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IRRIGATION — ISAAC


soit par des animaux ; ou la n&ôra des Arabes, la noria de nos pays, consistant dans une chaîne sans fin munie de seaux et d’augets et enroulée sur une roue qui peut être mise en mouvement de diverses manières. La chaîne descend jusqu’à l’eau, les seaux s’y remplissent et déversent leur contenu en remontant à la partie supérieure de la roue. La sakiéh fonctionnait déjà du temps de Philon et était mise en mouvement par les pieds des hommes de peine. Elle est aujourd’hui très commune en Egypte, et la roue est mise en mouvement par un chameau ou un buffle qui tourne circulairement autour de la machine. Voir fig. 533, t. ii, col. 1611. Mais son existence à l’époque du séjour des Hébreux dans le pays de Gessen est plus que problématique. Les monuments égyptiens ne représentent jamais que le schadouf. Voir fig. 531, t. ii, col. 1607. L’arrosage « avec les pieds » doit donc désigner un autre procédé que l’arrosage à l’aide d’une machine mue avec les pieds. C’est bien probablement le mode d’arrosage actuellement pratiqué par les fellahs. Pour arroser les potagers, ils creusent une série de petites rigoles perpendiculaires à une grande rigole où coule l’eau prise dans le fleuve, des canaux ou des bassins. On fait passer successivement Peau de la grande rigole dans les petites en bouchant avec de la terre la rigole déjà arrosée et en arrêtant également avec de la terre le cours de la grande rigole au niveau de celle qu’on veut remplir, de manière que l’eau s’y rende naturellement. Les fellahs sont nu-pieds, et comme la terre mouillée est molle et meuble, ils peuvent exécuter ce travail avec les pieds et sans l’aide des mains. — 3° L’irrigation se pratiquait aussi sur les bords de l’Euphrate. Le fleuve coule ordinairement entre deux rangs de falaises et de collines dénudées. Mais là où la double muraille s’écarte et laisse quelque terre cultivable, les batteries de schadoufs s’installaient sur la berge et le sol se couvrait de cultures. Hérodote, i, 193 ; Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 25. Balaam, qui était de Mésopotamie, voir Balaam, t. i, col. 1391, se souvient de ce qu’il a vu dans son pays quand il s’exprime ainsi au sujet des Israélites :

Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob,

Et tes demeures, 6 Israël !

Elles s’étendent comme des vallées,

Comme des jardins au bord du fleure,

Comme des aloès qu’a plantés Jéhovah,

Comme des cèdres le long des eaux.

L’eau coule de son seau,

Sa race est fécondée par des eaux abondantes.

Num., xxiv, 5-7. Le seau dont parle Balaam est celui du schadouf. Il était de forme conique, en Assyrie (fig. 184), comme en Egypte, de manière à pouvoir s’enfoncer dans l’eau facilement, tandis qu’un seau cylindrique, à base large, reste souvent à la surface sans se remplir. — 4° En Palestine, l’irrigation était beaucoup plus difficile. Les habitants des villes et des villages ne disposaient que de sources relativement peu abondantes. Salomon se vante, comme d’une œuvre mémorable, de s’être fait des jardins et des vergers, d’y avoir planté des arbres à fruit de toute espèce, et d’avoir bâti des étangs pour arroser la forêt où croissaient ses arbres. Eccle., ii, 5, 6 ; cf. Cant., iv, 12. Sur ces étangs, voir t. i, col."~798. Partout où l’on créait des jardins, il fallait nécessairement capter l’eau pour arroser. Voir Jardin. Un « jardin bien arrosé » passait en Palestine pour une chose des plus agréables. C’est l’image de l’homme comblé des bénédictions de Dieu, Is., lviii, 11 ; Jer., xxxi, 12. Pour obtenir une vigne fertile, on la plantait à proximité d’eaux abondantes permettant de l’arroser copieusement. Ezech., xvii, 7. Il en était de même des arbres. Ezech., xxxi, 14. Pour symboliser la prospérité spirituelle des temps messianiques, Joël, iii, 18, dit qu’alors « il y aura de l’eau dans tous les torrents de Juda, une source sor

tira aussi de la maison de Jéhovah, et arrosera la vallée de Sittim », c’est-à-dire des ce acacias s, par conséquent une vallée sèche et aride. Voir Acacia, t. i, col. 104. Saint Jean voit de même, dans la Jérusalem céleste, un fleuve d’eau limpide qui sort du trône de Dieu, et sur les bords duquel pousse un arbre de vie qui donne ses fruits douze fois par an. Apoc, xxii, 1.

H. Lesêtre.
    1. IRUROSQUI (Pierre de)##


IRUROSQUI (Pierre de), théologien, religieux de l’ordre de Saint-Dominique, originaire de la Navarre, vécut au milieu du.xvi » siècle. Il avait composé des commentaires sur le Pentateuque et les Épîtres de saint Paul. Seuls ont été imprimés les ouvrages suivants : Séries totius Evangelii Jesu Christi ex quatuor Evan-gelistis concinnata, in-f>, Estel la, 1557 ; In capite xi S. Pauli Apostoli Epistolse ad Corinthios primas de eueharistica communions, inr4, Saragosse. — Voir Échard, Script ores ordinis Prsedicatorum, t. ii, p. 163 ; N. Antonio, Biblioth.

Hispana nova, t. ii, p. 202.

B. Heurtebize.
    1. ISAAC##

ISAAC (hébreu : îshaq, « il rit, » Gen., xvii, 17, 19 ; lihâq, Ps. cv (Vulgate, crv), 9 ; Jer., xxxiii, 26 ; Septante : ’latt&x), fils d’Abraham et de Sara, père d’Esaû et de Jacob. En raison des ressemblances que son histoire présente avec celle de son père, les critiques rationalistes n’y voient pour la plupart qu’une copie servile, qu’un décalque de la première ; d’autres cependant pensent, au contraire, qu’elle a servi de prototype à la légende d’Abraham et que les épisodes de la biographie du fils ont été transportés dans la vie du père. Les ressemblances constatées s’expliquent facilement, et il n’y a rien de surprenant que le fils vive dans les mêmes lieux que son père, boive de l’eau des mêmes puits, ait les mêmes amis ou alliés. Des phénomènes analogues se reproduisent en tous temps et en tous lieux, mais surtout dans l’histoire de pasteurs nomades qui séjournent dans les mêmes contrées. Cf. Revue de » questions historiques, janvier 1901, p. 209-210. D’ailleurs, à côté des caractères communs, on remarque, dans les deux biographies, des différences notables, qui résultent de la divergence des circonstances et qui sont comme le reflet des caractères particuliers des deux patriarches. Crelier, La Genèse, Paris, 1889, p. 265. Enfin, Isaac a vécu plus longtemps qu’Abraham, a été moins nomade, moins riche en enfants, moins favorisé de visions surnaturelles. La première partie de son histoire est racontée dans là biographie de son père, et quand l’auteur de la Genèse commence ses fôldôf, Gen., xxv, 19, il y entremêle l’histoire de ses fils. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1897, t. i, p. 681.

I. Naissance.

Dieu qui avait promis à Abraham une postérité nombreuse, Gen., xii, 2 ; xiii, 16, à laquelle il donnerait en héritage le pays de Chanaan, Gen., xii, 7 ; xiii, 15, 17, renouvela plusieurs fois au patriarche sa promesse, en la précisant et en la spécifiant de plus en plus. Cet héritier ne sera pasÉliézer, mais un fils, Gen., xv, 2-5, et après la naissance d’Ismaël, le fils de l’esclave, il est annoncé comme devant être le fils de Sara, Gen., xvii, 2-9, de la femme libre. Gal., iv, 22, 23, un enfant de bénédiction, qui sera le chef de plusieurs nations et la souche de dynasties différentes. Gen., xvii, 15, 16. À cette prédiction inespérée, car Sara était stérile, Gen., xi, 30 ; xvi, 1, 2, et lui-même centenaire, xvii, 17, 24, Abraham rit d’étonnement et de joie. A cause de ce rire, l’enfant que Sara mettra au monde l’année suivante s’appellera Isaac, « il rit. » Gen., XVII, 19, 21. Les rabbins ont remarqué, Talmud de Jérusalem, Berakhoth, i, 9, trad. Schwab, Paris, 1881, p. 2526, que le nom d’Isaac n’a pas été changé, comme celui d’Abraham et de Jacob, parce qu’il avait été donné par Dieu, tandis que les deux autres patriarches avaient reçu leurs noms de leur famille. D’autre part, ce nom, désigné par Dieu lui-même, était significatif et devait

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