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ISAIE

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xxxviii ; IV Reg., xx, 1-11, et durant l’invasion de Sennachérib. Is., xxxvi-xxxvii. À partir de ces graves événements, le prophète rentre dans l’obscurité, et se tient à l’écart de la scène politique. Sa mission providentielle auprès des monarques de la Judée était accomplie.

IV. Milieu histobiqde.

Pour bien comprendre l’action d’Isaïe et en suivre les diverses phases, il faut se placer, autant que l’on peut, dans le milieu historique où vécut le grand prophète.

I. la judée.

Le règne d’Ozias fut généralement prospère. Voir IV Reg., xv, 1-3, où Ozias est appelé Azarias ; II Par., xxvi, 4-5. Il fît des guerres heureuses et recouvra certaines villes perdues, IV Reg., xiv, 22 ; II Par., xxvi, 2 ; il remporta des victoires et construisit des fortifications, II Par., xxvi, 8 ; à l’intérieur il fortifia Jérusalem. II Par., xxvi, 15. Cependant il fut châtié de la lèpre parce qu’il usurpa les fonctions sacrées, IV Reg., xv, 5 ; II Par., xxvi, 16-22.— Son fils et successeur Joatham est aussi loué dans l’Écriture, IV Reg., xv, 34 ; II Par., xxvii, 2 ; il prospéra dans ses œuvres, II Par., xxvii, 2-4, et fut heureux dans ses guerres contre les Ammonites, ꝟ. 5 ; cependant il ne fréquentait pas le temple du Seigneur et le peuple se livrait au péché, ꝟ. 2 b. , — Achaz, son fils, fut un roi impie, IV Reg., xvi, 3-4 ; II Par., xxviii, 2-4 ; aussi son règne fut-Il affligé de grandes calamités, comme nous le verrons pius loin.

— Ézéchias, qui lui succéda, remit en honneur la piété et la religion, IV Reg., xviii, 3-4 ; le culte divin, II Par., xxix, 3-11 ; aussi Dieu était-il avec lui et le faisait-il prospérer, IV Reg., xviii, 7 ; il régna 29 ans, ꝟ. 2 ; II Par., xxix, 1. Lui aussi pourtant connut les maux de l’invasion étrangère, comme nous le dirons plus loin.

II. l’Assyrie. — Deux grandes puissances, l’Assyrie et l’Egypte, se disputaient, à l’époque d’Isaïe, l’empire du monde. Is., xix, 23-24. Dans ce conflit continuel, les Assyriens, race guerrière et dure à la peine, obtenaient presque toujours la prépondérance. Dans leurs invasions, ils courbaient impitoyablement sous leur joug de fer tous les royaumes situés entre l’Euphrate et les frontières nord-est de l’Egypte ; aussi la plupart de ces peuples, pour secouer le joug des Assyriens et se soustraire à leur lourde domination, étaient-ils naturellement portés à implorer le secours de l’Egypte, et cette dernière était toujours disposée à combattre les progrès de l’Assyrie, dont l’expansion sans bornes était un danger pour sa propre existence. — Isaïe fut contemporain de quatre rois d’Assyrie dont nous donnons ici les dates usuelles : Théglathphalasar III (743-727) ; Salmanasar IV (727-722) ; Sargon (722-705) ; Sennachérib (705-681) ; il fut aussi probablement contemporain d’Assarhaddon (681-668). Tous ces monarques eurent plus ou moins des démêlés avec les rois d’Israël et de Juda. Théglathphalasar III intervint sous Achaz ; irrité des impiétés de ce roi, Dieu le livra aux mains de Rasin, roi de Syrie, qui le conduisit prisonnier à Damas, II Par., xxviii, 5 ; il le livra aussi aux mains de Phacée, roi d’Israël, qui fît de grands ravages dans le royaume de Juda, ꝟ. 5-6 ; dans ces graves conjonctures, l’impie Achaz repousse le secours de Dieu que lui offrait Isaïe, vii, 5-13, et se tourne vers Théglathphalasar, dont il se déclare tributaire, IV Reg., xvi, 7 ; Théglathphalasar attaqua Damas, dont il tua le roi Rasin, envahit la Judée et conduisit en captivité beaucoup de Juifs et d’Israélites, IV Reg., xv, 29-30 ; xvi, 9-10 ; II Par., xxviii, 19-20 ; les Iduméens et les Philistins avaient déjà châtié l’impie Achaz et ravagé son royaume. II Par., xxviii, 17-18. — Salmanasar IV voulut détruire le royaume d’Israël et assiégea Samarie ; le roi de ce royaume, Osée, implora le secours des Égyptiens ; Sargon s’empara de Samarie et transporta les Israélites en captivité. IV Reg., xvii, 3-6 ; xviii, 9-11. — Les armées de Sargon et de ses successeurs, Sennachérib et Assar haddon, traversèrent plusieurs fois la Palestine pour aller attaquer l’Egypte. L’empire des pharaons opposa à ces attaques des monarques assyriens une vive résistance, qui fut malheureusement paralysée par les divisions intestines dont il souffrait. Ce qu’il faut surtout retenir de ces derniers événements, c’est le siège et l’attaque de Jérusalem par Sennachérib, le tribut qu’est obligé de lui payer le roi Ézéchias, et enfin l’extermination de l’armée assyrienne par l’ange du Seigneur. IV Reg., xxviii, 13-16 ; II Par., xxxiii ; Is., xxxvi-xxxvii ;

/II. l’Egypte. — Les rois d’Egypte de cette époque, d’origine éthiopienne, sont : Sua, que les textes égyptiens appellent Sabak et les Grecs Sabacon, et Tharaca. Le premier avait fait alliance avec Osée, roi d’Israël, contre les Assyriens, IV Reg., xvii, 4 ; Sua marcha trop tard au secours d’Osée, et, lorsqu’il arriva en Palestine, Samarie avait déjà succombé sous l’assaut de Salmanasar. Ce roi fut battu par Sargon à Raphia. Les Égyptiens furent aussi battus par Sennachérib à Altakou. Quant à Tharaca, il fut attaqué au sein même de son royaume par Assarhaddon, successeur de Sennachérib. - IV. autres peuples. — D’autres peuples de moindre importance, Phéniciens, Tyriens, Araméens, Moabites, Ammonites, Arabes, Iduméens et Philistins, subirent nécessairement le contre-coup de ces guerres entre les deux puissants empires, et l’invasion du vainqueur. Dans ce duel presque continuel, ils devenaient la proie du plus fort. C’est surtout des Assyriens qu’ils eurent à souffrir. Ninive pesait sur eux de tout son pouvoir, et l’on sait, par l’histoire et les inscriptions, combien était dure la domination de la puissante cité. (Dieu se servait des Assyriens pour exécuter ses desseins, et c’est pourquoi le nom d’Assur revient si souvent dans la première partie des prophéties d’Isaïe. Cf. Knabenbauer, Comment, in Is. proph., t. i, Paris, 1887, p. 1-8 ; G. Rawlinson, Five great monarchies, 2e édit., t. ii, p. 130 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1806, t. iii, p. 497-595 ; t. iv, p. 1-75 ; JE. Schôpfer, Histoire de l’Ancien Testament, trad. franc, par J.-B. Pelt, t. ii, Paris, 1897, p. 205-213.

V. Table chronologique, avant J-C.

Théglathphalasar III. 745-727

Dernière année du régne d’Ozias et vocation

d’Isaïe 740

Déposition et mort de Phacée, roi d’Israël, 734 ou 733-732 Prise de Damas par Théglathphalasar III… 732

Salmanasar IV… 727 ou 726-722

Sargon 722-705

Prise de Samarie et fin du royaume du Nord. 722 ou 721 Sfège et prise d’Azot par l’armée de Sargon.. 711

Sargon défait Mérodach-Baladan et entre à

Babylone 710

Sennachérib 704 ou 705^681

Sennachérib défait Mérodach-Baladon …. 703

Campagne de Sennachérib contre la Phénicie,

la Palestine et Juda 701

Assarhaddon CS1-CC8

Destruction dé Ninive par les Mèdes et les Babyloniens 608 ou C07

Succès de Cyrus dans l’Ouest et l’Asie centrale 549-538 Prise de Babylone et délivrance des Juifs par Cyrus 533

Cf. Driver, An introduction to tlte literature of tke Old Testament, 7e édit., Edimbourg, 1898, p. 205 ; D. Karl Marti, Dos Buch Jesaja, Tubingue, 1900, p. xx ; Rost, Die Keilschrifltexte Tiglalh-Pilesers III, 1893, p. xxix, xxxv.

VI. Mort d’Isaïe. —. Une tradition très ancienne et assez répandue fait vivre Isaïe jusqu’au temps du roi Manassé ; il aurait péri de la mort la plus cruelle durant la persécution suscitée par ce roi. TV Reg., zxi, 16. Son corps aurait été scié en deux avec une scie en