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IR-HÀ-HÉRÉS — IRONIE


nom, on trouve écrit Ahares, ce que les uns traduisent par soleil, parce qu’il dessèche, et les autres par tesson, voulant indiquer par là Héliopolis ou Ostracine. » Il hésite ainsi entre deux villes et il renvoie à ses Hebraicx Quæstiones sur Isaïe, mais ses Quxstiones nous ne les avons pas. C’est sans doute parce qu’il ne savait comment expliquer au juste l îr-ko-hérés que le saint docteur se borne à donner là-dessus une explication mystique dans son commentaire d’Isaïe, t. xxiv, col. 256. Mais, quoi qu’il en soit de l’opinion de saint Jérôme, le texte des Septante offre une troisième leçon. Ils ont traduit : toSXiç’Aaeôéx, comme s’ils lisaient pis, sédéq, « ville de justice, » nom donné à Jérusalem dans Is., i, 26 ; cf. lxi, 3. — Six manuscrits portent oin, hérém, « ville de malédiction. » — Il est impossible de déterminer aujourd’hui avec certitude , quelle est la véritable leçon. Les commentateurs soutiennent sur ce point les opinions les plus [diverses ; la plupart cependant se prononcent en faveur soit de hérés, soit de hérés, parce que sédéq paraît avoir été substitué de parti pris par les Juifs alexandrins à la leçon primitive, afin de donner à une ville d’Egypte un titre d’honneur donné par les prophètes à Jérusalem. Ceux qui préfèrent hérés à hérés, supposent que les Juifs de Palestine, hostiles à leurs coreligionnaires d’Egypte qu’ils considéraient comme étant, sur quelques points, des schismatiques, changèrent hérés en hérés, pour donner à cette ville un nom méprisant. — Les critiques ne sont pas moins divisés sur l’identification de la ville qu’a voulu désigner le prophète que sur son nom même. On ne peut faire d’ailleurs à ce sujet que des hypothèses. Beaucoup de commentateurs de nos jours entendent par Irha-hérés la ville de Léontopolis où Onias IV bâtit un temple schismatique pour les Juifs d’Egypte. S’étant réfugié auprès de Ptotémée Philométor, Josèphe, Ant.jud., XII, ix, 7, Onias obtint de lui, vers 154 avant J.-C, à Léontopolis, un terrain où se trouvaient les ruines d’un vieux temple dédié à Bast, la déesse à tête de chat (voir fig. 630, t. i, col. 1959), et il y éleva un nouveau temple construit .sur le modèle de celui de Jérusalem, quoique dans des proportions plus petites. Pour justifier son entreprise, il s’appuya sur la prophétie d’Isaïe, xix, 18. Josèphe, Ant. jud., XIII, iii, 1. Le nouvel édifice se trouva ainsi, non pas à Héliopolis même, mais dans le nome d’Héliopolis. M. Ed. Naville, The Mound of the Jew and the city of Onias, in-4°, Londres, 1890, p. 18-21, identifie Léontopolis, appelé depuis Onion, avec le Tell el-Yahoûdîyéh actuel (fig. 180). Il a relevé, dans le papyrus Harris une triple mention de « la demeure de Ramsès III, dans la maison de Ra (le dieu-soleil), qui est au nord de On (Héliopolis ) ». « Ce nom, dit-il, ibid., p. 12, peut très bien s’appliquer à Tell el-Yahoùdiyéh, qui était située au nord d’Héliopolis… et je ne connais pas d’autre endroit qui puisse être appelé aussi exactement 2a maison de Ra, au nord de On. » En conséquence, il conclut, p. 21, que Tell el-Yahoûdtyéh portait ce nom égyptien, au temps <le Bamsès III. Si l’opinion de ce savant est fondé*, cette localité aurait pu être désignée sous le nom de’îr-ha-hérés ou « ville du^soleil ». — Les Juifs d’Égypté ont dû être naturellement portés, sous les Ptolémées, pendant qu’ils habitaient cette région, à appliquer à iOnion la prophétie d’Isaïe, mais elle doit s’entendre de la conversion de l’Egypte, où le christianisme fut si florissant aux premiers siècles de notre ère, plutôt que de l’établissement des Juifs en ce pays. Voir J. Knabenbauer, Comment, in Isaiam, t. ii, 1887, p. 388-391 ; L. Reinke, Veber die angeblicheVerânderung des masoretischen Textes, Jes., 19, 18, dans le Quarlalschrifl de Tubingue, 1870, p. 3-31 (il reproduit toutes les leçons diverses et expose les principales opinions). F. Vigouroux.

    1. IRLANDAISES##

IRLANDAISES (VERSIONS) DES SAINTES

ÉCRITURES. Voir Gaéliques (Versions) des Saintes Écritures, ra, 1°, col. 39-40.

    1. IRONIE##


IRONIE, sorte de moquerie par laquelle on feint de prendre au sérieux ce dont on n’admet pas la réalité ou l’importance. — 1° Dieu se sert de l’ironie vis-à-vis d’Adam pécheur.. Le tentateur avait dit à Eve : « Vous serez comme des dieux. » Gen., iii, 5. Dieu dit en parlant d’Adam qu’il chasse du paradis : « Voici que l’homme est devenu comme l’un d’entre nous, sachant le bien et le mal. » Gen., iii, 22. Mais l’ironie divine est compatissante, puisque le Rédempteur vient d’être promis et que l’homme est laissé sur la terre avec la possibilité de se repentir. — Il y a encoreironie quand Dieu descend pour voir la tour qu’élèvent les hommes dans la plaine de Sennaar et qu’il dit : « Bien maintenant ne les empêchera de faire tout ce qu’ils auront projeté. ï Gen., xi, 6. « L’ironie la plus amère est dans le dénouement de cette grande entreprise. Ils veulent monter jusqu’au ciel ; Dieu… ne fait que poser un de ses doigts sur leurs lèvres, il imprime un léger changement au mouvement de leur langue, et la terrible et menaçante construction n’est plus qu’une ruine délaissée. » Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad. Carlowitz, Paris, 1851, p. 186. — 2° Les écrivains hébreux se servent volontiers de l’ironie, familière aux Orientaux. Dans son cantique, Débora réprésente la mère de Sisara, tué par Jahel, attendant le retour de son fils et supputant le butin qu’il partage. Jud., v, 28-30. — Salomon procède par ironie quand il feint de vouloir faire couper en deux l’enfant vivant, pour contenter les deux mères qui se le disputent. III Reg., iii, 25. — Quand les prêtres de Baal ont en vain appelé leur dieu depuis le matin jusqu’à midi, Élie leur dit ironiquement : « Criez fort, puisqu’il est dieu ; il pense sans doute à quelque chose, il est occupé ou en voyage ; peut-être dort-il, et il va se réveiller. » III Reg., xviii, 26, 27. — Au roi de Syrie, Bénadad II, qui menace de dépouiller Achab et de prendre Samarie, le roi d’Israël répond : « Que celui qui prend son armure ne soit pas si fier que celui qui la quitte ! » III Reg., XX, 11. De fait, ce fut Bénadad qui fut vaincu. — Job, xii, 2, dit à ses trois amis :

Vraiment, le genre humain, c’est voue, Avec vous mourra la sagesse.

Il y a aussi de l’ironie dans certaines interpellations de Dieu à Job :

Ceins tes reins comme un guerrier,

Je vais t’interroger, instruis-moi… Pare-toi de gloire et de grandeur,

Revets-toi de majesté et d’éclat ;

Déchaîne les flots de ta colère,

D’un regard écrase l’orgueilleux…

Qui m’a rendu service ? Je le payerai, Moi à qui tout appartient sous le ciel.

Job, ; xl, 2, 5, 6 ; xlt, 2.

Les prophètes se servent souvent de cette figure de

langage.""C’est ainsi qu’Isaïe, xiv, 5-17, fait la description

de la ruine du roi de Babylone et dit, entre autres choses : « Le se’61 s’émeut jusqu’en ses profondeurs, pour t’accueillir à ton arrivée. Il réveille devant toi les morts, tous les grands de la terre, et fait lever de leur trône les princes des nations. Et tous te disent : Toi aussi, tu es réduit à l’impuissance comme nous, te voilà pareil à nous ! » Is., xiv, 9, 10. La prophétie contre Tyr abonde en traits ironiques. Is., xxiii, 2-5, 16. — Du même genre est la peinture des idoles de Babylone, dans la lettre de Jérémie. Bar., vi, 9-27, 33-37. — Ézéchiel, xxviii, 2-4, dit au roi de Tyr, dont il prédit la chute : « Quoique homme et non Dieu, tu as l’esprit de Dieu ; tu es plus sage que Daniel, aucun secret ne t’est caché ; c’est par ta sagesse et ton savoir-faire que tu t’es acquis tant de richesses. » Au Psaume xlix (l), 12, 13, Asaph fait dire à Dieu :

Si j’avais faim, ce n’est pas à toi que je le dirais, -Vax le monde est à moi, avec tout ce qu’il contient Vais-je manger la chair de tes taureaux ? Vais-je boire le sang de tes boucs ?