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ISAIE (LE LIVRE D’)


les menaces : la maison de Jacob sera rejetée à cause de son idolâtrie, de son avarice et de ses autres crimes, il, 5-10 ; les orgueilleux seront humiliés et Dieu exalté, jꝟ. 11-12. — Nouvelles menaces : les Juifs seront abandonnés à cause de leurs péchés, iii, 1-3 ; ils tomberont sous la domination d’enfants et d’hommes efféminés, ꝟ. 4 ; ils se précipiteront les uns contre les autres, mais ils ne pourront trouver de chef, ꝟ. 5-7. Le peuple se trouve dans un état lamentable, mais la faute en est à ses chefs, qui ont exercé sur lui toute sorte d’exactions. Lé prophète s’élève vivement contre les iniquités des chefs du peuple, ꝟ. 8-15 ; il adresse de vifs reproches aux femmes juives, aux filles de Sion, à cause de leur vanité, de leur orgueil et de leur luxe, ꝟ. 16-24. Cf. E. Fontenay, Les bijoux anciens et modernes, in-8°, Paris, 1887. Il revient aux menaces contre les hommes de Sion, ꝟ. 25-26 ; les hommes manqueront dans Juda ; les veuves et les femmes seront tellement nombreuses, que sept prieront à la fois un homme de les prendre pour épouses, iv, 1. Cependant, au milieu de cette désolation, le germe du Seigneur sera dans la gloire et la magnificence, ꝟ. 2 ; enfin les restes d’Israël, après avoir été purifiés de leurs souillures, seront sauvés et mis en sûreté, ꝟ. 3-6. — Cette prophétie présente deux particularités : premièrement, c’est la seule qui commence par une promesse : « Et il y aura, s> il, 2 ; secondement, les mots « dans les derniers jours », il, 2, désignent toujours, dans le langage prophétique, les temps messianiques.’3° Parabole de la vigne, v. — Sous l’image de la vigne stérile et dévastée, le prophète prédit le châtiment des Juifs, v, 1-7 ; description de leurs vices : avarice, convoitise, ivrognerie, mépris de Dieu, ꝟ. 8-12 ; c’est pour cela que le peuple est conduit en captivité, ꝟ. 13 ; que l’enfer engloutira Israël, t, 14. Les orgueilleux seront humiliés, Dieu exalté et le juste heureux, ꝟ. 1517. Malheurs (vas) contre les pécheurs de toute espèce, j^. 18-24 ; ils seront brûlés, et leurs rejetons déracinés parce que la. colère du Seigneur s’est allumée contre son peuple. Il lèvera un étendard qui servira de signal aux nations étrangères ; un peuple viendra des extrémités de la terre et ravagera la Judée, ꝟ. 25-30. Pour la parabole de la vigne, cf. Jer., ii, 21 ; Matth., xxi, 3343 ; Marc., xii, 1-12 ; Luc, xx, 9-16.

4° Vocation d’Isaïe au ministère prophétique, vi. — Après avoir vu Dieu assis sur un trône de gloire, entouré de séraphins qui chantent 7 les louanges du Très-Haut, le prophète condamne amèrement son silence, vi, 1-5 ; un séraphin vole vers lui, et lui purifie les lèvres avec un charbon, ꝟ. 6-7 ; aussitôt, il s’offre à Dieu pour aller prophétiser où il lui plaira de l’envoyer, ꝟ. 8. Il prédit l’aveuglement de Juda et la désolation de ses villes, ꝟ. 9-11 ; cf. Matth., xiii, 14 ; Marc, iv, 12 ; Luc, viii, 10 ; Joa., xii, 40 ; Act., xxviii, 26 ; Rom., xi, 8 ; en dernier lieu, il annonce la multiplication et la conversion de ceux qui auront survécu, ꝟ. 12-13. — La vocation d’Isaïe au ministère prophétique a donné lieu à bien des conjectures. « Les interprètes ont examiné : 1. quel a été l’objet de cette vision prophétique ; 2. quelle en est la scène ; 3. quelle en est la nature. — 1. Selon quelques-uns, l’objet de la vision a été le Père, selon d’autres Dieu le Fils, et selon d’autres la Sainte Trinité. Ce dernier sentiment est plus probable, attendu que l’Église, dès le premier siècle, a reconnu une allusion aux trois personnes divines dans les mots Sanctus, sanctus, sanctus, et dans cette interrogation : Quem mittam (unité de substance), et quis ibit nobis (pluralité des personnes) ? — 2. La scène s’est passée, selon les uns, dans le Temple de Salomon ; selon d’autres, dans le ciel montré à l’imagination du prophète sous des formes semblables à celles du temple. — 3. On peut admettre une apparition réelle, comme celles dont furent honorés tant d’autres avant Isaïe. Cependant Cornélius a Lapide, après saint Augustin, soutient que

tout s’est passé dans l’imagination du prophète, et ce sentiment paraît bien plus probable. » Le Hir, Les grands prophètes, ih-12, Paris, 1877, p. 54-55.

Deuxième groupe : prophéties du temps d’Achaz, ou Livre d’Emmanuel, vii-xii. — Ce groupe embrasse quatre prophéties : une formule particulière, qui indique le commencement de chaque prophétie, vii, 1 ; vii, 10 ; vm, 1 ; viii, 5, rend cette division toute naturelle. Ce sont comme quatre discours : — 1° Préparation à la prophétie d’Emmanuel, vii, 1-9. Les prophéties contre Samarie et contre Damas servent de préparation. Jérusalem est menacée par les rois de Syrie et d’Israël, Rasin et Phacée ; on annonce que l’armée syrienne est campée sur le territoire d’Éphraïm, ꝟ. 2 a, ou peut-être que les deux peuples sont alliés pour une action commune, ^’.5 ; à cette nouvelle le roi et le peuple sont saisis de crainte, ꝟ. 2 b. Cf. IV Reg., xvi, 5. Isaïe console Achaz et relève son courage en l’assurant que ses ennemis ne réussiront pas dans les projets qu’ils avaient formés de se rendre maîtres de Juda et d’y établir comme roi le fils de Tabéel ; il lui déclare en même temps que, dans soixante-cinq ans, Éphraïm, le royaume des dix tribus, cessera de former un peuple à part et que Samarie deviendra la capitale d’Éphraïm, ꝟ. 3-9. — 2’Prédiction de la naissance d’Emmanuel, ꝟ. 10-25. Le prophète fait connaître d’ahord les circonstances de la prophétie. Achaz, abattu et effrayé par l’approche de. l’ennemi, paraissait disposé à appeler à son secours le roi d’Assyrie, Théglathphalasar. Isaïe l’engage à mettre uniquement sa confiance en Dieu et lui déclare que, comme gage de la protection divine sur son royaume, il peut demander à Dieu un signe, c’est-à-dire un miracle ; le roi s’y refuse, ꝟ. 10-13. Isaïe donne alors ce signe de sa propre initiative : ce signe c’est la naissance du Fils de la Vierge ; en même temps il lui donne l’assurance que, dans l’espace de deux ou trois ans, Juda sera délivré de la Syrie et d’Israël, mais qu’il sera châtié par un autre instrument des vengeances divines : le roi d’Assyrie, ꝟ. 14-17. Un événement prochain, l’invasion de la Judée par les armées de l’Egypte et de l’Assyrie, confirme la vérité de l’oracle ; ces armées ravageront toute la Palestine, comme un rasoir coupe tous les poils sur lesquels il passe, ꝟ. 18-20. Désolant tableau des ravages causés par cette invasion : les champs seront dévastés, la terre ne produira plus que des ronces et des épines, ꝟ. 21-25.

— 3° Signe prochain de la délivrance de Juda ; promesse du fils d’Isaïe, viii, 1-4. Dieu ordonne à Isaïe d’écrire sur un grand livre les mots : Mahêr-iàldl-hâs-baz ; à ce sujet le prophète choisit deux témoins : le prêtre Urie, . et Zacharie, fils de Barachie, ꝟ. 1-2. Le prophète a un fils qu’il nomme des mots écrits sur le grand livre, ꝟ. 1 : Mahêr-sâlâlrhâs’-baz, qui signifient : « qu’on se hâte de piller, de prendre le butin » (Vulgate : Accéléra spolia, detrahere ; festina prxdari), avant que l’enfant sache parler, c’est-à-dire dans un an et demi ou deux ans, Damas et Samarie auront succombé sous les coups du roi des Assyriens, ꝟ. 3-4. Cf. IV Reg., xv, 29 ; xvi, 9 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 521-526. — 4° Triomphe du peuple de Dieu sur ses ennemis au temps d’Achaz, viii, 5-xii. Ce triomphe est le symbole d’un triomphe plus grand qui arrivera au temps du Messie. Israël et Juda seront punis pour avoir placé leur confiance dans le secours de l’étranger ; ils seront opprimés par les Assyriens. Cependant Emmanuel viendra un jour les consoler au milieu des ténèbres et des tristesses où ils sont plongés ; il leur naîtra un enfant, et cet enfant affermira à jamais le trône chancelant de David ; son empire aura une très grande, étendue, viii, 5-ix, 7. Cet enfant ne paraîtra toutefois sur la terre que lorsque les enfants de Jacob, et en particulier Éphraïm, auront subi les plus durs châtiments : la verge du Seigneur frappera sur Israël, et n’épargnera personne, rx, 8-x, 4. Après s’être servi