie ; ]— miné, mini, forme inusitée, ex, « de, » xxx, 11, (bis) et xlvi, 3 (bis) ; — siqêl, « écarter des pierres, » v, 2 etLxii, 10 ; nulle part ailleurs ; — mâiôs, « joie, »

17 fois dans l’Écriture, dont 10 dans Isaïe, viii, 6 ; xxiv, 8 (bis), 11 ; xxxii, 13, 14 et lx, 15 ; lxii, 5 ; lxv, 18 ; txvi, 10 ; — sârâh, « éloigner, apostasier, ».8 fois dans l’Écriture, dont quatre dans Isaïe, i, 5 ; xiv, 6 ; xxxi, 6 et lix, 13 ; —’oie’ii, « faisant, » solennelle appellation de Dieu, xvii, 7 ; xxvii, 11 ; xxix, 16 et xliv, 2 ; xlv, 18 ; li, 13 ; liv, 5 ; — sâhal, « hennir, r x, 30 ; xii, 6 ; xxiv, 14 et liv, 1 ; ne se trouve que cinq fois dans tout le reste de la Bible ; — sâmè’, « ayant soif, » se trouve dix fois dans la Bible, dont cinq dans Isaïe, xxi, 14 ; xxix, 8 ; xxxii, 6 et xliv, 3 ; lv, 1 ; — sânîf, « tiare, » m, 23 et lxii, 3 ; — sife’oni, « basilic, serpent, . » xi,

8 et lix, 5 ; — rahab, « orgueilleux, » appliqué à l’Egypte, xxx, 7 et li, 9 ; — iâiôn ve-Hmhdh, « joie et allégresse, » xxii, 13 ; xxxv, 10 et li, 3, 11 ; — Sdi-ôn, terme de comparaison pour indiquer une contrée agréable, xxxiii, 9 ; xxxv, 2 et lxv, 10 ; — Sdfêl, « être humilié, » ii, 9, 11, 12, 17 ; v, 15 ; x, 33 ; xiii, 11 ; xxv, 11, 12 ; xxvi, 5 ; xxrx, 4 ; xxxii, 18 et xl, 4 ; lvii, 9 ; — fiféréf, « ornement, s iii, 18 ; iv, 2 ; x, 12 ; xiii, 19 ; xx, 5 et xuv, 13 ; lii, 1 ; lx, 7, 19 ; lxii, 3 ; — nêsér, « rejeton, » xi, 1 ; xiv, 19 et lx, 21 ; ne se trouve plus que dans Dan., xi, 7.

B) Locutions et formules. — QedôS ISrd’êl, « Saint d’Israël, » i, 4 ; v, 19, 24 ; x, 20 ; xii, 6 ; xvii, 7 ; Xxx, 11, 12 ; xxxi, 1 ; xxxvii, 23 et xli, 14, 16, 20 ; xliii, 3, 14 ; xlv, 11 ; xl vii, 4 ; xlviii, 17 ; xlix, 7 ; liv, 5 ; lv, 5 ; lx, 9, 14 ; rare dans les autres livres de la Bible ; — nidhè Ièrâ’êl, « les chassés d’Israël, » xi, 12 et lvi, 8 ; ne se trouve plus que dans Ps. cxlvii, 2 ; — ydbês hdsîr, « grain aride, » xv, 6 et xl, 7, 8 ; — yemê qédérn, « les jours d’avant, » xxiii, 7 ; xxxvii, 26 et li, 9 ; — nâèâ’nés, « élever un signal, » v, 26 ; xi, 12 ; xiii, 2 ; xviii, 3 et xliv, 22, où le mot nâid’est remplacé par rûm ; de même dans lxii, 10 ; — se’ifè has-selâ’im, « écueils de pierres, » ii, 21 et lvii, 5 ; — pî Yehôvâh dibbér, « la bouche du Seigneur a parlé, » i, 20 et XL, 5 ; lviii, 14 ; ne se trouve nulle part ailleurs ; — sis nobêl, « fleur qui tombe, » xxviii, 1, 4 et XL, 7, 8 ; ne se trouve nulle part ailleurs ; -^ yo’mar Yehôvâh, « Dieu dit, » i, 11, 18 ; xxxiii, 10 et xl, 25 ; xli, 21 ; lxvi, 9 ; tournure propre à Isaïe.

C) Parallélisme. — Dans beaucoup de passages des deux parties il existe un parallélisme d’idées et même de mots, rvveuglement de l’esprit : vi, 10 ; xliv, 18. — Manifestation de la lumière divine, viii, 20 ; lviii, 8 ; cf. aussi ix, 1. — La félicité du royaume messianique dépeinte par les mêmes images, xi, 7-9 ; lxv, 25 ; aussi xi, 6. — De même xxviii, 5, et lxii, 3 ; xxix, 18 et xlii, 7 ; xxx, 26, et lx, 91. — Dévoiler, xxii, 8-9° et xlvii, 2-3°.

— Sion comparée à une tente, xxxiii, 20 ; liv, 2. — Le malheur comparé à l’ivresse, xix, 14 et li, 17 ; xxix, 9 et li, 21 : — Cantiques, xii, 1, 4-5 ; xxiv, 14 ; xxv, 1 ; et xlii, 10 ; xliv, 23 ; xlv, 8 ; 15 ; xlix, 13 ; li, 9 ; lii, 9 ; lxi, 10 ; lxiii, 7 ; lxvi, 10.

D) Répétition de la même idée et parfois des mêmes mots dans le même verset. — Cette propriété stylique se retrouve aussi dans les deux parties ; cf. i, 7 ; iv, 3 ; xiv, 25 ; xv, 8 ; — xl, 19 ; xlii, 15, 19 ; lui, 7 ; lv, 4 ; lviii, 2.

E) Ressemblances entre le chapitre l et les chapitres xl-lxvi. — Il existe tant de ressemblances entre le chapitre I et les chapitres qui composent la seconde partie, que ce point mérite d’être traité à part. — o) Ressemblances verbales. — Sàb, « celui qui se détourne, qui abandonne, » i, 27 et lix, 20 ; —’âzab, « abandonner, » I, 4, 28 et lxv, 11 ; — posa’, « prévariq%er, » i, 2,

28 et xliii, 27 ; xlvi, 8 ; xlviii, 8 ; lui, 12 ; lxvi, 24. — b) Ressemblances réelles : invocation du ciel et de la terre, i, 2 et xliv, 23 ; xlix, 13 ; — Israël représenté sous l’image d’un lépreux, I, 6 et lui, 2 (appliqué au serviteur de Jéhôvâh) ; — Dieu abhorre les prières des pécheurs, i, 15 et lix, 2, 3 ; — invitation à discuter avec Dieu, I, 18 et xli, 1 ; — promesse des biens terrestres, i, 19 et lv, 2 ; — confusion dans le culte des idoles, i,

29 et xlii, 17 ; lvii, 5 ; lxvi, 17.

Objections.

1. Objection philosophique. — Ces

chapitres annoncent trop clairement l’exil et la captivité de Babylone, et nomment le libérateur Cyrus ; Isaïe n’a pas pu prédire ces événements, d’autant plus qu’il a vécu dans la période assyrienne. — Réponse. — Comme nous l’avons déjà fait observer ailleurs, cette objection repose sur un faux principe philosophique : l’impossibilité de la prophétie. — Si cette objection était valable, tous les livres prophétiques de l’Ancien Testament seraient apocryphes, car tous contiennent des prophéties au sens strict du mot ; ainsi il faudrait supprimer Amos, qui prédit la ruine du tabernacle davidique et le châtiment des nations éloignées ; Osée, qui prédit la ruine du royaume d’Israël, l’exil et le retour ; Michée, qui prédit la ruine de Samarie, de Jérusalem, l’exil, le retour et la naissance du Messie à Bethléhem ; Nahum, qui prédit la chute de l’empire chaldéen. — De plus si cette règle était vraie, il faudrait conclure, comme l’observe à juste raison Nâgelsbàch, Jesaja, p. xxiii, que les chapitres lii-lv ont été écrits après la venue de Jésus-Christ, et que leur auteur avait lu les Epitres ae saint Paul.